Samedi ou dimanche?
Samedi ou dimanche?
La très grande majorité des chrétiens se réunit le dimanche pour célébrer le culte dû à Dieu et à son Fils Jésus-Christ. Mais pourquoi le dimanche? Dans nombre d’Églises chrétiennes, on lit chaque dimanche les dix commandements qu’on trouve au livre de l’Exode, dans la Bible, et le quatrième commandement enjoint de mettre à part le septième jour pour le repos et la méditation. Or, ce jour du sabbat n’est autre que le samedi. Y a-t-il contradiction entre ce commandement et la pratique chrétienne de célébrer le culte le dimanche?
Les Évangiles rapportent que Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, donc le dimanche. C’est bien sûr là que réside la raison principale de la célébration dominicale. Mais pour répondre à notre question, prenons plutôt comme point de départ l’affirmation de Jésus-Christ selon laquelle il est lui-même le Maître du sabbat. On trouve cette affirmation dans les trois Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc (Mt 12.8; Mc 2.28; Lc 6.5). Il en est Maître pour plusieurs raisons, la principale étant qu’il accomplit parfaitement tout ce qui se trouve dans l’Ancien Testament. Jésus-Christ accomplit parfaitement la signification du sabbat : en sa personne et dans son œuvre, ce sabbat revêt une signification transformée, glorifiée.
Si nous revenons au récit de la création, au livre de la Genèse, nous y lisons, au début du chapitre 2, ce qui suit :
« Au septième jour, Dieu avait achevé tout ce qu’il avait créé. Alors il se reposa en ce jour-là de toutes les œuvres qu’il avait accomplies. Il bénit le septième jour, il en fit un jour qui lui est réservé, car, en ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de la création qu’il avait accomplie » (Gn 2.2-3).
Dieu se repose donc de ses œuvres parfaites. Dans le second livre de la Bible, l’Exode, au chapitre 20, se trouve le Décalogue, c’est-à-dire les dix commandements. Le quatrième commandement y est donné comme suit :
« Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Éternel. Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Éternel, ton Dieu; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi; car en six jours, l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour il s’est reposé. C’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré » (Ex 20.8-11).
Il est clair que la motivation donnée pour le respect du jour du sabbat est calquée sur le texte de la Genèse. Les hommes se reposent de leurs œuvres tout comme Dieu s’est reposé des siennes.
Mais entre les œuvres parfaites de Dieu et celles entachées de vices et de péchés que commettent les hommes, il y a un fossé infranchissable. Au livre du Deutéronome, le quatrième commandement est donné avec une autre motivation, reflétant l’état de perdition des hommes, qui ne doivent leur salut qu’à Dieu : « Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte et que l’Éternel ton Dieu t’a tiré de là en intervenant avec puissance; c’est pourquoi l’Éternel ton Dieu t’a demandé d’observer le sabbat » (Dt 5.15). Cet esclavage d’Israël en Égypte est symbolique de l’esclavage du genre humain dans sa totalité, genre humain pris dans les filets du péché. Sans une grande délivrance accomplie par Dieu lui-même, il demeurera à toujours dans cette fosse.
Or, c’est justement cette délivrance que Jésus-Christ est venu accomplir, afin que le repos du sabbat prenne toute sa force. Il est le Maître du sabbat parce qu’il en accomplit la signification profonde. Au départ, les hommes devraient se reposer de leurs œuvres parfaites, à l’image de Dieu au moment de la création du monde. La loi le leur enjoint, mais elle les place devant une exigence de perfection qu’ils sont en fait incapables d’atteindre. En effet, leurs œuvres sont devenues totalement corrompues. Ils sont dépendants d’une nouvelle œuvre parfaite de Dieu, une œuvre de salut divin à leur égard. C’est ce que la formulation du quatrième commandement dans le livre du Deutéronome indique. Notre repos n’est obtenu que si Dieu nous sauve de l’abîme, de la perdition à laquelle nous sommes tous voués. La délivrance d’Israël de l’esclavage en Égypte sert de figure à la délivrance parfaite accomplie par Jésus-Christ sur la croix et au premier jour de la semaine, avec sa résurrection. En l’accomplissant parfaitement, il prouve en effet être le maître du sabbat. Le premier jour de la semaine devient donc le jour du repos obtenu pour les croyants par Dieu, en Jésus-Christ.
La semaine commence avec le repos obtenu par la grâce du Seigneur, afin que le reste de la semaine soit vécu sous cette enseigne de grâce et de miséricorde. Il ne peut être question de dire que nous nous reposons de nos œuvres parfaites accomplies les six premiers jours, nous avons au contraire en premier lieu besoin du repos accordé par Christ pour pouvoir accomplir nos activités le reste de la semaine.
Il en va ici comme de la circoncision remplacée par le baptême après la venue de Jésus-Christ. Dans l’Ancien Testament, la circoncision est aussi un signe prophétique qui pointe en direction de la venue du Messie, du Christ qui effectuera la circoncision du cœur par son Esprit. Ce signe est donné à Abraham, le père des croyants, car, lui est-il dit dans la Genèse, en lui toutes les nations seront bénies. Or ceci n’est accompli qu’en Jésus-Christ, qui est le Roi de toutes les nations, qui appelle tout le genre humain à lui, et qui envoie ses disciples jusqu’aux confins de la terre pour y prêcher l’Évangile. La circoncision est donnée comme un signe perpétuel de l’alliance de Dieu avec Abraham et sa descendance, et pourtant la circoncision est remplacée par le baptême après la venue du Messie. Pourquoi? Simplement parce que la signification profonde contenue dans le signe de la circoncision a été accomplie en Jésus-Christ. Ce signe annonçait la nécessaire blessure qui fait couler le sang pour l’expiation des péchés. La circoncision est désormais remplacée par le signe du baptême qui annonce que le Messie est bien venu : il est mort sur la croix, son sang a coulé, l’expiation des péchés a été obtenue. Qui plus est, il est ressuscité des morts le premier jour de la semaine, accomplissant ainsi toutes les promesses de l’alliance et accordant un repos parfait et éternel à son peuple. On ne comprend bien tout ceci que lorsque l’on place Jésus-Christ au centre de l’Écriture sainte, comme le lien parfait entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Dans le Nouveau Testament, quelques passages indiquent que les premiers chrétiens se sont réunis le premier jour de la semaine pour célébrer le culte et le repas du Seigneur. Au livre des Actes, au chapitre 20, nous lisons que l’apôtre Paul et ses compagnons ont passé une semaine entière dans la ville de Troas. Le récit continue à partir du verset 7 : « Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain. » Paul et ses compagnons ont donc passé toute la semaine à Troas, mais ne se sont réunis avec les autres croyants pour célébrer le repas du Seigneur que le premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche. De fait, l’assemblée s’est réunie jusqu’à minuit ce jour-là!
Au chapitre 16 de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, le même Paul recommande aux croyants de mettre à part leur offrande destinée aux chrétiens pauvres de Jérusalem le premier jour de la semaine. Cette offrande destinée à être collectée et apportée par lui-même à l’Église de Jérusalem, doit être mise à part non pas à n’importe quel moment de la semaine, ou même une fois par semaine, mais bien le premier jour de la semaine, comme signe qu’il s’agit du jour du Seigneur. Enfin, au début du livre de l’Apocalypse, Jean reçoit sa vision le dimanche : « Le jour du Seigneur. l’Esprit de Dieu se saisit de moi, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette » (Ap 1.10). Même si Jean est seul, exilé sur l’île de Patmos en mer Méditerranée, c’est bien ce jour-là qu’il reçoit la révélation extraordinaire qu’il consigne dans son livre.
Le dimanche, jour du Seigneur, est le signe que Dieu nous accorde le repos que nous ne méritons pas au vu de nos œuvres entachées de souillures. Par sa grâce, Dieu prend les devants de notre semaine en quelque sorte, il nous fait démarrer de bon pied. Il convient donc de ne pas négliger de le célébrer, de le louer dans l’assemblée avec les autres croyants, puisqu’il nous y appelle.