Athanase contre le monde vers 296 – 373
Athanase contre le monde vers 296 – 373
Par une journée ensoleillée, autour de l’an 306, un groupe de garçons jouaient à l’Église et faisaient semblant de participer à un baptême au bord de la mer. L’un d’entre eux, Athanase, qui jouait le rôle du pasteur, dit à un autre garçon : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Alexandre, le bon évêque d’Alexandrie, les regardait attentivement à leur insu. Surpris de voir qu’Athanase dirigeait si bien le culte, Alexandre l’appela pour lui poser des questions sur sa foi. Athanase lui donna des réponses très réfléchies qui impressionnèrent beaucoup l’évêque.
Encouragés par Alexandre, les parents d’Athanase acceptèrent de le confier aux bons soins de l’évêque afin qu’il commence un cours rigoureux qui couvrirait l’étude de la Bible et des écrits des premiers Pères de l’Église, ainsi que des classiques de la littérature grecque et romaine. Athanase, un excellent étudiant faisant preuve d’un amour profond pour Jésus-Christ, devint rapidement l’aide-principal d’Alexandre.
À cette époque, l’Église passait par de grands changements. L’empereur Constantin avait publiquement embrassé la foi en Jésus-Christ et avait fait passé une loi permettant aux chrétiens d’adorer Dieu librement. Il avait aussi déclaré que le dimanche était une fête hebdomadaire et avait même donné des terres et de l’argent à l’Église.
Quoique protégée des persécutions, l’Église faisait maintenant face à de graves dangers provenant de l’intérieur. Les faux enseignants attaquaient le message de la Bible au sujet de Dieu le Père, de Jésus-Christ et du Saint-Esprit. Une de ces attaques débuta à Alexandrie, alors que l’évêque Alexandre enseignait un groupe d’hommes, membres du clergé, au sujet de la Trinité. Un prêtre du nom d’Arius se leva et interrompit l’évêque en disant : « Vous êtes dans l’erreur, Alexandre. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas égaux en gloire. Jésus-Christ n’est pas Dieu comme l’est le Père. » La remarque d’Arius produisit tout un choc parmi ceux qui étaient réunis. La salle devint silencieuse et tous les yeux se tournèrent vers Alexandre dans l’attente de sa réponse. Très surpris par cet éclat, Alexandre regarda Arius dans les yeux et lui dit : « Frère, les Écritures nous enseignent clairement que Jésus-Christ est Dieu. » Arius répliqua : « Non, le Fils a été créé par le Père; par conséquent, il est inférieur au Père. Il y eut un temps où le Fils n’existait pas. »
Alexandre convoqua une réunion de dirigeants d’Église dans le but d’examiner l’enseignement d’Arius. Ils condamnèrent sa doctrine et lui interdirent de l’enseigner à d’autres. Arius refusa toutefois d’obéir. Il voyagea partout, prêchant et écrivant, répandant ainsi ses idées dans les Églises de l’empire. Ce ne fut pas bien long avant que la plupart des chrétiens de cette époque acceptent la parole d’Arius selon laquelle « il y eut un temps où le Fils n’existait pas ».
L’Église chrétienne était divisée à ce sujet. Athanase, qui travaillait avec l’évêque Alexandre, finit par devenir le principal porte-parole de la vérité du Christ. À certains endroits, des débats, des luttes et des émeutes éclatèrent parmi les chrétiens qui se disputaient pour savoir si Jésus était Dieu ou non. Afin de ramener la paix dans l’Église, l’empereur Constantin convoqua une réunion des dirigeants d’Église. Plus de trois cents évêques et prêtres, venus de tous les coins du monde romain, se réunirent pour participer au Concile de Nicée.
L’empereur Constantin fit servir un copieux banquet et accueillit les hommes d’Église qui avaient revêtu des robes de cérémonie pourpres, ornées d’or et de bijoux précieux. C’était une bien étrange expérience pour plusieurs de ces chrétiens, car c’était la première fois qu’ils comparaissaient devant un empereur pour être honorés plutôt que condamnés. Constantin embrassa chaleureusement les hommes d’Église qui avaient perdu des membres ou qui avaient été soumis à d’autres types de torture à cause de leur foi. Il baisa l’orbite vide d’un de ces hommes à qui l’on avait arraché l’œil.
Constantin ouvrit le concile en disant :
« Je me réjouis de vous voir ici, mais je serais encore plus heureux de voir régner l’unité et l’amour parmi vous. Je vous demande donc avec insistance, bien-aimés serviteurs de Dieu, de résoudre les problèmes qui sont à la source des désaccords qui existent entre vous et d’établir la paix. »
Plusieurs semaines de débats intenses, parfois même acerbes et violents, se déroulèrent. Finalement, les membres du concile reconnurent et acceptèrent la position d’Alexandre et d’Athanase. Ils écrivirent une déclaration de foi, le Symbole de Nicée, qui expliquait ce que les chrétiens devaient croire au sujet de Dieu. Arius et ses disciples refusèrent de signer le document et furent bannis de l’Église. Toutefois, ils ne partirent pas sans faire de vagues. Les ariens retournèrent dans leurs villes respectives et continuèrent à enseigner leurs fausses doctrines, au mépris de la décision du concile.
Après un certain temps, Arius et un certain nombre de ses disciples, tenant beaucoup à reprendre leurs positions de dirigeants dans l’Église, cherchèrent à obtenir l’aide de l’empereur Constantin. Ils confessèrent leurs torts à l’empereur, mais ils n’avaient pas vraiment changé de croyance. Sans consulter les principaux évêques, Constantin donna son accord pour le rétablissement des ariens dans leurs fonctions. Il écrivit une lettre de menace à Athanase — qui était devenu évêque après la mort d’Alexandre — l’obligeant à réintégrer Arius et ses disciples dans l’Église. Constantin écrivit :
« Vous connaissez mes désirs. Admettez donc librement quiconque désire entrer dans l’Église. Si j’apprends que vous avez empêché qui que ce soit de le faire, j’enverrai immédiatement un représentant officiel pour vous destituer et vous envoyer en exil. »
En réponse au refus d’Athanase, Constantin lui donna l’ordre de comparaître pour faire face à une série d’accusations étranges, concoctées par les ariens. Ils l’accusèrent d’avoir brisé des meubles sacrés, d’avoir coupé le bras d’un arien, d’avoir torturé des gens et d’avoir essayé d’affamer les habitants de la lointaine ville de Constantinople. Constantin démit Athanase de ses fonctions et le bannit. Deux ans plus tard, à la mort de l’empereur, Athanase retourna à Alexandrie pour reprendre sa charge d’évêque.
Entre-temps, les ariens avaient gagné des milliers de personnes à leurs idées, y compris le nouvel empereur Constant, le fils de Constantin. Les ariens le convainquirent d’envoyer à nouveau Athanase en exil, de même que d’autres dirigeants d’Église restés attachés au Symbole de Nicée. Les chrétiens d’Alexandrie refusèrent d’accepter l’évêque arien qui avait été envoyé pour remplacer Athanase, jusqu’à ce qu’ils y soient forcés par les soldats romains.
Athanase fut banni cinq fois de son Église pendant ses années de lutte avec les ariens. Un jour, il apprit que deux meurtriers avaient été payés pour le tuer, ce qui l’amena à se cacher dans le désert d’Égypte pendant plusieurs années, parmi des moines chrétiens. Une autre fois, il échappa à la mort en se cachant dans la tombe de son père pendant quatre mois. Lorsque les membres de son Église apprirent qu’il était de nouveau chassé en exil, ils s’accrochèrent à lui et pleurèrent. Athanase les réconforta en disant : « Prenez courage! Ce n’est qu’un nuage qui va bientôt se dissiper. »
L’avenir parut souvent très sombre alors que les ariens gagnaient de plus en plus d’adhérents. Même s’il semblait que l’Église entière était sur le point d’accepter leur faux enseignement, Athanase ne perdit jamais espoir. Il ne cessa de persévérer, prêchant et écrivant que Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Depuis ce jour, il a toujours été désigné par l’expression latine « Athanasius contra mundum », ce qui signifie « Athanase contre le monde ». Même si le monde entier semblait prêt à se détourner de la vérité de la Bible, Athanase y resta toujours fermement attaché.
Il est mort à l’âge de soixante-quinze ans. Peu après sa mort, les ariens ont finalement été défaits. Aujourd’hui, les chrétiens du monde entier croient à l’enseignement biblique selon lequel Jésus-Christ est Dieu. Remercions Dieu d’avoir suscité un homme fidèle tel qu’Athanase qui a aidé à préserver cet enseignement.
Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père, avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, née de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père et par lui tout a été fait… — Symbole de Nicée.