Matthieu 26 - Notre Roi, majestueux dans sa solitude
Matthieu 26 - Notre Roi, majestueux dans sa solitude
« L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. »
Matthieu 26.41
La croix à Golgotha fut un autel, mais aussi un trône. En tant que Prêtre, Jésus a offert son corps sur la croix pour nous délivrer de nos péchés; en tant que Roi, il a combattu l’ennemi de son peuple sur la croix, dans une agonie terrible, et il a triomphé. Le peuple de Dieu devrait voir à la croix l’exaltation de la dignité royale de Jésus et non pas seulement son office de Prêtre.
Bien que les paroles de notre passage aient été adressées par le Seigneur à ses trois disciples les plus proches — Pierre, Jacques et Jean —, ces paroles ont pourtant été conservées par écrit afin de révéler la gloire de Jésus, le Roi.
Plusieurs choses au cours de la dernière semaine de ses souffrances laissent voir la majesté de son office royal. Le dimanche, Jésus s’est rendu à Jérusalem au milieu des chants et des louanges du peuple. Le lundi et le mardi, il s’est opposé aux dirigeants religieux, dans le temple et aux alentours, et il a remporté victoire sur victoire. Le jeudi, il a fait face de manière très majestueuse à Judas Iscariot, son propre disciple, qui avait comploté la trahison de son Seigneur. Peu après, il a dit à ses disciples : « Je vais frapper le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées » (Mt 26.31). L’image du berger représentant le roi d’Israël est bien connue dans la Bible.
Mais lorsque le Seigneur arrive au jardin de Gethsémané, nous découvrons la terrible humanité de son office royal. Terrible non pas parce qu’elle susciterait en nous un mouvement de recul, mais parce qu’il a dû porter un fardeau d’un si grand poids sur ses épaules humaines. Ses souffrances en tant que Roi dépassent toute compréhension. Il n’a pas triomphé dans une attitude de mépris divin, sans avoir été touché par le conflit. Il a tremblé tellement fort devant le combat qu’il allait livrer qu’il s’est écrié dans sa prière : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » (Mt 26.39). Il a aussi confié ceci à ses trois disciples les plus proches de lui : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » (Mt 26.38).
Ces paroles montrent bien qu’il a vraiment partagé notre chair et qu’il a participé pleinement à la faiblesse de notre condition humaine. Il a été fait « en tout, semblable à ses frères » (Hé 2.17) et il « est devenu semblable aux hommes (Ph 2.7), il a pris une vraie nature humaine, avec toutes ses faiblesses » (Confession des Pays-Bas, article 18). Il savait, par expérience personnelle, que la chair est faible — sa chair était faible. Dans sa nature humaine, il redoutait l’agonie que son office royal allait exiger de lui.
Il avait amené ses disciples avec lui à Gethsémané afin qu’ils puissent le soutenir dans sa nature humaine. Ils avaient tous promis de le faire. Pierre avait dit : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point » (Mt 26.35) et tous les autres disciples avaient dit la même chose. Le Seigneur n’a pas mis leur zèle en doute. L’esprit était bien disposé, mais ils ne pouvaient pas tenir leur promesse. La chair était faible. Après avoir prié son Père, le Seigneur est revenu vers ses disciples et les a trouvés endormis. Ils n’avaient pas pu veiller une heure avec lui parce que leur chair était faible.
C’est précisément là que nous voyons l’immensité incroyable de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. Son esprit était bien disposé et, en dépit de la faiblesse de sa chair, il est allé de l’avant. Il a dit au Père : « Non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mt 26.39). Il savait qu’il allait devoir combattre l’ennemi seul. Il savait qu’il serait confronté aux horreurs de l’enfer seul. Cependant, lorsqu’il est revenu et qu’il a trouvé ses disciples endormis, il a dû faire face à la terrible réalité : il allait devoir livrer tout seul le combat qui l’attendait. Malgré tout, il est allé de l’avant : « Levez-vous, allons : celui qui me livre s’approche! » (Mt 26.46). Bien qu’il ait espéré le soutien de ses disciples, il savait qu’ils le décevraient. Avec une dignité majestueuse, il a marché vers l’ennemi pour entrer dans une bataille qui, il le savait, allait le mener dans les tourments de l’enfer.
Par la foi, cette victoire est nôtre en Jésus-Christ. Les disciples ont laissé tomber le Seigneur. Nous le faisons tous. La chair est faible, mais Jésus-Christ s’est avancé pour subir la punition que nous méritons à cause de nos péchés. Il n’est pas venu sauver les forts, mais les faibles. Bien que sa chair ait été faible, par la puissance absolue de son amour pour nous, c’est-à-dire par la force de son esprit, il a combattu seul pour notre liberté. Méditons donc sur sa gloire et recherchons en elle la force nécessaire à notre esprit. Le Roi a triomphé dans une solitude majestueuse, mais il règne maintenant avec nous et à travers nous, renforçant notre chair afin que nous puissions le servir. Qu’il plaise à Dieu d’utiliser le souvenir de ses souffrances et de sa mort pour susciter en nous un zèle spirituel plus grand ainsi qu’une plus grande force dans notre chair.