1 Timothée 1 - La règle très certaine de notre foi
1 Timothée 1 - La règle très certaine de notre foi
« Paul, apôtre du Christ-Jésus, par ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ-Jésus notre espérance, à Timothée, mon enfant légitime en la foi : Grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et du Christ-Jésus notre Seigneur. Comme je t’y ai exhorté, à mon départ pour la Macédoine, demeure à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines et de ne pas s’attacher à des fables et des généalogies sans fin, qui favorisent des discussions plutôt que l’œuvre de Dieu dans la foi. »
1 Timothée 1.1-4
- Introduction
- Une autorité attestée (v. 1)
- Une succession légitime (v. 2)
- Une contradiction dénoncée (v. 3)
- Un dessein précis (v. 4)
- Conclusion
1. Introduction⤒🔗
C’est l’histoire d’un pasteur luthérien, d’un pasteur réformé et d’un pasteur réformé évangélique, tous les trois membres de la Fédération protestante de France, qui discutent dans un bureau. Le sujet : l’homosexualité. Le pasteur luthérien pense que l’apôtre Paul était plein de préjugés et que, sur ce sujet, comme sur un certain nombre d’autres sujets, la Bible se trompe. En ce qui concerne le pasteur réformé, celui-ci pense que l’enseignement biblique sur l’homosexualité reflète la pensée de ce temps-là, et que cette vision doit être réformée pour s’adapter à l’évolution de la culture et des mentalités. Le pasteur réformé évangélique, quant à lui, pense que c’est plutôt aux mentalités d’être réformées à l’aune de l’Écriture sainte, et ce pasteur trouve fort regrettable qu’il soit, finalement, le seul vrai protestant dans la pièce!
Si je vous raconte cette petite histoire (vraie), c’est parce que le sujet qui est soulevé par le texte que nous sommes sur le point de lire et d’étudier, c’est le sujet de l’autorité objective de la Bible. Le christianisme, en tant que système de croyances, est-il objectivement défini et délimité? La réponse est oui. En tant que chrétiens, vous ne pouvez pas croire ce que vous voulez, et je dirais même que vous feriez mieux de vérifier que ce que vous croyez, vous avez raison de le croire.
Nous démarrons aujourd’hui notre étude de la première épître de Paul à Timothée. D’après mon découpage du texte, il faudra vingt prédications pour couvrir toute la matière de ce livre, une matière très riche et très concrète en ce qui concerne notre marche chrétienne. Timothée est un jeune pasteur que l’apôtre Paul a mis en poste dans l’Église d’Éphèse, sachant qu’un des principaux dangers auxquels cette Église devait faire face, c’était celui des « faux docteurs » et des « loups », c’est-à-dire des gens qui arriveraient dans l’Église pour y semer le trouble par le moyen de fausses doctrines et de subtiles manipulations.
C’est pour cette raison que, dès les premiers versets de l’épître, comme nous allons le voir, l’apôtre Paul veut asseoir un principe fondamental, et ce principe est le suivant : la foi chrétienne est strictement réglementée. Elle est subordonnée à des normes objectives, et ces normes nous sont données par Dieu dans la Bible.
2. Une autorité attestée (v. 1)←⤒🔗
a. Paul affirme son autorité apostolique←↰⤒🔗
La première chose que nous voyons dans le texte, c’est son auteur qui se présente. « Paul, apôtre du Christ-Jésus, par ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ-Jésus notre espérance » (1.1). Il faut comprendre que lorsque Paul écrit à Timothée, il s’attend à ce que cette lettre soit non seulement lue par Timothée, mais qu’elle soit aussi présentée à l’Église. C’est pour cette raison que dans ce premier verset, où Paul se présente, il prend bien soin d’affirmer son autorité apostolique, avant toute autre chose. Il est apôtre du Christ, par ordre du Dieu unique et vivant, qui est le seul Sauveur, et par ordre de Jésus qui résume à lui seul, par sa personne et son œuvre, toute l’espérance chrétienne. Ce sont des termes puissants destinés à établir avec force l’autorité de Paul en tant qu’auteur de cette lettre.
b. Une certification professionnelle←↰⤒🔗
Imaginez que vous soyez atteint d’une maladie qui nécessite une intervention chirurgicale délicate. Votre médecin traitant vous oriente vers un collègue qui pourrait vous opérer. Seulement, il vous explique que ce n’est pas un chirurgien; d’ailleurs, cet homme n’a jamais fini ses études de médecine. Mais vous comprenez, c’est un ami d’enfance de votre médecin traitant, un homme en qui il a entièrement confiance! Cela vous paraît-il suffisant pour laisser cet homme vous ouvrir l’abdomen et manipuler vos entrailles? Je pense que vous exigeriez au moins que votre chirurgien puisse vous montrer au préalable sa certification professionnelle.
c. L’autorité objective de la Bible←↰⤒🔗
De la même façon ici, Paul démarre en montrant sa certification professionnelle. Il n’est pas juste un bon ami de Timothée. Paul ne s’attend pas à ce que l’Église d’Éphèse accepte de recevoir son expertise sur la seule base de sa relation personnelle avec Timothée. Non, Paul se présente comme étant apôtre du Christ-Jésus, par ordre de Dieu. Son métier d’apôtre, il l’exerce avec une certification qui est venue de Dieu! C’est pourquoi ce qu’il est sur le point d’écrire doit être reçu avec une entière confiance. C’est Dieu qui a nommé Paul et qui l’a rendu apte à livrer des enseignements objectivement fiables de sa part à l’Église.
Alors, première question : saviez-vous que les apôtres et les prophètes qui ont soit rédigé, soit supervisé la rédaction des textes de la Bible l’ont fait avec une certification divine? De telle sorte qu’étant poussés par le Saint-Esprit, les auteurs de la Bible ont « parlé de la part de Dieu » (2 Pi 1.21). La Bible n’est pas le fruit de l’imagination de quelques illuminés, ce n’est pas non plus le produit d’une époque ou d’une culture donnée, mais c’est une révélation d’en haut. Ce sont des textes dont l’autorité objective est attestée par Jésus lui-même, comme nous le voyons dans les Évangiles. Ce qui me fait dire que soit on reconnaît l’autorité objective de la Bible, soit on arrête de se dire chrétien.
3. Une succession légitime (v. 2)←⤒🔗
a. Paul reconnaît Timothée comme son digne successeur←↰⤒🔗
La deuxième chose que nous voyons dans le texte, c’est la suite de la salutation introductive, et notamment le nom du destinataire : Timothée. Ici aussi, Paul prend soin d’affirmer quelque chose à l’attention non pas tant de Timothée que du reste de l’Église. Et ce qu’il affirme, c’est que Timothée, le pasteur de l’Église d’Éphèse, est son « enfant légitime en la foi », c’est-à-dire qu’il existe entre Timothée et Paul un lien qui dépasse la simple amitié chrétienne. Il y a un véritable lien de succession touchant la foi. Autrement dit, Timothée est déclaré ici comme étant le digne représentant de Paul en matière de foi chrétienne. À cette déclaration, Paul ajoute une formule de bénédiction un peu particulière qui montre combien Paul valorise le ministère qui a été confié à Timothée. « Grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et du Christ-Jésus notre Seigneur » (1.2). Tout simplement, Paul veut augmenter l’estime que l’Église d’Éphèse porte à son pasteur.
b. Un émissaire accrédité←↰⤒🔗
Il y a quelque temps, les États-Unis ont nommé un émissaire dont le travail est de favoriser des pourparlers avec la Chine, la Russie, le Japon et les deux Corées autour de la question tendue des armements nucléaires. Connaissez-vous le nom de cet émissaire? Moi non plus. Je peux donc vous dire que cet homme doit avoir un outil essentiel pour accomplir son travail : c’est sa lettre d’accréditation par le gouvernement américain.
c. Le travail d’un émissaire←↰⤒🔗
Vous voyez, un émissaire n’est légitime dans sa position et dans sa mission qu’en vertu de l’accréditation de celui dont il prétend être l’émissaire. De la même façon ici, Paul cherche à renforcer la légitimité de Timothée en tant que pasteur et enseignant dans l’Église d’Éphèse, en montrant qu’il est accrédité. En quoi consiste cette accréditation? Elle consiste à être l’enfant légitime de Paul dans la foi, c’est-à-dire à perpétuer fidèlement son enseignement. En vertu de cette accréditation, Paul peut donc invoquer la grâce, la miséricorde et la paix du même Dieu et du même Christ que ceux qui ont appelés Paul à son propre ministère (1.1).
Alors, deuxième question : à quoi mesurez-vous la légitimité d’un enseignant dans l’Église? À quoi mesurez-vous la légitimité des théologiens « chrétiens » qui sont parfois consultés à la télévision ou dans les magazines? À quoi mesurez-vous la légitimité de toutes ces personnes que l’on peut entendre ou croiser dans divers contextes, qui se disent d’une certaine façon représentants de la foi chrétienne et qui se présentent comme « émissaires de Dieu », pour ainsi dire? Je propose de mesurer leur légitimité comme Paul mesure la légitimité de Timothée. C’est-à-dire en mesurant leur fidélité à l’enseignement apostolique, autrement dit à l’Écriture sainte. Et si, après examen, leur accréditation vous paraît authentique, je vous invite à les valoriser à cause de l’importance de leur ministère et à leur porter la plus grande estime.
4. Une contradiction dénoncée (v. 3)←⤒🔗
a. Paul rappelle le caractère exclusif de son enseignement←↰⤒🔗
Nous voyons bien dans ce texte combien la foi chrétienne, en effet, est strictement réglementée. Paul a d’abord affirmé son autorité en tant qu’apôtre, ensuite il a conforté la légitimité de Timothée en tant que pasteur et enseignant dans l’Église. Maintenant, troisième verset, il rentre dans le vif du sujet. « Comme je t’y ai exhorté, à mon départ pour la Macédoine, demeure à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1.3). Paul ordonne à Timothée, en vertu de son rôle de pasteur et d’enseignant, de s’opposer à tout enseignement contraire à celui que Paul lui a légué. Dans la droite ligne de ce qui a précédé, Paul est en train d’affirmer le caractère exclusif et normatif de son enseignement, et il est en train de dire à Timothée de dénoncer les contradicteurs.
b. Imaginons la scène←↰⤒🔗
Souvenez-vous, encore une fois, que cette lettre a certainement été présentée à toute l’Église. Imaginez qu’un dimanche, je me présente à vous avec une lettre et que je commence à vous la lire.
« Bernard Dupond, président de l’union des Églises réformées évangéliques, à Alex, un de nos meilleurs pasteurs : grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ. Comme on en a parlé récemment au téléphone, je veux que tu restes à Lyon et que tu dises à certaines personnes dans l’Église de ne pas s’opposer à ton enseignement… »
Ça ferait étrange, n’est-ce pas? J’imagine que Timothée a dû être un peu embarrassé, comme d’ailleurs les membres de l’Église.
c. La Bible est un message exclusif←↰⤒🔗
Mais l’enseignement biblique est à ce point précieux que Paul ne tolère pas que des idées qui lui sont contraires puissent circuler dans l’Église. D’une certaine façon, Paul s’oppose à la liberté d’expression dans l’Église! On comprend pourquoi, si l’on considère qu’un peu plus tard dans l’épître, Paul dira que l’Église est « la colonne et l’appui de la vérité » (3.15). L’Église chrétienne doit proclamer le message chrétien, et le message chrétien, c’est le message de la Bible, et le message de la Bible, c’est un message précis, et tout ce qui est contraire à ce message est faux et doit être dénoncé et rejeté.
Alors, troisième question : est-ce que ce genre d’affirmation vous choque? Dans ce cas, c’est à l’apôtre Paul qu’il faut vous en prendre. Je dirais même que c’est à Jésus-Christ qu’il faut vous en prendre, car c’est lui qui a dit : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14.6). C’est lui aussi qui a dit aux sadducéens : « Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures ni la puissance de Dieu » (Mt 22.29). La foi chrétienne ne permet pas de croire « tout et son contraire », n’en déplaise à ce que désire Florent Pagny d’après le titre de son dernier album.
5. Un dessein précis (v. 4)←⤒🔗
a. Paul souligne la raison d’être de la doctrine←↰⤒🔗
La dernière chose que nous voyons dans le texte, c’est un petit développement de l’idée qui vient d’être soulevée. Paul met en opposition deux choses en fonction de leurs effets respectifs. Il demande à Timothée « de ne pas s’attacher à des fables et des généalogies sans fin, qui favorisent des discussions plutôt que l’œuvre de Dieu dans la foi » (1.4). D’un côté, nous avons l’enseignement proprement biblique, qui favorise l’œuvre de Dieu, et de l’autre côté, nous avons des fables et des généalogies sans fin, qui favorisent des discussions ou des disputes. Paul est en train de citer deux exemples emblématiques de doctrines étrangères à la Bible : les fables qui procèdent de notre penchant pour la spéculation, et les généalogies interminables qui procèdent de notre penchant pour les élucubrations. Plutôt que de spéculer et de pinailler, Paul est en train de dire : tenez-vous-en au pur message de la Bible, car c’est ce message qui répond au dessein de Dieu pour votre vie et pour le monde.
b. Le meuble en kit et les instructions←↰⤒🔗
Imaginez que vous alliez vous acheter un meuble en kit. Dans la boîte, évidemment, vous trouvez toutes sortes de pièces de bois, de métal et de plastique, et avec tout cela, les précieuses instructions de montage. Laissez-moi vous dire une chose : si vous voulez avoir, dans l’heure, un meuble fonctionnel, ce n’est pas le moment de faire preuve de fantaisie! Ce n’est pas non plus le moment de faire le maniaque et de vous assurer que chaque vis a été tournée le même nombre de fois! C’est juste le moment de suivre les instructions, tout simplement, et c’est déjà pas mal. Ces instructions ont pour but de vous faire entrer au bénéfice de la fonction du meuble.
c. La fonction même de la Bible←↰⤒🔗
De la même façon ici, Paul est en train de rappeler à Timothée et à l’Église d’Éphèse que le but du message authentique de la Bible est de nous faire entrer au bénéfice de l’œuvre de Dieu dans la foi. À force de doctrines étrangères, de spéculations et d’élucubrations, on risque de compromettre la fonction même de la Bible. La Bible répond au dessein de Dieu, un dessein précis, et ce dessein c’est que nous le connaissions, lui, le seul vrai Dieu, et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ (Jn 17.3). L’intention de Dieu, c’est qu’à travers la Bible, nous découvrions le caractère de Dieu, sa sainteté, sa justice, son amour, sa patience, sa miséricorde, que nous découvrions son plan pour sa création, et que nous découvrions la vie et l’œuvre de Jésus-Christ, le Fils éternel de Dieu, qui est venu sur terre pour porter dans sa chair les péchés de tous ceux qui se confient en lui. Par la foi en Jésus-Christ, tel qu’il nous est présenté dans les Écritures, des hommes, des femmes et des enfants peuvent être libérés de leur culpabilité devant le Créateur, délivrés des liens de la mort et assurés de vivre éternellement dans la présence glorieuse de Dieu.
Alors, quatrième et dernière question : comprenez-vous pourquoi il est important, pour Paul, que ce message ne soit pas dénaturé? La foi chrétienne est strictement réglementée, parce que les enjeux du message sont de taille! Dieu a un dessein pour votre vie, qu’il compte accomplir à travers la proclamation fidèle du message biblique.
6. Conclusion←⤒🔗
Pour terminer, vous voyez qu’en tant que chrétiens, nous ne pouvons pas croire ce que nous voulons. Nous ferions même mieux de vérifier que ce que nous croyons, nous avons raison de le croire. Le christianisme, en tant que système de croyances, est objectivement défini et délimité. La foi chrétienne est strictement réglementée par une révélation spéciale de la part de Dieu : la Bible, dont le message fait autorité, dont le message constitue l’accréditation des enseignants dans l’Église, dont le message est exclusif, et dont le message a pour but l’œuvre de Dieu dans notre vie.
Je termine avec le cinquième article de la Confession de foi de La Rochelle (1559), qui traite de la Bible, un article auquel nombre de nos théologiens et pasteurs soi-disant protestants devraient prêter plus d’attention, voire de respect :
« Nous croyons que la parole qui est contenue dans ces livres a Dieu pour origine, et qu’elle détient son autorité de Dieu seul et non des hommes. Cette parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au service de Dieu et à notre salut; il n’est donc pas permis aux hommes, ni même aux anges, d’y rien ajouter, retrancher ou changer. Il en découle que ni l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Écriture sainte, mais qu’au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d’après elle. »