Le sens des mots "tout" et "tous"
Le sens des mots "tout" et "tous"
La doctrine de la souveraineté de Dieu apporte de la lumière sur un grand nombre de textes qui, sans cela, sont lus de manière tout humaine. Ainsi, il apparaît que les mots « tout » et « tous », dans le Nouveau Testament, indiquent bien une globalité, mais une globalité définie.
Par exemple, quand Paul écrit que « l’amour croit tout » (1 Co 13.7), il ne s’agit évidemment pas de « tout et n’importe quoi »! Paul vient de dire que l’amour se réjouissait de la vérité et pas de l’injustice. L’amour devrait-il croire le mensonge? Il faut comprendre ici que l’amour croit tout ce qui est vrai (2 Th 2.10), qu’il croit entièrement, sans retenue, ce qui vient de Dieu.
Concernant le mot « tous », il désigne, dans la très grande majorité des cas, tous les frères en la foi (Juifs et Grecs, hommes et femmes, riches et pauvres, maîtres et serviteurs, forts et faibles, etc.), tous, mais eux seulement; eux seulement, mais tous! – et non pas tous les hommes. Le chapitre 5 de la lettre aux Romains le montre en évoquant clairement deux humanités : une en Adam (tous ont péché) et une en Christ (tous sont justifiés). Chaque fois, il y a une totalité, mais elles ne recouvrent pas la même réalité. La portée du mot « tous », dans ce chapitre, est d’ailleurs relativisée : « tous » étant remplacé par « beaucoup » (Rm 5.18-19).
Je cite un autre exemple : quand Pierre dit que Dieu prend patience, voulant « que tous parviennent à la repentance » (2 Pi 3.9), pouvons-nous imaginer que cela concerne tous les hommes? C’est impossible. Il s’agit des élus. De ceux-là, pas un ne se perdra, comme le dit Jésus lui-même (Jn 10.26-29; 18.9)1.
Quand Jésus dit « tous », il parle de ses disciples, actuels et futurs. « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un » (Jn 17.20-21). Tous, mais eux seulement, dans une unité de communion semblable à celle qui unit le Père et le Fils!
Dans les lettres de Paul, la pensée qui prédomine, c’est l’Église. Je cite : « Comme tous meurent en Adam, tous revivront en Christ, mais chacun en son rang : Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ » (1 Co 15.22-23). On retrouve ici le parallèle entre les deux humanités. Mais en définitive, celle qui compte, c’est la communauté des élus (2 Tm 2.10).
Dans la lettre aux Éphésiens : « Il y a une seule foi, une seule espérance, […] un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Ép 4.6). Le contexte montre sans doute possible que le « tous » désigne les chrétiens ici, malgré l’apparence. De même, Paul écrit : « C’est lui que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ » (Col 1.28). Encore un texte d’apparence universaliste, mais dont le sens ne peut s’appliquer qu’aux chrétiens.
De même, quand Paul parle des « païens » (Rm 1.5; 9.30; 15.16, 18, 27; Ga 3.8…), il désigne en général sous cette expression « les chrétiens d’origine païenne ». Les autres? Il en parle comme « de gens dont l’Église ne fait aucun cas » (1 Co 6.4). Est-ce une étroitesse d’esprit? Pas du tout. La descendance d’Abraham sera comme les étoiles du ciel! Et dans ces « chrétiens d’origine païenne », Paul entrevoit tous ceux que Dieu amènera à la foi! Tous! Mais seulement eux, comme Jésus lui-même le fit (Jn 10.16; 17.9). Il serait souhaitable que la Parole de Dieu soit notre référence première, plutôt que la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Note
1. Certaines fois, la portée du mot tous est moins évidente et une étude plus approfondie est nécessaire. Par exemple pour Jn 13.35 : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples. » Les deux sens peuvent s’entendre.