Parlons de la souffrance
Parlons de la souffrance
Avez-vous jamais entendu quelqu’un qui chantait durant ses heures de tristesse? J’en connais beaucoup. Il semble que certaines personnes portent en leur âme des rais de lumière qui éclairent autour d’elles, même dans l’obscurité la plus épaisse. Je pourrais vous rappeler des noms ou citer des exemples de personnes que j’ai connues. Mais je ne vous donnerai ici qu’un seul exemple. Il s’agit d’une personne dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler. C’est une femme qui a vécu au cours du siècle dernier : Fanny Crosby.
À l’âge de dix ou douze ans, la malheureuse devint aveugle à cause de la maladresse de son médecin traitant. Ce grand malheur amena son médecin, qui avait une conscience, à quitter l’endroit pour aller s’établir dans une autre ville. Mais voilà que cet accident se transforma en une bénédiction inespérée. Car Fanny Crosby a écrit des cantiques chrétiens parmi les plus inspirés et parmi les plus émouvants. Plusieurs de ces cantiques ont même été traduits en français, et si vous avez un recueil protestant, vous pourrez au moins en lire les paroles. C’est avec émotion qu’il m’arrive encore de chanter certains de ces chants écrits par cette remarquable femme aveugle. Durant les longues années de son existence dans l’obscurité physique, elle répandit autour d’elle plus qu’un faible rayon de lumière : la joie, la reconnaissance, la paix, le courage… Oui, elle fut une chrétienne admirable, qui sut chanter durant la longue nuit que furent ses 90 ans… Et ce qui me bouleverse encore davantage dans sa vie et dans son témoignage chrétiens c’est d’avoir appris, tout récemment, qu’un jour elle écrivit à son médecin, auteur de ce que nous appellerions un terrible accident, pour le remercier et pour lui dire que, si elle n’avait jamais perdu la vue, elle n’aurait jamais trouvé la lumière de son âme. Incroyable, n’est-ce pas? Et pourtant vrai…
Je vous ai déjà parlé du chant dans la nuit, durant les heures de trouble et de perplexité. Je ne voudrais pas vous faire croire que la souffrance n’existe pas ou, comme l’affirme une secte qui s’appelle « science chrétienne » et qui n’est évidemment ni scientifique ni chrétienne, que la souffrance n’est qu’une idée sans réalité, qui n’existe que dans notre tête… Mais allez donc voir dans la tête de ceux et de celles qui souffrent dans leur corps, parfois seuls et abandonnés, dans un lit d’hôpital, dans un corps qui se défait un peu plus chaque jour… Ils savent bien, eux, que cette souffrance n’est pas « dans leur tête », mais qu’ils souffrent réellement, de toutes les fibres de leur corps.
Il est vrai aussi que certaines personnes s’occupent plus qu’il ne le faudrait de leurs « bobos » et qu’elles deviennent ce qu’on appelle « des malades imaginaires » au grand dam de leur entourage, qu’elles tyrannisent sans répit…
Si nous pouvions parfois oublier nos propres malheurs pour penser à ceux d’autrui, cela nous aiderait certainement à oublier quelque peu nos propres souffrances…
Je crois qu’une telle attitude, ainsi que la prière qui apporte à Dieu toutes les souffrances, est la meilleure attitude pour notre paix intérieure. Cela ne veut pas dire que Dieu nous enlèvera aussitôt toutes nos peines et tous nos problèmes, car il permet parfois que ses enfants les plus fidèles souffrent durement et qu’ils marchent dans la vallée de l’ombre de la mort. Oui, Dieu impose parfois à ses enfants une dure discipline, et tôt ou tard la souffrance atteindra chacun d’entre nous.
C’est pourquoi lorsque nous lisons la Bible, nous y trouvons une grande franchise au sujet de la souffrance. Nous n’y trouvons ni cachotteries ni dissimulations. La Bible n’a pas été écrite par des adeptes de la science chrétienne, mais par Dieu, qui nous connaît, qui nous a créés et qui sait que nous sommes tous sujets au mal en même temps que les victimes de celui-ci. Mais la Parole de Dieu ne nous parle pas seulement et ouvertement de la réalité du mal; elle nous donne aussi la solution, ou plutôt le salut. En Jésus-Christ, il existe une victoire sur le mal et la souffrance. Lisons ce qu’écrivait saint Paul : « J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Rm 8.18).
La Bible nous enseigne aussi que la souffrance a un but, qu’elle sert à quelque chose. Je prends encore l’exemple d’un personnage de la Bible. Qui n’a pas entendu parler de Job? Il est le plus grand exemple de la souffrance de l’homme innocent. Tout un livre de la Bible parle de lui, et je vous conseille vivement de lire son histoire et ses discours. C’est l’un des livres les plus passionnants de toute la Bible et même de toute la littérature mondiale.
Trois des amis de Job vinrent le consoler après avoir pris connaissance de tous les malheurs qui l’avaient frappé. Mais ils commencèrent aussitôt à lui faire la leçon. Ils lui dirent que Dieu l’éprouvait, ou encore qu’il le châtiait pour des fautes qu’il avait sûrement commises. Mais Job, lui, n’était pas du tout sûr; au contraire, il avait la conviction qu’il était innocent. Cependant, au milieu de sa souffrance, il prononça l’une des paroles les plus admirables de toute la Bible : « Je sais que mon Rédempteur est vivant » (Jb 19.25).
Nous apprenons une bonne leçon à travers cet exemple : dans la souffrance, nous nous détachons des biens terrestres. Le mal qui s’abat sur nous ou qui accomplit ses ravages autour de nous et nous trouble et noms écrase, nous pousse aussi à nous tourner vers Dieu dans la prière; nous implorons son secours, nous le pressons de venir à notre aide. Et alors, Dieu nous accorde une grâce; celle de supporter notre mal dans la patience et dans la soumission à sa volonté, lorsqu’il ne délivre pas.
Savez-vous ce que le mot grâce signifie? Dans la Bible, il est l’équivalent du mot force. Oui, Dieu nous donne assez de force pour patienter et pour persévérer dans la foi et dans la confiance en lui. Nous savons que parfois le mal est le châtiment de Dieu, mais nous savons aussi que si Dieu châtie c’est parce qu’il nous aime; il nous discipline, il nous éduque, il cherche notre bien, et lorsque nous restons patients dans l’épreuve, la souffrance fortifie notre caractère. Cela nous aide aussi à mieux comprendre et à mieux porter secours à la souffrance de notre prochain au lieu de rester durs ou indifférents à son égard…
Mais voici un autre point : la souffrance est souvent un pédagogue qui nous conduit vers le Sauveur. Vous et moi nous connaissons beaucoup de personnes attaquées par le mal et victimes de la souffrance. Même des personnages bibliques fidèles à Dieu.
Mais savez-vous qui est celui qui a le plus souffert au cours de l’histoire des hommes? C’est Jésus-Christ, le propre Fils de Dieu devenu homme. Écoutez ce qu’écrivait saint Pierre à son sujet :
« Christ lui aussi a souffert pour vous et vous a laissé un exemple, […] lui qui n’a pas commis de péché, […] lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice » (1 Pi 2.21-24).
Oui, il nous a aimés suffisamment pour abandonner sa condition céleste et venir partager notre sort. Lorsqu’il vous arrive de souffrir, pensez à lui, à son exemple, à sa vie de souffrance indescriptible pour nous sauver, nous autres pécheurs…
La Bible parle d’une nuit de terreur telle que personne ne pourra plus chanter. Il y aura une obscurité si épaisse qu’aucune lumière ne pourra la déchirer. Même la lumière de Dieu en sera totalement absente; il n’y aura que pleurs et grincements de dents. Mais si vous connaissez l’amour de Dieu, si vous avez appris que Jésus-Christ est le Sauveur et que sa souffrance vous sauve, alors cette nuit d’obscurité d’enfer ne pourra plus vous atteindre. Christ le Sauveur sera votre lumière et votre refuge.
C’est pourquoi vous pouvez chanter encore malgré la nuit, en dépit de l’obscurité de la souffrance, de l’oppression et de la maladie, du deuil et de l’infortune, que Jésus-Christ vous aime.
Un jour, nous croiserons tous le plus profond et le plus redoutable des fleuves : celui de la mort. Personne ne sera à nos côtés. Ni mari, ni femme, ni parents, ni enfants, ni amis… Mais vous et moi, lorsque nous le traverserons en compagnie du Sauveur, nous pourrons chanter comme ce prédicateur, aveugle lui aussi, un autre merveilleux cantique : « Ô amour divin qui ne m’abandonne jamais… »
Pensez, mes amis, que rien ne nous séparera de l’amour du Dieu manifesté en Jésus-Christ. Lisez les paroles de l’apôtre Paul aux chrétiens de Rome au chapitre 8.28-39.