Homilétique (7) - Le processus explicatif de la prédication
Homilétique (7) - Le processus explicatif de la prédication
La plupart des chrétiens n’ont ni envie ni besoin d’assister à des exposés historiques ou exégétiques. Ce qu’ils souhaitent, ce qui leur est nécessaire, c’est une prédication qui démontre la manière dont les données bibliques s’appliquent à leur vie. Les prédicateurs ne peuvent donc se contenter de présenter des informations : ils devraient organiser tous les détails explicatifs de leurs messages de manière à ce que les implications du texte dans la vie des auditeurs soient clairement perceptibles.
La démarche comprend trois étapes :
- Présentation / lecture du texte
- Explication / illustration
- Exhortation / application
1. Explication, illustration et application⤒🔗
« L’Éthiopien lisait dans le prophète Ésaïe. Philippe lui demanda : Comprends-tu ce que tu lis? Il répondit : Comment le pourrais-je si quelqu’un ne me guide? » (Ac 8.31).
« Esdras ouvrit le livre à la vue de tout le peuple, car il était élevé au-dessus de tout le peuple; et lorsqu’il l’eut ouvert, tout le peuple se tint en place. Esdras bénit l’Éternel, le grand Dieu, et tout le peuple répondit, en levant les mains : Amen! amen! Et ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant l’Éternel, le visage contre terre. Josué, Bani, […] et les Lévites expliquaient la loi au peuple, et chacun restait à sa place. Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu’ils avaient lu » (Né 8.5-8).
« Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, Jésus leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.27).
« Consacre-toi à la lecture publique des Écritures, à la prédication [paraklêsis = exhortation] et à l’enseignement [didaskalia = explication] » (1 Tm 4.13).
Prêcher pleinement l’Écriture signifie mettre en lumière le sens du texte de telle manière que les auditeurs puissent se trouver face aux vérités bibliques, les comprendre et agir en conséquence.
- L’explication touche l’intelligence. « Que dit le texte? »
- Les illustrations touchent le cœur. « Montrez-moi ce que dit ce texte. »
- L’application touche la volonté. « Que signifie ce texte pour moi? »
Dans l’approche traditionnelle de la prédication, ces trois composantes apparaîtront dans chacun des points principaux, même s’il est possible de faire des exceptions. Le prédicateur constatera que les auditeurs prêtent souvent davantage attention à un discours dont les démonstrations et applications sont régulières et fréquentes. En d’autres termes, il est préférable d’éviter de prêcher pendant 30 minutes en espérant que la communauté se contentera du fait que ce qui la concerne ne soit dit que dans les cinq dernières minutes1.
Dans une approche équilibrée, on évitera trois défauts :
- Les explications qui enflent jusqu’à devenir de pesants étalages d’érudition.
- Les illustrations qui dominent au point de verser dans le divertissement.
- Les applications qui ont tendance à devenir moralisatrices.
2. Cinq questions clés←⤒🔗
Ce qui suit constitue une sorte de synthèse.
La prédication vise à éclairer le chemin qui conduit à la compréhension et à l’appropriation du texte : ce texte a aussi été écrit pour être utile à nous, aujourd’hui.
- Que signifie le texte? (Comment suis-je parvenu à cette conclusion?)
- Pour quelle raison le texte a-t-il été écrit? (Quelle était l’intention de l’auteur?)
- Qu’avons-nous de commun avec ceux à qui (ou à propos de qui) le texte a été écrit ou avec l’auteur du texte?
- Quelle est la meilleure manière de communiquer le sens de ce texte? (Quel plan?)
- Comment faut-il répondre aujourd’hui au message de ce texte? (Application).
Les deux premières questions amènent le prédicateur au pied de la montagne homilétique; les trois dernières l’amènent au sommet. Répondre aux trois dernières questions permettra au prédicateur de transformer son travail exégétique en prédication.
3. Quatre étapes nécessaires←⤒🔗
Il s’agit, ici, de cheminer peu à peu vers la mise en place du plan de la prédication.
La lectio divina se borne à l’écoute du texte, avec comme question : Qu’est-ce que ce texte me dit? Le prédicateur doit aller plus loin, avec cette question : Qu’est-ce que le texte dit?
a. Observer←↰⤒🔗
Charles Spurgeon écrit : « Laissez le texte vous imprégner. Je prêche mieux lorsque j’ai pu m’immerger dans mon texte. » Il faut lire et relire jusqu’à ce que l’enchaînement des pensées de l’auteur devienne clair, familier.
b. Interroger←↰⤒🔗
Le prédicateur se prépare à expliquer le texte en se posant les questions que ses auditeurs se poseraient s’ils cherchaient à comprendre le texte. On interroge le texte afin de mettre en évidence ce qui est dans le texte plutôt que d’imposer au texte ce qui ne s’y trouve pas.
Que dit le texte? (exégèse)
- Mots-clés, temps des verbes
- Comparer différentes versions
- Références parallèles (autres versets où les thèmes et mots-clés apparaissent)
Comment le texte s’articule-t-il? (plan exégétique)
- Repérer les idées principales et les idées secondaires
- Remarquer comment elles s’articulent entre elles2.
c. Établir des rapprochements de situation←↰⤒🔗
Lorsqu’ils étudient un texte, les bons prédicateurs se posent toujours des questions en pensant à leurs auditeurs. En quoi ressemblons-nous aux destinataires initiaux du message biblique? Il ne faut pas attendre la fin du travail d’exégèse pour commencer à penser aux auditeurs et à établir des rapprochements entre le texte et les préoccupations de la communauté.
Les visites que le pasteur peut faire vont l’aider à établir ces rapprochements. Ces rapprochements vont aider le prédicateur à faire un tri parmi les options explicatives. Il ne s’agit pas de tout dire. Il ne s’agit pas d’être brillant. Il s’agit d’être utile.
d. Organiser←↰⤒🔗
1. Élaborer un plan homilétique. Le prédicateur se doit de présenter le message du texte, mais il n’a pas nécessairement à présenter la structure du texte. Le plan exégétique (du texte) n’est donc pas forcément le plan homilétique (du message). En effet, le plan exégétique ne définit pas automatiquement l’enchaînement des explications qui s’imposeront, car il ne prend en compte ni les données actuelles ni les orientations pastorales (le contexte d’aujourd’hui). Le plan homilétique définit la meilleure manière de communiquer le sens du texte à la communauté.
2. Couvrir l’ensemble du texte. Les points principaux et les points secondaires de la partie explicative doivent être fondés sur le texte. Le prédicateur doit rendre compte de tous les éléments importants du texte, même si tout n’a pas besoin d’être approfondi de la même manière, même s’il retient un seul point important pour en faire le sujet de son message. Les gens devraient pouvoir rentrer chez eux en ayant acquis une bonne vue d’ensemble du texte. En agissant ainsi, le prédicateur épargne à son auditoire toute la partie de sa recherche qui n’est pas utile.
3. Faire le tri. Il faut résister à la tentation de garder toutes les idées qui nous sont venues à l’esprit. Certaines pourront être utilisées à un autre moment. Il ne faut pas hésiter à éliminer tout ce qui obscurcit la présentation. La présentation finale doit être aussi claire que possible.
4. Annexe←⤒🔗
Prédication avec un seul sujet |
Prédication avec un seul sujet |
1. Explication |
1er point a. Explication |
2. Illustration |
2e point a. Explication |
3. Application |
3e point a. Explication |
Chaque partie devrait être à peu près d’égale longueur. Dans la prédication avec trois points, on comprend que chaque partie doit être relativement concise. Cette prédication-là ne devrait pas être (beaucoup) plus longue que la première.
Notes
1. Voir l’équilibre de ces composantes en annexe (deux schémas).
2. Attention : Ne pas donner aux auditeurs l’impression que seuls ceux qui maîtrisent les langues bibliques peuvent vraiment comprendre la Bible (« clarté des Écritures »).