La révélation générale - (3) Vocabulaire concernant la révélation
La révélation générale - (3) Vocabulaire concernant la révélation
Le mot « révélation » dérive du latin « revelatio », dévoiler ou découvrir. Le mot grec « apokaluptô » possède le même sens. L’Écriture sainte emploie divers verbes pour décrire la révélation générale, tels qu’apparaître, parler, ordonner, œuvrer, se faire connaître, etc. Ceci indique que la révélation n’a pas toujours lieu de la même manière, mais prend diverses formes. En fait, toutes les opérations de Dieu, qu’elles soient en acte ou en parole, sont des parties constitutives et des éléments fondateurs d’une seule, grande, totale, complète, constante et continuelle révélation de Dieu.
Herman Bavinck distingue trois traits d’une telle révélation : elle dépend de Dieu; elle comprend une autorévélation; elle conduit à Dieu. La création, le maintien et le gouvernement de l’univers visible et invisible, l’élection, la vocation et la direction d’Israël, l’incarnation du Fils unique, l’effusion du Saint-Esprit, l’inscripturation de la Parole, le soutien accordé à l’Église se réfèrent à l’acte de Dieu par lequel il communique à l’homme la vérité le concernant en rapport avec ses créatures, et leur accorde la connaissance de sa volonté. Au sens passif, ils se réfèrent aux résultats de l’activité de Dieu. Ils présupposent le dévoilement souverain de Dieu et de ce qui est nouveau, à savoir ce qui autrement était inaccessible et inconnu à l’homme.
Dans l’Ancien Testament, le verbe « galah » a aussi le sens de découvrir, mettre à nu. Au niphal, il signifie « se révéler ». Ces mots expriment l’idée de « faire passer de l’inconnaissance à la connaissance », « du caché au connu ». L’idée, écrit G. Millon, est simple, mais les modalités de l’opération sont nombreuses. Elles justifient l’emploi d’un vocabulaire varié. Dieu a parlé aux hommes. L’Ancien Testament emploie deux verbes : « dibber », parler et « amar », dire. Le nom « dâbâr » signifie principalement « ce qui est dit », le mot ou le « discours ». À ces mots s’ajoutent ceux qui expriment la perception de la communication divine : « izzen », écouter, « shIama’e », entendre. Dieu peut aussi s’adresser à la vue : « râ’âh », voir, « nir’âh », il a vu, il s’est fait voir, « hir’Iah », il a fait voir, il a fait connaître. L’Ancien Testament emploie aussi le verbe « yâda », il a connu, et ses différentes formes, il a été connu, il s’est fait connaître, « hidia », il a fait connaître.
Dans le Nouveau Testament, des idées analogues sont exprimées par « legein », dire, « lalein », parler, « apaggelein », annoncer, « gnorizein », faire connaître, « didaskein », enseigner, « manthanein », enseigner et apprendre, « akouein », entendre, « oraô », voir, « ginoskein », connaître, « apokaluptein », révéler, « apokalupsis », révélation, « phaneroô », manifester, « phanerôsis », manifestation.
Il faut distinguer ce que l’homme ne connaît pas, mais qu’il pourrait connaître, et ce qui est au-delà des limites de sa connaissance. Selon Romains 1, il existe des choses invisibles, et la division entre ce qui est visible et invisible est bien attestée dans plusieurs passages du Nouveau Testament (2 Co 4.18; Col 1.16; Hé 13.3). Elle repose sur la structure même de la création dans laquelle les choses invisibles (les cieux) s’opposent aux choses visibles (la terre). Le monde des esprits n’est pas celui des corps. Deutéronome 29.29 souligne la distinction entre les choses cachées et les choses révélées que Dieu révèle pour son peuple.
Dans le Nouveau Testament, on lit dans Jean 1.18 : « Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître. » On est en présence de la révélation des « personnes » divines, ce qui est un trait spécifique de la révélation chrétienne. On pourrait encore citer des textes comme Matthieu 11.27 ou Matthieu 16.17. On peut donc parler de révélation absolue lorsque l’acte divin révélateur porte sur des choses qui sont au-delà des limites de la connaissance humaine, et de révélation relative lorsqu’il s’agit seulement de choses que l’homme ne connaissait pas, mais qu’il aurait pu connaître. Le mot « mystère » va encore souligner cette distinction qui doit être faite entre choses cachées et choses simplement inconnues (voir Rm 16.25). Il sera nécessaire de considérer dans l’étude de la révélation ses agents, ses moyens et son objet.