Pourquoi sommes-nous réformés?
Pourquoi sommes-nous réformés?
L’Église réformée confessante dont nous sommes les membres fait partie d’un grand nombre d’Églises qui se réclament de la Réforme du 16e siècle. Celle-ci s’appelle également la Réforme protestante ou la Réforme évangélique. Le mot protestant dans la pensée et le langage du 16e siècle voulait dire confessant, et le mot n’avait pas le sens négatif qu’il a actuellement (protester contre), mais plutôt un sens positif, celui d’attester en faveur de Dieu. Les protestants réformés sont donc ceux qui confessent leur foi devant le monde.
Pour quelle raison nous appelons-nous Église réformée confessante? Les pages suivantes en expliqueront les causes et la nécessité1.
Pour commencer, distinguons une Église d’une secte. La première appartient à l’Église universelle, dont l’existence se poursuit depuis vingt siècles. Même imparfaite, elle se soumet à l’autorité souveraine des saintes Écritures et se conforme à son enseignement, aussi bien pour sa foi que pour sa conduite. La secte, elle, se caractérise par :
- Son attachement exclusif à son fondateur.
- Son insistance sur un point de doctrine qu’elle souligne exagérément au détriment du reste de la révélation biblique et chrétienne.
- Sa prétention à être la seule véritable Église, à l’exclusion de toutes les autres.
- Sa recherche, tel un parasite, à se développer au détriment d’autres groupes ecclésiastiques.
L’Église réformée confessante forme une Église ou une confession ecclésiastique; elle n’est pas une secte. Elle fait partie du groupe d’Églises chrétiennes appelées réformées ou presbytériennes. Le terme réformé souligne le fait que, sous la conduite du Saint-Esprit et à la lumière de la Parole, nos Églises se sont purifiées des fausses doctrines et des pratiques non bibliques du passé, au moment de la grande Réformation protestante du 16e siècle en Europe.
Le terme presbytérien dérive d’un mot grec, « presbytéros », qui signifie ancien; il indique que le gouvernement de l’Église locale ou d’un groupe d’Églises est confié aux soins d’un collège d’anciens élus par les membres de l’assemblée générale de l’Église locale. Les Églises réformées et presbytériennes sont répandues dans le monde entier, mais elles sont surtout établies en Suisse, en France, en Hongrie, en Écosse, aux Pays-Bas, au Canada, aux États-Unis d’Amérique du Nord, en Australie, en Nouvelle-Zélande ainsi qu’en Afrique du Sud et en Corée du Sud. On peut en trouver d’autres ailleurs, aussi bien en Europe qu’en Afrique, en Asie qu’en Amérique du Sud. Le nombre total des réformés dans le monde doit s’élever à près de 70 millions de membres.
L’Église apostolique ne connaissait, certes pas, des divisions ou des confessions diverses. Le Seigneur Jésus a établi son Église, qui est son corps et qui comprend les membres croyants et leurs enfants. Cependant, au cours des siècles, certaines sections de l’Église s’égarèrent par rapport à l’enseignement apostolique. Ceci provoqua l’inévitable et indispensable séparation en confessions, permettant aux fidèles de maintenir et de déclarer la saine doctrine de l’Évangile, d’avoir un ordre ecclésiastique solide et d’exercer une saine et sainte discipline.
En 1054, les Églises chrétiennes orientales (grecques), celles de Grèce et d’autres pays de l’Est européen appartenant à l’Empire byzantin, se séparèrent de l’Église occidentale (latine). Elles se nomment orthodoxes. À l’heure actuelle, plusieurs de ces pays comptent encore des Églises orthodoxes et certains d’entre eux reconnaissent cette confession comme la seule Église officielle, comme en Grèce, par exemple. On peut estimer leur nombre à environ 120 à 150 millions de membres.
En Occident, l’Église catholique romaine resta pendant plus de quatre siècles seule en lice. Mais, pas plus que l’Église orientale, elle ne sut se préserver ni des erreurs doctrinales ni maintenir la pureté des mœurs selon l’enseignement évangélique. Nombre de membres du clergé, aussi bien régulier que séculier, menaient une vie dissolue. On n’y entendait plus la prédication de la pure doctrine enseignée par les apôtres; même la saine tradition ecclésiastique était surchargée, voire étouffée, par des traditions humaines et par des superstitions. Au lieu du salut par pure grâce, au moyen de la seule foi en Jésus-Christ, l’Église enseignait le salut par les bonnes œuvres accomplies par les fidèles. Peu de chrétiens avaient accès à la Bible, ce qui d’ailleurs était considéré comme superflu; il suffisait de croire simplement à l’enseignement officiel dispensé par le prêtre. La mort expiatoire du Christ, toute suffisante pour obtenir le pardon des péchés, n’était pas enseignée. La foi en l’efficacité du sacrement de la messe remplaçait la foi en la rédemption par le Sauveur. Le petit peuple (ou laïcs) était maintenu dans l’ignorance et dans une crainte superstitieuse; ceux qui tentèrent de réformer l’Église et de la faire revenir à l’enseignement original des Écritures furent sévèrement punis, persécutés et souvent mis à mort.
Cependant, Dieu, qui est le Seigneur de l’Église, n’abandonna pas son peuple élu. En 1517, Martin Luther, un moine allemand, rompit avec l’Église officielle. Bientôt, ses adhérents se comptèrent par milliers, non seulement en Allemagne, mais encore à travers toute l’Europe.
Quelques années après l’acte héroïque de Luther, Jean Calvin, un grand savant originaire de Noyon en Picardie, au nord de Paris, en France, entreprit à son tour de réformer l’Église. Depuis Genève où il s’était réfugié, il rayonna non seulement en France, mais encore dans les autres pays européens et, bientôt, dans le Nouveau Monde et jusqu’aux antipodes, en Afrique du Sud. Sa célèbre Institution de la religion chrétienne fut d’abord rédigée en latin, puis Calvin en personne la traduisit en français; ce chef-d’œuvre de la littérature chrétienne, et certainement de toute la littérature mondiale, a été, déjà du vivant du grand réformateur, publié plusieurs fois et augmenté au fur et à mesure jusqu’à devenir, finalement, un livre en quatre épais volumes.
Calvin entreprit non seulement de réformer l’Église, mais encore de réorganiser la ville de Genève et de fournir les bases bibliques pour son gouvernement civil. Sa théologie biblique le fit opter pour la forme de gouvernement d’Église appelé presbytérien synodal, dont nous parlerons plus loin2. Sous sa remarquable direction, la ville de Genève devint le centre d’où rayonna non seulement une pensée théologique d’une remarquable fidélité biblique, mais encore une pensée d’une telle originalité et d’une telle puissance qu’avec raison on peut la considérer comme fondatrice d’une nouvelle civilisation chrétienne en Europe occidentale. Parfois, beaucoup trop aux yeux de nos contemporains; cependant, Calvin fut le premier à instaurer une république méritant vraiment son nom, quoique les excès n’y manquèrent malheureusement pas. Les adeptes de sa pensée s’appelèrent réformés, tandis que les disciples de Luther portèrent le nom du grand réformateur allemand.
Notes
1. Voir l’ensemble de notre étude en 16 articles intitulée Pour faire connaissance avec l’Église réformée confessante.
2. Voir mon article intitulé Le gouvernement de l’Église.