Espérance eschatologique
Espérance eschatologique
L’eschatologie est l’étude systématique des données bibliques concernant les fins dernières. Le terme est de construction relativement récente (environ cent ans). L’espérance a toujours fait partie du message de l’Église, mais c’est depuis une centaine d’années que le terme eschatologie a été spécialement forgé pour traiter des « choses dernières » de manière plus systématique. Il est faux de penser que l’Église chrétienne a connu, à certaines époques de son histoire, des thèmes de prédilection dont elle s’est occupée de façon presque exclusive. On dit parfois que l’Église des premiers siècles s’est surtout intéressée à la personne et aux deux natures du Christ, à l’ontologie, à la Trinité, au canon des Écritures, mais que son intérêt pour l’eschatologie n’est apparu que beaucoup plus tard. Une sérieuse étude du Nouveau Testament et des écrits des Pères de l’Église démontre clairement l’importance considérable de celle-ci pour l’Église naissante. Nous devons admettre qu’un long et patient travail à travers les siècles a permis à l’Église de mieux saisir la nature de son espérance et de donner une plénitude à son attente du retour de son Seigneur.
Nous ne nous arrêterons pas à des considérations d’ordre technique, car la tâche que nous nous sommes assignée est celle de rappeler l’essentiel de l’espérance à laquelle le Nouveau Testament tout entier rend un témoignage lumineux. Nous savons que les vieilles et solides convictions bibliques nous épargneront de nous écarter des claires certitudes pour nous livrer à des spéculations gratuites. Les tentatives de construire des schèmes eschatologiques dépourvus de consistance biblique n’ont jamais manqué au cours de l’histoire. L’un d’eux — assurément le plus répandu — est l’interprétation soi-disant biblique des événements politiques. C’est ainsi que, trop souvent, apparaît cette soi-disant « bienheureuse espérance chrétienne » à l’avènement de tel ou tel phénomène de nature politique, l’exemple le plus courant étant la création de l’État d’Israël. Ailleurs, cette espérance semble tributaire d’une stratégie militaire dans laquelle les forces ennemies seront identifiées à « l’Armaguedon, » et ainsi de suite… Les lectures fantaisistes de la Bible à la lumière de la presse parlée ou écrite n’auront réussi, finalement, qu’à obscurcir l’espérance chrétienne. Elles sont, à leur manière, une altération de la révélation, de la foi et de l’espérance en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
En quoi consiste l’espérance eschatologique? Quels en sont les fondements? Ce chapitre tentera de donner une réponse sommaire à ces questions.
L’Évangile est la Bonne Nouvelle qui annonce l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu contenues dans le Vieux Testament : l’incarnation, le ministère, la passion et la résurrection de Jésus-Christ. « En lui, toutes les promesses de Dieu sont Oui et Amen » (2 Co 1.20). Le jour du Seigneur tant attendu a fait irruption dans l’histoire des hommes et les derniers temps ont déjà été inaugurés. La résurrection du Christ et l’effusion de son Esprit annoncent ce jour-là. Ce caractère « eschatologique » de l’Évangile en fait un événement d’une actualité sans commune mesure avec tout autre événement, lui conférant une nature si urgente que rien d’autre sous le soleil ne peut l’égaler ou le surpasser.
Les premiers chrétiens avaient bien saisi cet élément dynamique de l’eschatologie biblique, et leur proclamation de l’Évangile ainsi que leur mission parmi les païens furent marquées par la puissance que nous connaissons. Les faits dont ils témoignaient ne pouvaient être reconnus et acceptés si ce n’est par la foi. C’est par la foi seule que les hommes pouvaient reconnaître la présence réelle du Royaume de Dieu dans la venue de son Christ. Le futur avènement du Christ annonçant la consommation des siècles et la réalisation définitive des desseins de Dieu, ne pouvait être compris et espéré que par la foi.
Deux points focaux caractérisent le message eschatologique du Nouveau Testament, et ils nous semblent primordiaux pour comprendre la nature exacte de notre espérance et aussi ses limites. La première venue du Christ annonce l’inauguration du Royaume; la seconde en garantit l’établissement final. La première donne naissance à notre foi; la seconde inspire et fonde notre espérance. L’Église vit entre ces deux temps et connaît — et connaîtra encore, jusques à quand? — la tension entre le « déjà » et le « pas encore ». Cette vive tension est utile et dynamique pour sa marche, et les propos contenus dans 2 Pierre 3.12 témoignent de cette réalité. L’Apocalypse, dernier livre du recueil du Nouveau Testament, avait été rédigée pour informer ses destinataires des choses qui allaient se produire « bientôt » (Ap 1.1; 4.1). L’eschatologie prend des dimensions cosmiques. À cause du Christ-Sauveur et de son passé, l’avenir est une certitude et la prédiction des choses futures un discours fondé sur une certitude totale, grâce au Christ dont la vie fut le théâtre d’événements décisifs pour le passé, le présent et l’avenir.
La première venue du Christ n’annule pas l’attente de cet avenir. L’incarnation du Fils rend le jugement dernier plus certain et inéluctable (Ac 17.31). Nulle trace de contradiction entre la première venue du Christ et son futur avènement. Ainsi que l’écrit R. Brinsmead : « L’Évangile est comme un télescope à travers lequel nous regardons les scènes lointaines qui s’étendent vers la fin de l’histoire. » L’Église apostolique est celle qui demeure fidèle à la doctrine transmise une fois pour toutes, et voit dans la fin imminente la réalisation des desseins de Dieu, et par conséquent sa libération certaine. Elle seule peut s’apercevoir que la fin s’approche. Inversement, cette vision de l’avenir mettra en évidence l’actualité décisive de l’Évangile proclamé ici et maintenant. Lorsque l’Église regarde en avant et attend le futur qui annoncera la victoire finale de Dieu, elle connaît mieux que quiconque l’imminence du jugement devant le trône. Alors elle est remplie d’une assurance joyeuse par la consolation qu’elle reçoit dans la certitude de son salut.
L’actuelle certitude du chrétien ainsi que son espérance sont fondées sur la connaissance que, dès maintenant, en Jésus-Christ, l’ancien ordre des choses est révolu et le nouvel ordre instauré. Ceux qui sont « en Christ » sont devenus une nouvelle création (2 Co 5.17). Comme tels, les croyants jouissent d’une double citoyenneté. Ils sont préservés du danger — qui pourtant les menace sans cesse — de s’installer confortablement une fois pour toutes dans l’ordre ancien qui disparaît et de s’établir dans la cité terrestre. Chaque fois que l’Église s’attache à l’Évangile et croit fermement à ce qu’elle proclame, elle devient l’Église de l’espérance, brûlante du désir de rencontrer son Époux, de le connaître comme elle en est connue et de voir, enfin, son attente comblée. En revanche, si elle s’attache au siècle présent et se conforme à ses « codes », oubliant ses origines et sa destination, elle substitue au Royaume sa propre hégémonie et s’installe comme le tyranneau de la parabole de Jésus qui maltraitait les autres serviteurs. Mais alors, peut-elle avoir part à une quelconque espérance?
En fait, à partir de l’ère constantinienne, l’Église s’est comportée de cette façon-là. Saint Augustin n’est pas tout à fait étranger à l’autocratie de l’Église au cours du Moyen Âge. La disparition de la notion de Royaume au profit de l’Église institution a donné naissance à cette ecclésiologie dangereusement anti-biblique dont nous rencontrons encore des séquelles et parfois même de très solides ruines, car la théologie aussi, à sa façon, a ses matières… non biodégradables. L’Église moderne sécularisée s’est placée, elle aussi, sur la même voie. Elle a cessé depuis fort longtemps de se référer au Royaume et de dépendre de lui, souhaitant scandaleusement l’avènement et l’instauration du royaume de l’homme, qu’elle invoque de toutes ses forces, agissant à la manière du serviteur de la parabole. Ce faisant, elle n’a plus aucune raison biblique d’espérer…
Espérer, c’est saisir dans la foi une promesse de vie et de salut, c’est posséder déjà un avenir qui sera bon en dépit des épreuves que contient le présent. Si nous espérons, ce n’est pas parce que la détresse nous pousse à nous réfugier dans l’attente d’un avenir meilleur, même si, trop souvent, notre cri d’espérance est celui de la détresse, l’appel au secours avec ses misérables gémissements…
Si, humainement, tout allait pour le mieux, nous aurions le même urgent besoin de cette espérance dont nous parle l’Écriture. L’espérance biblique ne dépend ni des circonstances ni de nos états d’âme; elle n’est pas incidentelle à notre vocation chrétienne, mais essentielle à la vie de la foi. Elle ne postule pas un vague secours, mais offre le salut. Selon l’Écriture, l’homme ne peut pas créer son espérance : il la reçoit. Elle se fonde sur l’examen minutieux des affirmations bibliques.
L’Église vit du mystère de la mort et de la résurrection de son Seigneur, de façon d’ailleurs toute provisoire, car cette vie aspire à se dévoiler pleinement dans la gloire à venir. L’attente de la parousie constitue l’espérance qui lui appartient en propre. Si hors de l’Église de Jésus-Christ il n’y a point de salut, hors d’elle il n’y a point d’espérance non plus. C’est la raison pour laquelle les rachetés confessent d’âge en âge : « Il viendra de là pour juger les vivants et les morts. » Et parce que nous attendons Jésus-Christ, notre existence n’est ni un roman à suspense ni une aventure au dénouement incertain. Dès le début, nous en connaissons le contenu et la finalité. Dès le premier pas, nous pouvons croire et espérer parce que c’est Christ en personne qui vient vers nous. Nous savons que notre vie et celle de l’Église, qui parfois semblent n’être qu’une suite d’événements incohérents, que même notre monde absurde, sont déjà transformés par l’espérance ancrée au fond de nous-mêmes. Dieu veille et contrôle son univers en dépit des actes d’aventuriers inconscients, en dépit du péché qui s’inscrit d’un bout à l’autre de l’histoire. C’est Dieu qui confère un sens aussi bien aux choses essentielles de la vie qu’à celles qui sont apparemment insignifiantes.
L’Écriture annonce, dès sa première page, que Dieu vient. Il vient vers son peuple, et sa venue est la toile de fond sur laquelle s’inscrit tout le thème biblique de la rédemption et de la restauration. Dieu est présent et habite parmi les siens. « Moi votre Dieu, vous mon peuple. » Jésus-Christ, le promis de l’Ancienne Alliance, vient aussi. Celui que le Nouveau Testament nous révèle reviendra encore pour prouver avec éclat qu’il est le Fils de Dieu, que la croix du Calvaire n’a pas été l’échec lamentable d’un visionnaire écrasé et vaincu. Nous l’attendons parce que notre espérance plonge ses racines dans la révélation tout entière. C’est pourquoi nous ne nous contentons pas de quelques miettes, d’une espérance qui resterait en deçà de la promesse. Refuser de l’attendre c’est se placer délibérément sous le jugement de Dieu.
Mais la Bible trace aussi les limites de notre attente. L’avenir tout entier n’est pas révélé de manière uniforme et exhaustive. Notre espérance, même fondée sur la Bible et nourrie par elle, ne peut répondre en détail à toutes les questions ni satisfaire toutes nos curiosités. De grandes lacunes jalonnent notre connaissance de l’avenir.
Quelques incertitudes peuvent en voiler ici et là des aspects seconds, mais notre interprétation ne doit pas les combler à l’aide d’une imagination fertile aboutissant à des spéculations délirantes, car ni l’espérance ni la foi ne sauraient y survivre.
Les événements eschatologiques ne devraient pas être confinés exclusivement aux temps futurs. Les promesses relatives à l’avenir sont intimement et organiquement liées à notre présent. Elles ont été tissées par des événements qui se sont déjà déroulés (Mt 25.32; Ac 1.11; Tt 2.13; Ap 21.2). Le futur est presque tangible; il a pénétré notre présent; il l’accompagne et en détermine l’évolution décisive. Le fait que l’eschatologie soit déjà inaugurée ne nous empêchera pas d’affirmer, avec toute l’Écriture, l’importance de ce qui doit encore se réaliser. L’authenticité de la foi et sa pratique seront vérifiées seulement à ce moment-là. En un sens, l’eschatologie biblique n’est pas seulement linéaire, mais elle reste tributaire de la dimension, de la profondeur de la foi. Elle est étroitement liée à la réponse que nous donnons à Dieu ici et maintenant. Nous avons déjà évoqué le caractère christologique de notre attente. L’avenir que nous attendons est lié à la personne du Sauveur qui est le premier de la vaste moisson qui s’engrangera à la fin des temps. La passion et la résurrection, ces événements clés dans l’existence de celui qui a été notre Vicaire, n’ont pas été des affaires privées, mais des actes de substitution qui nous touchent de près et qui annoncent notre propre mort, suivie de notre future résurrection.
La victoire de Pâques fonde le renouvellement et la restauration de la création tout entière. Le Seigneur ressuscité envoie sur l’Église son Esprit Saint appelé les arrhes, les prémices de la nouvelle création. Nous devons nous rendre compte de l’importance essentielle, en ce qui nous concerne, de l’interaction entre les divers moments du temps : passé, présent et futur. Toute œuvre chrétienne individuelle ou collective a une portée eschatologique. Aussi lisons-nous dans Apocalypse 14.13 : « Leurs œuvres les suivent. » L’écoute et l’exhortation de la Parole, la recherche de la sanctification, la persévérance dans la foi, le témoignage rendu à la vérité et au salut de Dieu pèsent dans la balance eschatologique. L’attente chrétienne ne conduit pas à l’oisiveté. Elle est, au contraire, un puissant stimulant qui nous engage à fond dans une consécration plus grande. L’espérance agit pour le chrétien comme l’oxygène pour les poumons, comme le moteur qui écarte tout danger de paralysie. Et ce, d’autant plus que la rébellion du monde et l’apostasie de certains chrétiens sont des défis lancés aux fidèles les obligeant à s’acquitter pleinement de leurs responsabilités.
Deux types d’interprétation eschatologique seront écartés. L’un purement futuriste, à caractère millénariste. L’autre sans objet réel, puisqu’il affirme que tout a été accompli au cours de l’histoire vécue et qu’il ne reste plus rien à attendre de l’avenir. Selon ce dernier, le Christ se serait trompé. Surpris par la mort, il n’aurait pu exercer aucun pouvoir ni offrir aucune espérance. Le Royaume annoncé serait mort avec lui, et les disciples, frustrés, l’auraient remplacé par la communauté ecclésiale…
Le lecteur de la Bible regardera aussi bien vers le passé que vers l’avenir. Aujourd’hui, nous vivons le temps de Dieu, celui de sa victoire. Le conflit entre la lumière et le pouvoir des ténèbres reste aigu, violent, mais nous en connaissons l’issue véritable. L’adversaire mène une lutte acharnée, d’autant plus furieuse qu’il se sait condamné et perdu. « Mais nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rm 8.37). Notre prière quotidienne reçoit chaque jour son exaucement. À notre requête : « Que ton règne vienne » est accordée l’assurance : « Le règne de Dieu est proche. »
Nous vivrons toujours dans la tension entre le Royaume venu et qui vient, et notre tâche s’inscrit à l’intérieur de cette tension. L’Église et le Royaume vivent intimement liés. Le culte prépare pour le témoignage et le dimanche précède le travail du lundi. La liturgie nourrit et inspire l’activité quotidienne, la plus banale comme la plus harassante. La prédication instruit et équipe le chrétien en vue de l’accomplissement de ses tâches. Christ, le Roi, revendique pour lui-même aussi bien notre existence que toutes les parcelles de l’univers. Nous agirons en son nom parce que, chaque jour, tous nos efforts, grands ou petits, comptent pour l’avènement du Royaume. Nous restons pèlerins et voyageurs sur terre, vivant dans l’espérance sans laquelle notre foi serait morte, comme lorsqu’elle ne produit pas des œuvres. Une foi sans espérance ressemble à une échelle qui ne mène nulle part. Ce que l’apôtre Paul écrivait au sujet de la résurrection (1 Co 15) s’applique aussi à notre attente eschatologique : sans espérance, notre foi est vaine, et plus l’espérance est forte, mieux nous devenons un peuple de pèlerins de la foi.
Quand l’espérance biblique est oubliée, les erreurs eschatologiques laissent apparaître d’autres erreurs, aussi graves les unes que les autres. Celle, par exemple, de la justification infuse, analytique, qui témoigne d’une religion subjectiviste qui confond l’expérience mystique avec l’expérience biblique de la vie en l’Esprit. L’Évangile objectif est alors abandonné au profit de « voix intérieures » ou de « l’amour impératif et omnipotent ». La loi de Dieu en tant que commandement et ordonnance de vie sera rejetée au profit d’une morale dite situationniste; c’est ainsi que certains s’imaginent vivre dans la plénitude de l’Esprit dès à présent, considérant l’eschatologie comme déjà réalisée, puisque l’Esprit se serait emparé du croyant d’une manière presque physique. L’émotivité, voire l’irrationnel, remplace alors la marche par la foi.
Quelle est la différence entre les divers spiritualismes en vogue et les théologies modernes « du génitif », telles les théologies de libération, de violence, de révolution, etc., sans oublier le catholicisme romain de toujours? Aucune différence fondamentale ne les sépare. Il n’y a que la forme d’expression qui diffère. Tous ont vendu leur droit d’aînesse pour un plat de lentilles… Un incident de la vie du patriarche Jacob peut éclairer notre propos. Ces types d’interprétation de la vie et de l’expérience chrétiennes nous rappellent le jeune Jacob au lendemain de ses premières noces. À sa grande amertume, il découvrait que c’était Léa qu’il avait épousée, au lieu de Rachel la bien-aimée… Ces théologies et ces spiritualités se trompent sans aucun doute de partenaire.
De telles attentes eschatologiques ne sont pas essentiellement différentes des eschatologies judaïsantes. L’Église attend-elle, désire-t-elle le retour de son Chef?
Selon le Catéchisme de Heidelberg, le retour du Christ est la bienheureuse consolation du peuple de Dieu. Est-ce bien le cas pour l’Église contemporaine? N’y a-t-il pas entre une telle profession de foi et le comportement quotidien des chrétiens une contradiction flagrante? Ne sont-ils pas trop à l’aise dans le siècle présent et ne s’identifient-ils pas parfois totalement au monde? L’amour de celui-ci et la consolation qu’accorde l’attente du retour du Christ s’excluent mutuellement. La période d’attente ne peut pas être celle de l’indifférence, de la nonchalance, de la paresse, car l’espérance chrétienne et la sanctification vont ensemble. L’attente de l’avènement du Seigneur est un réconfort pour ceux qui l’aiment ainsi qu’un pressant appel à vivre selon ses directives.
Mais comment l’attendre, alors qu’il « tarde »? Nous ne pouvons pas consacrer chacun de nos instants à réfléchir, à nous préoccuper uniquement du futur, ni même à employer toutes nos journées à lire exclusivement les Écritures… Il existe des tâches urgentes qu’il faut accomplir, car sanctification signifie aussi service.
À la lumière de l’avenir, le chrétien ne se résigne pas à l’inertie. Il sait que le temps présent est décisif. Un délai nous est accordé pour la repentance et pour l’obéissance de la foi. Le Seigneur exalté vient bientôt. Il vient pour exercer son jugement et la crise véritable pour tout homme commence à ce point-là, car crise veut dire jugement. Lorsque le temps de sa patience aura pris fin, les hommes lui rendront des comptes. Or, le jugement de Dieu commence par sa maison… Un jour, les portes seront fermées. Des gens seront laissés dehors et d’autres invités à entrer dans le Royaume.
Il nous faut veiller. Veiller et prier, car nous ne savons ni le jour ni l’heure. Notre prière nous empêchera de tomber dans la panique; elle sera le signe certain que le Seigneur est déjà en route, qu’il avance. Nous ne l’attendons pas en vain. Toutes nos prières devraient se résumer dans celle de l’Église primitive : Maranatha, le Seigneur est proche! C’est lui en personne qui inspire cette prière et qui soutient notre attente : « Voici, je viens bientôt » (Ap 22.20).