Peut-on être apôtre de nos jours?
Peut-on être apôtre de nos jours?
« Comment peut-on être apôtre de nos jours? Car j’en connais certains qui se font appeler apôtres. »
Question d’un correspondant
Non, on ne peut pas s’appeler apôtre de nos jours, pour les raisons suivantes : les apôtres (comme les prophètes de l’Ancien Testament) ont été un ministère très spécial dans les premiers temps de l’Église; ils ont été spécialement envoyés par Jésus-Christ pour transmettre sa Parole et son enseignement. Parmi tous les disciples qui le suivaient, il en a choisi spécialement douze pour cela (voyez Luc 6.13). Ce nombre de douze correspond aux douze tribus d’Israël. Après la trahison et le suicide de Judas, les onze décident de remplacer ce dernier par un disciple qui, comme eux, a suivi Jésus depuis le début de son ministère. Il fallait en effet qu’il soit un témoin oculaire des faits et gestes du Seigneur, pour assurer la véracité de l’enseignement proclamé (Ac 1.21-26).
Certes, le nom d’apôtre est appliqué à quelques autres personnes dans le Nouveau Testament, de manière exceptionnelle. Jacques, le frère de sang de Jésus, est compté au rang des apôtres par l’apôtre Paul (Ga 1.19), sans doute à cause de la place importante qu’il occupait dans l’Église de Jérusalem, et du fait qu’il avait connu Jésus personnellement, en tant que son frère. En ce qui concerne Paul, c’est un appel hors du commun par Jésus-Christ ressuscité qui établit son ministère d’apôtre (Ac 9; Ga 1.1; 1 Co 9.1). Barnabas, à son tour, est associé à cet apostolat (Ac 14.14). Lorsque l’apôtre Jacques (le frère de Jean cette fois) est mis à mort par Hérode Agrippa (Ac 12.1-2), on ne lit nulle part qu’il a été remplacé dans ce ministère par un nouvel apôtre.
Ceux qui vont ensuite prêcher, enseigner et annoncer l’Évangile ne sont nulle part appelés apôtres dans le Nouveau Testament. Il faut qu’ils soient des hommes fidèles, capables de garder le dépôt de cette foi transmise une fois pour toutes par les apôtres (1 Tm 6.20; 2 Tm 2.2; Jude 1.3). Cette foi est fondée sur le témoignage des prophètes et des apôtres tel qu’il nous a été conservé sur les pages de l’Ancien et du Nouveau Testament (Ép 2.20).
C’est dans ce sens que l’Église universelle est appelée « apostolique » dans la confession de foi de Nicée (établie en l’an 325) : « Nous croyons en une seule Église, universelle, sainte et apostolique. » C’est donc toute l’Église qui est apostolique, dans la mesure où elle s’en tient à l’enseignement des apôtres.
Ceux qui aujourd’hui se font appeler « apôtres » n’ont pas saisi la dimension spéciale et limitée dans le temps de ce ministère particulier; certains cherchent même à imposer de nouvelles révélations a l’Église, comme s’ils étaient médiateurs de la connaissance de Dieu. Ceci est en fait très dangereux, car alors tout ce qui leur passe par l’esprit (leurs rêves, leurs idées, leurs désirs) peut être imposé à la communauté des fidèles comme étant la parole et la volonté de Dieu, alors que cela ne reflète que leurs propres fantaisies. C’est exactement comme cela que naissent les sectes. Être véritablement apostolique, c’est au contraire s’en tenir au contenu de la Bible, qui est la révélation suffisante de Dieu pour les hommes. Comme le déclare l’article 7 de la Confession de foi dite Belgica, ou des Pays-Bas, qui date du 16e siècle :
« Nous croyons que cette Écriture sainte contient parfaitement la volonté divine, et que tout ce que l’homme doit croire pour être sauvé y est suffisamment enseigné. »