Genèse 6 - Qui sont ces filles des hommes et ces fils de Dieu dans Genèse 6?
Genèse 6 - Qui sont ces filles des hommes et ces fils de Dieu dans Genèse 6?
« Qui sont ces filles des hommes et ces fils de Dieu dans Genèse 6? »
Question d’un correspondant
Il y a dans la Bible de nombreux passages qui demandent une explication éclairée, car autrement on risque d’en fausser la signification. Dans cet article, je voudrais m’arrêter sur un passage du livre de la Genèse qui pose un problème à beaucoup de ses lecteurs. Il s’agit du début du chapitre 6, que je vous cite maintenant :
« Quand les hommes commencèrent à se multiplier sur la terre et qu’ils eurent des filles, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils prirent pour femmes celles qu’ils choisirent parmi elles. Alors l’Éternel dit : “Mon Esprit ne va pas lutter indéfiniment avec les hommes, à cause de leurs fautes. Ce sont des êtres dominés par leurs faiblesses. Je leur donne encore cent vingt ans à vivre.” À cette époque-là, il y avait des géants sur la terre, et aussi après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes et qu’elles leur eurent donné des enfants. Ce sont ces héros si fameux d’autrefois. L’Éternel vit que les hommes faisaient de plus en plus de mal sur la terre : à longueur de journée, leur cœur ne concevait que le mal. Alors l’Éternel fut peiné d’avoir créé l’homme sur la terre, et il en eut le cœur très affligé. Il dit alors : “Je supprimerai de la surface de la terre les hommes que j’ai créés. Oui, j’exterminerai les hommes et les animaux jusqu’aux bêtes qui se meuvent à ras de terre et aux oiseaux du ciel, car je regrette de les avoir faits.” Mais Noé obtint la faveur de l’Éternel » (Gn 6.1-8).
Mais pour revenir au début de ce passage, qui sont donc ces fils des hommes et ces fils de Dieu dont il est question? Ces derniers seraient-ils des anges, des êtres célestes venus habiter la terre et coupables de relations sexuelles avec des humains, comme beaucoup l’ont imaginé? D’autres ont pensé que des humains avaient été possédés par de tels êtres célestes brûlant de convoitise, et seraient à l’origine de la lignée de géants mentionnée dans ce même passage. Pour d’autres encore, l’expression « fils de Dieu » se réfère aux rois de l’Antiquité; dans le Proche Orient ancien, on les appelait souvent de ce nom. Certains psaumes de la Bible, comme le Psaume 82, s’en font même l’écho. Ces rois ou princes, qui se font appeler « fils de Dieu » pour souligner leur statut, leur supériorité par rapport aux autres hommes, auraient commencé à établir des harems pour eux-mêmes, violant l’ordre créationnel initial qui institue le mariage monogame de manière exclusive.
Pourtant, si nous voulons comprendre l’origine des deux lignées qui nous occupent, les fils des hommes et les fils de Dieu, il nous faut remonter plus haut dans le livre de la Genèse. Nous lisons au chapitre 4 qu’après le meurtre d’Abel par son frère Caïn, Adam et Ève, le premier couple humain, eurent un autre fils, qu’ils appelèrent Seth. Seth eut lui aussi un fils qu’il appela Énoch. C’est à cette époque-là qu’on a commencé à prier l’Éternel, ajoute la Genèse (Gn 4.26). L’exemple le plus frappant de cette lignée qui invoque Dieu est Hénoc qui, dit la Bible, vécut en communion avec Dieu puis il disparut, car Dieu le prit avec lui (Gn 5.21-24).
Parallèlement à cette lignée qui commence à invoquer Dieu se développe la lignée issue de Caïn. Celle-ci porte la marque de celui qui l’a fondé. Lémek, un des descendants de Caïn, prononce devant ses deux femmes des paroles de violence et de vengeance bien dans le caractère de son ancêtre (Gn 4.23-24).
Ainsi évoluent deux lignées contrastées, l’une, le peuple de l’alliance, qui invoque Dieu, et l’autre qui le répudie en paroles et en actes. Elles se rencontrent pourtant au chapitre 6 et commencent à se mélanger, amenant la corruption accélérée de tout le genre humain. Seul Noé, justement un descendant de Seth et d’Hénoc, demeure juste aux yeux de Dieu et trouve sa faveur. Il sera à son tour porteur d’une nouvelle humanité, celle qui échappera à la destruction du déluge et repeuplera la terre.
Ce thème de la lignée des croyants qui se perpétue au travers d’un seul homme au milieu de la corruption humaine généralisée se retrouve régulièrement dans la révélation biblique. Après Noé, c’est au tour d’Abraham d’incarner cette lignée au milieu des nations païennes. Bien que fort âgé et sans enfants, c’est à lui que l’Éternel Dieu accorde la promesse de susciter une descendance aussi nombreuse que le sable de la mer et les étoiles du ciel. Promesse qui se réalisera à travers son fils Isaac puis le fils de celui-ci, Jacob, qui engendrera douze fils à l’origine des douze tribus d’Israël.
En fin de compte, celui qui représente parfaitement la nouvelle humanité suscitée par Dieu malgré le péché généralisé et le jugement divin universel, c’est le Fils même de Dieu, incarné en la personne de Jésus-Christ et porteur de la Nouvelle Alliance. Au moment de sa crucifixion, alors qu’il porte sur lui le jugement de Dieu sur le péché et opère ainsi la réconciliation entre son Père et l’humanité déchue, il est totalement seul, abandonné de tous. Et pourtant à partir de cet événement, le peuple de l’alliance se multipliera, à commencer par les disciples qui ont cru en lui, et qui seront porteurs de la bonne nouvelle de cette réconciliation jusqu’aux confins de la terre. Aujourd’hui, l’Église fidèle est le fruit de cette alliance scellée par le sang du Christ.
Voyez-vous, quand vous lisez la Bible, c’est cet aspect-là que vous devez garder à l’esprit pour saisir la signification de textes qui vous paraissent difficiles à comprendre. On peut encore se demander quels étaient les géants que mentionne le chapitre 6 de la Genèse, et il est possible qu’on n’obtienne aucune réponse claire à cette question précise. Mais si nous lisons le texte dans sa continuité, nous nous rendons vite compte que l’essentiel n’est pas la mention des géants, mais les effets du péché sur l’humanité et le jugement divin qui décide la destruction de cette humanité tant corrompue. L’important est encore de comprendre que même au milieu de son jugement radical, Dieu sauve : il reconstitue une humanité prête à lui obéir. Il n’abandonne pas son plan, mais au contraire le réalise au milieu des circonstances apparemment les plus défavorables.
La personne de Noé préfigure Jésus-Christ, car Noé, sa femme et ses enfants passent au travers du baptême des eaux : ces eaux sont la manifestation du jugement divin qui anéantit toute chose. Elles sont porteuses de mort pour toutes les nations (il est d’ailleurs remarquable de constater que, dans presque toutes les civilisations du monde, depuis la Chine jusqu’à l’Amérique du Sud, il existe une tradition très ancienne qui rapporte, avec des variantes, cette histoire). Mais après l’anéantissement, Dieu suscite la vie de nouveau. Et c’est exactement ce qu’il fera avec Jésus-Christ au moment de sa crucifixion et de sa résurrection. L’apôtre Paul rend clair cet aspect au chapitre 6 de sa lettre aux chrétiens de Rome, dont je vous cite un court extrait :
« Ne savez-vous pas que nous tous, qui avons été baptisés pour Jésus-Christ, c’est en relation avec sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en relation avec sa mort afin que, comme le Christ a été ressuscité d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi, nous menions une vie nouvelle » (Rm 6.3-4).
Une lecture éclairée de la Bible est celle qui sait suivre tous ces thèmes au fil des pages de la révélation divine et qui voit, grâce à l’illumination du Saint-Esprit, comment tous ces thèmes, toutes ces lignes, s’unissent en la personne de Jésus-Christ, celui qui accomplit toutes les prophéties annoncées aux croyants d’antan. C’est vers lui, et personne d’autre, que la Bible nous mène, car c’est à travers sa personne et son œuvre que nous avons accès à Dieu le Père, le Créateur de toutes choses. Puissiez-vous donc, lorsque vous étudiez tel ou tel passage de la Bible, ne jamais perdre de vue l’objet de votre foi, celle qui vous conduit vers Dieu et vers la vie éternelle.