Jacques 5 - De la patience
Jacques 5 - De la patience
« Prenez donc patience, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici que le laboureur attend le précieux fruit de la terre, plein de patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison. Vous aussi prenez patience, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. »
Jacques 5.7-8
Être patient signifie attendre derrière une porte qui doit s’ouvrir, mais qui, pour le moment, est encore fermée; nous devons attendre, même si cela nous est très difficile. Il nous arrive à tous de nous trouver derrière de telles portes. Pour l’un, ce sera le poids qui pèse sur sa conscience, qu’il ne peut pas alléger de lui-même et qui pour le moment empoisonne sa vie tout entière, barre sa route et lui enlève toute joie. Pour l’autre, ce sera une personne, peut-être même son conjoint avec qui il n’arrive pas à s’entendre. Ou pour un troisième, ce sera une faiblesse de son caractère ou encore une situation à laquelle il ne peut rien changer.
Pour d’autres, ce sera un chagrin qu’ils ne peuvent pas oublier et qu’ils gardent dans leur cœur, ou des contrariées qui surgissent sur leur chemin et qui empêchent leur développement spirituel ou détruisent leur joie. Pour d’autres encore, ce sera une maladie, une souffrance qui ne les quitte ni jour ni nuit, et qui annonce la venue inéluctable de la mort. Et aucun d’entre nous ne sait ce que l’avenir lui réserve… Rien ne peut nous délivrer de la folie du monde, absolument rien; il n’y a pas le moindre espoir. Donc, ayons patience, sachons attendre, ne doutons pas!
Nous rétorquons que nous sommes patients, mais devons-nous attendre, puisque cela ne va pas mieux, mais va de mal en pis? Or cela même est une preuve que nous manquons de la patience à laquelle nous invite Jacques. Car la patience, la vraie, ne consiste pas à nous accommoder tant bien que mal de notre situation en espérant des temps meilleurs. Notre patience n’est trop souvent que le camouflage de notre impatience, de notre inquiétude, de notre doute, qui peuvent éclater tel un feu qui nous enflamme tout entier. Reconnaissons donc humblement que nous ne connaissons pas encore la vraie patience. Lorsque Jacques dit : « Soyez patients, mes frères », il entend toute autre chose que la patience qui est la nôtre.
La patience dont parle la Bible est quelque chose de très particulier, de très important. Le texte original signifie : être généreux, avoir un bon et grand cœur. Or un bon et grand cœur est un cœur qui bat largement et librement, comme le battant d’une horloge suspendue à un point fixe au-dessus de lui. Le cœur qui bat largement et librement, c’est le cœur que rien n’étouffe, le cœur qui ne désespère jamais. Même dans la détresse, ce cœur continue de battre largement et librement. C’est un cœur qui sait dire « malgré tout ». Il connaît le miracle de la présence du Christ, qui est avec nous tous les jours; il sait qu’au-delà de l’obscurité du monde dans lequel il vit règne une splendeur qui dépasse toute intelligence. Il connaît le rapport qui existe entre le péché et le pardon, entre la mort et la résurrection des morts. Il sait que tout est possible à Dieu et que la liberté qu’il reçoit est une grâce qui lui est faite.
Cette patience est l’affaire de Dieu. Dieu est patient, le cœur de Dieu est le seul cœur totalement généreux et libre. Celui qui vit avec Dieu reçoit dans son cœur d’homme cette générosité en provenance du cœur de Dieu. Patienter signifie attendre, mais attendre Dieu. Patienter signifie aussi se tenir avec tous les hommes devant des portes fermées que ni notre désir ni nos efforts ne peuvent ouvrir, car elles ne peuvent être ouvertes que par Dieu. Savoir cela et attendre qu’il les ouvre, ce sera faire preuve de patience.
Jacques ajoute : « Jusqu’à l’avènement du Seigneur ». En Jésus-Christ, Dieu est venu nous faire la promesse d’ouvrir réellement et définitivement toutes les portes; il n’est pas seulement un Dieu qui vit au-dessus de nous dans une paix divine, mais un Dieu qui veut mettre et qui a déjà mis « la main à la pâte », si nous pouvons nous exprimer ainsi; un Dieu qui fait route avec nous vers le but qu’il a fixé lui-même. Si nous n’avons pas encore compris, sur la base de l’Évangile de Jésus-Christ, de quelle manière il ouvrit toutes les portes les unes après les autres quand il vint partager notre vie sur la terre, nous n’avons rien compris.
Pensons à tous ceux qui s’approchent de lui le cœur lourd de leurs fautes, et auxquels le Christ dit : « Tes péchés te sont pardonnés ». Pensons à la mère qui a perdu son fils, au père dont la fillette vient de décéder, et auxquels le Sauveur rendra la vie. Pensons à Jésus-Christ lui-même s’avançant vers les portes de la mort, disparaissant dans son ombre, puis brisant d’un seul coup la puissance de la mort, l’inondant de la lumière victorieuse de sa vie.
Ce n’est pas pour nous abandonner qu’il est monté au ciel ni pour refermer toutes les portes. Au contraire, il est monté au ciel pour revenir, pour ouvrir définitivement toutes les portes fermées par le péché, la souffrance et la mort. Elles sont déjà ouvertes, en son nom. C’est pourquoi, soyez patients, recevez dans vos cœurs l’assurance qui rend libre et joyeux, l’assurance de la victoire de Jésus-Christ.
« L’avènement du Seigneur est proche. » Pour nous aider, Jacques nous donne encore un autre exemple : celui du laboureur qui attend le précieux fruit de la terre. Le laboureur attend. Avoir de la patience, c’est avoir du temps. Il serait absurde d’aller dans le champ pour obliger la semence à croître! N’oublions pas que c’est Dieu qui est le maître du temps et que, dans ce domaine, tout dépend de lui. Le laboureur attend, mais il ne fait pas qu’attendre. Il sait aussi pourquoi il attend. Telle devrait être aussi notre patience. Nous devrions savoir pourquoi nous attendons pour attendre vraiment avec patience. Si nous savons que notre Seigneur doit revenir et qu’il partage toutes nos afflictions et nos tristesses; si nous savons qu’il nous fait participer à la victoire de son règne, alors notre impatience, qui combat en nous, fera place à la patience.
Nous savons qu’un nouveau monde vient d’en haut : le Royaume de Dieu. Il n’est pas encore là parce que Dieu veut nous donner le temps de nous préparer à sa venue. Ne comptons pas sur les hommes qui disent « qu’il y aura des temps meilleurs ». Il y a quelque chose d’infiniment plus important que cela : la renaissance de la vie tout entière, le renouvellement de l’homme par Dieu. Il s’agit réellement de Jésus-Christ et de ce qu’il veut faire et fera. Accepter cela, c’est être patient. « Affermissez vos cœurs », affermissez-les dans la foi et en l’avènement du Seigneur. Son jour est proche, mais son jour est autre que les nôtres. C’est un jour nouveau, que nous espérons.
La patience n’est pas une vertu que l’on apprend par soi-même. Il n’existe pas de méthode pour apprendre le calme et la patience. Nous ne pouvons pas l’apprendre, nous ne pouvons que la recevoir. Elle nous est donnée. Regardons vers le Christ et nous verrons que Dieu est tout proche de nous, le cœur plein de miséricorde, qu’il est dès maintenant notre Dieu. Alors, tel le laboureur, nous pourrons considérer le champ de notre vie, qui ne laisse encore rien voir de la moisson à venir, avec la certitude que cette moisson doit venir et viendra. L’aide de Dieu commence à la limite des autres moyens. C’est Jésus-Christ qui nous donne la patience d’attendre, afin que nous puissions profiter de sa présence lorsqu’il reviendra.