L'origine du bouddhisme
L'origine du bouddhisme
- La naissance du Bouddha
- Les quatre rencontres
- Le grand renoncement
- L’illumination
- Les premiers développements
- La mort du Bouddha
1. La naissance du Bouddha⤒🔗
Le bouddhisme est une religion historique et, pour bien le comprendre, il est nécessaire de remonter jusqu’à sa source, tenir compte de l’expérience spirituelle de son fondateur. Il est né vers le milieu du 6e siècle av. J.-C. en Inde. À l’heure actuelle, on y compte cependant peu d’adeptes comparés à d’autres pays du continent asiatique.
Siddharta Gautama est né en 560 avant notre ère et il est mort en 480, sur les confins du Népal. On ne possède sur lui que des renseignements légendaires : en l’absence de tout document contemporain, toute tentative de recherche critique est pratiquement interdite au chercheur. Le relief le plus ancien que l’on connaisse est un pilier élevé au 3e siècle av. J.-C. par l’empereur Açoka et portant l’inscription « Le Bienheureux est né ici ».
Celui qui deviendra le Bouddha est né dans une famille royale du clan des Çâkyas. Au cours de son avant-dernière existence, alors qu’il en était au stade dit de bodhisattva, le futur fondateur choisit comme parents le roi Çâkyas Çuddhodana et sa femme la reine Maya. Celle-ci voit un éléphant blanc à six défenses pénétrer en elle du côté de son flanc droit; elle accouche au jardin Lumbini, en dehors de l’enceinte de la ville de Kapilavastu; le site exact a été retrouvé grâce au pilier élevé par l’empereur Açoka. À sa naissance, l’enfant est appelé Siddharta; il fait sept pas dans les quatre directions cardinales et proclame sa future gloire; des lotus naissent sous ses pas. Maya meurt sept jours après la naissance de Siddharta, lequel sera élevé par sa tante, seconde femme du roi, nommée Mahâprajâpati.
Il grandira dans l’opulence du palais paternel; à l’âge de seize ans, il épouse sa cousine Yaçodharâ, une princesse plus jeune que lui. Selon la légende, son père aurait pris toutes les précautions pour l’empêcher de se trouver en contact avec les misères humaines. Le futur Bouddha possédera un harem, de belles danseuses et mènera une vie de volupté et de licence.
2. Les quatre rencontres←⤒🔗
Ayant atteint l’âge de 29 ans, Gautama sentit combien cette existence de jouissance et de péché était vaine.
Un jour, s’échappant du domicile familial — était-ce pour se rendre à la chasse? — Gautama fait successivement quatre rencontres avec les misères ordinaires, rencontres qui seront décisives pour sa propre existence et pour sa future carrière.
Il rencontre un vieillard décrépit; puis un homme atteint de la peste noire, hurlant de douleur; ensuite un cortège accompagnant le cadavre d’un homme vers le lieu de son incinération; enfin un moine ascète. C’est ainsi qu’après avoir mené une vie heureuse et sans souci dans le palais de son père, Gautama découvrira la misère humaine et la place qu’occupe la souffrance dans le monde présent. Un texte le fait s’exprimer dans les termes suivants :
« J’étais choyé, très choyé. Je m’oignais avec du santal de Bénarès… Jour et nuit, une ombrelle blanche était tenue au-dessus de moi. J’avais un palais d’hiver, un palais d’été et un autre pour la saison des pluies. »
Il constate donc que, quelles que soient les conditions heureuses de l’existence, on ne pourra échapper à la vieillesse, à la maladie et à la mort. La souffrance est le problème majeur de toute vie humaine. Dès lors, le jeune homme est obsédé par l’idée de fuir le palais et tout bonheur qui lui semble factice.
3. Le grand renoncement←⤒🔗
Au cours d’une nuit d’insomnie dans le gynécée, il contemple écœuré les femmes de son harem et leurs suivantes. D’après un texte bouddhiste :
« Les unes bavent, toutes éclaboussées de salive; d’autres grincent des dents; d’autres ronflent, parlent dans leur sommeil. Elles ont la bouche largement ouverte, les vêtements en désordre. »
Sans répudier sa femme et son fils, une nuit il quitte le foyer familial, accompagné de son écuyer.
4. L’illumination←⤒🔗
À partir de ce moment, il cherchera une solution au problème de la souffrance humaine; il devient d’abord l’élève des brahmanes (voir notre étude sur l’hindouisme), mais dont l’enseignement le laisse insatisfait. Il n’est pas davantage satisfait des épreuves d’austérité auxquelles il se livre durant six ans avec cinq disciples.
Au bout de ces longues années de recherches infructueuses pour trouver le salut, découragé de ne pas trouver l’indispensable illumination et la paix de l’âme, Gautama décide de mettre fin au renoncement. Les cinq disciples qu’il avait recrutés l’abandonnent.
Il choisit alors la voie moyenne, à égale distance de l’excès des macérations et de la vie dans le siècle présent; il s’installe sous un figuier sauvage (le figuier dit « de l’intelligence », ou « de la sagesse », « bodi », en sanskrit, la langue classique hindoue) et se livre à la méditation, résistant aux tentations de Mâra, le diable des hindous qui le tente sensuellement en lui envoyant des démons et des filles qui essaient, mais en vain, de le séduire par les soixante-quatre magies du désir. Il estime que, s’il parvient à se détacher de tout désir, il trouvera la paix de son âme. La voie vers le nirvana sera ouverte, mais le nirvana suppose la perte de toute conscience individuelle et même celle de l’existence, la personne individuelle étant absorbée dans une volonté impersonnelle.
Après trois nuits de méditation, Çakyamouni connaît la pleine, la totale illumination; il voit des êtres vivre et mourir, il se souvient de ses existences antérieures, il comprend par l’effet d’une intuition mystique quels sont les causes de la douleur et les remèdes à apporter à la souffrance humaine. Çakyamouni s’est affranchi définitivement du cycle des transmigrations; il est parvenu au stade de Bouddha, c’est-à-dire de l’illuminé. En principe, il peut entrer dans le nirvana, mais il ajourne cette délivrance pour en montrer la voie aux hommes. Pour commencer, Gautama décide de conserver son secret pour lui-même. Mais surmontant cette tentation égoïste, il se met à la communiquer à d’autres. Les cinq anciens disciples, qui l’avaient quitté et qui poursuivaient leur macération ascétique, reviendront vers lui; ce seront les cinq premiers bouddhistes, suivis bientôt par des millions d’adeptes, au cours des vingt-cinq siècles passés.
Auprès de Bénarès, en un lieu nommé le parc des Gazelles, le Bouddha prononce sa première prédication, connue sous le titre de Sermon de Bénarès, dans laquelle « est mise en branle la roue de la loi » (formule célèbre annonçant l’exposition de la doctrine bouddhique). Alors commence la carrière du Bouddha : il convertit des disciples qui devront par la suite jouer un rôle important.
5. Les premiers développements←⤒🔗
Bouddha fondera un ordre monastique. C’est vers le nord de l’Inde qu’il se rendra pour propager sa doctrine. Il y promulgue les dix préceptes suivants :
- s’abstenir de détruire la vie;
- ne pas dérober;
- vivre de manière chaste;
- ne pas mentir;
- s’abstenir de boissons alcoolisées;
- manger avec modération et jamais après midi;
- éviter de regarder une danse, d’écouter des chants, d’assister à des représentations dramatiques;
- ne point porter de bijoux ou se servir de cosmétiques;
- ne pas dormir sur des lits larges ou élevés;
- ne pas accepter de l’argent ou de l’or.
Ces dix préceptes devraient être scrupuleusement observés par les moines adeptes de sa doctrine; quant aux membres laïcs, ils ne sont tenus d’observer que les cinq premiers. Pendant près de quarante-cinq ans, le Gautama Bouddha prêchera sa doctrine et fera des adeptes.
6. La mort du Bouddha←⤒🔗
Après une vie errante et de prédication, sa carrière prend fin à cause d’une intoxication alimentaire, ayant mangé du sanglier près de Kuçinagara. On rapporte que ses derniers mots furent : « Oui je vous le dis tout passe. Veillez à votre salut. »
La légende est pleine d’événements merveilleux et de miracles réalisés par le Bouddha : tous ces faits, tous ces mythes ont enrichi l’art de la statuaire et des bas-reliefs.
À l’instigation de l’un de ses disciples, le corps du Bouddha fut incinéré et ses reliques enterrées en neuf emplacements différents, où l’on bâtit un petit édifice de pierre appelé stûpa (en 1909, on a exhumé un stûpa près de la ville de Peshawar; il contenait un reliquaire de cristal à l’intérieur duquel se trouvaient des fragments d’ossements : certains ont pensé qu’il s’agissait de restes du Bouddha).
À strictement parler, Bouddha est un titre, non un nom propre, mais qui, à la suite d’un usage répandu, fut consacré comme nom propre.