Obsession démoniaque ou foi en Christ?
Obsession démoniaque ou foi en Christ?
Invité à prêcher devant une grande assemblée de chrétiens dans une grande ville africaine, j’avais eu, après la réunion, l’occasion de m’entretenir avec une centaine d’étudiants de l’université locale. En privé, ceux-ci pouvaient s’exprimer librement, car sous l’abominable régime qui les opprime depuis près d’un quart de siècle, il faut veiller sur chaque parole qu’on prononce si l’on n’est pas tout à fait sûr de ses auditeurs… Soit dit en passant, deux jours après mon départ de cette ville, j’apprenais avec horreur, comme le reste du monde, le massacre perpétré par la soldatesque du tyran sur le campus universitaire; officiellement une cinquantaine de morts, mais des sources fiables en annonçaient quelques centaines, parmi lesquels nombre de ceux avec qui je m’étais entretenu en conversation particulière deux journées auparavant.
L’un de ces étudiants avait nécessité un soin particulier, et j’avais dû lui consacrer plus de temps qu’à ses camarades.
- Mon pasteur, avait-il commencé, je ne parviens plus à étudier. Je ne puis plus me concentrer.
- Pour quelle raison? lui demandais-je.
- Eh bien, j’ai de terribles maux de tête, me confia-t-il.
- Ressentez-vous des douleurs ailleurs?
- Oui, j’ai aussi de vives douleurs à l’estomac et au ventre.
- À quoi attribuez-vous cela?
- Je crois que je suis possédé par le démon, fut sa réponse.
- Je lui posai alors une question terre à terre : Dites-moi, il y a combien de temps que vous n’avez pas mangé?
- Eh bien, je ne mange pas régulièrement, mon pasteur, me dit-il, je ne peux pas m’offrir ce luxe.
- Vous dites que vous êtes chrétien? continuai-je.
- Mais oui, reprit-il, avec une flamme dans le regard, et pas comme les autres; je suis même baptisé du Saint-Esprit!
- Dans ce cas, qu’est-ce qui vous fait penser que le Saint-Esprit et le démon peuvent cohabiter en vous?
Notre entretien dura jusqu’à ce qu’il parvienne à la conclusion que la chose était en effet impensable. On ne peut vivre sous le régime du Saint-Esprit, avoir connu la libération des forces oppressives des ténèbres et être possédé par le démon! Bien entendu, pour ce qui était du mal physique dont il souffrait et qui était à l’origine de ses maux, une autre solution devait être envisagée…
L’anecdote est révélatrice d’une mentalité caractérisée par l’obsession du démoniaque chez nombre de chrétiens. Ce ne sont pas seulement nos frères africains qui en sont atteints, et parfois même paralysés; nombre d’Occidentaux vivent dans les mêmes hantises, et mon étude Défi et défaite des démons cherche à répondre à un certain nombre de questions relatives à ce sujet et, si possible, à apaiser les angoisses de nombre de mes frères chrétiens. J’aimerais de nouveau ici aborder le sujet.
Au début de notre siècle déjà, des chrétiens lucides prédisaient le retour du démoniaque et l’extraordinaire résurgence de l’occultisme. Du fait que le rationalisme et le matérialisme, ces « théologies » sans Dieu et sans espérance, avaient renvoyé aux orties toute croyance en des forces surnaturelles, l’homme moderne, celui du 20e siècle, ne ressentait plus le besoin ni de la grâce ni de la présence de Dieu. Il lui suffisait d’avoir recours à des forces terrestres et de s’appuyer sur ses propres ressources, celles de son intelligence et de son inventivité. La maison expurgée de ce qui lui semblait être des vestiges d’obscurantisme spiritualiste fut aussitôt hantée par le démon qui, selon sa vieille routine, sait comment squatteriser un foyer resté inoccupé!
Actuellement, nous sommes les témoins d’une situation étrange : nombre de nos contemporains, qui rejettent la foi au Dieu personnel révélé, persistent cependant à vouer un culte bizarre à l’occulte, au mystérieux, au magique et à l’obscène… Les forces démoniaques sont selon eux l’essence même des pouvoirs naturels ou naturalistes. D’autres incroyants, rationalistes et matérialistes invétérés, refuseront, eux, avec la dernière énergie d’accorder la moindre foi en de telles « balivernes », car c’est ainsi qu’ils qualifieront ces puissances.
Mais dans nombre d’Églises et de confessions, on assiste à la surenchère du démoniaque, et une véritable obsession hante beaucoup de fidèles qui, à tort ou à raison, se croient victimes du démon (et qui parfois le sont réellement, peut-être à leur insu…). Tout écrit, voire toute littérature chrétienne fictive sur ce sujet, et il en paraît régulièrement, est destiné à un succès fulgurant. L’intérêt, voire la curiosité malsaine pour tout ce qui relève de l’occulte, jouit actuellement d’une telle faveur qu’elle fait parfois pâlir celui qu’on devrait avoir pour l’étude normale d’un sujet biblique. Si vous cherchez à vous faire entendre, à vous faire lire et surtout à vendre, abordez le sujet du démon; soyez assurés que votre investissement en temps et en argent dépassera toutes vos prévisions!
D’autres, moins nombreux, prêtent une grande attention à l’avertissement du Seigneur dans Apocalypse 2.24, qui conseille au croyant de ne pas sonder les profondeurs abyssales de Satan. Avertissement qui devrait nous empêcher de vouer une curiosité déplacée et malsaine au prince des ténèbres et, surtout, de vivre angoissés pensant tout le temps aux complots de ses suppôts, tout en les prenant, d’ailleurs, très au sérieux.
Cependant, le chrétien est invité avant tout à se soumettre à la volonté de Dieu et à l’accomplir. « Si quelqu’un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si cet enseignement vient de Dieu » (Jn 7.17).
Heureusement pour nous, l’Écriture est suffisamment claire au sujet du démoniaque et de l’attitude que le croyant doit adopter envers le domaine de Satan. Elle nous avertit que le dessein de l’adversaire de Dieu et des hommes est, tout d’abord, de faire croire que l’homme peut être son propre dieu. C’est sur ce domaine-là que ses attaques se portent de préférence.
S’étant insurgé contre Dieu au commencement, il cherche depuis lors à entraîner la race humaine dans sa rébellion, comme il avait entraîné une partie des esprits célestes; il veut faire croire aux hommes qu’ils peuvent déclarer leur indépendance à travers l’idolâtrie et aussi le fameux slogan blasphématoire : Ni Dieu ni maître! Un jour mémorable, il chercha à détourner Jésus lui-même de sa mission rédemptrice en lui suggérant de changer des cailloux en pain pour nourrir les foules affamées. Il le tenta ensuite pour qu’il accomplisse un prodige en se jetant du pinacle du temple, l’assurant qu’il en sortirait indemne. Il cherchait à ce que des prodiges et des actes spectaculaires remplacent la simple et pourtant indispensable foi en Dieu, afin de soustraire les hommes au salut. Il alla jusqu’à réclamer du Fils de Dieu de se prosterner devant lui, lui promettant une autorité et un pouvoir absolus sur terre! (Mt 4.1-11).
L’Écriture sainte, qui nous rapporte ces faits, nous assure que Satan ne détient aucun pouvoir sur le Christ. Il est jeté dehors, dans les ténèbres éternelles, qui constituent son domaine exclusif! Mais menteur et père de tout mensonge, il persiste à surestimer son pouvoir. Pourtant le fidèle disciple du Christ est devenu la propriété du Sauveur et son Esprit Saint l’habite de sorte que les esprits méchants ne peuvent l’atteindre et le subjuguer. Toute autorité sur la terre et dans les cieux a été remise entre les mains du Christ, Fils de Dieu, Sauveur des hommes. Le Fils de Dieu, écrit saint Jean (1 Jn 3.8), est apparu afin d’anéantir les œuvres de Satan.
Selon une explication possible du sens du terme « démon », il proviendrait de l’idée de dominer; telle est la prétention du démon; bien que créature déchue, il cherche à dominer et s’obstine à s’arroger une autorité illusoire. Car il est inconcevable d’entrer en conflit et en compétition avec le Dieu tout-puissant et lui disputer sa souveraine autorité. C’est pourquoi il est absurde de notre part de surestimer le pouvoir démoniaque.
Ce qui est démoniaque est mauvais, méchant, malfaisant. Nous devons envisager le mal en l’homme à partir de deux points de vue différents : (1) Le mal physique et moral qui lui est propre et dont il est directement responsable. La maladie et la mort sont devenues inévitables depuis la chute; elles sont la conséquence directe, le fruit amer de la révolte et de l’apostasie contre Dieu. L’homme doit donc être tenu pour la cause de son mal et de celui de son univers. (2) Une autre source du mal lui est extérieure; il existe, en effet, des puissances spirituelles obscures et néfastes de même qu’un pouvoir humain inique. Cette force extérieure maléfique n’est nullement ignorée de la Bible. Néanmoins, l’homme en personne reste le facteur déterminant de son mal. Il n’est aucunement la proie, la victime impuissante entre les mains de forces obscures toutes-puissantes.
Aussi, deux idées modernes seront résolument rejetées, parce que totalement incompatibles avec la profonde conviction chrétienne : D’une part l’idée qui sous-estime la puissance divine; d’autre part celle qui dévalue la responsabilité morale humaine. Aux yeux de certaines idéologies modernes, aussi bien matérialistes que spiritualistes, Dieu apparaît comme un être lointain sinon inexistant. Mais une fois que Dieu est renvoyé dans un ciel inaccessible, l’omniprésence du démoniaque se fera sentir lourdement, inexorablement, comme une oppression mortelle.
J’apprends que deux livres de fiction chrétienne traitant du démoniaque remportent outre-Atlantique un succès éclipsant et, de loin, deviennent les livres à succès de la littérature profane. Tandis que des études de théologie biblique ont de la peine à se vendre même dans des boutiques chrétiennes… Bien des chrétiens font preuve d’une véritable boulimie pour ce qui est obscur, et en ce sens carrément obscène, tandis qu’ils souffrent d’une anorexie maladive lorsqu’il s’agit d’approfondir la connaissance du dessein rédempteur de Dieu. Ils restent sourds aux avertissements de l’Écriture de fuir tout ce qui, de près ou de loin, a trait à Satan.
Or, il faudrait renoncer à l’étude du satanisme, même si, de nos jours, il est devenu un sujet à la mode, et que les pages de la presse à sensation regorgent de pages ancrées par tout ce qui cultive, entretient et fait prospérer une curiosité malsaine chez les nigauds et les dupes… Peu importe si les scribouilleurs de ces paperasses, eux, se moquent et du diable et du bon Dieu! Pourvu que leur immonde marchandise puisse se vendre! Le chrétien, quant à lui, devrait se préoccuper essentiellement des effets de l’opération du Saint-Esprit, qui renouvelle l’intelligence, si toutefois sa foi et sa confiance sont bien ancrées en l’œuvre libératrice du Dieu Sauveur. Il devrait renoncer à toute obsession relative aux agissements de Satan; il se mettrait ainsi à l’abri de ses ruses mortelles.
L’Écriture sainte nous exhorte à penser et à méditer à ce qui est élevé, c’est-à-dire à ce qui vient de Dieu, ce qui est vertueux et digne de recommandation et de louange. Ne nous acharnons pas à en apprendre davantage sur les stratagèmes déloyaux et destructeurs du grand Adversaire au détriment de la connaissance de la merveilleuse grâce divine. L’Écriture, surtout dans les Évangiles, souligne que le démon a été expulsé par la simple prédication du nom du Christ.
La crainte du Seigneur est pure; elle est le commencement de toute sagesse; elle est saine; elle reconnaît et confesse la toute-puissance bienfaitrice du Dieu Créateur et Sauveur. C’est Dieu que nous devons craindre, fuyant le mal sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Il n’existe pas de force plus solide et plus victorieuse que notre foi au Fils de Dieu. C’est à lui que nous appartenons corps et âme, dans la vie comme dans la mort.
Faire du Christ moins que le Seigneur de l’univers c’est faire de nous une armée en déroute de vaincus misérables. Proclamer moins que cela c’est laisser à Satan le soin de mener le bal et de nous entraîner dans l’abîme de ses ruses infernales.
En conclusion et en définitive, je voudrais redire que si l’Esprit Saint nous est accordé, il est impensable que le démon puisse nous habiter. Ensuite, il n’existe pas de formules magiques pour exorciser le démon; méfions-nous de certains rites qui peuvent s’avérer tout à fait illusoires. Le seul moyen efficace pour nous délivrer de ce genre d’obsession, voire pour combattre la présence et l’oppression démoniaques là où il faut, c’est de proclamer fidèlement le nom du Christ Sauveur et de prêcher la totalité de son Évangile de libération.
Nous mettons l’étude Défi et défaite des démons à la disposition de ceux qui voudraient mieux s’armer contre cette nouvelle forme d’aliénation qu’est l’obsession de tout ce qui est démoniaque.