Ésaïe 9 - Emmanuel, notre consolation
Ésaïe 9 - Emmanuel, notre consolation
« Le peuple qui marche dans les ténèbres voit une grande lumière; sur ceux qui habitent le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit. Tu rends la nation nombreuse, tu lui dispenses la joie. Elle se réjouit devant toi de la joie des moissons, comme on pousse des cris d’allégresse au partage du butin. Car le joug qui pesait sur elle, le bâton qui frappait son dos, la massue de celui qui l’opprime, tu les brises comme à la journée de Madian. Car toute chaussure qu’on porte dans la mêlée, et tout manteau roulé dans le sang seront livrés aux flammes, pour être dévorés par le feu. Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, dès maintenant et à toujours; voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées. »
Ésaïe 9.1-6
Quoi de plus décourageant que de faire face à des difficultés insurmontables, d’être confrontés à des problèmes qui nous semblent insolubles? C’est comme s’engager dans un tunnel sans fin et ne jamais en voir le bout. La dépression s’installe et les traits du visage s’allongent. Quand on se met à voir tout en noir, les bonnes paroles des amis n’y font rien. Si le réflexe nous vient de demander de l’aide, nous n’avons pas toujours la sagesse, dans notre anxiété, d’aller frapper à la bonne porte. Certains seront de bons conseillers, d’autres, que nous estimons plus compétents ou plus forts psychologiquement, peuvent nous décevoir ou même nous entraîner dans un état pire et plus dépressif.
À l’époque où le prophète Ésaïe fait entendre ce message, le peuple d’Israël arrive à un moment très sombre et très déprimant de son histoire. Le peuple de Dieu passe par des bouleversements jamais vécus auparavant. Les problèmes sont si grands que c’est la panique générale. Même pour les plus optimistes, il ne reste plus d’avenir, plus d’espoir.
Le Royaume de Dieu établi par le roi David n’est plus ce qu’il était. Depuis plus de deux siècles, le royaume d’Israël est divisé en deux : la partie nord du pays (le royaume d’Israël), et la partie sud (le royaume de Juda). La paix et la sécurité promises au peuple de Dieu ont été ébranlées par des querelles et des divisions internes. À cela s’ajoute le fait que d’autres dangers, bien plus grands, surgissent et menacent l’existence même du peuple et du Royaume de Dieu. Le roi de Juda, qui s’appelle Achaz, est le successeur de David, son ancêtre, sur le trône royal. Il devait représenter le gouvernement de Dieu et assurer la stabilité et la justice dans le pays. Cependant, c’est un roi infidèle qui fait tout le contraire de ce que Dieu lui demande. Il est très loin d’être digne de porter la couronne royale.
Motivés par des intérêts politiques, les gens du royaume du Nord veulent sa perte et cherchent à anéantir la maison de David, le royaume du Sud. Pour y arriver, on s’unit à un peuple voisin, les Syriens. On se met ensemble pour écraser ce qui reste du petit royaume de Juda. Le prophète Ésaïe dit alors en substance au roi Achaz : « Mets ta confiance en Dieu, il a fait une promesse à David, il a garanti la sécurité et un avenir stable à son peuple, Emmanuel!, Dieu est avec nous. Ne cherche pas d’appui ailleurs qu’en lui, c’est Dieu seul qu’il faut craindre. » Mais Achaz n’écoute pas, il ne revient pas à son Dieu. Il préfère se bercer d’illusions et assurer lui-même son propre avenir.
À Jérusalem, on s’active; on consolide les remparts de la ville, on complète ses armements. Oui, nous serons capables de vaincre par nos propres forces, pensent-ils. Mais le doute est trop fort. Ils sentent le besoin d’aller chercher secours ailleurs. Plutôt que de s’en tenir à la promesse de Dieu, Achaz préfère se tourner vers un secours plus tangible; il demande l’aide d’une superpuissance : les Assyriens (ne pas confondre avec les Syriens), un peuple guerrier très cruel, le plus puissant de cette époque. Venez nous secourir, nous avons besoin d’un allié, sans vous, nous sommes perdus!
« Ce peuple a méprisé les eaux de Siloé qui coulent doucement, et il s’est réjoui au sujet de Retsin et du fils de Remaliahou » (És 8.6). Les eaux de Siloé, à Jérusalem, près du temple et du palais royal, symbolisent la présence de Dieu, la force secrète, mais invincible de Dieu au milieu de son peuple. Malheureusement, on a eu recours à un autre protecteur. Achaz a méprisé la maison de David et la promesse que Dieu lui avait faite d’un règne de paix. Il a oublié et méprisé le véritable Allié, le seul Protecteur du peuple de Dieu, le Seigneur tout-puissant. Il a méprisé le secours de Dieu même!
Les Assyriens ne se sont pas fait prier longtemps. Leurs armées redoutables sont venues balayer d’un seul coup les Syriens, pour ensuite raser Israël, le royaume du Nord. Au lieu des eaux calmes de Siloé, ce sont les flots abondants et violents de l’Euphrate, le grand fleuve, qui sont venus inonder tout le pays. Israël est englouti; le pays est dévasté et une grande partie de la population a déportée en exil, loin du pays promis.
Cependant au sud, Achaz et le royaume de Juda ne pourront pas s’en tirer si facilement; ils devront subir les conséquences de leur manque de foi. Les Assyriens, affamés de nouvelles victoires, ne vont pas s’arrêter là dans leurs conquêtes. Les grandes eaux déborderont aussi vers le sud. Contrairement à Israël, Juda ne sera toutefois pas noyé complètement; l’eau va monter jusqu’au cou, juste pour pouvoir encore respirer. Par la grâce de Dieu, Jérusalem aura la vie sauve, la maison royale de David sera préservée, mais les gens du pays seront malheureux et désespérés, car l’ennemi menacera encore le peuple de l’alliance et le fera trembler de peur.
Quand tout va mal, on cherche à connaître l’avenir, on va consulter les astrologues, on demande à ceux qui prédisent l’avenir de quoi demain sera fait. On ose même s’adresser aux morts, on consulte une nécromancienne qui pourra nous mettre en contact avec les esprits des morts. En période de crise, l’occultisme et le spiritisme réapparaissent. Ce mensonge est une tromperie démoniaque. Ésaïe dira :
« Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui chuchotent et marmonnent, un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu et s’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants? À la loi et au témoignage! Si l’on ne parle pas ainsi, c’est qu’il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (És 8.19-20).
En d’autres mots, quel aveuglement quand on en est réduit à consulter des morts pour conseiller les vivants! Revenez aux instructions du Seigneur, à la Parole de Dieu! Sinon, ce sera une nuit sans fin, vous ne verrez jamais l’aurore.
La sécurité et la paix du royaume ne sont devenues qu’un vague et lointain souvenir, qui remonte au temps de David et de Salomon. Maintenant, l’ombre de la mort les guette, l’obscurité les envahit. Il n’y a plus aucun espoir à l’horizon, il n’y a plus d’avenir pour eux et pour leurs enfants, pensent-ils.
« Il n’y aura point d’aurore pour le peuple. Il traversera le pays accablé et affamé. […] Puis il regardera vers la terre, et voici la détresse, l’obscurité et de sombres angoisses; il sera repoussé dans d’épaisses ténèbres » (És 8.21-23).
Quelle description lugubre de la nuit du désespoir! À l’approche de la calamité assyrienne, c’est la famine, la dévastation. Le peuple de Dieu a beau regarder de tous côtés, aucun rayon de lumière n’apparaît. C’est l’obscurité opaque, la nuit d’angoisse qui amène le peuple à maudire Dieu, plutôt qu’à reconnaître son juste jugement, s’humilier et se repentir. Leur colère ne leur sert de rien, ils restent dans le noir. Le jugement de Dieu ne les convertit pas, il ne fait qu’augmenter leur méchanceté.
« Mais les ténèbres ne régneront pas toujours, sur la terre où il y a maintenant des angoisses : si un premier temps a rendu négligeables le pays de Zabulon et le pays de Nephthali, le temps à venir donnera de la gloire à la route de la mer, au-delà du Jourdain, au territoire des nations » (És 8.23).
Le prophète annonce un temps nouveau rempli d’espoir! « Le peuple qui marche dans les ténèbres voit une grande lumière. Sur ceux qui habitent le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit » (És 9.1). Des cris de joie feront place à l’angoisse! Le Seigneur annonce à son peuple qu’un jour ils seront délivrés. « Car le joug qui pesait sur elle, le bâton qui frappait son dos, la massue de celui qui l’opprime, tu les brises comme à la journée de Madian » (És 9.3). Les ennemis du royaume seront vaincus et maîtrisés, leur arsenal militaire sera tout brûlé.
D’où viendra cette délivrance inespérée?
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule. On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, dès maintenant et à toujours; voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées » (És 9.5-6).
Un enfant nous est né, Emmanuel, Dieu avec nous! Nous n’aurons plus à notre tête un roi insignifiant ou infidèle comme Achaz. Nous ne serons plus laissés entre les mains des puissances mauvaises du monde. Un avenir nous est donné! La maison de David ne sera plus méprisée de l’intérieur ou attaquée de l’extérieur, car un fils nous est donné, un fils de sang royal, de la lignée de David, selon la promesse!
Quel sera son nom? Conseiller admirable : Il n’aura pas besoin de s’entourer de conseillers ou de chercher de l’aide ailleurs; sans recevoir conseil de personne, il gouvernera avec sagesse, il conseillera son peuple. Cet enfant s’appellera aussi Dieu puissant : Qui d’autre pourrait donner au peuple, à l’Église, la victoire sur ses ennemis hostiles, sinon le Dieu puissant, celui qui viendra s’incarner dans un humble enfant? Il est aussi appelé Père éternel : Il sera le protecteur et le gardien fidèle de son peuple pour l’éternité. Il est Prince de paix : Il supprimera toute puissance qui trouble la paix, il assurera la sécurité au peuple de Dieu parmi les nations. Il établira le droit et la justice qui garantira la durée du Royaume. Un enfant nous est né, un Fils nous est donné. Emmanuel, Dieu avec nous!
Le prophète Ésaïe annonce Noël. Cette promesse a retenti il y a bien longtemps. Elle ne s’est pas accomplie au temps de Juda et des Assyriens. Elle s’est accomplie à la venue du Fils de Dieu sur cette terre. Mais déjà le peuple de l’alliance, dans l’Ancien Testament, savait qu’un jour, un grand Roi allait venir. Il allait établir le Royaume de Dieu. Il viendrait vaincre un adversaire encore plus puissant que les Assyriens. Satan allait être battu, maîtrisé; ses armes détruites. Le monde des ténèbres et de la mort ne sera plus. La nuit sans fin du désespoir fera place à l’aurore. Oui, à Noël, le peuple qui marche dans la nuit voit une grande lumière. Emmanuel assurera une paix sans fin à son Église!
Que fêtons-nous à Noël? Un petit Jésus, un petit bébé gentil et douillet? Bien sûr, l’enfant de la crèche est né faible et fragile. Il a porté notre nature humaine avec sa fragilité depuis sa conception et sa naissance. Il a eu besoin des soins constants de ses parents, comme tout enfant. Il devait s’incarner pour pouvoir porter le poids de nos péchés sur la croix et expier la faute que nous méritions de recevoir. Mais c’est aussi un Roi qui nous est né, un Conquérant, le Dieu tout-puissant, Conseiller admirable, Prince de paix, qui vient établir le Royaume de Dieu et assurer la victoire pour son peuple. Pour que la lumière brille à Noël, il a fallu un combat sans merci entre la lumière et l’obscurité; il a fallu la défaite de Satan et de l’oppression qu’il faisait peser sur nous. Noël n’est pas simplement une fête attendrissante ou sentimentale. C’est la vraie consolation d’Israël, par la victoire de la lumière sur l’obscurité.
Vous connaissez le dicton populaire « aide-toi, le ciel t’aidera »; ou encore « fais de ton mieux, et la chance te suivra ». On nous répète souvent : « Tu as en toi les ressources nécessaires, l’énergie suffisante pour surmonter les difficultés et réussir dans la vie. » On veut nous convaincre que nous aurions en nous tout un potentiel à découvrir, à mettre en valeur. Eh bien, le message de Noël est diamétralement opposé à ce mensonge qui nous encourage à trouver force et refuge en nous-mêmes. Noël n’est pas la fête des capacités humaines. Penser pouvoir forger notre propre avenir est une illusion. Pour voir la lumière, il faut d’abord reconnaître l’obscurité dans laquelle nous sommes plongés, la profondeur du péché qui est enracinée en nous, la puissance de la mort qui nous étreint et nous opprime.
Le peuple qui marche dans la nuit voit une grande lumière! Un enfant nous est né! Il régnera sur son empire. Il assure une paix sans fin. Il garantit et donne à son Église un avenir éternel. Emmanuel, Dieu avec nous, notre consolation, notre joie!