L’eschatologie non millénariste de Paul
L’eschatologie non millénariste de Paul
- Être « en Christ » anticipe la gloire du « siècle à venir »
- L’événement principal – le retour de Jésus-Christ
- Pas d’ère millénaire utopique « intermédiaire », « pré » ou « post »
- Le retour du Christ est la consommation
1. Être « en Christ » anticipe la gloire du « siècle à venir »⤒🔗
Tout au long de ses lettres, Paul soutient que le présent siècle mauvais fera place à la gloire du siècle à venir le jour du retour de Jésus, tout comme Jésus est passé de la mort (Vendredi saint) à la vie de résurrection (dimanche de Pâques). Paul décrit une tension entre ce que Jésus a déjà accompli (par sa mort, sa résurrection et son ascension) et ce qui reste à accomplir lors de la consommation finale, une fois pour toutes, lorsque Jésus reviendra au jour de la résurrection et qu’il provoquera la manifestation finale de la colère de Dieu (Rm 2.5; 5.9; Ép 2.3), appelée ailleurs le jour du jugement (2 Co 5.10). Cette tension, souvent décrite comme le « déjà » et le « pas encore », se retrouve dans toutes les lettres de Paul. Ce que nous sommes « en Christ » anticipe et préfigure la gloire du « siècle à venir ».
2. L’événement principal – le retour de Jésus-Christ←⤒🔗
Cependant, l’eschatologie en deux étapes de Paul est principalement axée sur un événement décisif qui mettra fin à la malédiction (le péché, la culpabilité et la mort) et dans lequel toutes les promesses de Dieu seront pleinement réalisées (le pardon, la justice et la vie éternelle)1. Cet événement, bien sûr, est le retour corporel de Jésus-Christ à la fin du monde actuel pour ressusciter les morts, juger le monde et faire toutes choses nouvelles. Comme le dit Paul dans Tite 2.13, nous « attendons la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ-Jésus ». Le cœur de l’eschatologie du Nouveau Testament n’est pas l’espoir d’une ère millénaire (millénium) dans laquelle le présent siècle « mauvais » serait progressivement transformé en une sorte d’utopie terrestre, avant ou après le retour du Christ. L’eschatologie biblique ne peut être envisagée à travers le prisme du progrès séculaire et culturel ni de l’actualité. La fin de l’histoire humaine surviendra lors du second avènement de Jésus-Christ décrit par Paul dans ses lettres (1 Th 4.13 à 5.11; 2 Th 1.5-10; 1 Co 15.51-57). Pour Paul, le second avènement du Christ est la consommation finale. Le siècle présent, avec son péché et sa mort, connaîtra une fin définitive et dramatique (comme toutes les choses temporelles). Cependant, en raison de la mort et de la résurrection de Jésus, le siècle à venir est déjà une réalité présente (par l’action du Saint-Esprit), mais il attend le moment où le Seigneur reviendra et où le temporel cédera enfin la place à l’éternel.
3. Pas d’ère millénaire utopique « intermédiaire », « pré » ou « post »←⤒🔗
Parce que son eschatologie en deux étapes est carrément axée sur la résurrection corporelle du Christ (le « déjà ») et sur sa seconde venue (le « pas encore »), il n’y a pas d’ère « intermédiaire », telle que celle proposée par les millénaristes2. Paul ne prévoit pas un âge d’or glorieux sur la terre avant le retour du Christ. Paul n’est pas un postmillénariste. L’Évangile et le royaume se répandront jusqu’aux extrémités de la terre, mais Paul n’affirme jamais que la terre sera transformée par un grand progrès culturel, religieux et économique (comme résultat de la diffusion du royaume du Christ) avant le retour du Seigneur3. Paul voit cette transformation se produire dans toute sa plénitude lorsque Jésus reviendra, mais pas avant.
Cependant, Paul n’est pas non plus un prémillénariste4. Il ne nous dit nulle part que, lorsque Jésus reviendra, il établira un royaume visible sur la terre, habitée par des personnes vivant dans des corps naturels, vivant apparemment parmi ceux qui auront été ressuscités et qui auront reçu des corps glorieux au retour de Jésus (et comment cela fonctionnera-t-il?), pour ensuite suivre Satan en masse lorsqu’il sera libéré de l’abîme et qu’un temps d’apostasie commencera avant le jugement final, et cela après que Jésus aura régné sur la terre pendant mille ans. La présence du mal dans l’ère millénaire est un énorme problème pour toutes les formes de prémillénarisme.
4. Le retour du Christ est la consommation←⤒🔗
Le peuple de Dieu recevra son héritage complet et définitif le jour où notre Seigneur reviendra (le dernier jour, lorsque la trompette sonnera, voir 1 Th 4.13 à 5.11; 1 Co 15.50-57), et non pas dans une ère millénaire terrestre où nous vivrons sur cette terre, où nous procréerons et mènerons une sorte de vie améliorée mais temporelle pendant que Satan sera lié pendant mille ans. Les bénédictions promises (éternelles, et non temporelles) viendront dans la nouvelle création à la consommation finale. Paul parle directement de cette attente dans Romains 16.20, lorsqu’il écrit : « Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds », des mots qui indiquent l’accomplissement ultime de Genèse 3.15 : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance; celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon », et qui sont maintenant lues à la lumière du Psaume 8.6, que Paul considère comme accompli en Christ (« Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds »). Jésus a remporté la victoire promise sur Satan le Vendredi saint et le dimanche de Pâques. Satan est actuellement lié par la prédication de l’Évangile et par la providence de Dieu. Cependant, comme Paul le dit aux Thessaloniciens, Satan sera libéré dans les derniers jours (2 Th 2.7-9), un acte associé à l’apparition d’un dernier Antichrist (l’homme du péché), après qu’une sorte de contrainte ait été levée, pour être détruit par Jésus lors de son second avènement (2 Th 2.1-12).
Notes
1. Ridderbos, Paul : An Outline of His Theology [Paul : Un aperçu de sa théologie], p. 53-57.
2. Comme l’illustre le tableau trouvé dans Vos, The Pauline Eschatology [L’eschatologie paulinienne], p. 38.
3. Campbell, Paul and the Hope of Glory [Paul et l’espérance de la gloire], p. 440.
4. Campbell, Paul and the Hope of Glory [Paul et l’espérance de la gloire], p. 562, citant Scott M. Lewis.