L’immense privilège de vivre la communion des saints
L’immense privilège de vivre la communion des saints
Qu’entends-tu par la communion des saints?
D’abord, que tous les fidèles en général et chacun en particulier, comme membres du Christ Seigneur1, ont part à toutes ses richesses et à tous ses dons2; ensuite, que chacun doit savoir qu’il est tenu d’employer, de bon cœur et avec joie3, les dons qu’il a reçus4, au bénéfice et au salut des autres membres5.
1. 1 Co 1.9; 1 Co 6.15,17; Hé 3.14; 1 Jn 1.3.
2. Rm 8.32; 1 Co 12.4-13.
3. 1 Co 13.1-7; Ph. 2.4-8.
4. Rm 12.4-8; 1 Co 12.7-13; 1 Pi 4.10-11.
5. 1 Co 12.7,20-27.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 55
- Que veut dire le mot « communion »?
- Qu’est-ce qui permet à cette communion d’exister?
- Pourquoi cette communion est-elle une réalité belle et savoureuse?
- Quels signes de cette communion voyons-nous dans notre Église?
Nous abordons maintenant un aspect bien pratique au sujet de l’Église : la communion des saints. « Je crois la sainte Église universelle, la communion des saints » (Symbole des apôtres). Les catholiques romains ont une conception très étrange de la communion des saints. Elle inclurait une sorte de communion mystique entre les morts et les vivants : les morts au ciel qui prient pour les vivants et les vivants sur terre qui prient pour les morts. Des croyants plus saints que les autres auraient fait un « surplus » de bonnes œuvres; leurs mérites accumulés dans un « compte bancaire spirituel » seraient transférables à ceux qui en ont le plus besoin.
Nous croyons une réalité bien différente. La communion des saints s’applique directement à la vie en Église ici, sur terre. La communion des saints est à la fois un privilège et une responsabilité; à la fois une réalité belle et délicieuse et une obligation stimulante qui demande des efforts. Nous verrons cette fois-ci l’immense privilège de la communion des croyants. Dans l’étude suivante, il sera question des obligations qui en découlent.
1. Que veut dire le mot « communion »?⤒🔗
Le mot « communion » veut dire « avoir quelque chose en commun », « partager un même trésor », « participer à une même réalité ». C’est un mot qui vient de la Bible. En grec, le substantif « koinônia » signifie communion, participation, association, partage, mise en commun. Le verbe « koinônéô » veut dire « prendre part à ». L’adjectif « koinônos » désigne celui qui partage, qui participe, qui est associé. « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la koinônia, dans la fraction du pain et dans les prières » (Ac 2.42). Les chrétiens de la Macédoine et de l’Achaïe ont bien voulu faire une « koinônia », une collecte, un partage d’argent en faveur des chrétiens pauvres de Jérusalem (Rm 15.26). Le verset suivant nous dit que c’était bien normal, car ces chrétiens de Macédoine ont eu part (« koinônéô ») aux richesses spirituelles qui venaient de l’Église de Jérusalem.
La Bible nous dit à maintes reprises qu’il existe une communion entre nous dans l’Église. « Si nous marchons dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus nous purifie de tout péché » (1 Jn 1.7). Cette communion fraternelle découle de notre communion avec Dieu par Jésus-Christ. « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus-Christ » (1 Co 1.9). Quelle belle et profonde vérité! Nous sommes en communion les uns avec les autres! Il n’existe rien de comparable dans aucun autre groupe humain.
2. Qu’est-ce qui permet à cette communion d’exister?←⤒🔗
Qu’est-ce qui rend possible cette communion entre frères et sœurs de même foi? Est-ce notre arrière-plan semblable ou notre culture commune? Non, dans l’Église, nous n’avons pas tous la même origine, et nous sommes pourtant en communion. Par contre, il y a bien des gens de même origine que nous avec qui nous ne sommes pas en communion! Seraient-ce nos personnalités ou nos traits de caractère semblables qui fonderaient cette communion? Non plus. Certains sont réservés, d’autres exubérants. Certains d’entre nous sont plus optimistes, d’autres, plus pessimistes de nature. Serait-ce notre position sociale, notre niveau d’éducation, nos goûts pour les arts, la musique ou la peinture qui nous unit? Ou notre intérêt pour les moteurs et la carrosserie automobile? Ou pour les chiffres ou l’ingénierie plastique? Non plus. Rien de tout cela ne constitue la communion des saints.
Il existe une grande diversité d’hommes et de femmes de toutes sortes sur la terre, et cette diversité se reflète dans l’Église. C’est une richesse d’avoir dans l’Église des jeunes et des moins jeunes, des célibataires et des gens mariés, des gens de différents horizons, qui ont des goûts, des intérêts, des emplois différents. Toute cette diversité ne fait qu’enrichir la communion des saints. Tâchons d’éviter que ces différences ne viennent nuire à la communion. Soyons surtout reconnaissants au Seigneur d’avoir placé dans notre Église des personnes si différentes les unes les autres.
Ce n’est toutefois pas cela qui constitue la communion des croyants. Serait-ce notre tendance altruiste qui produirait cette communion? Sûrement pas! Depuis la chute de nos premiers parents, notre tendance est bien plutôt portée vers l’égoïsme. Adam a fait porter la responsabilité de la faute sur Ève. Caïn jaloux a tué son frère. En Galates 5, Paul énumère une longue liste d’œuvres de la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, magie, hostilités, discorde, jalousie, fureurs, rivalités, divisions, partis-pris, envie, ivrognerie, orgies. Il n’y a rien dans cette liste pour favoriser une belle communion fraternelle… Heureusement que dans l’Église rassemblée par Jésus-Christ nous pouvons respirer une atmosphère différente. Le péché existe toujours, mais il y a aussi dans l’Église du Seigneur une autre réalité qui est l’œuvre même de Jésus-Christ, une réalité produite par le Saint-Esprit qui est puissant pour transformer nos cœurs et qui nous attache les uns aux autres.
Alors qu’est-ce qui constitue la communion des saints? Qu’est-ce que nous avons en commun? « D’abord, que tous les fidèles en général et chacun en particulier, comme membres du Christ Seigneur, ont part à toutes ses richesses et à tous ses dons » (Q&R 55). Ce que nous avons en commun, c’est Jésus-Christ! Ce qui nous unit, c’est une même foi en Jésus-Christ. Nous participons ensemble à toutes ses richesses et à tous ses dons par la foi commune que nous avons en lui. Nous sommes d’abord et avant tout rattachés à la tête, en communion avec lui. Ensuite, nous sommes rattachés les uns aux autres. « Nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres » (Rm 12.5).
Quand nous parlons de la communion fraternelle, nous pensons souvent aux relations que nous avons sur terre avec les autres chrétiens, et cette dimension est très certainement importante. Nous devrions toutefois d’abord penser au lien qui nous unit au ciel. C’est de là que nous recevons la vie véritable et la direction pour nos vies. C’est là, au ciel, que se trouvent tous les trésors des richesses et des dons de notre Sauveur, qui nous sont communiqués par son Esprit et sa Parole et qui permettent ces liens entre nous en Église. Si nous n’avons pas ce lien qui nous unit à Jésus-Christ, il ne peut exister de communion des saints.
3. Pourquoi cette communion est-elle une réalité belle et savoureuse?←⤒🔗
Cette communion est belle et savoureuse parce que l’Église est l’œuvre du Saint-Esprit. Nous sommes l’œuvre du Seigneur Jésus! Nous pouvons respirer une atmosphère différente dans l’Église. Le Saint-Esprit change nos cœurs. Nous étions morts spirituellement; il nous a rendus à la vie. Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (Ga 5.22-23). Nous ne portons pas pleinement ce fruit de l’Esprit, c’est vrai. Nous avons seulement un début d’obéissance et de vie nouvelle, c’est vrai. Mais tout de même, c’est un début bien réel. Nous appartenons à une famille caractérisée par l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, etc. N’est-ce pas plaisant et agréable? Une telle réalité ne se trouve nulle part ailleurs!
« Je dis à l’Éternel : Tu es mon Seigneur, mon bien, il n’y a rien au-dessus de toi! Les saints qui sont dans le pays, eux-mêmes, et les puissants sont l’objet de mon affection » (Ps 16.2-3).
David reconnaît d’abord que Dieu seul est son partage, son bien le plus précieux. Tout de suite après, il exprime son désir d’être avec les saints, qu’il qualifie de puissants, mot qui peut avoir la signification d’excellents ou de magnifiques. Il place en eux son affection. Dans un autre psaume, il dira : « Voici qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble! » (Ps 133.1). Oui, il est bon, il est agréable pour des frères et des sœurs dans la foi de vivre unis ensemble! Sommes-nous capables d’en dire autant? Mettons-nous notre affection dans nos frères et sœurs?
Quand nous regardons une autre personne dans l’Église, que voyons-nous? Un homme, une femme, un enfant avec des qualités et des défauts, avec des forces et des faiblesses et, souvent, avec bien des imperfections qui nous dérangent. N’oublions pas que cette personne a été rachetée par le sang du Christ. Il s’agit d’un frère ou d’une sœur pour qui le Seigneur est mort, en qui le Saint-Esprit habite et qui un jour ressuscitera des morts pour hériter avec nous de la vie éternelle. Ensemble, nous sommes héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, enfants du Père. Nous sommes donc frères et sœurs dans le Seigneur!
Ce qu’il y a de beau dans cette communion, c’est que nous avons tous également part à Jésus-Christ. Personne ne possède plus et personne ne possède moins. Il n’y a pas de distinction à cet égard entre homme et femme, entre croyants de niveau social différent, d’éducation différente ou de revenu différent. Nous avons tous part de façon égale à Jésus-Christ et à son Saint-Esprit, quel que soit le service ou le ministère que nous exerçons ou la place que nous occupons. « Car nous avons été rendus participants du Christ, si du moins nous retenons fermement, jusqu’à la fin, notre assurance première » (Hé 3.14). De plus, l’Église n’est pas un groupe où nous restons anonymes, perdus dans une masse. Le bon Berger connaît chacune de ses brebis par son nom. « Tous les fidèles et chacun en particulier ont part à toutes ses richesses » (Q&R 55).
4. Quels signes de cette communion voyons-nous dans notre Église?←⤒🔗
Il est facile de critiquer les autres ou de se plaindre du manque de communion entre nous. Nous remarquons ce qui nous différencie des autres et ce qui peut mettre des barrières entre nous. Nous avons tendance à nous distancer des autres s’ils nous font du mal, s’ils nous déplaisent ou s’ils ne s’intéressent pas à nous. Sachons voir ce que le Seigneur fait déjà de beau et d’agréable dans notre Église, dans son Église. Le fruit de l’Esprit est là, sans doute pas dans sa plénitude, mais nous le voyons tout de même se développer dans nos vies et dans la vie de nos frères et sœurs.
Dans nos familles, durant nos rencontres en Église, pendant nos repas communautaires ou lors des études bibliques, il n’y a pas que haine, jalousie, querelles ou indifférence. Il y a aussi de l’amour pour les autres, de la joie, de la paix ensemble, des marques de patience et de bienveillance. Demandons au Seigneur de nous aider à apprécier la communion qu’il a déjà lui-même créée entre nous. Demandons-lui de la faire grandir, en croyant que c’est son œuvre à lui. Tout comme les chrétiens de Jérusalem, persévérons dans l’enseignement des apôtres, dans la « koinônia », dans la fraction du pain et dans les prières. Soyons reconnaissants, car il est bon, il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble!