1 Timothée 1 - L'usage légitime de la loi de Dieu
1 Timothée 1 - L'usage légitime de la loi de Dieu
« Le but de cette recommandation, c’est l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sans hypocrisie. Quelques-uns, s’en étant détournés, se sont égarés dans de vains discours. Ils veulent être docteurs de la loi et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils affirment. Nous savons bien que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage légitime, et qu’on sache que la loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les indisciplinés, les impies et les pécheurs, les sacrilèges et les profanes, les parricides et les matricides, les meurtriers, les débauchés, les homosexuels, les trafiquants d’esclaves, les menteurs, les parjures, et tout ce qui en outre est à l’opposé de la saine doctrine, d’après le glorieux Évangile du Dieu bienheureux, Évangile qui m’a été confié. »
1 Timothée 1.5-11
- Introduction
- Le but de la loi de Dieu : l’amour (v. 5-7)
- Le destinataire de la loi de Dieu : le pécheur (v. 8-10)
- Le complément de la loi de Dieu : l’Évangile (v. 11)
- Conclusion
1. Introduction⤒🔗
Savez-vous combien de commandements la tradition juive a répertoriés dans la Torah? 613! 613 commandements que tout Juif s’engage normalement à respecter. D’après la tradition, cela fait 248 choses à faire, comme le nombre de membres dans le corps humain, et 365 choses à ne pas faire, comme le nombre de jours dans une année. Ça en fait, du pain sur la planche! Voilà de quoi occuper un homme! Mais en fait, ce n’est rien du tout. Si nous considérons le nombre total de commandements (c’est-à-dire d’impératifs) dans toute la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, il y en a en tout 6468, soit en moyenne un ordre tous les cinq versets! Ça, c’est du sérieux! Ce n’est donc pas étonnant si beaucoup de gens ont l’impression que Dieu est un rabat-joie. C’est pour cette raison que croyants et non-croyants portent souvent sur la vie chrétienne un regard bien peu enthousiaste. Un peu comme Jordy le chantait au sujet de la vie des bébés : « Je m’appelle Jordy, j’ai quatre ans et je suis petit. Viens ici, ne touche pas ça, reste assis, va pas là, fais comme ci, fais comme ça, patati et patata. C’est dur, dur, d’être… [un chrétien] »!
Eh oui! Dieu donne des ordres dans la Bible. Beaucoup d’ordres. Dieu fait connaître sa volonté aux hommes qu’il a créés. Ça fait partie de ses prérogatives, n’est-ce pas? En même temps, cette idée d’un Dieu tyran, moralisateur, père Fouettard, qui n’a que des reproches à nous faire, elle a vite fait de nous rebuter et de rebuter, surtout, les non-croyants.
Vous faites peut-être partie des gens qui pensent que ce qui intéresse Dieu, c’est que nous soyons de bonnes personnes. Vous lisez quelques commandements de Dieu et vous vous dites qu’il faut vraiment être très fort pour être un chrétien. Vous regardez autour de vous et vous vous dites que vous n’arriverez jamais à obéir à la loi de Dieu comme le font ces gens, ou peut-être pire encore, vous vous dites que vous n’avez aucune envie d’obéir à un despote, de gagner vos galons et de finir hautains et suffisants comme semblent l’être beaucoup de chrétiens. Le problème, c’est que cette perception que l’on a de la loi de Dieu est complètement tordue. Elle est même totalement fausse et contraire à la loi de Dieu elle-même, comme nous allons maintenant le voir.
Nous avons vu la dernière fois qu’une des raisons pour lesquelles Paul a écrit cette lettre à Timothée, c’était pour dénoncer certains enseignements qui circulaient dans l’Église et qui étaient contraires à la vérité. Un de ces faux enseignements concernait la loi de Dieu, particulièrement l’usage de la loi de Dieu dans la vie chrétienne. Autrement dit, comment devons-nous percevoir, lire et comprendre ces centaines d’impératifs que Dieu nous livre dans la Bible? La leçon que Paul veut transmettre à Timothée et aux membres de son Église, et à nous aussi par la même occasion, c’est que la loi de Dieu n’a pas pour but, à proprement parler, de faire de nous de bonnes personnes, mais la loi de Dieu est censée alimenter notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Ah bon! Comment est-ce possible? Essayons de suivre le raisonnement de Paul dans ce passage.
2. Le but de la loi de Dieu : l’amour (v. 5-7)←⤒🔗
a. Paul soulève un enjeu important←↰⤒🔗
La première chose que fait Paul dans ce passage, c’est de soulever l’enjeu de la question : l’enjeu du débat sur la fonction de la loi de Dieu dans la vie chrétienne. C’est un enjeu très important. Paul rappelle à Timothée que ce qui est censé caractériser la vie chrétienne, c’est l’amour (pour Dieu et pour le prochain) : « Le but de cette recommandation, c’est l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sans hypocrisie » (1.5). Mais à cause de certaines personnes qui dispensent un faux enseignement sur la loi de Dieu, cette réalité est plus que compromise. « Quelques-uns, s’en étant détournés, se sont égarés dans de vains discours » (1.6). Il en va donc de l’authenticité même du christianisme! C’est d’autant plus grave que ces gens se prétendent spécialistes de la loi de Dieu. Mais le verdict de Paul est sans appel : ces gens-là sont en réalité complètement à côté de la plaque. « Ils veulent être docteurs de la loi et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils affirment » (1.7). La loi de Dieu a un but précis, c’est l’amour caractéristique de la vie chrétienne; d’où l’extrême importance de ne pas faire croire n’importe quoi en ce qui concerne la loi de Dieu.
b. Le danger des « spécialistes » incompétents←↰⤒🔗
Paul est donc d’abord en train de soulever l’enjeu de la question et de dénoncer par conséquent des gens qui se disent spécialistes, mais qui sont en réalité incompétents et donc dangereux. Il y a quelques années, il y a eu tout un débat en France sur le nombre sans cesse croissant de gens qui se déclaraient spécialistes en psychothérapie et qui s’attribuaient des titres tels que : psychosomaticien, psychosomatothérapeute, psychosomatoanalyste, psychorelaxologue, etc. Les autorités ont constaté les dégâts parfois occasionnés par de prétendus spécialistes qui étaient en réalité incompétents, si bien que depuis le 1er juillet 2010, le titre de psychothérapeute est maintenant protégé par la loi. Pour pratiquer, il faut être inscrit au registre national des psychothérapeutes, avoir suivi une formation en psychopathologie et avoir fait un stage clinique. Comme on peut le lire sur le site internet « psychologue.fr » : « La santé mentale est un bien précieux, il convient d’y prendre garde et de n’aller consulter que des personnes qualifiées. »
c. Prudence, prudence!←↰⤒🔗
De façon similaire, Paul est en train de dire ici : « La loi de Dieu est un bien précieux, il convient d’y prendre garde et de n’aller consulter que des personnes qualifiées! » Dans l’Église aussi, on a des gens qui se disent enseignants, spécialistes, « docteurs de la loi », parfois même apôtres et prophètes. Mais nous ne pouvons pas faire croire n’importe quoi sur la loi de Dieu, car nous risquons de compromettre son but, et ce but est extrêmement important et précieux, car en fin de compte il s’agit de l’amour caractéristique de la vie chrétienne. Autrement dit, en nous trompant sur la loi de Dieu, nous pouvons corrompre tout le christianisme.
Nous allons voir dans un instant quel est, selon Paul, le bon discours sur la loi de Dieu, mais avant cela, je voudrais tirer une première application de ce premier point. Cet avertissement de Paul au sujet de prétendus « spécialistes » de la loi de Dieu doit nous inciter à la plus grande prudence vis-à-vis de tout message soi-disant chrétien qui traite de la loi de Dieu, comme d’ailleurs la prédication que je suis en train de vous livrer! Il faut comprendre une chose, c’est qu’il ne suffit pas de trouver un livre dans une librairie chrétienne pour que son contenu soit en conformité avec le véritable christianisme. Il ne suffit pas d’entendre une prédication sur une chaîne chrétienne du satellite pour que son message soit fidèle à Dieu. Comme nous l’avons vu la dernière fois, la légitimité d’un enseignant dans l’Église se mesure à sa fidélité à l’Écriture sainte. Mais revenons à la question qui nous intéresse particulièrement aujourd’hui. Si le but de la loi de Dieu c’est l’amour, comment arrive-t-on d’une longue liste de commandements à cet amour authentique pour Dieu et pour son prochain? Quel est le bon discours sur la loi de Dieu, qui va non pas compromettre ce but, mais au contraire permettre de l’atteindre?
3. Le destinataire de la loi de Dieu : le pécheur (v. 8-10)←⤒🔗
a. Paul rappelle quelle est la fonction de la loi←↰⤒🔗
Maintenant que Paul a soulevé l’enjeu du débat, il entre dans le vif du sujet. Il évacue un premier malentendu qui consisterait à dire que, pour pouvoir être animé d’un véritable amour pour Dieu et pour les autres, il faut laisser tomber la loi de Dieu, synonyme de régime dictatorial. Mais pas du tout! Pour Paul, la loi de Dieu sert précisément à alimenter notre amour pour Dieu et pour notre prochain, à condition d’en faire un usage légitime (c’est-à-dire « selon la loi », conformément à elle-même). Et voici quel est cet usage légitime : il consiste à savoir, pour commencer, que la loi n’est pas destinée au juste, mais au méchant.
« Nous savons bien que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage légitime, et qu’on sache que la loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les indisciplinés, les impies et les pécheurs, les sacrilèges et les profanes, les parricides et les matricides, les meurtriers, les débauchés, les homosexuels, les trafiquants d’esclaves, les menteurs, les parjures, et tout ce qui en outre est à l’opposé de la saine doctrine » (1.8-10).
b. Le but de la limitation de vitesse←↰⤒🔗
Il y a une certaine logique dans cette affirmation. À quoi sert, par exemple, la limitation de vitesse sur une autoroute? Elle n’est pas là pour ceux qui roulent à 110, mais pour ceux qui roulent à 150. Le but de la limitation de vitesse n’est pas de révéler à ceux qui roulent à 110 qu’ils sont en train de bien faire, mais de révéler à ceux qui roulent à 150 qu’ils sont en train de mal faire! Si tout le monde conduisait avec une parfaite prudence et une parfaite courtoisie, le Code de la route n’aurait pas de raison d’être. Si tout le monde était parfaitement altruiste, aimable et généreux, même le Code pénal n’aurait pas de raison d’être.
c. Le péché est la raison d’être de la loi←↰⤒🔗
Paul est en train de dire ici que la raison d’être de la loi de Dieu, c’est le péché. C’est la méchanceté des hommes. Dieu a donné sa loi pour montrer aux hommes ce qu’ils font de mal, pas pour leur montrer ce qu’ils font de bien. Le problème des « docteurs de la loi » dans ce texte, c’est le même problème que celui des pharisiens dans les Évangiles, c’est qu’ils utilisent la loi de Dieu pour se glorifier plutôt que pour s’humilier. Ils voient la limitation de vitesse et ils en tirent une grande fierté. Ils s’arrêtent au feu rouge, et même au feu orange, et ils sont contents de l’occasion de montrer qu’ils sont honnêtes et droits. Ils lisent le Code pénal tous les soirs avant de se coucher afin d’en connaître toutes les plus petites subtilités, et ils s’endorment en pensant à leur incroyable intégrité morale. Plus sérieusement, ils voient dans la Bible les instructions de Dieu concernant le culte, les prières, le sabbat, la dîme, l’aumône, et alors le sentiment de leur propre justice ne fait qu’enfler de plus en plus. Mais pour Paul et pour Jésus, ces gens-là sont en train de pervertir la loi de Dieu.
d. La posture à prendre devant la loi←↰⤒🔗
Ils pervertissent la loi de Dieu, parce qu’elle n’est pas faite pour ça. La loi de Dieu n’est pas là pour nourrir le sentiment de justice des hommes, mais pour révéler aux hommes leur propre péché. Jésus a remis les choses à leur place dans le fameux Sermon sur la montagne, où il a montré que les exigences de la loi de Dieu dépassaient de loin tout ce que même le plus zélé des pharisiens pouvait accomplir. Il suffit de se mettre en colère contre son frère pour être passible du jugement réservé aux meurtriers. Il suffit de regarder une femme avec convoitise pour se rendre coupable d’adultère avec elle dans son cœur (voir Mt 5.17-48). Vous voyez que la loi de Dieu est là pour nous humilier et non pas pour nous glorifier. L’usage légitime de la loi de Dieu consiste donc déjà, au départ, à lui reconnaître cette fonction.
Ici, Paul est en train d’opposer un formidable argument à ses adversaires. Il me semble que ce que Paul est en train de faire, c’est de placer (un peu ironiquement) ces fameux « docteurs de la loi » devant un choix. Soit vous vous considérez comme étant des gens justes, des gens intègres et droits, et dans ce cas, vous devez reconnaître que la loi de Dieu (par définition) ne vous concerne pas; soit vous considérez que la loi de Dieu vous concerne, et dans ce cas, vous reconnaissez (par définition) que vous appartenez à la deuxième catégorie de personnes : les méchants, les indisciplinés, les impies, les pécheurs, les sacrilèges, les profanes, les parricides, les matricides, les meurtriers, les débauchés, les homosexuels, les trafiquants d’esclaves, les menteurs, les parjures et les autres.
Mais vous, aujourd’hui, comment vous positionnez-vous? Lisez-vous les commandements de Dieu pour y fonder votre propre justice, ou les lisez-vous pour y découvrir votre propre méchanceté? Si vous utilisez la loi de Dieu pour vous glorifier, ce n’est pas son usage légitime, et d’après Paul c’est tout votre christianisme que vous êtes en train de corrompre. La loi de Dieu est là pour vous révéler votre péché, pour vous montrer que vous appartenez bel et bien à la deuxième catégorie de personnes, en compagnie des meurtriers, des trafiquants d’esclaves, des terroristes et des pédophiles. Mais là, vous vous dites : « D’accord, la loi de Dieu est destinée à révéler mon péché. Mais j’ai du mal à voir comment tout ça est censé alimenter mon amour pour Dieu et pour mon prochain! En fait, à ce stade, je suis encore plus rebuté par la loi de Dieu que quand on a commencé! » Attendez, ne partez pas, parce que je n’ai pas fini. Et Paul non plus n’a pas fini dans ce passage. Il s’empresse en effet d’ajouter un élément ô combien déterminant!
4. Le complément de la loi de Dieu : l’Évangile (v. 11)←⤒🔗
a. Un élément déterminant←↰⤒🔗
Cet élément déterminant, il le mentionne en termes presque dithyrambiques : il s’agit du « glorieux Évangile du Dieu bienheureux, Évangile qui m’a été confié », dit-il (1.11). Nous voyons que, pour Paul, il s’agit de quelque chose d’important! Paul est en train de dire qu’il faut savoir que la loi de Dieu est faite pour les méchants (c’est-à-dire pour révéler le péché des hommes), mais qu’il ne faut pas considérer cette réalité indépendamment de l’Évangile. La loi de Dieu est indissociable de l’Évangile. Si nous voulons faire bon usage de la loi de Dieu, il faut la considérer selon sa véritable fonction, mais aussi à la lumière de l’Évangile. L’Évangile est le complément de la loi de Dieu; sans l’Évangile, il est impossible de faire bon usage de la loi de Dieu. Mais qu’est-ce que cet Évangile? Évangile, en grec, signifie « bonne nouvelle ». Étant donné ce que Paul a dit concernant la fonction de la loi de Dieu, nous imaginons qu’à ce stade de son raisonnement, nous avons besoin d’une bonne nouvelle! Mais justement, la nouvelle de l’Évangile n’est bonne que parce qu’elle est précédée d’une mauvaise nouvelle.
b. La mauvaise nouvelle, puis la bonne←↰⤒🔗
Il existe pas mal de blagues sur les bonnes et les mauvaises nouvelles. Par exemple, un chirurgien rend visite à son patient après qu’il lui a amputé une jambe et lui dit : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est qu’on s’est trompé de jambe. La bonne nouvelle, c’est que votre voisin de chambre aimerait vous racheter vos chaussures. » Ou encore, c’est un avocat qui rencontre son client et qui lui dit : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est qu’on a identifié votre ADN dans les traces de sang qui se trouvent sur la scène du crime. La bonne nouvelle, c’est que vous avez un excellent taux de cholestérol. » Ou encore, c’est un jeune garçon qui écrit à ses parents depuis le pensionnat : « Chers Papa et Maman, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est qu’en cours de chimie, j’ai mis le feu au pantalon de mon camarade. J’ai essayé d’éteindre les flammes avec l’extincteur, mais la pression était tellement forte que j’ai arrosé toute la classe. Le professeur était tellement en colère qu’il a fait un malaise et qu’il a dû être emmené à l’hôpital dans une ambulance. Comme j’ai eu peur d’être grondé, je me suis enfui et la police m’a retrouvé dans la forêt cinq jours plus tard, complètement affamé et en hypothermie. La bonne nouvelle, c’est que tout ça, ce n’est pas vrai; j’ai juste eu un cinq sur vingt en mathématiques. »
Tout récemment, et plus sérieusement, Suzanne et moi avons fait une expérience similaire. Pendant son dernier séjour aux États-Unis, Suzanne a dû emmener Vallouise aux urgences. Quelques jours plus tard, nous avons eu une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est que la facture d’hôpital, pour deux heures passées en observation, s’élevait à 600 dollars. La bonne nouvelle, c’est que l’assurance médicale de la carte bleue allait prendre en charge la dépense. Vous voyez, souvent, les mauvaises nouvelles mettent en perspective les bonnes nouvelles, et vice-versa.
c. Une parole certaine et digne d’être entièrement reçue←↰⤒🔗
De la même façon dans le raisonnement de Paul, la mauvaise nouvelle de la loi qui révèle notre péché met en perspective la bonne nouvelle de l’Évangile. Et quelle est cette bonne nouvelle? Paul la donne explicitement quelques versets plus loin (dans un passage que nous étudierons une prochaine fois) : « C’est une parole certaine et digne d’être entièrement reçue, que le Christ-Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier » (1.15). Dans quelle catégorie de personnes Paul se situe-t-il lui-même : parmi les justes ou parmi les pécheurs? Parmi les pécheurs, dont il est, dit-il, le premier. C’est la mauvaise nouvelle. Mais Paul ajoute que Jésus-Christ est venu dans le monde pour prendre sur lui le châtiment qui est réservé aux pécheurs. C’est la bonne nouvelle! Jésus, le seul juste, est mort sur la croix à la place des pécheurs. Dieu a déversé sur son Fils, par amour pour nous, toute sa sainte colère contre les péchés, aussi ignobles soient-ils, des hommes, des femmes et des enfants qui placent leur confiance en lui.
Vous voyez donc que l’Évangile, la bonne nouvelle de ce que Jésus-Christ a fait en mourant pour les croyants et en ressuscitant pour les croyants, est le complément indispensable de la loi de Dieu. La loi de Dieu révèle notre péché et nous place devant notre besoin d’être sauvé; l’Évangile apporte la réponse à ce besoin et invite à la foi en Jésus. Le Seigneur Jésus, sur la base de ce qu’il a accompli à la croix, crée en nous un cœur pur et une bonne conscience. De cette foi authentique découle un amour profond pour Dieu et pour notre prochain. Voilà quel est l’usage légitime de la loi de Dieu. La loi de Dieu et l’Évangile ne sont pas opposés, mais marchent main dans la main.
5. Conclusion←⤒🔗
Voyez-vous maintenant pourquoi nous pouvons dire que la loi de Dieu est censée alimenter notre amour pour Dieu et pour notre prochain? Si vous en faites un usage légitime, la loi de Dieu ne vous rebutera pas ni ne vous découragera. La prochaine fois que vous serez amené à considérer les commandements de Dieu dans la Bible, vous vous souviendrez tout d’abord que le but ultime de la loi de Dieu, c’est l’amour caractéristique de la vie chrétienne; vous vous direz que l’enjeu est important et que vous n’allez pas faire n’importe quoi avec ces commandements. Vous penserez ensuite au fait que ces commandements sont là pour vous montrer quelles sont les exigences de Dieu, certes, mais aussi pour vous montrer que vous êtes fondamentalement incapable de remplir ces exigences. Mais vous ne vous arrêterez pas là; vous vous souviendrez également que Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont vous êtes, vous, le premier. Cette réalité vous conduira à porter les regards vers Jésus et à placer votre confiance en lui. Vous découvrirez (ou redécouvrirez) que Dieu est fidèle et juste pour vous pardonner vos péchés et vous purifier de toute injustice (1 Jn 1.9). De cette foi sans hypocrisie, de cette bonne conscience et de ce cœur pur découlera chez vous un véritable amour pour Dieu et pour votre prochain. Vous serez si profondément reconnaissant à Dieu que votre vie en sera transformée.
Vous voyez, il y a des gens qui considèrent les 6468 commandements de la Bible et qui disent : « La loi de Dieu nous montre ce que nous devons faire pour être une bonne personne, alors obéissons. » Ce n’est pas l’usage légitime de la loi de Dieu selon Paul. Ce raisonnement court-circuite l’Évangile et dénature complètement le christianisme. Ce qu’il faut se dire, c’est plutôt : « La loi de Dieu nous montre quel est notre péché, afin de nous conduire à Jésus-Christ, qui nous invite à la foi, dont procède l’amour, qui à son tour, motive notre obéissance à Dieu. » Le christianisme n’est pas fondé sur ce que nous devons faire pour Dieu, mais sur ce que Dieu a fait pour nous.