Avoir une vie de prière profonde
Avoir une vie de prière profonde
Psaume 9.2-3
Matthieu 6.5-6
Romains 8.14-17, 26-27
Je me suis dit : Si tu arrives à bien parler de ce sujet, plusieurs vont sortir avant la fin de la prédication pour aller prier sans plus attendre!
Reconnaissons qu’il n’est pas si facile de prier. Il y a tellement de choses importantes à faire! Et puis, c’est tellement loin de la raison naturelle et de ce que les yeux peuvent voir! Et de la mentalité de tous ceux qui nous entourent…
Ne nous semble-t-il pas, à nous aussi, que tout peut fonctionner sans prière? La voiture, l’hôpital, l’école, les magasins, etc. Surtout dans nos pays riches où tout est organisé pour fonctionner sans Dieu. Même les Églises, parfois. Le directeur de la Faculté de théologie de Ouagadougou m’a dit : « C’est dur d’être chrétien en France! »
Je vais rappeler trois principes de la prière.
1. La vie de prière du chrétien est liée à son identité de chrétien⤒🔗
« L’Esprit lui-même témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8.16). Les non-chrétiens prient aussi, Jésus le dit. Mais peuvent-ils avoir une vie de prière profonde? Ils sont peut-être gentils, généreux, dévoués, intelligents, mais ils ne connaissent pas Dieu, dans le sens de cette parole de Jésus : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent » (Jn 17.3). Ils prient un dieu inconnu. Jésus nous avertit : Ne priez pas comme cela!
Le verbe « connaître » doit être pris ici dans son sens fort. Ce verbe implique deux choses : une appartenance et une communion de vie.
Le sentiment d’appartenance : celui d’un homme (ou d’une femme) misérable qui a été racheté et qui a reçu dans son cœur un esprit d’adoption. C’est même plus mystérieux et plus profond que cela, car Jésus dit à son Père : « Ils étaient à toi et tu me les as donnés! » (Jn 17.6). Vous voyez l’appartenance? Rappelons-nous les paroles de Jésus :
« Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. […] J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. […] Mes brebis écoutent ma voix et je les connais et elles me suivent… » (Jn 10.14,16,27).
C’est beaucoup! Ne l’oublions jamais. Mais il y a plus encore :
Le sentiment de partager la même vie! « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10.11). Cela a un rapport direct avec ce que dit Jésus : « Je suis le cep, vous êtes les sarments » (Jn 15.5). Paul dira : « Nous sommes devenus une même plante avec lui » (Rm 6.5). Frères et sœurs, c’est là le cadre de la prière.
C’est pourquoi la prière du chrétien est avant tout une prière de grande assurance et une prière de grande reconnaissance, tandis que la prière des non-chrétiens est une prière hésitante, tâtonnante, tentée par le marchandage… On devrait dire que la prière du chrétien est une prière de totale et pleine confiance, de totale et pleine reconnaissance.
2. La vie de prière du chrétien est liée à sa manière de vivre←⤒🔗
Je vais utiliser une comparaison que certains trouveront peut-être osée. Il en est de la prière du chrétien comme de la relation intime au sein d’un couple. Dans les deux cas, le cadre est celui d’une alliance. « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » (Ct 6.3). Paul lui-même associe la relation de couple et la prière quand il écrit aux Corinthiens mariés : « Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord, afin de vous consacrer à la prière. Puis, retournez ensemble » (1 Co 7.5).
Paul dit ici qu’un chrétien marié est appelé à vivre deux relations intimes : avec son conjoint et avec le Seigneur. Les deux sont tellement profondes qu’elles pourraient entrer en concurrence dans son cœur; il ne le faut pas. La relation avec le Seigneur doit demeurer la première. Dieu est jaloux de notre cœur. Mais là où je veux en venir, c’est ceci : la relation intime dans le couple sera riche et profonde si elle est accordée avec la manière de vivre de ce couple, tout le jour, tous les jours (amour, respect, fidélité, patience, attention, écoute, etc.). La relation sexuelle dans le couple est un renouvellement d’alliance qui ne devrait en aucun cas être coupé de ce qui précède et de ce qui suit! Il en est de même pour la prière. Sinon, il y a un risque de mensonge, ce qui est exactement le contraire de la prière.
La vie de prière du chrétien est inévitablement liée à la manière de vivre du chrétien, notamment dans sa maison. L’apôtre Pierre dit par exemple aux hommes :
« Maris, ayez une conduite pleine d’attention à l’égard de vos épouses, car elles sont d’une nature plus délicate. Qu’il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières » (1 Pi 3.7).
On ne pensait pas qu’il y avait un rapport. Eh bien si! Tout est lié.
En d’autres termes, ce qui précède la prière introduit et prépare la prière; et la prière introduit et prépare ce qui suit. Nous comprenons que cela devrait pratiquement être un va-et-vient constant, car au bout de trois minutes, on est déjà en train de s’égarer si on n’y prend pas garde. Et alors, on ne va pas attendre la liturgie de dimanche prochain pour dire : « Seigneur, j’ai vécu comme ceux qui ne te connaissent pas! » Non! Tout de suite : « Seigneur, je m’égare. J’ai besoin de toi. Je sais que tu es là. Viens à mon aide! Merci parce que tu entends, tu vas prendre soin de moi. »
Souvenons-nous qu’« amen » ne veut pas dire : fin! Cela veut dire : en vérité! C’est tout le contraire! Dire « Amen », c’est signer une feuille de route! Je le répète : ce qui précède la prière et ce qui suit la prière est aussi important que la prière elle-même. Sinon, nous sommes des hypocrites. Dieu n’écoute pas la prière des hypocrites. C’est pourquoi Jésus dit par exemple : Avant de prier, va demander pardon à celui que tu as offensé. Notez que c’est aussi le cas pour le culte : ce que nous vivons avant de venir au culte (hier, ce matin…) conditionne bien plus que nous le pensons ce que nous pouvons vivre durant le culte, avec les mêmes chants, la même prédication… La différence peut être considérable!
Vous savez ce qu’est une tresse? La prière doit être tressée avec ce que nous vivons, heure après heure. C’est pourquoi l’obéissance à Dieu est, en fait, la plus belle prière. L’obéissance est la prière permanente du chrétien.
3. La vie de prière du chrétien est tournée vers Dieu←⤒🔗
Vous connaissez l’histoire de ce petit enfant dont les parents fêtaient l’anniversaire avec de nombreux invités. Au bout d’un long moment de festivités, quelqu’un a dit : Mais où est l’enfant? On l’a cherché longtemps, avant que quelqu’un le trouve en train de dormir sur le lit, sous les manteaux. On pourrait appeler cette histoire : le grand absent. La prière, c’est le contraire de cela. La prière, c’est ce qui fait de Dieu le grand présent. Celui qui est plus présent que tout le reste!
« Seigneur, ton serviteur se lève », disait un vieux berger en se levant, chaque matin. Prier, c’est mettre Dieu en premier. Le Notre Père nous le montre très clairement.
- Dire merci à Dieu, c’est le mettre en premier : Je reçois tout de toi, je suis gérant.
- Supplier Dieu, c’est le mettre en premier : Si tu te retires, je suis perdu!
- Se consacrer à Dieu, c’est le mettre en premier : Je t’appartiens, je t’offre ma vie.
- Intercéder, c’est encore mettre Dieu en premier : De toi vient tout secours efficace.
Deux points avant de terminer. La vie de prière du chrétien est liée à son sentiment de dépendre entièrement de Dieu. Qu’est-ce que je veux dire par là? Si je crois que dans ma vie je me débrouille pas si mal tout seul, je vais prier d’une certaine façon. Je vais ajouter un peu de prières à ma vie, un peu comme on ajoute une cerise sur un gâteau, mais le gâteau n’a même pas le goût de la cerise. Si le Seigneur m’a un jour montré que je ne peux rien faire de juste sans lui, rien!, alors le lien qui va me relier à lui du matin au soir sera semblable à celui qui relie le sarment au cep. Un lien vital. En fait, la prière, c’est cela. Nous l’apprenons dans les moments de dénuement ou de grande douleur : Seigneur, si tu te retires, je suis perdu. Sois mon aide en cet instant. Viens à mon secours. Je t’appartiens et je m’appuie sur toi. Merci parce que tu es là!
Un dernier mot : « C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle », dit la Bible (Lc 6.45). Je suis frappé de voir qu’il y a beaucoup de chrétiens dans la bouche desquels on n’entend presque jamais le nom de Jésus. Je sais bien qu’il ne suffit pas de dire : « Seigneur! Seigneur! », mais quand même. On entend des noms de pasteurs, des dates de réunion, des projets à mettre en œuvre, des activités de l’Église, etc. Mais le nom de Jésus, vous ne l’entendez pas très souvent. Pourquoi? Cela est sans doute significatif de quelque chose.
Le Psaume 9 nous montre qu’il y a un lien entre parler de Dieu et parler à Dieu.
« Je célébrerai l’Éternel de tout mon cœur, je redirai toutes tes merveilles. Je me réjouirai en toi, j’exulterai, je psalmodierai en l’honneur de ton nom, Dieu très-haut! » (Ps 9.1-2).
« Je louerai l’Éternel. Je raconterai toutes tes merveilles! » Imaginez un homme ou une femme qui ne parlerait jamais de son conjoint. On se dirait : Est-il marié? Pourquoi parlons-nous plus facilement de l’Église que de Dieu ou du Seigneur Jésus? Qui doit venir en premier, normalement?
Parler à Dieu, parler de Dieu : la prière et le témoignage. C’est un même mouvement. C’est le même Esprit qui conduit l’un et l’autre. C’est le même débordement d’un cœur rempli de l’amour du Seigneur. C’est la volonté de Dieu pour moi, pour toi.