Ce que le Nouveau Testament dit au sujet de Jésus
Ce que le Nouveau Testament dit au sujet de Jésus
- Matthieu : Christ Roi
- Marc : le Serviteur
- Luc : le Fils de l’homme, le Sauveur des hommes
- Jean : le Fils de Dieu et l’ami suprême
- Le livre des Actes des apôtres : le Christ ressuscité
Le soleil de justice s’est levé et ses rayons répandent leur pouvoir de vie et de guérison sur toute chair. Celui pour qui Abraham avait tressailli quelque deux mille ans avant est enfin apparu. L’étoile dont Balaam avait annoncé l’apparition brille à présent d’un éclat exceptionnel dans les constellations célestes. La grande lumière qui, selon Ésaïe, allait baigner les gens égarés commence à dissiper toutes les obscurités. Les nuages, les uns après les autres, cèdent le pas, chassés par l’avènement de la lumière. Enfin, il se place au milieu des siens. « Nous avons vu son étoile, en Orient, et nous sommes venus l’adorer », dirent les mages qui s’étaient rendus à Jérusalem (Mt 2.2). Nous avons rencontré le Christ, l’envoyé de Dieu, se disent les premiers disciples. « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple, Israël », chante le vieillard Siméon, éclatant de reconnaissance (Lc 2.30-31)
Partout où Jésus apparaît, il apporte, en personne, le salut. Il est celui qui dispense la guérison, qui inspire la foi, qui instaure la loi parfaite de l’amour et de l’ordre du Royaume. Il apporte l’espérance dans le désarroi, le secours dans la détresse, la réconciliation du pécheur repenti, la force aux faibles, la libération de l’esclave, de la femme, de l’étranger… Ce Christ qui, depuis 20 siècles, ne cesse de hanter et d’offenser certains, est le même qui inspire et entraîne à sa suite, pour les transformer, les hommes et les femmes qui ont reconnu en lui le Fils de Dieu, le seul Sauveur. Ce Christ n’est autre que celui dont parlent les pages de la Bible.
À vrai dire, mise à part la certitude de son existence historique, rares sont les documents, nous l’avons vu1, en dehors des Évangiles et du Nouveau Testament qui nous renseignent à son sujet. C’est le quadruple Évangile qui nous donne la preuve irréfutable et la connaissance précise de ce qu’il est, de ce qu’il a dit, de ce qu’il a accompli. Prétendre croire en Christ et renvoyer d’un revers de main l’Évangile chrétien, c’est scier la branche sur laquelle on est assis. Jésus-Christ et l’Écriture sainte sont soudés. Sans l’Écriture, Jésus resterait une figure floue. Sans le Christ, l’Écriture devient un document indéchiffrable. Or, ce Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, l’homme parfait, le Sauveur crucifié et Seigneur exalté, ne nous sera accessible à moins de le rencontrer vivant sur les pages du Livre saint.
Dans l’Évangile du Christ, repris, rédigé et retransmis par Matthieu, Marc, Luc et Jean, nous lisons tout le dessein de Dieu. Cette quadruple image du Fils, porteuse de toute la majesté divine, le temps de son humiliation n’a pu l’anéantir ni la faire passer incognito. Il conviendrait d’évoquer ici plus que la similitude de l’image, celle de la statue. La statue offre à nos regards toutes les dimensions du personnage sculpté, que nous pouvons contempler sous tous ses angles. Ainsi en est-il du quadruple Évangile pour le personnage de Jésus. Quoique chacun des auteurs l’introduit sous un angle particulier, nous ne découvrons dans son ensemble la moindre incohérence ni contradiction.
L’Évangile selon Matthieu introduit le Christ sous son aspect royal : le lion de Juda. Celui de Marc l’expose sous les traits du bœuf, animal docile, attaché au service. Luc nous le décrit comme le Fils de l’homme plein de compassion. Jean trace, enfin, les lignes du vol impétueux et majestueux de l’aigle, le Fils de Dieu qui transcende toute pensée et toute imagination humaine.
Abordons, de manière analytique, le contenu de ces quatre Évangiles.
1. Matthieu : Christ Roi⤒🔗
Les pages du premier Évangile, dans l’ordre canonique et non chronologique (la grande majorité des spécialistes admettent que l’Évangile selon Marc a dû être le premier écrit), font éclater la majesté divine du Sauveur. Cet Évangile avait été rédigé à l’intention des juifs. Aussi expose-t-il avec un plus grand souci que les trois autres la loi mosaïque en rapport avec la mission de Jésus. Celui-ci se réfère constamment à l’Ancien Testament. Cet Évangile s’ouvre par les mots : « Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » (Mt 1.1). Sa position royale, il la tient de son ancêtre David. Il est aussi fils d’Abraham, donc fils de l’Alliance de grâce. Lors de sa conception et de sa naissance s’annonce déjà sa divinité, et celle-ci nous est clairement déclarée par le nom qu’il reçoit : « Emmanuel ».
La visite des sages venus d’Orient est incluse dans les écrits de la nativité pour signaler de quelle ardente espérance le monde contemporain attendit cet avènement. L’adoration des mages annonce déjà la future domination universelle dont le divin enfant recevra les clés. Seul Matthieu nous rapporte qu’Hérode, vassal édomite du pouvoir romain et usurpateur de la monarchie davidique, a cherché à exterminer l’héritier légitime. Jean-Baptiste introduit Jésus comme l’enfant appelé à devenir le Juge qui purifiera la moisson finale, donc un Juge redoutable. La tentation qui se déroule « sur une haute montagne » vient en dernier lieu dans ce récit.
C’est sur son sommet que le prince de ce monde prétendra offrir au Christ les royaumes de la terre. Or, le Christ est le Maître réel de l’univers, et Satan n’est qu’un usurpateur. Aussi, la condition qu’il pose à Jésus de s’incliner devant lui sera repoussée. Et, fait significatif, c’est après cette tentation surmontée que Jésus commencera à prêcher le Royaume. « Le Royaume des cieux est proche, repentez-vous » (Mt 4.17). Avec Marc et Luc, Matthieu annoncera la gloire dévoilée du Fils lors de la transfiguration. Il ajoute une note particulière : « Sa face fut éclatante de lumière » (Mt 17.2). Il rapporte de même la voix entendue du ciel : « Celui en qui j’ai mis mon affection » (Mt 17.5). Dans le récit de la résurrection, Matthieu est le seul à signaler le tremblement de terre, l’ange au visage éclatant de lumière et la peur des soldats. Finalement, il conclut son livre par les mots bien familiers de l’ordre missionnaire adressés par Jésus-Christ et pleins de certitude : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mt 28.18).
2. Marc : le Serviteur←⤒🔗
Le portrait de Jésus tracé par Marc est celui d’un Christ Serviteur actif, disponible et soumis à chaque instant. La tradition affirme que cet Évangile fut rédigé en Italie, à l’intention des lecteurs romains. La source d’où Marc puise son information est sans doute la prédication même de l’apôtre Pierre. Les récits de celui-ci chez l’officier romain de Césarée de Philippe peuvent parfaitement servir d’épigraphe au deuxième Évangile : « Dieu a oint Jésus de Nazareth par son Saint-Esprit et avec puissance. Il allait partout en faisant le bien » (Ac 10.38). Au lieu de commencer son récit par l’évocation de la nativité, Marc introduit le Christ aussitôt que celui-ci apparaît sur le seuil de son ministère public. « Le commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu » (Mc 1.1). Le commencement, en effet, car la fin, elle, durera toute l’éternité. Nous ne parviendrons jamais sans doute à en épuiser la richesse infinie, à en mesurer la profondeur et la largeur, à en évaluer les fondements inébranlables. Près de la moitié de l’Évangile est consacrée aux récits des activités de Jésus, l’autre se composant des discours prononcés par le Seigneur (chez Matthieu, les discours occupent les trois quarts, chez Luc les deux tiers, chez Jean cinq sixièmes).
Les mots « aussitôt » ou « immédiatement » reviennent constamment (ils traduisent un seul mot grec). Nous tirons la conclusion que Jésus est prompt au service. Matthieu et Luc disent que le Seigneur fut conduit par l’Esprit dans le désert. Marc précise : l’Esprit l’a conduit. Détail grammatical qui n’est pas sans importance. Marc est le seul à nous apprendre que la tentation a duré pendant quarante jours et que Jésus a séjourné au milieu d’animaux sauvages. Les paraboles du chapitre 4 nous enseignent la manière dont opère l’Évangile. La parole concernant le retour de Jésus souligne fortement l’importance du service qui reste à accomplir. L’auteur souligne aussi l’atmosphère d’extrême urgence dans laquelle Jésus accomplit son ministère et montre comment il passe le plus clair de son temps à servir les multitudes qui l’entourent.
Toute la ville est assemblée à la porte. Il y a un constant va-et-vient, à tel point qu’on l’empêche même de manger, d’entrer dans la maison ou encore de pénétrer dans la ville qu’il a l’intention de visiter. De toutes les bourgades, on accourt vers lui. Des malades sont déposés au long des chemins qu’il parcourt. L’action urgente, quasi hâtive, dans laquelle le Christ est engagé ne l’empêche pas d’accorder tout son intérêt et de dispenser toute sa compassion à chacun individuellement; Marc est le seul à nous rapporter le touchant récit de Jésus bénissant des petits enfants. Ces détails ajoutent une note de fraîcheur et rendent le récit vivant et dynamique (sans doute, l’œil rapide de Pierre avait tout saisi!).
Dans chaque Évangile, nous lisons le récit du grand sacrifice, par lequel le péché est expié. Dans celui-ci apparaît une note après la résurrection; il sera encore question du service dans l’ordre final du Seigneur. Chaque coin du monde doit être atteint. L’Évangile débutait par « le commencement de l’Évangile de Jésus ». Il conclut par l’urgente nécessité d’en poursuivre la proclamation et l’application. Le Christ poursuit son ministère et il nous appelle à devenir les humbles et privilégiés serviteurs de la Parole et à l’imiter, lui, le Serviteur modèle.
3. Luc : le Fils de l’homme, le Sauveur des hommes←⤒🔗
Luc a été appelé l’Évangile du pécheur. En effet, l’expression de l’amour plein de compassion du Sauveur incarné s’y trouve plus fortement soulignée qu’ailleurs. Sans doute le troisième Évangile fut-il rédigé à l’intention de lecteurs grecs. L’évangéliste fait remonter la vie de Jésus jusqu’à Adam, l’ancêtre commun à tous les hommes. Ainsi, il est le Sauveur universel, Fils de Dieu et fils de Marie, de l’humble servante choisie par lui. L’évangéliste ne rapporte pas la visite des mages, mais celle de petites gens, des bergers incultes issus du peuple : « Mes yeux ont vu ton salut », s’écriera Siméon (Lc 2.30). Un autre personnage, Anne, elle aussi dans l’attente du Messie, affirmera et confirmera que la rédemption d’Israël est arrivée. Lors de son baptême, Jésus se place au milieu des multitudes et il les remplace.
Matthieu nous rapporte les paroles de Jésus : « Le royaume des cieux est proche, repentez-vous » (Mt 3.2). Luc, lui, donne la parole à Jésus, dans la synagogue de Nazareth, lorsqu’il lit et commente un texte prophétique : « L’Esprit de Dieu m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4.18). Rempli de compassion, le Christ secourt la veuve de Naïn qui venait de perdre son fils unique. Sa douceur envers une pécheresse repentie et sa présence sous le toit de Zachée, un fonctionnaire malhonnête (ce qui fait jaser les pharisiens), montrent qu’aussi bien ses paroles que ses actes témoignent de son amour et de son pouvoir de guérison. Ces dernières commencent presque invariablement par cette phrase : « Un certain homme… » Il en est ainsi pour le bon Samaritain, le pharisien et le péager, la veuve importune et, suprême démonstration de sa compassion et de sa tendresse, les paroles bien connues de la brebis perdue, de la drachme égarée et du fils prodigue (Lc 15).
Dans la parabole du festin des noces royales, Luc rapporte cet ordre du Maître : « Va par les chemins et le long des haies, contraints les gens d’entrer afin que ma maison soit remplie » (Lc 14.23). L’expression « il y aura encore de la place » est un leitmotiv qui revient dans cesse. Seul Luc rapporte les larmes que Jésus versa sur la ville de Jérusalem. Sa sueur mêlée de sang lors de son agonie à Gethsémané est aussi un incident particulier au troisième Évangile, ainsi que la conversation avec le brigand crucifié avec lui. Celui-ci fut sans doute le premier fruit qu’il obtint par sa mort expiatoire. L’histoire des deux disciples allant à Emmaüs n’est rapportée que par Luc (l’auteur serait-il le compagnon de Cléopas, ainsi qu’on l’a conjecturé?). Jésus mangea du poisson grillé après sa résurrection, montrant sa parfaite humanité. Il conduit les disciples jusqu’à Béthanie après les avoir bénis.
4. Jean : le Fils de Dieu et l’ami suprême←⤒🔗
Jean l’évangéliste a rédigé son livre pour nous révéler le Fils de Dieu « notre ami suprême ». Le premier chapitre nous le montre comme le Fils unique de Dieu, celui qui était dans le sein du Père. L’un des derniers chapitres nous montre le disciple que Jésus aimait couchant sa tête sur le sein du Maître; Jésus vint tout droit du cœur de Dieu pour rencontrer tout droit le cœur de l’homme. « C’est sur des ailes d’aigle que je vous ai portés vers moi », déclarait le Seigneur dans Exode 19.9. L’objet d’attention du quatrième Évangile est de nous montrer comment le divin Sauveur nous porte « comme sur les ailes de l’aigle » pour nous introduire en la présence du Père. « Père, je veux que ceux que tu m’as donnés soient avec moi là où je suis, qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée; car tu m’aimes dès avant la fondation du monde » (Jn 17.24). Ces mots, dans ce chapitre, nous ramènent en arrière, à l’introduction : « Au commencement était la Parole » (Jn 1.1). Et nos pensées se tournent vers les toutes premières paroles de la Bible unissant la grande œuvre de la création à la glorieuse révélation du Fils de Dieu. « La Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jn 1.3). Jésus est le Créateur et il remplit les besoins de notre vie créée. Il les remplit, en tout premier lieu, en offrant sa personne comme le plus proche et le plus intime ami que l’homme peut avoir.
Les traits principaux du quatrième Évangile sont tracés à partir de ce fait fondamental et ressortent lors des rencontres personnelles avec tel ou tel interlocuteur : les premiers disciples au premier chapitre, Nicodème au troisième, la Samaritaine au quatrième, et encore tant d’autres tout au long de ce livre et jusqu’à la fin, lorsqu’il se révélera à Thomas ou quand il interrogera Pierre « m’aimes-tu? » Il se révélera à chaque rencontre comme l’ami par excellence. L’étroite union du Christ avec son Église est démontrée sous l’image de l’époux (Jn 3.25-29), de l’eau vive, de la vigne et de ses branches (Jn 15), et surtout par la participation à sa chair et à son sang (Jn 6.48-57). Nous voyons cette amitié entre lui et le disciple bien-aimé, et souvent dans l’accueillante maison de Béthanie.
Cela apparaît dans ses discours dits d’adieux, introduits par des termes émouvants : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13.1). « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je vous ai appelés mes amis » (Jn 15.13-15). Cet amour est encore révélé dans ses prières, lorsqu’il désire l’unité des siens avec sa personne. Ainsi, l’amour du Christ pour la personne individuelle, particulière, est infini. L’un des points culminants de la révélation du Fils, et que seul le quatrième Évangile nous démontre dans tout son éclat, est, bien entendu, l’ensemble des discours qui commencent par les mots célèbres « je suis ». Le « je suis » du Christ est la réponse totale, parfaite et suffisante à tous nos besoins d’hommes.
- Je suis le Christ : il répond à notre besoin de Sauveur.
- Je suis le Pain de vie : il satisfait notre faim.
- Je suis la Lumière du monde : il éclaire nos ténèbres.
- Je suis la Porte : il indique la direction de notre maison patrie, à nous autres vagabonds et déracinés.
- Je suis le Bon Berger : il est le secours dans notre détresse.
- Je suis la Résurrection et la Vie : il est l’assurance de notre victoire; ainsi, notre mort sera définitivement écrasée.
- Je suis votre Maître et Seigneur : il montre notre totale dépendance vis-à-vis de lui.
- Je suis la Voie, la Vérité et la Vie : il répond au besoin de salut.
- Je suis le Cep : il indique l’union avec sa personne.
- Je suis Jésus de Nazareth : il indique notre besoin humain d’un Sauveur divin.
Ces mots « je suis » (« ego eimi ») identifient notre Seigneur avec le nom de l’Alliance de l’Ancien Testament, le Yahvé. Les juifs ont très bien compris qu’il réclamait la divinité pour sa personne, car ce fut lorsqu’il déclara « avant qu’Abraham fut, je suis » (Jn 8.58) qu’ils prirent des pierres pour le lapider. La loi tenait une telle déclaration pour un blasphème passible de la peine de mort. L’auteur écrit vers la fin : « Ces choses ont été écrites afin que vous croyez que Jésus est Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie éternelle » (Jn 20.31). Le mot croire apparaît plus de cent fois et le mot témoignage près de cinquante. En commençant par le Baptiste, Jean appelle un témoin après l’autre pour prouver son argument (Jn 5.31-40).
5. Le livre des Actes des apôtres : le Christ ressuscité←⤒🔗
Le cinquième livre historique du Nouveau Testament porte témoignage au Christ ressuscité, monté au ciel et glorifié, qui opère dans la vie de l’Église et celle du monde par l’intermédiaire de son Esprit Saint. Ceci s’applique aussi également aux épîtres; par exemple, la lettre aux Hébreux est un long commentaire des paroles du Seigneur : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance qui est répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés » (Mt 26.28). L’enseignement des épîtres forme un ensemble uni et cohérent. Le grand thème en est le salut par le Christ. Comme les Évangiles, elles ont l’avantage de présenter des aspects différents de l’œuvre de notre Seigneur par des auteurs divers. Il existe une certaine correspondance entre les Évangiles et les épîtres. Jacques nous rappelle Matthieu, plus spécialement le Sermon sur la Montagne. Il existe une affinité entre Paul et son compagnon de voyage et de mission, Luc, dont l’Évangile est de façon tout à fait particulière l’Évangile pour les pécheurs du monde païen. Dans son Évangile, Jean démontre la vie divine se manifestant en la personne du Christ; dans son épître, il démontre la manière dont elle est communiquée et manifestée dans la vie des fidèles.
Le livre des Actes des apôtres pourrait s’appeler, ainsi que nous l’avons déjà écrit, le livre des Actes du Saint-Esprit, ou encore les Actes du Seigneur ressuscité. Luc écrivait dans son Évangile que Jésus « commence ». Il montre qu’il poursuit à la fois son activité et son enseignement, à travers le Saint-Esprit et par l’intermédiaire des disciples. Notre Seigneur promit à ses disciples qu’il leur enverrait l’Esprit. Il tient sa promesse leur envoyant le Saint-Esprit le jour de Pentecôte, en le répandant sur les siens. À partir de ce moment-là, tandis que ses disciples portent témoignage au Sauveur, l’Esprit Saint, lui, porte témoignage dans les cœurs des auditeurs convertis à Jésus-Christ. « Nous sommes témoins de ces choses », déclarera Pierre.
À travers le livre, nous assistons à l’action puissante du Sauveur exalté, qui se sert à présent de ce double témoignage pour rassembler son peuple. Et lui qui a choisi des ouvriers désigne aussi le champ missionnaire. L’Église naissante fut lente à reconnaître l’ordre missionnaire et à quitter les préjugés juifs. Les apôtres ont d’abord limité leur prédication à Jérusalem, jusqu’à ce que la persécution les oblige à se disperser. Le sang versé au martyre d’Étienne fut, en effet, la semence de l’Église. Ce fut l’un des moyens qui préparèrent l’apparition du grand apôtre des gentils : Paul. Ceux qui se dispersèrent allèrent partout proclamant la Parole. Philippe prêcha en Samarie et provoqua un grand rassemblement. Ainsi, Césarée, Phénicie, Chypre, Antioche et Damas entendirent la Parole. L’intervention directe du Sauveur ressuscité se perçut dans l’admission directe des gentils dans son Église. Le Seigneur de la mission se servit de Pierre pour ouvrir la porte de l’Église aux juifs le jour de la Pentecôte et aux gentils dans la maison de Corneille. Le « pouvoir des clés » devenait une réalité.
Le Seigneur ressuscité apparut aussi à Saul de Tarse, pour faire de lui « un ministre et un témoin » et pour l’envoyer au loin. À chacun de ses trois grands voyages missionnaires, il lui fit connaître sa volonté avec toute la clarté nécessaire. Pierre devint l’apôtre des dispersés israélites et Paul celui des païens. Luc traite du travail missionnaire de Paul et montre que c’est lui et non Matthias que nous devons chercher parmi « les douze apôtres de l’Agneau » (Ap 21.14). Le livre s’ouvre avec la prédication de l’Évangile à Jérusalem, le grand centre de la nation juive. Il conclut avec la prédication à Rome, le grand centre païen de la puissance mondiale. Le livre des Actes peut admirablement servir de guide missionnaire. Il donne le motif véritable des meilleurs plans missionnaires de travail ainsi que des sources de puissance chrétienne.
L’Esprit du Ressuscité a permis à l’Église de poursuivre un programme bien défini en cherchant de grands centres de radiation culturelle ou religieuse pour y opérer, d’où son influence pourrait s’exercer sur les environs : Jérusalem, Samarie, Antioche, Chypre, Iconium, Lystre, Derbe, Philippe, Thessalonique, Bérée, Athènes, Corinthe, Éphèse et finalement Rome. Méthodes simples, directes, mais qui ont réussi. Les premiers chrétiens se savaient entièrement dépendants du Dieu vivant. Leur zèle était inépuisable et leur courage indomptable. Leur seul objectif : amener les hommes à la connaissance du salut par le Christ dont la personne était le thème de leur proclamation, et la Parole leur arme efficace. Partout et toujours, le Christ sera au centre de leur proclamation et le Saint-Esprit leur puissance en vue de la prédication et du service chrétien.
Note
1. Voir mon article intitulé Les sources non bibliques attestant la vie de Jésus.