Connaissance de l'islam - Conclusion sur la doctrine musulmane de Dieu
Connaissance de l'islam - Conclusion sur la doctrine musulmane de Dieu
Que conclure de cette investigation plutôt sommaire de la doctrine musulmane sur la personne d’Allah? Le Coran a-t-il raison d’affirmer : « votre Dieu et le nôtre sont le même »? En réalité, l’idée de Mahomet est inadéquate, incomplète, stérile et dangereusement déformée, même si certains traits de la révélation biblique s’y retrouvent. Elle est infiniment inférieure à l’idée chrétienne, autant qu’à celle de l’Ancien Testament. Le livre de Job à lui seul offre des descriptions plus glorieuses de la personnalité de Dieu, de son unité, de sa puissance et de sa sainteté que ne le font toutes les sourates du Coran. La paternité de Dieu est déjà présente sur les pages de l’Ancien Testament, mais totalement absente du Coran.
L’étude comparative des religions devra comporter un critère d’appréciation supérieur, critère qui, pour le chrétien, ne peut être que celui de l’Évangile. L’islam, lui aussi, cherche la comparaison d’après ce même critère. Ici même, nous ne traitons pas du monothéisme de la pensée grecque, qui a pris naissance avec Platon et Aristote bien avant l’apparition du Christ, mais du monothéisme qui vit le jour six siècles après l’avènement du Christ. Cette idée prétend être une amélioration par rapport à celle des Évangiles, ou encore une réaffirmation de l’idée chrétienne. Aussi allons-nous, d’après l’avis même de l’islam, évaluer notre conception de Dieu selon les lumières de l’Évangile.
Jésus-Christ a déclaré que nul ne peut connaître Dieu si ce n’est par le Fils. Il est le rayonnement de la gloire du Père, l’image exacte de son essence. Celui qui a vu Jésus a vu le Père. En niant la déité du Christ, Mahomet nie également que celui-ci soit venu pour une mission unique et transcendante, celle de « nous montrer le Père ». Au lieu de parvenir à sa théologie à travers la pensée du Christ, telle qu’elle se révèle dans les Évangiles et qu’elle est développée par l’enseignement du Saint-Esprit dans les épîtres, Mahomet a régressé vers une théologie naturelle. Il ne s’est pas servi ou n’a pas voulu se servir du canal de la connaissance ouvert par l’incarnation. Au lieu d’apprendre de celui qui est descendu du ciel, Mahomet déclare que lui-même est monté au ciel pour entrer en rapport avec Dieu (sourate 17.2 et commentaires).
Qu’on tienne ce voyage nocturne du prophète pour un rêve ou pour une vision, comme c’est le cas chez la majorité des musulmans, ou pour une réalité physique, cela a peu d’importance. Le Coran et la tradition orthodoxe ne laissent planer aucun doute que Mahomet ait donné cette idée de lui-même et qu’il ait souvent déclaré avoir eu une conversation avec les anges et les prophètes aussi bien qu’avec Dieu en personne dans le paradis.
Le récit de ce voyage nocturne, tel qu’il est rapporté dans la tradition et largement admis, est aussi puéril que blasphématoire. L’histoire n’ajoute rien à la somme théologique contenue dans le Coran. La description du ciel de Mahomet est empruntée au Talmud. Nous concluons par conséquent que le monothéisme musulman, même si on pouvait lui trouver des éléments positifs, manque aussi bien d’éléments chrétiens que ceux propres à l’Ancien Testament.
Il n’y a pas de paternité de Dieu. Cette théologie exclut toute relation filiale de l’homme avec la divinité. La crainte musulmane de Dieu n’est pas « le commencement de la sagesse ». Allah n’inspire qu’une crainte servile et non filiale. Personne ne s’approche de lui si ce n’est en esclave. Là où il n’existe pas de paternité divine, il ne peut exister de fraternité entre les hommes. L’islam est une fraternité des croyants adeptes de son dogme, excluant tout sentiment humain envers ceux qui ne sont pas de son rang. Assurément, c’est ce trait-là qui caractérise l’islam et explique son fanatisme et son immense orgueil. Le déni de la paternité divine le transforme en une abstraction désolante. La contemplation même d’une si stérile déité laisse la certitude que nous sommes des enfants orphelins dans un monde sans patrie.
L’idée musulmane de Dieu est atrocement étrangère à l’amour divin. Cela apparaît dans l’examen des attributs de Dieu. Mais en collectant certains fragments précieux de cette idée du Coran, un autre point ressort encore. Quelle que soit l’idée musulmane de la miséricorde divine, l’amour ou la bonté n’a de référence que par rapport à ce qui est externe à Dieu. Or, dans la Bible, l’amour n’est pas un simple attribut de la divinité, puisque Dieu en personne est amour. Son amour ne se manifeste pas simplement de la Genèse à l’Apocalypse, mais existe depuis toute éternité (Jr 31.3; Jn 3.16; 17.24; Ép 1.4; Ap 13.8). L’amour qui fait de Dieu « l’immanent » est essentiel et donne un sens totalement nouveau et une actualité à la religion, quoique la pensée n’est pas forcée de recevoir le monothéisme comme l’apothéose d’une volonté toute-puissante ou une idée impersonnelle de la pure raison.
Notons que le mysticisme musulman fut une révolte contre la doctrine orthodoxe d’Allah. Le cœur humain aspire à un Dieu qui aime; un Dieu personnel qui a choisi d’établir une relation d’affection avec l’humanité. Un Dieu vivant qui est touché du sentiment de nos infirmités et qui entend et exauce nos prières, un tel Dieu, le Coran ne nous le révèle pas. Un être qui est incapable d’aimer ne peut, à son tour, être aimé. Le témoignage le plus criant de ce défaut dans la conception orthodoxe de Dieu se trouve dans le fait que la poésie enflammée de la piété des soufis est rejetée comme une hérésie. Allah est trop riche et trop orgueilleux, trop indépendant aussi pour avoir besoin ou pour désirer le tribut d’honneur des humains. L’islam apparaît donc comme une croyance totalement dépourvue de la notion et de la pratique de l’amour. L’enseignement biblique selon lequel Dieu est amour n’est que blasphème aux oreilles musulmanes, aussi bien cultivées qu’ignorantes. L’islam orthodoxe est une religion qui ne possède pas d’hymne. Où sont dans le Coran ou dans les volumes contenant la tradition les psaumes exprimant une profonde piété, les hymnes d’aspiration spirituelle comme ceux de l’Ancien Testament?
Le Coran ne contient pas davantage de préceptes d’amour envers l’ennemi. Il ne reconnaît ni de bienveillance universelle ni de tolérance envers autrui (sourate 9.29). Que cet élément vital, celui de l’amour, fasse défaut dans l’idée de Dieu explique que, contrairement à la Bible chrétienne, le Coran ait si peu à dire au sujet des petits enfants. Le royaume de Mahomet ne leur appartient pas.
Allah est simultanément absolu et éternellement juste. Il est possible, ainsi que prétendent d’aucuns, que dans l’Église occidentale on ait accentué excessivement l’aspect forensique et juridique de la sainteté et de la justice de Dieu. Mais autant que la Bible, la conscience humaine elle aussi a souligné, au cours de tous les âges, cet aspect ou cette dimension de la vérité. Elle est présente dans le théisme grec. La Bible n’est pas seule à affirmer que le Juge de toute la terre doit être juste. La justice et le jugement sont son habitation et son trône. Il est impossible à Dieu de mentir. C’est pourquoi il n’innocentera pas le coupable. L’âme qui pèche doit mourir. Le Calvaire avec toute son horreur ne peut s’expliquer qu’en termes de justice et d’amour divin. Les termes mêmes de Paul soulignent fortement cet aspect de la rédemption : « Il a voulu montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être juste, tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Rm 3.26).
Du fait que l’islam nie la doctrine de l’expiation et minimise le caractère abominable du péché, il n’est pas surprenant que la justice de Dieu n’y trouve plus de place prééminente. Au contraire, elle s’y présente déformée sous les traits de la faiblesse divine.
Dans l’islam, la loi de Dieu n’est pas l’expression de sa nature morale, mais de sa volonté arbitraire. Sa parole peut être abrogée. Ses commandements sont sujets à des changements et à des améliorations. Un témoignage est rendu à ce fait par les musulmans eux-mêmes dans leurs tentatives de prouver que tous les prophètes étaient impeccables et que leurs transgressions de la loi morale rapportée par le Coran n’ont jamais été des péchés, mais la permission de commettre de légères fautes, ou encore des fautes dues à l’oubli!
Une totale absence d’harmonie caractérise les attributs divins. Raymond Lull, le premier missionnaire chrétien parmi les musulmans, l’avait déjà signalé :
« Tout homme avisé devrait reconnaître que, pour se prouver comme la religion véritable, il ne suffit pas d’attribuer à l’Être suprême la plus grande perfection, mais encore de l’affirmer en établissant l’harmonie propre entre ses divers attributs. »
L’islam est une religion imparfaite du fait qu’à sa connaissance manquent deux principes actifs; si elle admet la volonté et la sagesse, elle ignore la bonté et l’amour divins, parce que ces qualités-là sont conçues comme une indolence non opérante et non active. On ne reprochera pas à la foi chrétienne un tel défaut. Dans sa doctrine de la Trinité, elle accorde la conception la plus élevée de la divinité comme Père, Fils et Saint-Esprit, trois personnes d’une même essence. Dans l’incarnation du Fils s’établit et se reconnaît l’harmonie entre la bonté de Dieu et sa grandeur. En la personne du Christ se voit l’union véritable du Créateur et de la créature. Sa passion révèle l’harmonie divine entre l’infinie bonté et sa condescendance.
Cette constatation est aussi vraie actuellement qu’elle le fut il y a plus de 17 siècles. Dans la théologie islamique, la bonté, la miséricorde et la vérité ne peuvent se rencontrer, la justice et la paix ne s’embrassent pas. La seule manière selon laquelle Allah peut pardonner à un pécheur consiste à abroger sa loi ou passer outre la coulpe sans lui infliger de châtiment. Il n’y a pas de substitut ni de médiateur, donc point d’expiation. Aussi, la loi de la lettre, avec toute sa terreur, et l’enfer physique cherchant sans cesse à s’alimenter de victimes ouvrent une perspective qui terrorise littéralement le musulman et le réduit à un état d’esclavage religieux permanent. Dans la religion biblique, la loi n’est pas abolie, mais accomplie en Christ. Le Christ a effacé les ordonnances qui étaient contre nous. La croix est le chaînon manquant de la religion musulmane. Sans la doctrine de la croix, il n’existe aucune unité possible entre la doctrine de l’Être de Dieu et ses attributs divins. Or, la clé du mystère de la divinité se trouve simplement en la rédemption qui ouvre tous les autres mystères de la théologie.
Nous devons cependant faire un pas de plus. Non seulement l’idée musulmane de Dieu manque dans ces quatre idées importantes et essentielles de la théologie chrétienne, mais son insuffisance est évidente dans ses résultats. L’influence d’un tel enseignement relatif à Dieu et de sa relation avec le monde est évidente partout dans les pays musulmans. L’actuelle condition intellectuelle, sociale et morale de ces pays est due soit au pouvoir que leur religion y exerce, soit à son impotence.
Selon Zwemer, ceci est très accentué notamment en Arabie (où il fut pendant très longtemps missionnaire), pays qui n’a pas de contact avec la foi chrétienne, même pas avec une forme dégénérée de celle-ci. En général, on peut parler d’un état moral lamentable : esclavage, traite d’êtres humains, concubinage, polygamie, divorce sont des pratiques courantes. La conscience morale semble entièrement pétrifiée, le légalisme est la forme absolue du culte et toute vertu reconnue doit être la réplique de celle du prophète. Intellectuellement, en Arabie, il existe peu de progrès, écrivait Zwemer il y a un demi-siècle, et on ne le contredira pas aujourd’hui, sauf que les pétrodollars y affluent autant que le flot de l’or noir. Les Bédouins sont des illettrés. Le fatalisme a barré le chemin à tout progrès. L’injustice est acceptée stoïquement. Nul ne porte le fardeau d’autrui, l’esprit public fait tragiquement défaut, la tricherie et le meurtre conduisent vers des mini-trônes, la cruauté est monnaie courante, le mensonge a atteint un raffinement extraordinaire, le vol est hissé au degré d’une science perfectionnée. Si la religion islamique avait pu compter des éléments de salut et de progrès pour ses dévots, l’Arabie aurait assurément témoigné de tout autres résultats.
Un courant ne peut monter plus haut que sa source. L’islam n’a pas de conception éthique élevée ni de concept de sainteté comme c’est le cas dans la foi chrétienne. La vie du prophète passe pour être le modèle éthique suprême de tout croyant. Être aussi bon que lui est en conséquence l’idéal de tout véritable musulman.
Le Christ, quant à lui, est monté à un degré insurpassable. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », déclare-t-il (Mt 5.48). De son côté, l’apôtre Paul exhorte et encourage à l’imitation même de Dieu. Mais on ne peut imiter Allah, il n’a pas d’enfants, il est unique, rien ne lui est semblable.
La foi en la Trinité est par conséquent capitale pour l’éthique. Un soi-disant monothéisme dégénérera immanquablement en panthéisme s’il n’est pas trinitaire, que ce soit chez les juifs, chez les musulmans, voire chez des chrétiens.
Il est évident que notre étude de la doctrine musulmane de Dieu a cherché à montrer que celle-ci est entièrement stérile. Elle n’a pas connu de croissance et, au cours de l’histoire, elle n’a porté aucun fruit pour élaborer de nouvelles idées. La doctrine chrétienne, elle, en commençant avec l’Ancien Testament qui révèle l’Éternel, a été interprétée dans sa complétude par l’incarnation, développée en doctrine par l’enseignement apostolique sous l’inspiration du Saint-Esprit et, enfin, systématisée lors des conflits avec les hérésies et les philosophies adverses. À ce jour, elle est toujours et encore un concept qui fait croître des idées fertiles.
L’islam est fier d’écrire sur sa bannière l’unité de Dieu, mais on constatera sans délai que ce dieu-là est le dieu inconnu! La foi chrétienne, elle, pénètre tous les continents sous la bannière de la Trinité du Dieu révélé. Ces deux bannières-là sont portées par deux armées différentes. Elles ne sauraient coexister pacifiquement. Aucun parlement des religions universelles ne réconciliera une divergence aussi fondamentalement radicale, aussi irréductible. Nous devons ou bien aller à l’assaut et remporter la victoire, ou bien nous laisser écraser et anéantir. Dès son origine et dans ses premiers brefs articles, l’islam apparaît comme un système religieux totalement anti-chrétien. Ceci ne signifie pas que notre mission auprès d’eux est sans espoir. La révélation de la Trinité biblique est supérieure au monothéisme musulman, comme le Christ est supérieur à Mahomet. Il n’y a pas d’autre Dieu que celui qui se révèle dans l’incarnation de Jésus-Christ et dont l’Écriture sainte, la Bible chrétienne, rend témoignage.
C’est lui que nous ferons connaître au musulman. Si le monde islamique pouvait reconnaître la paternité divine, il reconnaîtrait aussitôt la fraternité humaine. Quelle actualité et quelle pertinence qu’une telle proclamation pour la vie à la fois sociale, politique et internationale!