Démonologie du Nouveau Testament - La génération sous Satan
Démonologie du Nouveau Testament - La génération sous Satan
D’après Jésus, le mal est général à cause de la présence de Satan, et tous les hommes, indépendamment de l’état de leur santé, sont les victimes des agissements de l’adversaire. Celui-ci se comporte encore, bien que pour peu de temps, comme le prince de ce monde, dont il a fait sa forteresse. C’est pourquoi il prétend être en mesure d’offrir tous les royaumes du monde à Jésus. Le mal est universel; ses limites ne sont pas confinées aux seules maladies physiques et au désordre de la nature.
Dans Matthieu 12.34, nous lisons une expression très forte que Jésus utilise pour désigner ses contemporains : « race de vipères » ou « génération de vipères ». Elle fait partie de son discours consacré à la force du royaume de Satan. Il n’exprimait pas une simple indignation morale; le contexte montre qu’il était profondément touché et attristé de l’état dans lequel se trouvaient ceux rencontrés sur son passage. Une controverse au sujet de Béelzébul avait précédé de peu cette parole. Jésus avait posé la question : « Comment pouvez-vous parler de bonnes choses quand vous êtes mauvais de cœur? » La sévérité de ces paroles laisse toutefois percer une nuance de tristesse, car la génération présente se trouve placée sous la domination de l’esprit malin. Si elle est condamnée, la raison en est que cette génération de Juifs incrédules ne discernait pas en Jésus la présence du Royaume. Il ne lui sera donc accordé qu’un seul signe, celui de Jonas. Le fait de chasser un démon n’allège pas la lourde oppression démoniaque qui pèse sur l’humanité; les exorcismes individuels ne sont pas encore la victoire décisive. À moins d’une repentance réelle, cette génération, dans sa totalité, sera définitivement et irrémédiablement asservie à l’esprit du mal.
Le récit de la controverse au sujet de Béelzébul (Mt 12.22-30) illustre le fait que Jésus considérait son ministère d’exorcisme comme une victoire réelle sur le démon. Il admet que d’autres sont capables d’exorciser, mais lui, il opère avec l’Esprit, avec le doigt de Dieu, ce qui n’est pas le cas des autres. D’après Matthieu 7.22-23 et 12.30, même des ouvriers d’iniquité peuvent chasser des démons.
Le récit de la guérison de l’enfant lunatique (Mt 17.14-21; Mc 9.14-29; Lc 9.37-43) témoigne de la tristesse de Jésus devant le pouvoir du démon. Cette tristesse est provoquée moins par l’incapacité de ses disciples à accomplir un miracle que par la constatation de la formidable puissance de l’adversaire dans la vie ordinaire de cette génération, responsable cependant du pouvoir qu’il détient sur elle.
En dernière analyse, d’où vient le pouvoir de Satan? Il serait tentant de penser que Dieu, ayant abdiqué son pouvoir, abandonne à Satan une autorité quasi illimitée, comme si l’univers lui appartenait. Ceci est impensable, car comme nous l’avons constaté, Dieu est réellement et effectivement le Souverain absolu. Si Satan a usurpé la création, Dieu continue à la contrôler et à veiller sur elle; c’est lui-même qui accorde à l’adversaire des pouvoirs qui, même étendus, restent étroitement surveillés, voire limités. S’il est évident que le monde, théâtre du mal, est corrompu, la providence divine y est sans cesse à l’œuvre pour le soutenir, le gouverner et le conduire jusqu’à sa destinée finale, son accomplissement eschatologique.
Dieu nourrit même les oiseaux du ciel; aucun passereau, sans valeur aux yeux des hommes, ne tombe à terre sans sa volonté. (On a cherché à démontrer que, d’après l’araméen, Jésus aurait pensé non à la mort des oiseaux, mais à leur atterrissage… Ainsi, chaque fois qu’un oiseau se pose à terre, Dieu en prend soin). Dieu revêt les lys des champs. Aucun cheveu ne tombe de notre tête sans qu’il en ait connaissance.
Le discours de Jésus ne laisse pas dans l’ombre l’activité providentielle divine. L’univers n’est pas hors de la portée et du contrôle de son Créateur et Libérateur. Si Satan a un vaste champ d’action devant lui, il n’en reste pas moins qu’il n’est pas illimité; son pouvoir n’est toléré que provisoirement. Le Maître véritable de toutes choses veille et dirige leur cours, même si, aux yeux incrédules, il peut paraître passif et inactif.