D'abord diriger sa propre maison
D'abord diriger sa propre maison
« Il faut donc que l’évêque […] dirige bien sa propre maison et qu’il tienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite dignité. »
1 Timothée 3.4
« Il faut que l’épiscope [l’ancien] dirige bien sa propre maison et qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté; car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? » (1 Tm 3.4-5).
Nous nous garderons bien d’oublier ou même de négliger une telle parole1.
Nous observons que la tâche pastorale dans la maison associe les verbes « diriger » et « prendre soin ». Il s’agit de veiller, de protéger, mais aussi d’administrer, de gouverner. Le verbe « diriger » (utilisé deux fois dans ce verset) est lui aussi compris dans la responsabilité de paître, c’est-à-dire de pourvoir en vue de protéger et de faire croître. Le verbe proïstêmi peut être traduit par gouverner, c’est-à-dire donner la direction (avec le gouvernail). Ce verbe inclut l’exercice d’une autorité, se tenant à la tête (1 Th 5.12). En d’autres termes, il s’agit d’exercer une direction. La soumission (upotaguê) des enfants en est un des fruits, soumission non pas contrainte, mais convaincue, comme le dit le mot semnotês qui peut être traduit par dignité, honorabilité : il ne s’agit pas d’une soumission, mais d’une soumission « comme au Seigneur », selon Éphésiens 6.1.
Nous ne devons jamais considérer les chrétiens comme des enfants; cependant, il est évident que la charge pastorale ressemble à maints égards à la charge parentale — à moins que ce soit le contraire. Calvin, en effet, a écrit que les parents devaient gouverner leur maison « comme de petites Églises. Les parents sont les pasteurs de leurs enfants. » De même, la similitude entre l’attitude du disciple et celle de l’enfant est grande : dépendance, écoute, obéissance, en vue de devenir adulte.
Il en ressort que la vie de la maison éclaire la vie de l’Église locale, et inversement. Dans les deux cas, ce n’est pas seulement une partie de la vie qui est concernée, mais bien toute la vie, dans tous ses aspects.
Beaucoup de problèmes difficiles (ou impossibles) à résoudre dans la vie des Églises ont leur source dans les maisons. C’est là que la lumière, la confession, la guérison et l’obéissance doivent se vivre en premier lieu. Cela se répercutera dans l’Église ensuite, nécessairement. L’inverse, malheureusement, est moins évident.
Ainsi, le premier lieu pour écouter la Parole de Dieu, pour prier (Mt 6.6), pour demander pardon et pardonner, pour obéir, pour recevoir et discerner les dons, pour apprendre à servir avec la force et les dons que l’on a reçus, à partager (en parole ou en acte), à persévérer, à exercer l’hospitalité, etc. ce n’est pas l’Église, c’est la maison. En réalité, nous venons de décrire la vie normale de l’Église. Pour ce qui est de la tâche des conducteurs (pasteurs et anciens), cela signifie qu’une de leurs priorités est d’aider les parents à assumer leur propre rôle de nature pastorale, dans les maisons.
En d’autres termes, il y a un ordre de priorité qui désigne le cœur, puis la maison, puis l’Église, puis la cité. Cela va aussi nous aider à poser les bonnes questions pour passer de la doctrine à la pratique pastorale.
Note
1 Cette question est traitée plus en détail dans le cours Pastorale de la famille.