Cette prédication sur Deutéronome 4.32-40 a pour sujet les leçons apprises dans le passé qui nous enseignent des principes permanents malgré le progrès, et qui nous renvoient à l'amour que Dieu avait pour nos pères dans la foi.

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Deutéronome 4 - Interroge les temps anciens

« Informe-toi des jours d’autrefois qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre, et d’une extrémité du ciel à l’autre : y eut-il jamais si grand événement et a-t-on jamais entendu chose semblable? Un peuple a-t-il jamais entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l’as entendue, en restant en vie? Un Dieu a-t-il jamais essayé de venir prendre pour lui une nation du sein d’une autre nation, au moyen d’épreuves, de signes, de prodiges et de combats, à main forte et à bras étendu, et avec des interventions très redoutables, comme tout ce qu’a fait pour vous l’Éternel, votre Dieu, en Égypte sous tes yeux? Tu as donc été éclairé, pour reconnaître que l’Éternel est Dieu, qu’il n’y en a point d’autre que lui. Du ciel, il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire; sur la terre, il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu. Il a aimé tes pères et choisi leur descendance après eux; c’est pourquoi il t’a fait lui-même sortir d’Égypte par sa grande puissance; il a dépossédé devant toi des nations plus grandes et plus fortes que toi, pour te faire entrer dans leur pays, pour te le donner en héritage, comme tu le vois aujourd’hui. Tu reconnaîtras donc en ce jour et tu retiendras dans ton cœur que l’Éternel est Dieu, dans les cieux, là-haut, et sur terre, ici-bas, et qu’il n’y en a point d’autre, et tu observeras ses prescriptions et ses commandements que je te donne aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes fils après toi, et que tu prolonges tes jours sur le territoire que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour toujours. »

Deutéronome 4.32-40

  1. Interroge les temps anciens
  2. Des épreuves, des signes, des miracles, des combats
  3. Il a aimé tes pères et a choisi leur postérité après eux

Mon message comprend trois parties, et dans chacune d’elles, je pointerai une dérive, une sorte d’hérésie que nous devons éviter.

1. Interroge les temps anciens🔗

Deutéronome chapitre 4, pour nous ce sont des temps anciens! Mais déjà, Moïse dit : « Interroge les temps anciens! » (Dt 4.32). Cela signifie-t-il que c’était mieux avant? Je ne crois pas. L’intention est bel et bien d’avancer. Notre passage se termine ainsi : « afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi, et que tu prolonges tes jours » (Dt 4.40).

Pourquoi Moïse dit-il : « Interroge les temps anciens », alors que ce qu’ils sont en train de vivre à ce moment même est extrêmement important et dense (voir Dt 5)? C’est parce que les leçons apprises dans le passé — qu’elles aient été heureuses ou difficiles — renvoient à des principes qui sont des principes permanents qu’il faut bien se garder d’oublier.

En disant cela, nous nous démarquons de la pensée progressiste très répandue aujourd’hui, qui veut que les principes de vie évoluent avec le temps, avec les circonstances, avec les progrès de la connaissance, les progrès techniques, etc.

La Bible ne nie pas qu’il puisse y avoir un progrès par le travail des hommes, et en un sens, cela aussi vient de Dieu. Mais les progrès, aussi importants soient-ils, peuvent-ils changer les principes fondateurs inscrits dès la création, les réalités spirituelles, morales et même physiques? Non; ces principes ont un caractère permanent. Ils sont non seulement inscrits dans le cœur de Dieu (Ps 119.89), mais ils sont également observables dans le cours des événements pour qui veut bien les voir (Ps 119.90-91; Ps 19.2; Rm 1.20). Les observer et les retenir, c’est une grande partie de ce que la Bible appelle l’intelligence.

Distinguer ce qui peut évoluer et ce qui ne peut pas évoluer, ce qui est culturel ou sentimental et ce qui est spirituel…, cela est vraiment capital pour nous diriger dans la vie. Pensons à la question du mariage, par exemple. Est-ce que nos enfants peuvent acquérir ce réflexe? Attention, ils entendront que tout est en évolution, qu’il n’y a pas de vérité universelle, que le religieux est cantonné à la sphère privée…

« Frères, je ne veux pas que vous ignoriez… », dit Paul. « Ces choses leur sont arrivées pour nous servir d’exemple, et elles ont été écrites pour notre instruction » (1 Co 10.1, 11). Est-ce pour rester figés? Non! C’est pour éviter d’agir comme les insensés, de tomber dans les pièges, de se retrouver confus. « Afin que tu sois heureux, toi et tes enfants, et que tu prolonges tes jours » (Dt 4.40). « Combien j’aime ta loi! Elle est tout le jour l’objet de ma méditation. Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis, car je les ai toujours avec moi » (Ps 119.97-98).

2. Des épreuves, des signes, des miracles, des combats🔗

La seconde mention que je retiens se trouve au verset 34 où sont mentionnés « les épreuves, les signes, les miracles, les combats ». Et là, ce n’est pas contre le progressisme que nous sommes mis en garde, mais contre ce que j’appelle « l’évangile des mots positifs ».

Sous le prétexte que le mot « évangile » signifie « bonne nouvelle », la tentation pour beaucoup aujourd’hui est de considérer comme fidèle à l’Évangile tout ce qui résonne positivement aux oreilles. L’acceptation de l’autre, l’amour inconditionnel, le vivre ensemble, l’ouverture à la différence, le non-jugement… Ce sont certes des choses positives. Mais est-ce que c’est l’Évangile? Certains pensent que c’est comme cela qu’on va attirer les gens du dehors, les jeunes en particulier… Est-ce sérieux?

Attention : mon intention n’est pas de défendre la pensée inverse, qui voudrait que l’on soit en opposition systématique à tout ce qui se fait : plus on serait dans l’incantation dramatique, plus on serait proche de la vérité. Ce n’est pas juste non plus.

Voilà pourquoi ce verset a retenu mon attention : Dieu est venu nous « prendre à lui (!) du milieu des nations par des épreuves, des signes, des miracles, des combats » (Dt 4.34). Ce n’est ni une surenchère de termes dramatiques (avec la fascination morbide que cela peut susciter — on pense à la mouvance terroriste, bien sûr) — ni une surenchère de termes positifs, comme si le fait de prononcer des formules positives suffisait pour une bonne communication, sur le mode de la séduction1

Dans cette énumération, on reconnaît le réalisme de la Bible : elle dit la vérité, elle dit la réalité2. Quand Dieu se révèle, il nous brise et il nous relève. Les deux! Il nous dépouille et il nous enrichit. Les deux! Il nous fait trembler et il nous console3… La bonté de Dieu remplit la terre; mais Dieu est aussi grand et redoutable. Jésus ne mettra pas dehors celui qui vient à lui; mais il nous appelle à nous repentir si nous voulons avoir part à la vie nouvelle.

Nous pouvons par exemple nous demander : comment prions-nous? Nous avons raison de demander à Dieu de nous garder, de nous bénir et de nous rendre heureux. Mais est-ce là toute notre prière? Et cela peut-il se faire sans épreuves, sans émondage (Jn 15.2)? Le bonheur est-il le but principal du chrétien? C’est plutôt un fruit qui accompagne d’autres fruits comme la fidélité et la persévérance.

Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que nous n’excluons rien : ni les miracles ni les combats, ni la joie ni les larmes, ni de vivre pour Christ ni de mourir pour lui, s’il le fallait. Dietrich Bonhoeffer a écrit : « Lorsque Dieu appelle un homme, il l’invite à venir mourir. » « Ne priez pas pour que j’aille mieux », m’a dit un jour un chrétien âgé, « priez pour que je sois fidèle. »

3. Il a aimé tes pères et a choisi leur postérité après eux🔗

Certains, vous le savez, sont tentés de voir le Dieu de l’Ancien Testament comme un Dieu saint et redoutable, tandis que celui du Nouveau Testament serait devenu tolérant et bon. Ce n’est pas très sérieux, et j’espère que nous avons tous dépassé cette méchante caricature.

« Il a aimé tes pères et a choisi leur postérité après eux », dit Moïse à Israël (Dt 4.37). Quelle information incroyable! C’est une parole que nous pouvons entendre, nous aussi en tant que chrétiens. Nous avons des pères en la foi (beaucoup de pères et de mères en la foi) qui nous ont précédés, qui ont été aimés de Dieu. Remarquez qu’il n’est pas dit qu’ils ont aimé Dieu, mais qu’ils ont été aimés de Dieu.

J’ai été frappé par ces deux verbes : aimés et choisis! Les deux mots vont ensemble. « Il a aimé tes pères et a choisi leur postérité après eux. » Souvenons-nous des paroles de Jésus : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi » (Jn 15.16). « Et leur postérité après eux. » « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Il faut que je les amène, et elles entendront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger » (Jn 10.14-16).

« Il a aimé tes pères et a choisi leur postérité après eux. » C’est encore vrai aujourd’hui. Nous en sommes et les témoins et les bénéficiaires!

Certains pensent que dans sa toute-puissance, Dieu sait à l’avance qui croira en lui. Cela est vrai; c’est la prescience de Dieu. Mais en réalité, il y a plus que cela. Paul dit : « ceux que Dieu a connus d’avance » (Rm 8.29). Ce sont eux qu’il a connus! Et connaître, c’est beaucoup plus que savoir! En réalité, ceux que Dieu connaît déjà lui appartiennent déjà. « Ils étaient à toi, tu me les as donnés » (Jn 17.6). L’amour de Dieu pour son peuple est un amour électif. « Il a aimé tes pères et choisi leur postérité. »

Avec ce troisième point, il y a encore une dimension apologétique dans mon message, c’est-à-dire de défense de la foi par rapport aux modèles erronés. Je pense à la notion d’amour inconditionnel tellement en vogue aujourd’hui, qui tient pour acquis que Dieu aime tous les hommes de manière indistincte. Où cela est-il écrit? Dieu, il est vrai, use de patience envers tous les hommes, il use de bonté envers eux, il nourrit tout ce qui vit. Cela est vrai et très important. Mais l’amour de Dieu, en vérité, est pour son Fils Jésus-Christ et pour ceux qui lui appartiennent (Rm 8.30).

Le verbe « aimer », dans la Bible, est toujours en lien avec cette appartenance. L’apôtre Pierre le dit ainsi : « Honorez tout le monde, aimez les frères » (1 Pi 2.17). Honorer, c’est beaucoup, cela implique beaucoup de choses. Mais aimer est pour les frères et sœurs, c’est-à-dire pour Christ : c’est le même amour!

Quand j’aime mon frère ou ma sœur chrétiens, c’est Christ que j’aime au travers de lui, et c’est Christ qui l’aime au travers de moi.

C’est grand!

Notes

1. Pratiquement chaque strophe des cantiques d’autrefois mentionnait les jours d’épreuve, de tempête, d’adversité…

2. Quand il fallait faire une piqûre à un de nos enfants, mon épouse ne disait pas : Cela ne fait pas mal. Elle disait : Cela fait un peu mal, et ça passe très vite. Ainsi, les enfants savaient qu’elle ne mentait jamais.

3« Il fait la plaie, et il la bande; il blesse, et sa main guérit » (Jb 5.18).