La doctrine de l'Écriture (3) - La Bible et sa transmission
La doctrine de l'Écriture (3) - La Bible et sa transmission
1. La Bible, Écriture sainte⤒🔗
Le mot Bible vient du grec « biblion » et signifie livre. Dans l’usage chrétien, il est venu à désigner le recueil de 66 écrits, de longueur inégale, qui constituent notre Écriture sainte. En ce sens, la Bible est pour le chrétien le livre par excellence. Écrite en deux langues classiques, l’hébreu (et quelques brefs fragments en araméen) pour l’Ancien Testament et le grec « koinè » (langue vernaculaire en usage autour du bassin méditerranéen), elle est traduite en plusieurs milliers de langues ou de dialectes en usage dans le monde. Elle se divise en deux grandes parties : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.
La première comprend trente-neuf écrits, divisée en quatre parties principales :
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Le Pentateuque contient les cinq premiers livres, attribués à Moïse.
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Les livres historiques, au nombre de douze, relatant l’histoire du peuple d’Israël, dans sa relation « religieuse » et son existence dans l’Alliance conclue avec Dieu.
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Les livres poétiques, au nombre de cinq, appelés aussi « saints », sont un recueil de prières, de cantiques, des textes liturgiques et de sagesse religieuse du peuple de l’Ancienne Alliance (dans le recueil original hébreu, d’autres livres « historiques » ou « prophétiques » font partie de ces « ketubim »).
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Enfin, les livres prophétiques, au nombre de dix-sept, contiennent les discours-messages, l’appel à la repentance et la confiance des prophètes qui ont annoncé les oracles de Dieu, et sont restés les témoins fidèles de l’Alliance de grâce au milieu d’un peuple incrédule et apostat1.
La seconde partie a été écrite en grec; elle contient vingt-sept livres :
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Les Évangiles, au nombre de quatre, relatent la naissance, le ministère, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Les trois premiers sont appelés « synoptiques », car ils ont un même point de vue et une approche historique identique du ministère du Sauveur. Le quatrième Évangile, bien qu’il ait un fondement historique aussi indiscutable que les trois premiers, transporte le lecteur vers une sphère spirituelle différente.
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Le livre des Actes des apôtres est le récit du ministère des disciples et des apôtres et celui de la naissance et du développement de l’Église primitive.
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Les épîtres sont des lettres adressées par des apôtres, soit à des communautés naissantes, soit à des particuliers.
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Enfin, le livre de l’Apocalypse de Jean est le seul livre prophétique du Nouveau Testament2.
Le Nouveau Testament a été composé après l’ascension de Jésus-Christ, et les premiers écrits ont sans douter été rédigés à partir de l’an 44 de notre ère. Durant le ministère terrestre de Jésus-Christ, l’Ancien Testament, livre saint d’Israël, était la Bible officielle et canonique du peuple de l’Alliance. Il nous est relativement facile de déterminer la date exacte de la composition des divers écrits formant les deux Testaments. Certaines parties de l’Ancien Testament remontent jusqu’au 15e siècle avant notre ère. Quant au Nouveau Testament, l’ensemble des vingt-sept livres a été composé et diffusé avant la fin du premier siècle de notre ère.
2. La transmission de la Bible←⤒🔗
Il nous faut distinguer les écrits autographes, ou textes originaux de la Bible, et leurs copies et les versions successives. Les premiers sont des écrits sortis d’entre les mains de leurs premiers auteurs. Ces originaux ont totalement disparu. Dans sa divine sagesse, Dieu a permis peut-être leur disparition afin d’empêcher que des hommes n’y attachent une importance exagérée et ne les tiennent pour des objets à idolâtrer! On se rappellera de quelle manière le serpent d’airain construit par Moïse dans le désert, qui devait symboliquement figurer le salut des Israélites, avait fini par devenir un objet de culte, détournant ainsi vers la chose matérielle l’attention et l’adoration dues à l’unique Dieu Sauveur.
Mais si les originaux ont disparu, l’Église chrétienne possède actuellement de très nombreuses copies de ceux-ci; elle n’a pas les mains vides. Des milliers de manuscrits se trouvent en notre possession. Bien que des variantes entre divers manuscrits soulèvent quelques problèmes de texte, nous constatons avec un étonnement et un émerveillement reconnaissant la préservation intacte de la Bible et de son message à travers les âges. La découverte récente des manuscrits de la mer Morte (1948-50) a confirmé, s’il en était encore besoin, la certitude chrétienne de la transmission fidèle des messages originaux de la Bible.
La Bible a ceci de particulier qu’elle est l’œuvre d’un auteur divin et de nombreux auteurs ou agents humains. Il n’y a rien de contradictoire dans cette affirmation capitale. C’est dans cette relation entre les auteurs humains et l’auteur divin que se trouve le mystère de l’inspiration. Dans 2 Timothée 3.16-17, nous trouvons un mot particulier au grec original, le terme de « théopneustos », quasiment intraduisible en français, mais que nous rendons par « inspiré de Dieu ».
Saint Augustin, l’un des plus grands penseurs chrétiens et l’un de plus grands génies de l’humanité, disait que la foi cherche à comprendre (« fides quaerens intellectum »). Il faut croire d’abord pour pouvoir comprendre. Au cours d’une recherche honnête et sincère surgissent de nombreuses questions et de multiples problèmes. La première question concerne la source de la canonicité de la Bible. Quel en fut le processus? Quelles ont été les étapes qui l’ont fait aboutir à sa forme actuelle? Pour quelle raison les livres dits apocryphes, ou pseudépigraphes, ont-ils été exclus du canon biblique? Qu’adviendrait-il de notre Bible actuelle et de notre foi si l’on venait à découvrir, par exemple, un livre perdu qui réclamerait une autorité égale aux autres? Nous nous interrogerons finalement sur la date de la fixation des deux canons, celui de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament3.
Ainsi, il faut nous demander si la Bible qui se trouve à notre disposition est avec certitude la seule Bible canonique. De telles questions soulèvent un certain nombre de difficultés, mais celles-ci devraient être abordées et traitées à l’intérieur de l’Église et dans l’esprit de la foi respectueuse et soumise. Je veux dire qu’au sein d’une Église il ne peut y avoir d’attitude prétendument neutre, froidement objective, se passant de l’engagement de la foi. Lorsqu’il s’agit de sujets secondaires, nous sommes autorisés à esquisser des réponses, mais rappelons-nous surtout que, dans tous les cas, le dernier mot appartient à Dieu, et non à l’homme. S’agissant d’une question aussi importante que le canon biblique, il nous faut parler de manière décisive et sans la moindre hésitation. Les conflits au sujet du canon n’ont pas été nombreux ni d’une grande importance, les livres ayant soulevé des doutes quant à leur authenticité n’étant en réalité qu’au nombre de deux ou trois.
Notes
1. Voir mon Introduction à l’Ancien Testament.
2. Voir mon Introduction au Nouveau Testament.
3. Voir ma série d’articles La doctrine de l’Écriture.