Espérance et histoire - L'essence de l'histoire
Espérance et histoire - L'essence de l'histoire
L’essence de l’histoire réside à la fois dans le mystère de la présence de Dieu en elle et dans l’évidence humaine. Ces deux éléments conjugués forment l’histoire : on ne peut nier ni l’un ni l’autre. Bien au contraire, on cherchera à discerner, autant que possible, leurs relations mutuelles. Le mystère consiste dans l’œuvre de Dieu, l’évidence dans l’œuvre des hommes et, du moment que ces deux actions se rencontrent en Jésus-Christ, c’est en lui que nous découvrons l’essence véritable du devenir.
Dans cette perspective, on peut admettre que l’histoire comporte trois éléments principaux qu’il n’est permis ni de confondre ni de trop séparer : l’histoire de la révélation qui est proprement l’histoire de notre rédemption en Jésus; l’histoire de l’Église et celle du peuple juif; l’histoire universelle. Nous considérerons successivement ces trois éléments de l’histoire du salut du monde.
La première domine les deux autres. Elle prend place dans un temps défini de la durée humaine, mais son rôle est toujours aussi actuel pour toutes les générations. Cet événement ne passera pas, comme d’ailleurs le témoignage de l’Ancien et du Nouveau Testament qui nous permettent d’arriver à lui. Car il est l’histoire des rapports permanents entre Dieu et les hommes. Comme tel, il vient couper toutes nos histoires humaines et s’imposer à tout moment comme la fin et le commencement de notre histoire, la fin et le commencement de notre temps.
La seconde n’est pas un prolongement de l’histoire biblique, puisque celle-ci rapporte une histoire toujours actuelle. Christ étant toujours présent, son œuvre atteint directement les hommes. Nul besoin, par conséquent, de prolonger l’histoire de cette œuvre. L’histoire de l’Église est celle de cette communauté que Jésus-Christ appelle à la vie, juge et reprend par sa présence en elle. Elle est la manifestation de l’élection et de la grâce qui sont en Jésus et aussi des infidélités de ces hommes qui regimbent devant l’appel qu’il leur adresse. Elle est donc partie de l’histoire humaine et non histoire de la révélation. L’histoire de Jésus se situe au-dessus de l’histoire de l’Église pour la juger et l’instruire; la première crée la seconde.
L’histoire du peuple juif présente l’image de l’histoire universelle, mais sans la mort et la résurrection du Christ. Ce peuple fuit dans la dispersion. Pourtant, Dieu ne l’abandonne pas; il le ramènera aux pieds de son Fils et c’est pourquoi il interdit sa totale destruction.
Quant à l’histoire universelle, elle est conditionnée par les deux premières; elle tourne, si l’on peut dire, autour de Jésus présent dans son Église et se déroule, par conséquent, dans le temps et sous la détermination de cette présence active. Elle est créée afin que l’histoire de la révélation, à laquelle l’Église rend témoignage, puisse faire son œuvre.
Ces trois histoires liées entre elles constituent l’histoire du salut du monde. Dans son sens étroit, l’histoire du salut est l’histoire de la rédemption en Christ, mais puisque celle-ci contient déjà en puissance, ou plutôt enveloppe toutes les œuvres des hommes qu’elle qualifie par avance, ce sens restreint comprend déjà le sens large de l’histoire humaine que Dieu pousse vers le salut.