Exode 20 - Le faux témoignage
Exode 20 - Le faux témoignage
« Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. »
Exode 20.16
Je ne pense pas dévoiler de secret militaire ultra-confidentiel en vous entretenant du laser. Depuis déjà nombre d’années, on sait qu’outre l’usage pacifique et son emploi dans les thérapeutiques modernes, le laser, « source lumineuse pouvant produire des éclairs très intenses de lumière » sert d’arme offensive et défensive redoutable, détruisant instantanément tout objectif visé. Il possède une puissance presque illimitée, il est capable d’agir à de très longues distances, d’atteindre une cible militaire sans avertir et, en une fraction de seconde, la désintégrer totalement. Imaginez un instant le bombardement par laser d’un solide bâtiment. Rien ne laisse prévoir une attaque. Mais quelques secondes suffiront pour qu’une fine poussière se mette à se lever, des fissures profondes se produire, sans bruits ni fracas, l’immense édifice en question s’effriter, se désintégrer, s’amonceler en un tas de poussière. D’une manière invisible, froide et terrible, la source lumineuse a atteint sa cible et l’a détruite.
C’est une arme semblable, aussi redoutable et aussi mortelle que le laser que possède chacun d’entre nous. Elle n’est pas du domaine physique et matériel, mais son rayon d’action est aussi illimité que son équivalent physique et les ravages qu’elle produit restent aussi irréparables que ceux causés par l’autre. Elle est tellement mauvaise que l’Écriture sainte prend soin de nous mettre en garde contre son usage. Arme mortelle, elle provoquera la mort morale, achèvera une destruction totale, aussi certaine que celle de l’édifice dont nous parlions il y a un instant.
Je veux parler du faux témoignage : « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain » (Ex 20.16). Ici, il n’est pas simple question de mensonge. Ce neuvième commandement met l’accent sur le faux témoignage, et ainsi il approfondit les autres commandements qui le précèdent. Il semble être la source même de nombre de péchés parmi les plus graves. Ainsi, le problème de la véracité dans la Bible ne relève pas du domaine intellectuel. Au contraire, il est directement commandé par la présence à nos côtés de notre prochain.
Le faux témoignage est une forme spécifique et extrême de malhonnêteté. C’est une affaire extrêmement grave qui conduit parfois directement à la mort du prochain dont nous atteignons la réputation par la médisance, la calomnie, les jugements injustes ou l’irrespect.
Nous nous sommes si bien accoutumés à la présence du faux témoignage et du mensonge que nous sommes surpris de lire une interdiction aussi formelle dans le Décalogue. Pourquoi tant de scrupules? Quel mal y aurait-il à user d’une certaine liberté sur le compte d’autrui? Pourquoi serait-ce si grave de répandre tel ou tel bruit, qui courra même sans notre concours? Les circonstances extérieures, faisant pression sur nous, nous incitent, parfois à notre insu, à nous adapter à une atmosphère corrompue. Des façons d’agir et de parler contraires à toute morale biblique et chrétienne s’imposent à nous. La diplomatie et son subtil mensonge, la presse à sensation et ses grossières calomnies, la publicité mensongère vantant des qualités douteuses ou inexistantes, l’actualité polluée par des racontars mesquins et des insinuations malveillantes, les manipulations et les slogans politiques dans les pays dits libres, le lavage de cerveau dans des régimes totalitaires… autant de procédés qui finissent par conditionner l’esprit et le zèle pour ce qui est vrai et juste, jusqu’à ce que la vérité s’estompe, lâchement.
Le faux témoignage atteint le particulier, mais aussi des classes sociales, des races et des nations, car il est tellement aisé de dire du mal du prochain, surtout lorsqu’il appartient à un pays avec lequel le nôtre est en mauvais termes et auquel on cherche querelle. L’histoire devrait pourtant nous rappeler de graves leçons. L’hystérie diabolique d’un Adolf Hitler et de ses suppôts inventa un terrible mensonge; tous les malheurs du peuple allemand entre les deux guerres auraient eu pour cause la présence des citoyens d’origine juive! Nous savons où cela aboutit…
Ce n’est pas par goût de souvenirs morbides que nous rappelons cette sombre époque de notre histoire moderne, mais pour mieux avertir. Voilà où peuvent mener nos faux témoignages. Il nous faut veiller sur notre langue et nous exercer à contrôler avec un plus grand soin la véracité de nos propos. Le faux témoignage pourrait de nos jours déclencher une guerre massive; conduire à l’annihilation du globe. Il est aussi puissant et mortel que le laser!
Cela devient bien plus grave encore lorsque des chrétiens le pratiquent. Songez au mal immense, aux ravages que les mauvaises langues peuvent causer au sein de l’Église. Combien de ministères ont été atteints et ont connu l’échec à cause de calomnies et de racontars sans substance et de médisances sans charité? Des œuvres spirituelles valables ont été sabordées ainsi et, par là, le corps même du Christ profondément blessé! Nous ne sommes pas tous aussi gentils et aussi beaux que nous aimerions le paraître dans l’Église!
Dieu veut que tout homme puisse jouir d’honneur et de bonne réputation parmi ses semblables lorsqu’il n’y porte pas atteinte par ses actes ou par ses paroles. De même qu’il a veillé à la bonne réputation de son nom, de même défend-il celle de l’homme qu’il a créé à son image. Celui qui a perdu sa bonne réputation a perdu quelque chose de vital. Dieu tient à exercer un contrôle plus efficace encore qu’une machine à détecter le mensonge. Face à tous les mensonges et tous les faux témoignages, il veut proclamer la seule vérité de sa Parole.
Jésus révélait la nature profonde du mensonge en déclarant un jour à ses adversaires :
« Vous avez pour père le diable. […] Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce que la vérité n’est pas en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, ses paroles viennent de lui-même, car il est menteur et le père du mensonge » (Jn 8.44).
Jésus, l’homme parfait, semblable à nous en toutes choses hormis le péché, a été le seul à porter, en toute circonstance, un témoignage vrai. Il a rétabli la vérité sur Dieu et a replacé l’homme dans la vérité de Dieu. Mais cette œuvre de vérité lui a coûté cher. Son procès fut la manifestation la plus éclatante du mauvais procès, du faux témoignage, de la jalousie et de la haine, du mensonge et du meurtre; l’évangéliste Marc nous relate cette scène inoubliable d’horreur et de méchanceté. Une foule entière, menée par ses chefs religieux, prise de haine et de rage, s’était transformée en une horde de loups sans foi ni loi.
Le procès de Jésus offre la plus dramatique, la plus frappante illustration du faux témoignage qui frappe jusqu’à la mort. L’homme faux témoin est un meurtrier d’une espèce nouvelle. Meurtrier, parce qu’il est en même temps hypocrite. Il frappe à mort, après avoir au préalable fabriqué de toutes pièces un prétexte pour tuer.
Jésus-Christ reste l’unique témoin véritable. C’est aussi à ce titre-là qu’il est devenu notre Sauveur. Lui, qui a subi la fureur du mensonge et la haine des faux témoins reste notre unique rempart contre tout faux témoignage. Si le commandement de Dieu sonne à nos oreilles comme le tonnerre et nous contraint à confesser : « Oui, moi aussi j’ai menti, moi aussi j’ai porté faux témoignage contre Dieu et contre mon prochain », Jésus-Christ, la vérité de Dieu, nous transforme et nous conduit dans la vérité. Il nous sauve de nos mensonges et de nos haines fratricides.
Le grand jour est proche lorsque le grand trône blanc s’établira et que les livres seront ouverts. Les morts seront jugés. Le livre de vie s’ouvrira. Lequel des deux registres célestes contiendra notre nom? Le livre de l’Apocalypse nous dit : « Pour tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre » (Ap 21.8). Ils n’hériteront pas le Royaume. Le neuvième commandement nous invite et nous prépare à l’entrée dans la Cité de Dieu, là où sa vérité luira éternellement comme le soleil de vie et de salut.