Hébreux 12 - À l'école de la souffrance
Hébreux 12 - À l'école de la souffrance
« Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. »
Hébreux 12.10
En lisant attentivement ce chapitre 12 de l’épître aux Hébreux, on découvre clairement que l’auteur traite de la question de la souffrance et en particulier la souffrance dans la vie du chrétien. Il s’adresse ici à des chrétiens hébreux fatigués et désabusés, non seulement parce que le retour du Seigneur tarde, mais surtout parce qu’ils subissent la persécution. Aux uns, on avait ravi leurs biens, aux autres on avait incendié leur maison, d’autres avaient été jetés en prison pour y subir le martyre. Aussi ces Hébreux sont-ils extrêmement perplexes, car leur situation ne concordait pas avec leur conception de la vie chrétienne.
Il est inutile de souligner ici que c’est le problème de la souffrance qui a provoqué le plus de désaffection dans les rangs des chrétiens et bien des enfants de Dieu ont abandonné la voie royale parce qu’ils étaient incapables de concilier leur situation particulière avec leur conception de l’amour de Dieu. Et c’est en particulier en période de guerre ou pendant une maladie que la situation devient critique. Pour ces enfants de Dieu, il y a là quelque chose de terriblement injuste au point que, pour eux, le Nouveau Testament est truffé de promesses que Dieu lui-même est incapable de tenir.
Quelle est la réponse du Nouveau Testament à nos questions devant l’épreuve? Quelle est la réponse de l’Évangile à ceux qui ont le sentiment que leurs circonstances particulières semblent être une négation des grandes et glorieuses promesses contenues dans la Parole de Dieu?
On pourrait dire beaucoup de choses à ce propos, mais nous limiterons notre étude à la déclaration d’Hébreux 12.10. Disons cependant qu’une réponse pourrait être donnée à ces chrétiens perplexes sur la base d’un simple raisonnement humain, car nous croyons que des hommes se laissent aller au découragement parce qu’ils ne prennent pas la peine de comprendre les difficultés qui les confrontent. Remarquons tout d’abord que la plupart de nos problèmes n’ont rien à avoir avec notre christianisme; nous avons à leur faire face comme n’importe qui dans le monde, chrétiens ou non, précisément parce que nous faisons partie de la race humaine. Le chrétien n’est plus du monde, mais il est toujours dans le monde et, de là, la plupart de ces problèmes. Étant dans le monde, il est soumis aux grandes lois qui gouvernent ce monde et l’histoire de l’humanité. Le chrétien ne cesse d’être citoyen du pays où il est né et tous les événements qui affectent la vie de son pays en général affecteront sa vie en particulier.
Ainsi le chrétien avec les autres subira des pertes, devra faire face à des difficultés financières, souffrira des maladies et des deuils. Ses enfants mourront à la guerre. Et il en arrive à avoir les mêmes sentiments que l’auteur du Psaume 73 qui croit que toutes ces choses arrivent uniquement aux chrétiens. L’enfant de Dieu subit l’épreuve au même titre que celui qui ne l’est pas. Tant de choses qui, pour nous, sont un sujet de tristesse sont simplement les conséquences de ces lois naturelles et implacables.
Remarquons que, jusqu’ici, nous avons considéré notre sujet sans le secours de la Parole de Dieu. Une autre déduction qui nous vient en dehors de l’enseignement du Nouveau Testament est celle-ci : L’expérience et les nombreuses biographies nous prouvent que, s’il y a un élément miraculeux dans la vie du chrétien, il n’y a cependant rien de magique. Quelle étrange conception que celle du chrétien qui croit qu’une fois né de nouveau tout ira bien, que tout lui sourira, un peu comme le conte de fées où il est dit qu’à partir de ce jour, « ils furent heureux »; et on s’imagine assez souvent qu’une fois que nous entrons dans la famille de Dieu, nous pénétrons dans un monde féerique d’où sont exclus les difficultés, les problèmes, la tristesse, alors que le reste du monde souffre.
Un tel christianisme est extrêmement dangereux, car il nous conduit inévitablement au-devant de très douloureuses déceptions. L’expérience nous prouve le contraire : le chrétien doit s’attendre à être châtié comme les autres. Des chrétiens ont été persécutés, emprisonnés, décapités, parce qu’ils portaient le nom de chrétien. Et rappelons-nous la parole de Paul : « Car il nous a été donné non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui » (Ph 1.29). Au lieu de nous plaindre, recherchons le secours de Dieu dans la prière, car nous avons hâte de dire ici que si Dieu nous châtie, il nous donne toujours la force de supporter l’épreuve.
D’autre part, Dieu poursuit en nous un but, et ce n’est pas par hasard ou par pure fantaisie qu’il nous éprouve, mais comme le dit Hébreux 12.10, « Dieu nous châtie pour notre bien afin que nous participions à sa sainteté ». Faisons ici deux remarques importantes : le Nouveau Testament n’a pas la prétention de répondre à toutes nos questions, de solutionner tous nos problèmes directement et en particulier; c’est là une cause de découragement chez bien des chrétiens. Voici, par exemple, un enfant de Dieu malade, au lit depuis de longues années; nous ne trouvons pas une réponse immédiate à ce problème particulier dans le Nouveau Testament. La Parole de Dieu nous donne des principes généraux qui nous permettent de comprendre et de saisir n’importe quel problème particulier qui nous confronte.
Une autre remarque : La Bible ne traite jamais les problèmes particuliers directement, mais toujours indirectement. Bien des chrétiens emploient leur Bible comme ils font usage de leur pharmacie. En cas de trouble ou de perplexité, ils liront un verset ou un passage et s’attendront à ressentir un soulagement immédiat comme s’ils avaient pris un médicament. Il y a un danger à lire notre Bible uniquement dans le but de se sentir mieux, de se sentir plus heureux. Certes, la Bible nous administre du réconfort et du soulagement, mais en termes de doctrine et de principes généraux. L’auteur de la lettre aux Hébreux ne dit pas à ses lecteurs : « Vous êtes magnifiques, bon courage, tout ira bien. » Non, il les exhorte, il les reprend, il leur parle même durement, nous semble-t-il. Le réconfort qu’il leur adresse est indirect et en tenues de doctrine.
Dieu nous fait l’honneur de nous considérer comme des êtres intelligents et nous donne dans sa Parole des enseignements précieux; à nous de les assimiler pour nous sentir plus forts et mieux à même de faire face à nos problèmes et à nos difficultés.
L’auteur de l’épître aux Hébreux, devant l’épreuve de ces chrétiens juifs, leur propose un postulat dont il est absolument certain : ce postulat, c’est que Dieu est leur Père et qu’il est amour.
Lorsqu’un homme de science étudie un problème ou un cas particulier, sa méthode est toujours la même : il part du connu vers l’inconnu. Il ne va pas se lancer dans l’inconnu; ce serait construire en l’air. Non, l’homme de science pose un fondement dont il est absolument certain. C’est ainsi que nous devons procéder avec les problèmes qui nous confrontent dans notre vie chrétienne. Commençons par nous dire : Dieu est mon Père en Jésus-Christ. Il est amour. Qu’importe maintenant ce qui m’arrive, je suis certain de ceci : « Dieu est amour », « Dieu pardonne »; appuyé sur ce fondement, je peux affronter n’importe quel risque.
Il s’agit maintenant pour nous de concilier notre postulat avec notre problème. Comment admettre que si, Dieu est amour, il puisse nous éprouver et nous châtier? Mais c’est encore notre texte qui répondra à cette question.
Dieu notre Père est bien plus préoccupé de notre sainteté que de notre bonheur, alors que nous sommes beaucoup plus préoccupés de notre bonheur que de notre sainteté. Voilà la raison de tant de tragédies dans la vie d’un grand nombre de chrétiens. Rappelons-nous que Dieu est saint et parce qu’il est saint, sa conception des choses et du monde n’est pas la même que la nôtre.
Dieu veut nous conduire au-delà du bonheur, son ambition pour nous est la sainteté : si nous ne saisissons pas cela, il y aura toujours un divorce entre la volonté de Dieu et la nôtre. Dieu est saint, nous sommes pécheurs et Dieu désire que nous soyons saints comme lui-même est saint. Pour illustrer sa pensée, l’auteur de l’épître aux Hébreux prend ici l’analogie des parents humains. Quand nous serons dans la plénitude du Royaume, nous comprendrons mieux ce qui maintenant nous trouble et nous rend perplexes. Nous saurons alors pourquoi Dieu nous a refusé certaines formes de bonheur. Car qu’est-ce que le monde pour un chrétien, sinon une école le préparant à la sainteté. Nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Ne persistons pas à croire que cette vie est la seule et que ce monde est le seul monde. Ne dressons pas nos plans pour le temps, mais pour l’éternité.
Cette terre est une école préparatoire; le ciel sera l’université, ici nous faisons un pèlerinage. Que Dieu nous garde d’être un écolier qui fait tout son possible pour échapper à ses leçons et à ses devoirs. Sur le chemin de la sainteté, nous devons commencer par apprendre les leçons élémentaires, puis de temps à autre, il y aura un examen à passer afin d’être trouvé sans tache ni ride, ni rien de semblable.
Notre Dieu notre Père nous aime et ce qu’il veut pour nous c’est la sainteté. Soyez saints comme Dieu est saint. Il nous éduque et nous prépare afin de pouvoir partager avec lui toutes les gloires de l’éternité.
Que Dieu nous accorde de nous réjouir dès à présent de toutes les tribulations qui pourraient nous arriver, sachant que sa volonté pour nous est notre sanctification.