Homilétique (9) - L'introduction et la conclusion de la prédication
Homilétique (9) - L'introduction et la conclusion de la prédication
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Les fonctions de l’introduction
a. Captiver l’attention
b. Présenter le sujet de la prédication
c. Préparer la phrase-message -
Les fonctions de la conclusion
a. La patience et l’urgence
b. Précautions et suggestions concernant les conclusions
1. Les fonctions de l’introduction⤒🔗
« Travail bien commencé est à moitié terminé. »
a. Captiver l’attention←↰⤒🔗
« Dans votre introduction, vous devez entrer dans le monde de vos auditeurs et les convaincre de vous suivre dans le monde de la vérité biblique, et dans la réalité de votre message.1 »
Pour susciter l’intérêt des auditeurs, il faut les impliquer d’entrée par une pensée frappante. L’introduction est rendue attrayante par les éléments qui indiquent que le message est en rapport avec la vie des auditeurs.
Rien ne compte plus pour la crédibilité de l’orateur que le sentiment qu’auront les auditeurs qu’il s’intéresse à eux et pas seulement à son texte ou à son sujet. Jay Adams écrit : « Le but de l’introduction est d’amener la communauté à entrer dans le sujet qui va être abordé. Si elle n’y parvient pas, c’est une mauvaise introduction. » Tout ce qui ne sert pas le but nuit au but!
Jay Adams conseille2 :
« Ne commencez pas par le texte. Commencez par la communauté, comme le faisaient Pierre et Paul. Venez-en au texte de l’Écriture lorsque vous aurez suffisamment orienté vos auditeurs vers ce qu’ils y trouveront et seulement lorsque vous aurez suffisamment attisé en eux le désir de s’y intéresser. »
b. Présenter le sujet de la prédication←↰⤒🔗
Albert Einstein a dit : « Un problème sans solution est un problème mal posé. »
L’introduction doit indiquer sur quoi va porter la prédication. Le prédicateur peut commencer par une réflexion stimulante : une question, une brève histoire, une citation, une anecdote ou tout autre moyen de solliciter l’attention. Mais l’introduction ne remplit sa fonction que si elle s’achève en laissant dans l’esprit des auditeurs le sujet principal de la prédication3.
Dans son introduction, le prédicateur doit indiquer à ses auditeurs pourquoi il est important qu’ils écoutent ce qui suit4. Haddon Robinson écrit : « Contrairement à l’approche homilétique traditionnelle, qui garde l’application pour la conclusion, l’application devrait débuter dès l’introduction. » En tout cas sous forme interrogative.
Ian Pitt-Watson dit :
« Tout sermon s’étend comme la corde d’un arc entre le texte de la Bible d’un côté, et les problèmes de la vie humaine d’aujourd’hui de l’autre côté. Si la corde n’est pas bien attachée à l’une de ses deux extrémités, alors l’arc ne sert à rien.5 »
Jay Adams dit :
« Votre travail consiste à décrire les problèmes auxquels les gens doivent faire face et les réponses qu’apporte l’Écriture de telle manière que l’écoute de la Parole de Dieu devienne quelque chose d’important, un véritable événement. »
Mais dans l’introduction, cela doit être fait très brièvement.
c. Préparer la phrase-message←↰⤒🔗
La « phrase-message », « phrase-résumé » ou « proposition » est l’énoncé du sujet que le prédicateur se propose de développer.
Henry Jowett a écrit :
« J’ai la conviction qu’aucun sermon n’est prêt à être prêché tant qu’on ne peut en exprimer le thème par une phrase brève et riche de sens, d’une manière qui soit aussi claire que de l’eau de roche. »
Il ajoute :
« Je trouve que l’obtention de cette phrase est l’aspect le plus difficile, le plus exigeant, mais aussi le plus fructueux de mon travail d’étude. S’obliger à façonner cette phrase, à en éliminer tout mot imprécis, inadapté, ambigu, tel est sûrement un des facteurs les plus cruciaux et les plus essentiels de la création du sermon. Je ne pense pas qu’on puisse prêcher ni même mettre par écrit un sermon tant que cette phrase n’a pas vu le jour, claire et lucide comme un ciel sans nuage.6 »
Il est préférable de rédiger la phrase-message à la fin du travail de préparation. Elle est le mariage d’une vérité universelle ancrée dans le texte biblique (le sujet du message) et de son application à la situation présente (le but du message). L’auditeur doit se sentir impliqué dans les conséquences de la vérité énoncée.
La phrase-message pourra être aisément mémorisée. Ainsi, on ne s’est pas contenté de montrer une vérité : on a donné un outil.
2. Les fonctions de la conclusion←⤒🔗
Si l’introduction doit être frappante, la conclusion doit l’être plus encore, car elle constitue l’apogée de la prédication. Cela n’implique pas de parler plus fort ou plus vite. Au contraire. C’est la clarté des mots qui seront dits qui doit s’imprimer dans les consciences.
La conclusion doit contenir les éléments suivants :
- Une récapitulation, c’est-à-dire un résumé en une ou deux phrases.
- Une exhortation, c’est-à-dire une application finale.
a. La patience et l’urgence←↰⤒🔗
L’impact que recherche le prédicateur est double :
En un sens, il est immédiat : c’est maintenant, pendant la prédication, que la vérité doit opérer dans les cœurs son œuvre de révélation et d’appel. En ce sens, le message est un « événement rédempteur ». C’est dans la conclusion que l’on invite à croire, à aller ou à faire quelque chose. Dans cette perspective, tout message doit être porteur d’un appel. Celui-ci pourra prendre des formes très diverses7.
Cependant, la Parole de Dieu doit et va agir également dans le temps : le soir même, dans les jours qui suivent, des mois ou des années plus tard, à partir des pensées inscrites dans la mémoire. Dieu est patient. Le prédicateur l’est aussi.
Le but premier de la conclusion est la motivation : elle ne devrait comporter aucun nouvel élément exégétique ou applicatif. L’application finale devrait être le point culminant des applications précédentes. Les prédicateurs d’autrefois disaient : « S’il n’y a pas d’appel, il n’y a pas de prédication. »8
b. Précautions et suggestions concernant les conclusions←↰⤒🔗
Efforcez-vous de terminer sur une note positive, car l’Évangile est une bonne nouvelle9. Le prédicateur qui laisse la communauté désespérée n’a pas vraiment prêché. Les conclusions devraient à la fois interpeller et relever. Tout sermon décourageant est un mauvais sermon.
Évitez les conclusions à rallonge, évitez que la porte de sortie ne débouche sur une autre porte de sortie10. Il ne faut pas non plus conclure de manière trop brutale, faute de préparation suffisante, avant même d’avoir atteint le point culminant.
Boucler la boucle. Pour conclure une prédication, on peut renvoyer à des éléments mentionnés en introduction ou dans d’autres parties du sermon. Cette manière de boucler le sermon donne l’impression de sermons bien préparés. Mais on sera bref.
Il vaut mieux ne pas annoncer la conclusion. Mais si vous dites « en conclusion », concluez!
Notes
1. William Hogan, pasteur presbytérien américain.
2. Jay Adams, Preaching with Purpose. Grand Rapids, Baker, 1982.
3. Certains conseillent que l’application principale ou le but soient également formulés, sans pour autant conclure.
4. Si un chauffeur conduit comme un fou, je ne monte pas avec lui dans sa voiture.
5. Ian Pitt-Watson, A Primer for Preachers. Grand Rapids, Baker, 1986.
6. Henry Jowett, The preacher, his life and work. New York, 1912.
7. On peut, par exemple, demander à deux personnes de prier à haute voix pour répondre à la prédication, au nom de l’assemblée.
8. Ici se reconnaîtra la diversité des ministères : un pasteur, un évangéliste, un prophète ne formuleront pas leur appel de la même manière. Il est souhaitable que cette diversité puisse exister dans chaque communauté. Beaucoup de passages bibliques justifient la patience (Lc 24.25-32; 2 Tm 2.24-25), d’autres justifient l’urgence (Rm 13.11; Hé 3.15). On veillera à n’être pas tout le temps sur le même registre.
9. Souvenons-nous du cadre rédempteur.
10. Une mère a dit un jour à son fils prédicateur : « Tu as manqué plusieurs occasions d’aller t’asseoir! »