Par Jésus-Christ seulement
Par Jésus-Christ seulement
Par l’Écriture seulement, par la foi seulement, par la grâce seulement : ces motifs qui rendent compte du contenu de la foi chrétienne sont liés l’un à l’autre, comme nous l’avons vu dans nos articles précédents dans cette série intitulée Les solas de la Réforme. Le fait que le mot « seulement » apparaisse dans chacun de ces motifs ne signifie pas que chaque motif exclut l’autre, mais que, par exemple, l’action de la grâce dans sa sphère propre est unique : rien ne peut prendre la place de la grâce souveraine de Dieu ou remplacer ses prérogatives. Aucune autre révélation que celle contenue dans la Bible, Écriture sainte, ne peut nous parler de la grâce divine et de son plan de salut pour l’humanité déchue. Rien ne peut remplacer la foi dans son rôle de canal de la grâce dans le for intérieur de l’homme. Mais cette foi, avons-nous dit, n’est pas elle-même la cause première de notre salut, tout aussi indispensable qu’elle soit : elle est plutôt le signe vivant, publiquement exprimé et vécu, de l’appropriation de la grâce par le croyant. Or cette foi n’est pas un simple mouvement du cœur ou une attitude positive, c’est un lien qui relie le croyant à Dieu par la médiation d’une personne bien précise, la personne de Jésus-Christ. Lui seul est l’agent et l’instrument du salut opéré par Dieu pour accomplir sa justice. Sans l’incarnation du Fils de Dieu, sans sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension, il n’y a aucune perspective de salut, de réconciliation avec Dieu, de justification par rapport aux exigences de sa justice. Donc : Par Christ seulement!
Lorsque Pierre, le disciple de Jésus, s’est adressé aux membres du grand conseil religieux des Juifs, à la suite d’une guérison opérée sur un homme paralysé depuis de nombreuses années, il leur a déclaré sans ambages que le miracle qui venait d’être accompli l’avait été au nom de Jésus-Christ de Nazareth, qu’ils avaient auparavant fait crucifier et qui était ressuscité des morts. Je vous cite les paroles de Pierre, rapportées dans le livre des Actes des apôtres : « C’est en lui seul que se trouve le salut. Dans le monde entier, Dieu n’a jamais donné le nom d’aucun autre homme par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4.12). L’apôtre Paul confirme ces paroles en écrivant à Timothée, au premier chapitre de sa première lettre :
« En effet, il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ. Il a offert sa vie en rançon pour tous. Tel est le témoignage qui a été rendu au moment voulu » (1 Tm 2.5-6).
Avec les apôtres Pierre et Paul, et tout le Nouveau Testament, nous pouvons dire : Par Christ seulement, au sens où le seul Médiateur donné par Dieu aux hommes est Jésus-Christ.
Or, il ne peut l’être que s’il est pleinement Dieu et pleinement homme à la fois, ce dont personne d’autre que lui ne peut se targuer. Ici, Paul insiste sur l’entière nature humaine de Jésus. Reprenons ses paroles à Timothée : « Il y a un seul Dieu, et de même aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus-Christ. » Mais Paul nomme plusieurs fois ce même Jésus-Christ « Seigneur » dans sa lettre à Timothée, ce qui est un attribut divin. Ainsi, dans la salutation initiale qu’il adresse à Timothée, il lui écrit : « Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur t’accordent grâce, bonté et paix » (1 Tm 1.2). Le passage des lettres de Paul qui est le plus clair à cet égard est sans doute celui que l’on trouve au second chapitre de sa lettre aux chrétiens de Philippes, et que j’ai bien souvent cité. Je n’hésite pas à le faire à nouveau, tant est crucial ce que Paul donne ici à connaître. En parlant de Jésus-Christ, il écrit :
« Lui qui, dès l’origine, était de condition divine, n’a pas cherché à profiter de l’égalité avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, et il a pris la condition du serviteur. Il s’est rendu semblable aux hommes en tous points, et tout en lui montrait qu’il était bien un homme » (Ph 2.6-7).
Double nature, donc, à la fois divine et humaine, qui fait de lui l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Donc, par Jésus-Christ seulement!
Ce motif exclut toute autre médiation entre Dieu et les hommes, puisque la condition pleinement humaine de Jésus-Christ a été suffisante pour qu’il paie le prix dû à Dieu pour accomplir sa justice parfaite. Au chapitre 14 de l’Évangile selon Jean, Jésus, le Médiateur, déclare à ses disciples :
« Quoi que ce soit que vous demandiez en mon nom, je le réaliserai pour que la gloire du Père soit manifestée par le Fils. Je le répète : si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jn 14.13-14).
Quand nous entendons ces paroles de Jésus, nous comprenons qu’aucune autre médiation n’est nécessaire : Jésus commande à ses disciples de s’adresser à Dieu par son intermédiaire seulement.
Aucun individu, aucune échelle d’êtres humains, quel que soit le respect que nous leur portions, ne nous donnent accès soit à Jésus-Christ, soit à Dieu le Père. Prétendre le contraire, invoquer tout autre nom que celui de Jésus-Christ, revient simplement à nier le motif par l’Écriture seulement (puisqu’on ne trouve nulle part dans l’Écriture un autre enseignement sur la personne du Médiateur), cela revient à y ajouter des enseignements ou des pratiques que Dieu n’a nulle part commandés. Cela revient aussi à nier la perfection et la suffisance de la médiation de Jésus-Christ. Certains disent : nous invoquons d’autres êtres humains, maintenant décédés, que nous considérons comme plus proches de nous, parce qu’ils ont vécu les mêmes faiblesses que nous, mais les ont surmontées. Ils sont donc en mesure de présenter nos prières à Jésus, qui prendra alors en compte nos requêtes, nos supplications.
Mais écoutez plutôt ce qu’enseigne l’Écriture inspirée par le Saint-Esprit de Dieu, à la fin du chapitre 4 de la lettre aux Hébreux :
« Ainsi, puisque nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand-prêtre éminent qui a traversé les cieux, demeurons fermement attachés à la foi que nous reconnaissons comme vraie. En effet, nous n’avons pas de grand-prêtre qui serait incapable de se sentir touché par nos faiblesses. Au contraire, il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. Approchons-nous donc du trône du Dieu de grâce avec une pleine assurance. Là, Dieu nous accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que nous soyons secourus au bon moment » (Hé 4.14-16).
Ce que dit ici l’auteur, et qu’il développe en détail dans la section centrale de sa lettre, est que la médiation unique et parfaite de Jésus-Christ s’est effectuée à travers sa prêtrise unique. En s’offrant volontairement sur la croix de Golgotha pour expier les transgressions des humains, il a été à la fois le sacrificateur et le sacrifice parfait offert à Dieu. Qui d’autre que lui aurait pu remplir ce rôle, dans une nature à la fois pleinement divine et pleinement humaine? Il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. Répétons-le donc : Par Jésus-Christ seulement!
Ce point cardinal de la foi chrétienne authentique détermine bien entendu l’idée que nous nous faisons de l’Église. Ce n’est pas l’Église, ou ceux qui y détiennent une fonction ou un office, qui nous sert de Médiateur, c’est la personne vivante de Jésus-Christ qui, comme le souligne à plusieurs reprises l’auteur de la lettre aux Hébreux, a traversé les cieux et siège à la droite de Dieu le Père. L’Église est le corps vivant de tous ceux qui ont été mis au bénéfice de l’œuvre parfaite du Christ, mais elle ne se substitue pas à l’œuvre du Christ, elle ne le remplace pas. Car si elle tentait de le faire, en premier lieu elle se fourvoierait complètement, et en second lieu, elle renoncerait à son Seigneur et Sauveur en le déclarant tout simplement inadéquat. Bien plutôt, l’Église doit lui obéir en toutes choses, elle doit écouter sa voix et son enseignement, le mettre fidèlement en pratique et l’annoncer à toutes les nations, tous les peuples.
Je termine sur le motif par Jésus-Christ seulement en vous citant encore un passage de la lettre aux Hébreux, extrait du chapitre 5 :
« Ainsi, au cours de sa vie sur terre, Jésus, avec de grands cris et des larmes, a présenté des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé, à cause de sa soumission à Dieu. Bien qu’étant Fils de Dieu, il a appris l’obéissance par tout ce qu’il a souffert. Et c’est parce qu’il a été ainsi amené à la perfection qu’il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel » (Hé 5.7-9).
Dans un prochain article, je me pencherai sur un autre motif, indissociable des précédents : Par l’illumination du Saint-Esprit seulement, qui nous fait comprendre comment Dieu travaille en notre for intérieur pour nous persuader de la véracité de sa Parole et de notre salut par Jésus-Christ seulement. Une illumination qui n’est autre qu’un fruit de la grâce souveraine de Dieu et qu’on ne peut passer sous silence sous peine de manquer totalement l’œuvre de rédemption divine.