Je crois l’Église catholique
Je crois l’Église catholique
Que crois-tu de la Sainte Église universelle?
Parmi tout le genre humain1, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin2, le Fils de Dieu assemble autour de lui3 une communauté élue pour la vie éternelle4. Il la protège et il la maintient5 par son Esprit et sa Parole6 dans l’unité de la vraie foi7; j’en suis un membre vivant8 et le resterai éternellement9.
1. Gn 26.4; Ap 5.9.
2. És 59.21; 1 Co 11.26.
3. Jn 10.11; Ac 20.28; Ép 4.11-13; Col 1.18.
4. Rm 8.29-30; Ép 1.3-14.
5. Ps 129.1-5; Mt 16.18; Jn 10.28-30.
6. Rm 1.16; Rm 10.14-17; Ép 5.26.
7. Ac 2.42-47; Ép 4.1-6.
8. 1 Jn 3.14,19-21.
9. Ps 23.6; Jn 10.27-28; 1 Co 1.4-9; 1 Pi 1.3-5.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 54
- Une dimension spatiale ou géographique
- Une dimension sociale et culturelle
- Une dimension historique et temporelle
- Une dimension doctrinale et spirituelle
« Que crois-tu de la sainte Église universelle? » (Q&R 54). À l’origine, la phrase se lisait : « Que crois-tu de la sainte Église catholique? » Oui, nous croyons que l’Église est catholique! Que signifie le mot catholique? Il signifie « par rapport à l’ensemble », « commun », « général ». Hippocrate, l’ancêtre de la médecine, a utilisé ce mot en disant : « Une maladie qui fait souffrir l’ensemble du corps est une maladie catholique. » Une chose qui est catholique est une chose complète, englobante. Pourquoi l’Église est-elle catholique? Parce que c’est Jésus-Christ, le Chef de l’Église, qui lui donne cette qualité. Il la rend complète et un jour il la rendra parfaite, exactement comme elle doit être, selon son plan éternel. La catholicité de l’Église comporte plusieurs dimensions.
1. Une dimension spatiale ou géographique⤒🔗
L’Église est catholique dans le sens qu’elle n’est pas limitée à un lieu ou à un groupe de gens particuliers. Elle est dispersée dans le monde entier. Dieu avait promis à Abraham que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui (Gn 12.3). Il allait devenir le père d’une multitude de nations (Gn 17.5) qui marcheraient sur les traces de sa foi (Rm 4.12). Il est vrai que, dans l’Ancien Testament, l’Église du Seigneur était limitée géographiquement, mais c’était pour préparer la venue du Messie. Elle portait en germe la promesse de son immense étendue géographique à venir. Tout au long de l’histoire d’Israël, Dieu a travaillé en fonction de cette promesse. Sa promesse s’est accomplie en Jésus-Christ, qui est venu non seulement pour les Juifs, mais aussi pour être la lumière des nations.
Il est vrai que Jésus lui-même n’a presque jamais quitté la Palestine, mais toute son œuvre de rédemption a une portée catholique. C’est pour cela que le Seigneur a donné à ses apôtres et à son Église l’ordre missionnaire d’aller et de faire de toutes les nations des disciples (Mt 28.19). Paul a dit :
« À l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre… » (1 Co 1.2).
Encore aujourd’hui, Jésus-Christ est à l’œuvre pour rassembler son Église sur tous les continents et jusqu’aux extrémités de la terre. Soyons reconnaissants de ce que son Église ne soit pas limitée à notre seule région ou à notre seul pays! Nous avons le grand privilège de pouvoir apprendre à connaître des frères et sœurs provenant de diverses régions du monde.
2. Une dimension sociale et culturelle←⤒🔗
La dimension « multiculturelle » de l’Église va de pair avec sa dimension géographique. Dieu avait promis à Abraham que sa bénédiction s’étendrait à toutes les familles (ou ethnies) de la terre. Dans l’Ancien Testament, l’Église était surtout limitée au peuple d’Israël, mais il y avait des exceptions (Rahab la Cananéenne, Ruth la Moabite…) qui préfiguraient qu’un jour des gens de toutes cultures feraient partie de l’Église.
Notre pays se dit multiculturel : nous accueillons et « tolérons » des gens de toutes cultures et traditions. En réalité, le seul groupement humain qui soit véritablement multiculturel dans son sens le plus riche, c’est l’Église du Seigneur. C’est seulement en Jésus-Christ que nous pouvons avoir une communion réelle et profonde avec des frères et sœurs de toutes langues et de toutes cultures. Évidemment, la barrière de la langue nous empêche souvent de communiquer avec nos frères. Malgré cela, nous pouvons vivre une proximité bien plus grande avec des frères dans la foi d’une autre culture ou d’une autre langue qu’avec des gens de notre propre famille qui ne partagent pas la même foi.
Le Seigneur, par la puissance de son Esprit, amène à la foi et à l’obéissance de sa Parole toutes sortes d’hommes, de femmes et d’enfants, de toutes sortes de couleurs, de cultures, de langues, d’âges et de rangs sociaux. L’Église est composée de gens éduqués et de gens simples, d’employeurs et d’employés, d’hommes et de femmes, de gens mariés et de célibataires, de parents et d’enfants, de gens de tous pays et de toutes origines. Aller vers des gens différents de nous peut être exigeant et demander un effort supplémentaire de notre part, mais chaque fois que nous faisons cet effort de sortir de notre « zone de confort », nous recevons la joie et la bénédiction de vivre une communion réelle avec des frères et sœurs dans la foi qui sont différents de nous.
3. Une dimension historique et temporelle←⤒🔗
Voici ce que nous confessons à propos de la dimension historique et temporelle de l’Église :
« Que crois-tu de la sainte Église universelle [catholique]? Parmi tout le genre humain, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, le Fils de Dieu assemble autour de lui une communauté élue pour la vie éternelle » (Q&R 54).
Le projet que Dieu a pour son Église est vraiment grandiose. Malheureusement, nous avons tendance à réduire ce plan à des dimensions beaucoup trop restreintes. Plusieurs chrétiens, par exemple, croient que l’Église a commencé le jour de la Pentecôte. C’est là une grave erreur! Ils ne reconnaissent pas que l’Église est catholique dans son sens temporel, rassemblée « depuis le commencement du monde ». Jésus-Christ est venu sur terre il y a seulement 2000 ans et il a donné son Esprit dans une pleine mesure seulement le jour de la Pentecôte, mais son Église « englobe » toute l’histoire du monde, du début jusqu’à la fin. Le Seigneur a commencé à rassembler son Église depuis Abel, principalement à travers une famille. Dès l’époque d’Enoch, fils de Seth, « l’on commença à invoquer le nom de l’Éternel » (Gn 4.26). Le Seigneur avait déjà des adorateurs sur terre qui se rassemblaient pour le louer! Pensons à belle liste en Hébreux 11 : Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Josué, les juges, David, les prophètes, etc.
Le Seigneur est fidèle à travers le temps, d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre, nous en faisons l’expérience dans notre vie personnelle.
« Ô Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, et jusqu’à présent j’annonce tes merveilles. Aussi, jusque dans la vieillesse aux cheveux blancs, ô Dieu, ne m’abandonne pas » (Ps 71.17).
Nous en faisons aussi l’expérience dans notre vie communautaire, de génération en génération.
« Voici mon alliance avec eux, dit l’Éternel : Mon Esprit, qui repose sur toi, et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront pas de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de la bouche des enfants de tes enfants, dit l’Éternel, dès maintenant et à toujours » (És 59.21).
Nous croyons que l’Église est indéfectible. Dieu la rassemble selon sa volonté souveraine. « Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16.18). Nous avons l’assurance que Dieu préservera toujours son Église. Quelqu’un a dit : « Le Seigneur ne manquera jamais de sujets. » Travaillons avec confiance à la construction de l’Église, ce ne sera pas un travail inutile!
Nous devons toutefois nous demander si l’étendue géographique, la diversité culturelle et la continuité historique suffisent pour que l’Église soit qualifiée de catholique. Les musulmans, par exemple, se retrouvent dans beaucoup de pays de diverses cultures depuis de nombreuses générations. Le nombre et l’étendue ne suffisent pas. À l’époque de Noé, il n’y avait que huit personnes dans l’arche. À l’époque d’Éli, il restait seulement 7000 fidèles. Au temps de Jésus et des apôtres, un grand nombre de gens ont suivi les scribes et les pharisiens plutôt que les voies du Seigneur. À certaines époques difficiles de l’histoire, l’Église véritable pouvait être réduite en nombre et plus difficile à discerner. La vérité ne se trouve pas toujours du côté de la majorité! Pour que l’Église soit véritablement catholique, il faut aussi d’autres dimensions essentielles.
4. Une dimension doctrinale et spirituelle←⤒🔗
Le Seigneur « protège et maintient [son Église] par son Esprit et sa Parole dans l’unité de la vraie foi » (Q&R 54). Le nombre et l’étendue ne suffisent pas pour être catholique. Une norme doctrinale est également nécessaire. Après la Pentecôte, l’Église était limitée géographiquement à Jérusalem. Pourtant, cette Église de Jérusalem était catholique. Qu’est-ce qui faisait sa catholicité? « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres » (Ac 2.42). Jésus a renversé le mur qui séparait les Juifs et les non-Juifs.
« Car c’est lui notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, en détruisant le mur de séparation, l’inimitié. […] Il est venu annoncer comme une bonne nouvelle la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches; car par lui, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père dans un même Esprit » (Ép 2.14-16).
Ces deux groupes de croyants font partie de la même famille de Dieu. Qu’est-ce qui fait cette catholicité? Paul nous l’explique peu après, dans le même passage : « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle » (Ép 2.20). En somme, pour que l’Église soit catholique, il faut qu’elle soit apostolique, fondée sur la totalité de l’enseignement des apôtres. Elle doit adhérer de tout cœur à toute la vérité révélée des Écritures.
Au 16e siècle, les réformés ne pouvaient plus reconnaître l’Église romaine comme étant la véritable Église catholique. Pourquoi? Parce que l’enseignement des apôtres avait été négligé, rejeté, presque entièrement étouffé. À la Réforme, un retour à la Parole de Dieu a eu lieu et ainsi la catholicité de l’Église a été restaurée « dans l’unité de la vraie foi » (Q&R 54). L’Église doit continuer d’enseigner dans sa plénitude toute la doctrine que les hommes doivent connaître. Paul annonçait tout le conseil de Dieu (Ac 20.27). Le conseil de Dieu est un ensemble de vérités révélées très complet, très englobant. Notons toutefois que les réformateurs n’ont jamais estimé qu’avant eux l’Église avait totalement disparu et qu’elle aurait été restaurée à leur époque. Ils ont affirmé leur conviction selon laquelle l’Église n’a jamais cessé d’exister, mais elle devait toutefois être réformée par le retour à l’enseignement des Écritures.
L’Église est catholique parce que l’Évangile est catholique. L’Évangile est un traitement universel très efficace. Il nous guérit de toutes sortes de péchés. Il s’adresse à l’homme dans sa totalité (corps et âme, vie personnelle, familiale, professionnelle). Il est puissant pour guérir tout homme de toute origine et de toute condition. Il produit de bons fruits et des dons spirituels de toutes sortes. Une Église catholique est une assemblée de vrais croyants qui espèrent tout leur salut en Jésus-Christ seul!
Sommes-nous une Église sectaire ou une Église catholique? Ne soyons pas embarrassés si des gens disent que nous sommes une secte ou que nous sommes « étroits d’esprit ». Nous ne pouvons pas être sectaires si nous restons fidèles à la Parole de Dieu. Si notre Église demeure fidèle à l’Évangile, elle restera catholique, en communion avec l’Église universelle de tous les temps.
Certains prétendent que les confessions de foi de la Réforme ne seraient pas catholiques, sous prétexte que ce ne sont pas tous les chrétiens de tous les temps qui ont adhéré ou qui adhèrent à ces confessions. Ils préfèrent dire que c’est le Symbole des apôtres qui, lui, serait catholique. Cela m’apparaît faux pour plusieurs raisons. Tout d’abord, un grand nombre de croyants à travers l’histoire et encore aujourd’hui n’ont jamais adhéré au Symbole des apôtres : tous les croyants de l’Ancien Testament, les chrétiens des deux ou trois premiers siècles, les orthodoxes (qui ont seulement le Symbole de Nicée) et bien d’autres encore. Ensuite, certaines doctrines fondamentales sont absentes du Symbole des apôtres, par exemple la divinité du Christ, la justification par la foi seule, etc. De telle sorte que certaines Églises qui adhèrent pourtant à ce symbole ont malgré tout dévié des doctrines essentielles de l’enseignement des apôtres au point d’avoir rejeté l’Évangile. Nous en connaissons…
Il n’est pas nécessaire qu’une confession de foi reçoive l’approbation de tous les croyants de tous les temps — depuis le commencement du monde jusqu’à la fin — pour être catholique, car sinon, aucun document doctrinal ne pourrait jamais être qualifié de ce nom. Pour qu’une confession de foi soit catholique, elle doit demeurer fidèle à l’ensemble de l’enseignement des prophètes et des apôtres. Elle doit exprimer la foi que tout chrétien devrait confesser. Catholicité et apostolicité sont inséparables, de sorte que la foi la plus catholique au monde, celle qui reflète le plus fidèlement l’ensemble de la richesse de l’Évangile, c’est la foi réformée, exprimée clairement dans nos confessions de foi.
Oui, l’Église est catholique! C’est à la fois un privilège et une responsabilité de posséder cette caractéristique. Nous avons tout ce qu’il nous faut en Jésus-Christ. Restons fidèles à sa Parole. Gardons et proclamons la vraie foi. Prions pour que l’œuvre de notre Église contribue au rassemblement de tous les croyants de notre région, de tous ceux que le Père a élus, que le Fils a rachetés et que le Saint-Esprit sanctifie.
Un jour, le nombre des élus sera complet. L’Église sera alors complète et parfaite. Elle sera présentée à son Sauveur comme une épouse sans tache ni ride (Ép 5.27). Nous nous réjouirons avec la grande multitude que nul ne peut compter. Nous rendrons gloire à l’Agneau qui a racheté pour Dieu, par son sang, « des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation » (Ap 5.9). À Dieu seul soit toute la gloire!