Jean 7 - L’Esprit Saint, source d’eau vive
Jean 7 - L’Esprit Saint, source d’eau vive
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croira en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. »
Jean 7.37-39
Saviez-vous que, chaque année, le désert du Sahara gagne du terrain pour s’étendre de plus en plus au milieu du continent africain? On évalue sa progression à un million et demi d’hectares par année (imaginez par exemple une bande de 10 km de large par 1500 km de long, et vous aurez une bonne idée de la superficie annuelle transformée en désert). C’est un phénomène très grave qui préoccupe plusieurs pays d’Afrique du Nord et d’Afrique centrale, et le pire c’est qu’il est pratiquement irréversible. Certains pays font des tentatives de reboisement, mais les efforts sont trop faibles pour stopper cette avancée continuelle du désert.
Même si certaines peuplades sont habituées à vivre dans le désert, les lieux désertiques ne sont sûrement pas l’endroit où la plupart d’entre nous rêvent d’habiter. La chaleur torride du jour qui fait place au froid glacial de la nuit, la monotonie des dunes de sable à perte de vue, la pauvreté de la végétation et surtout la rareté de l’eau font du désert un lieu étrange et inhospitalier que l’on préfère éviter.
Dans la Bible, le désert représente la solitude et la stérilité et va même jusqu’à symboliser les forces mauvaises hostiles à Dieu et à sa création. N’est-ce pas au désert que le diable a tenté Jésus? Avant lui, le peuple d’Israël avait aussi été mis à l’épreuve dans le désert. Les jugements de Dieu sur le monde et sur son peuple conduisent à la ruine, à la destruction des villes et des champs qui finissent par se dégrader en lieu inhabité et désertique.
Pour montrer l’état spirituel lamentable des hommes, toute la terre est décrite comme un lieu dévasté, un paysage aride qui tombe en ruine. Le prophète Ésaïe est l’un de ceux qui en font la description la plus saisissante. La création entière est déclarée zone sinistrée; sur son sol rocailleux poussent des ronces et des épines, parce que le cœur même de l’homme est devenu desséché et désertique. C’est à l’intérieur du cœur méchant et pécheur que le désert commence, pour s’étendre ensuite à l’extérieur, sur les autres et sur toute la création.
Mais le Seigneur préserve sa création de la ruine complète. Il empêche que tout devienne désertique, aussi bien dans la nature que dans le cœur des gens. Il fait pleuvoir sur les méchants comme sur les bons. Il impose des limites aux effets destructeurs du péché. Il accorda en particulier à son peuple élu la grâce de traverser le désert du Sinaï pour les conduire dans un jardin de rêve où coulait le lait et le miel. En plein désert, Israël, après la sortie d’Égypte, avait pu goûter à l’eau miraculeusement sortie du rocher. Dans sa grâce, le Seigneur préservait leur vie et leur donnait un signe de sa présence vivifiante au milieu d’eux. Toute une partie du peuple d’Israël a péri dans le désert, à cause de leur révolte et parce qu’il y avait encore bien du désert dans leur cœur.
Mais le rocher spirituel et l’eau qui les accompagnaient ont permis à leurs enfants de se rendre dans la terre promise. Dans sa grâce, le Seigneur préservait pour eux son alliance de vie. Dans ce pays d’abondance, le sol était fertile et on pouvait engranger de bonnes récoltes. Israël pouvait commencer à goûter une véritable communion spirituelle avec son Dieu. Les fruits récoltés du sol symbolisaient et attestaient cette vie spirituelle avec leur Seigneur. L’avancée du désert était combattue par la grâce de Dieu, par l’avancée de son nouveau jardin planté dans leur cœur et représenté par leur pays de délices. Dans le pays promis, le rocher spirituel était encore avec eux, cette fois-là sous la figure de la source d’eau qui coulait près du Temple. « Il est un fleuve dont les courants réjouissent la cité de Dieu » (Ps 46.5). La bonté du Seigneur se renouvelait comme la rosée du matin, comme la pluie fertile qui arrose les champs.
Pour célébrer cette vie fertile accordée par le Seigneur, une fête spéciale était célébrée chaque année : la fête des tentes ou la fête des huttes (Lv 23; Nb 29; Dt 16). Cette fête était célébrée chaque automne lors de la récolte des moissons. Elle rappelait la traversée du désert, alors que les Israélites devaient vivre sous la tente. La fête des huttes célébrait la protection et la bonté de Dieu qui les a conduits jusque dans ce nouveau pays pour leur accorder des récoltes abondantes.
Il semble bien qu’un rituel avec de l’eau accompagnait cette fête pour symboliser la vie et la fertilité que le Seigneur accordait à son peuple dans son pays. Oui, l’eau que déverse le Seigneur vient stopper l’avancée du désert et permet au jardin de fleurir. « Vous puiserez de l’eau avec allégresse aux sources du salut », annonce le prophète Ésaïe (És 12.3). Et voici une autre promesse de ce même prophète :
« Car je répandrai des eaux sur le sol altéré et des ruisseaux sur la terre desséchée; je répandrai mon Esprit sur ta descendance et ma bénédiction sur ta progéniture. Ils germeront au beau milieu de l’herbe, comme les saules près des courants d’eau » (És 44.3-4).
C’est dans cette ambiance et c’est avec cet arrière-plan historique que le Seigneur Jésus, le dernier jour de la fête des huttes à Jérusalem, prend la parole au milieu de la foule et crie à haute voix dans le Temple : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein » (Jn 7.37-38). Ces paroles ont certainement produit une forte impression sur la foule. La voix pleine d’autorité offre une promesse inespérée. Les Juifs en étaient venus à s’attacher au rituel extérieur sans nécessairement comprendre le sens profond de la fête. Jésus se présente comme la véritable source d’eau, la fontaine d’eau vive, qui désaltère les cœurs assoiffés. Il est la vie elle-même avec laquelle nous pouvons avoir une communion profonde et concrète. Il est le rocher spirituel qui suivait Israël au désert et qui est maintenant présent en personne. Il est cette source de Siloé qui ruisselle près du Temple et qui apporte la joie et la vie à la cité de Dieu. Il est cette rivière qui rendra le sol fertile pour permettre la récolte des moissons dans son Royaume. Tous ces symboles de l’Ancien Testament trouvent en lui leur véritable signification.
L’invitation est lancée à tous, même à ceux qui lui veulent du mal : « Si quelqu’un a soif… » Les hommes ne se meurent-ils pas de soif et ne sont-ils pas comme desséchés dans un désert spirituel et moral? La désertification et la dégradation de notre environnement physique en sont de bien tristes conséquences.
Plusieurs ne veulent même pas reconnaître leur misère tellement le cœur est rendu sec et sans vie. Comment comprendre qu’on ne désire pas être secouru et désaltéré par cette eau salutaire? Pourquoi chercher ailleurs et creuser des puits qui ne retiennent pas l’eau? (voir Jr 2.1-13). Jésus veut que nous allions directement à lui : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Il est le seul capable d’étancher la soif de tous et de chacun. Tous ceux qui cherchent ailleurs un soulagement à leur soif se trompent et n’auront jamais la vie. Celui qui ne vient pas célébrer Dieu à la fête des tentes, averti le prophète Zacharie, celui-là sera frappé d’un grand malheur, et il n’y aura aucune pluie pour arroser son pays (Za 14.16-19).
À l’invitation du Seigneur s’ajoute la promesse : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. » Jésus est la source intarissable, qui ne pourra jamais s’épuiser et qui fournit abondamment à boire à tous ceux qui veulent boire. L’image est surprenante : des fleuves d’eau vive jaillissent du cœur du croyant. Non seulement celui qui croit et qui vient boire sera-t-il pleinement satisfait pour lui-même, plus encore, cette eau pourra déborder et se déverser à l’extérieur. Ce n’est pas une eau stagnante ni un mince filet d’eau qui ne fait que satisfaire à peine celui qui la reçoit. Elle déborde et permet à d’autres de s’abreuver. Les croyants désaltérés deviennent des sources secondes.
Dans la cité de Dieu, une source coule; elle se déverse tout autour et devient des fleuves qui regorgent de vie. D’après la vision d’Ézéchiel, des arbres magnifiques poussent sur ses rives, même l’eau de la mer Morte devient saine à son contact.
« Des êtres de toute espèce, nous dit le prophète, se mettront à grouiller et les poissons se multiplieront partout où le torrent arrivera. Il assainira la mer et là où il se déversera, il apportera avec lui la vie » (Éz 47.9).
L’eau offerte par Jésus arrosera la terre vieillie et sans vie pour la rendre fertile. Cette eau fera pousser la paix et la justice qui pourront renouveler la création en ruine.
L’apôtre Jean précise que l’image employée par Jésus concerne le Saint-Esprit :
« Jésus parlait de l’Esprit Saint que ceux qui croyaient en lui allaient recevoir. À ce moment-là, l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7.39).
L’eau vive dont il est question ici représente l’Esprit de Dieu. Le Saint-Esprit était déjà en action dans l’Ancien Testament pour donner la vie et pour la renouveler. Sinon comment des pécheurs comme Abraham, David et bien d’autres auraient-ils pu croire et vivre pour Dieu? Mais jamais l’Esprit n’a été aussi pleinement donné comme il le sera une fois Jésus glorifié. Il fallait que le Christ meure d’abord et qu’il ressuscite. Il fallait qu’il entre dans son règne au ciel avant de déverser abondamment son Esprit sur la terre.
C’est ce qui arriva le jour de la Pentecôte, peu après la montée de Jésus au ciel. « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité » (Jn 14.16). Les apôtres et les disciples de Jésus réunis à Jérusalem ont reçu le don promis. Ils ont reçu le Saint-Esprit pleinement et de façon définitive. À partir de là, cette eau vive coulera et se déversera sur les régions et les gens alentour. À partir de Jérusalem, la cité sainte, cette source se transformera en fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Les prédicateurs de l’Évangile et le témoignage chrétien feront goûter de cette eau à toutes les nations. Ce que les anciens avaient perçu de façon vague en Israël, maintenant tous les chrétiens pourront en faire la pleine expérience, parce que tous les enfants de Dieu ont part au Saint-Esprit. À leur tour, ils deviendront les canaux de la diffusion de l’Évangile.
Tout comme la naissance de Jésus est unique dans l’histoire et tout comme sa mort et sa résurrection ont eu lieu une seule fois, de même la Pentecôte est un événement unique qui ne peut plus se répéter. Toutefois, les bienfaits que nous en recevrons ne cesseront jamais. La source d’eau vive qui a été ouverte ce jour-là ne va jamais se refermer ni s’assécher. Le Saint-Esprit est donné à l’Église pour toujours. La nouvelle création produite et fertilisée par l’Esprit de Dieu a bien commencé. En plein désert spirituel, la soif de ceux qui s’approchent est étanchée, le jardin nouveau commence à fleurir et s’étend sur toute la terre. Le désert le plus aride, le sol le plus crevassé, le cœur le plus endurci, l’existence la plus malheureuse peuvent être régénérés et revivifiés. Le Saint-Esprit est puissant pour faire naître une oasis de paix là où il ne restait plus que ruines et dévastation.
Pourtant, il reste encore bien des déserts à conquérir et à fertiliser. La vie d’abondance que le Seigneur Jésus donne à celui qui croit ne signifie pas une marche triomphale, une vie d’exubérance ou d’exaltation. Elle est loin d’être sans épreuves ni blessures, à l’abri des problèmes et des souffrances. Cette vie connaîtra ses hauts et ses bas, elle aura ses moments de découragement et ses heures d’angoisse. Nous sommes encore sur cette terre, avec nos luttes et nos sécheresses. Nous ne pourrons jamais vivre ici-bas cette plénitude entière ni non plus la création complètement restaurée.
La vie nouvelle en Jésus-Christ est celle qui vit de la grâce et du pardon, de la guérison de nos blessures et de l’affranchissement du péché. Elle est la vie offerte par la grâce, accueillie par la foi, cultivée avec soin par Dieu lui-même, qui nous donne en partage la vie du Christ. Il faut beaucoup d’arrosage et de maturation pour que les meilleures plantations verdissent et fleurissent. Le Saint-Esprit étanchera notre soif, mais il nous montrera encore notre besoin de boire et nous indiquera à quelle source puiser, parce que son eau a besoin de couler sur nous encore et encore, dans l’espérance du nouveau ciel et de la nouvelle terre.
La promesse qui nous est faite nous annonce non seulement que nous serons désaltérés, que la source d’eau vive sera amplement suffisante pour nos besoins, mais encore qu’elle jaillira aussi sur les autres. Nous ne sommes pas des récipients passifs, mais des dispensateurs d’eau vive. Nous parlerons et agirons comme des gens qui en vivent, qui vivent par le Saint-Esprit, et qui en dépendent entièrement, même dans les moments les plus difficiles. Nous pourrons en désaltérer d’autres, aucunement par notre pouvoir, mais par celui qui agit en nous. Notre famille, notre conjoint, nos enfants, nos proches seront les premiers à en recevoir les bienfaits. Puis d’autres au loin, des gens que Dieu met sur notre route, pourront aussi venir se rafraîchir dans cette oasis que Dieu fait pousser au milieu des ronces. Un jour, la création tout entière sera renouvelée pour participer à la liberté des enfants de Dieu. La promesse du Seigneur est certaine pour ceux qui s’approchent de lui par la foi et qui viennent s’abreuver.
En cette fête de la Pentecôte célébrée aujourd’hui, Jésus nous dit : « Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. » Le Saint-Esprit a été répandu sur l’Église et changera le désert le plus aride en jardin succulent.
« Car je répandrai des eaux sur le sol altéré et faire des ruisseaux sur la terre desséchée; je répandrai mon Esprit sur ta descendance et ma bénédiction sur ta progéniture » (És 44.3). Amen.