Jean Hus - Précurseur de la Réforme 1369 – 1415
Jean Hus - Précurseur de la Réforme 1369 – 1415
Le 2 octobre 1412, les prêtres de Prague en Bohème obtinrent finalement du pape ce qu’ils réclamaient depuis longtemps : l’ordre de s’emparer de Jean Hus, de lui interdire de prêcher, de l’excommunier et de détruire la chapelle de Bethléem. Théologien de premier plan et prédicateur de Prague, Jean Hus avait été une source d’irritation constante pour les prêtres pendant des années. Son église, la chapelle de Bethléem, regorgeait de gens lors des célébrations. Hus dirigeait les services en tchèque, la langue du peuple, et non en latin tel qu’exigé par le pape. Il prêchait la Parole de Dieu et condamnait la paresse et la cupidité du clergé. Et maintenant, sous l’incitation des prêtres et de quelques dirigeants de la ville, une grande foule s’était assemblée à l’extérieur de la maison du sénat.
Leur dirigeant s’écria : « Allons, Messieurs, marchons jusqu’à la chapelle de Bethléem, arrêtons Hus, cet hérétique, et rasons l’édifice. » Les gens de la chapelle de Bethléem se rallièrent pour défendre leur pasteur et leur église.
« Frères et sœurs », leur dit Hus, « ils veulent faire obstacle à la sainte Parole de Dieu et démolir une chapelle construite pour son service ». Les amis de Hus allèrent à la rencontre de la foule avec tant de détermination que les habitants de la ville en colère quittèrent les lieux sans s’être emparés de Hus et sans avoir endommagé la chapelle. Ses ennemis continuèrent cependant leurs attaques. Le pape mit toute la ville de Prague sous interdit, interdisant tout culte d’adoration jusqu’à ce que les autorités aient arrêté Hus. La ville était divisée entre les partisans de Hus et les partisans du pape. La tension montait et des combats éclatèrent. Jean Hus refusa d’obéir à l’interdit du pape et continua à prêcher la bonne nouvelle de Jésus. Il disait : « Le Christ a commandé à ses disciples d’aller partout dans le monde et de prêcher. Aucun pape ne peut arrêter la progression de ce que Jésus-Christ a enseigné de faire. »
Bien qu’il ait été expulsé de Prague par le roi de Bohème, d’immenses foules se rassemblaient dans les champs, les forêts, les villages et les châteaux pour l’écouter parler. Il demeurait en contact avec les gens de son Église en leur envoyant des lettres et en entrant parfois furtivement dans la ville pour leur rendre visite. Il leur écrivit : « Mon plus grand réconfort, c’est de vous voir suivre la Bible sincèrement et sérieusement. S’il vous plaît, priez pour que je ne garde pas la Parole de Dieu juste pour moi. » Certains de ses amis, inquiets pour sa sécurité, lui demandèrent s’il ne pouvait pas concéder au moins quelque peu aux exigences du pape. Hus répondit : « Je confesserai Jésus-Christ tant qu’il me donnera la grâce de le faire. Je résisterai jusqu’à la mort à tout pacte avec l’erreur. Une bonne mort vaut mieux qu’une mauvaise vie. »
Pendant deux ans, Hus écrivit, prêcha et résista à l’interdit du pape, tandis qu’un nombre grandissant de Bohémiens se rangeaient de son côté. Comme l’agitation augmentait, l’empereur germanique Sigismond craignit qu’elle se répande dans son empire. Il a encouragea le roi de Bohème à faire comparaître Hus devant le concile de l’Église réuni dans la ville de Constance en Suisse. L’empereur promit à Hus de le protéger de tout mal, lui donnant un sauf-conduit qui lui permettait de se rendre à Constance, puis d’en revenir. Hus accepta volontiers de s’y rendre, car il avait espéré pouvoir défendre ses enseignements devant le concile. Il écrivit à l’empereur :
« Muni du sauf-conduit m’assurant de votre protection, je comparaîtrai devant le concile. J’espère que je n’aurai pas peur de confesser le Seigneur Jésus-Christ et, si nécessaire, de mourir pour la vérité de sa loi. »
Plusieurs personnes de son Église l’avertirent de ne pas se fier au sauf-conduit de l’empereur. Les yeux pleins de larmes, un homme prit doucement la main de Hus et lui dit :
« Que Dieu soit avec vous; je crains que vous ne reveniez pas sain et sauf. Très cher Maître Jean, que le Roi du ciel vous récompense pour la bonne et véritable instruction que j’ai reçue de vous. »
Hus fit ses adieux aux fidèles de son Église en leur disant :
« Souvenez-vous, le Christ a souffert par amour pour ses élus. Si ma mort peut glorifier son nom, qu’il m’accorde alors d’endurer avec courage tout mal qui peut m’arriver! Que le Seigneur veille sur vous et qu’il vous conduise à la paix et à la gloire éternelle. »
Escorté, pour le protéger, de deux chevaliers armés, il se mit en route pour Constance. Il voyagea pendant trois semaines depuis l’Allemagne jusqu’en Suisse. De grandes foules sortirent pour le voir et l’entendre. Partout où il allait, il distribuait une copie des dix commandements, car le peuple ne connaissait pratiquement rien de la Bible.
Peu après son arrivée, et en dépit de la promesse de protection de l’empereur, des soldats l’arrêtèrent et le jetèrent dans une cellule dégoûtante d’un donjon, située près d’un égout à ciel ouvert. L’odeur nauséabonde et l’air infect ruinèrent sa santé, lui causant de graves maux de tête et provoquant des accès de vomissements. Malgré le fait qu’il était privé de ses livres et de la Bible, malade, pratiquement mort de faim et enchaîné jour et nuit, il préparait sa défense. Cependant, le concile n’avait aucune intention de laisser Hus s’expliquer lui-même, ayant décidé d’avance qu’il devait se rétracter ou être brûlé vif. Hus demanda un avocat pour assurer sa défense. Ils lui répliquèrent : « Nous n’accordons pas de tels privilèges aux hérétiques. » Hus répondit : « Eh bien, que le Seigneur Jésus soit mon Avocat, lui qui sera bientôt votre Juge. »
Finalement, après des mois d’emprisonnement, souffrant de maux de tête et d’estomac, Hus fut amené devant le concile, à la cathédrale, pour entendre les accusations portées contre lui. Ils le firent asseoir sur un haut tabouret en bois au milieu de la cathédrale; il était entouré de princes, d’évêques, de cardinaux et de théologiens. L’empereur Sigismond s’assit sur son trône. L’odeur de l’encens utilisé lors de la grand-messe qui venait tout juste d’être célébrée avant son arrivée persistait toujours. Une pile de livres et de papiers fut déposée sur la table placée devant lui. « Ce sont là vos écrits. Admettez-vous qu’ils sont remplis de faux enseignements? », demandèrent-ils.
Hus répondit : « Je suis disposé à me rétracter de tout ce qu’ils peuvent contenir si l’on me montre par les Saintes Écritures en quoi je suis dans l’erreur. » Un membre du concile s’avança et prit un des livres. Plusieurs hommes de l’assemblée crièrent : « Brûlez-le! » Le membre du concile demanda le silence, puis il lut à haute voix un court chapitre. « Vous rétractez-vous de cela? », demanda-t-il. Alors que Hus essayait de citer des passages de la Bible et des écrits des pères de l’Église pour justifier son chapitre, des hurlements perçant comme ceux des loups s’élevèrent du concile. Ils crièrent : « C’en est assez de vos arguments, dites oui ou non. » Chaque fois qu’il essayait de parler, ils l’interrompaient par des hurlements. Quand il finit par réussir à dire que seul Jésus-Christ, et non le pape, était le Chef de l’Église, les membres du concile secouèrent la tête et éclatèrent de rire.
Ils le pressèrent encore une fois d’accepter le jugement du concile et d’abjurer. Hus dit : « Il vaudrait mieux pour moi qu’une meule soit suspendue à mon cou et que je sois jeté dans la mer, plutôt que je renie les vérités de Dieu. » On fit sans tarder lecture du jugement : « Le saint concile, prenant Dieu à témoin, condamne Jean Hus comme hérétique entêté notoire. » « Je n’ai jamais été entêté », répondit Hus, « je demande seulement que vous me montriez à partir des Écritures en quoi je me trompe ». Hus regarda l’empereur qui lui avait promis sa protection. L’empereur rougit; il détourna la tête et resta silencieux. Tombant à genoux, Hus pria à haute voix : « Ô Christ, le concile a condamné ta Parole. Seigneur Jésus, pardonne à mes ennemis; tu sais que j’ai été faussement accusé par eux. Pardonne-leur pour l’amour de ta grande miséricorde. »
Une explosion de rires éclata parmi les membres du concile qui le désignaient du doigt et singeaient sa prière. Le concile livra Hus aux autorités séculières qui le condamnèrent à mourir par le feu. Avant d’être exécuté, six évêques enveloppèrent ses épaules de vêtements sacerdotaux et mirent un calice entre ses mains. Puis ils le dépouillèrent de ses vêtements en disant qu’il n’était plus un ministre de l’Église du Christ. Lui arrachant la coupe des mains, l’un d’eux lui dit : « Condamné Judas, nous vous enlevons la coupe du salut. »
Hus répliqua : « Mais j’ai confiance en Dieu qu’aujourd’hui je boirai la coupe du salut avec mon Seigneur Jésus-Christ dans son Royaume. » Tandis qu’ils le maudissaient, ils placèrent sur sa tête un chapeau décoré de démons arborant le mot « archihérétique ». Hus répondit : « Mon Seigneur Jésus a porté une couronne d’épines pour moi; pourquoi n’accepterais-je pas de porter cela par amour pour lui? » Un évêque poussa un cri : « Maintenant, nous livrons votre âme à Satan. » Hus regarda vers le ciel et dit : « Et je remets mon âme à Jésus. »
Une garde d’un millier d’hommes armés conduisit Hus à travers la ville, contenant la foule qui se pressait dans les rues. Une foule nombreuse suivit de près jusqu’au lieu d’exécution. Une fois arrivé, Hus se jeta à genoux et, les larmes aux yeux, il pria en récitant quelques versets des Psaumes et dit : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. Seigneur, aide-moi à supporter cette mort cruelle et honteuse pour avoir prêché ton saint Évangile. » À l’aide d’une vieille chaîne brune et rouillée, ils lui lièrent les mains derrière le dos et lui attachèrent le cou au poteau du bûcher. Il dit : « Mon Seigneur Jésus a été lié avec une chaîne beaucoup plus dure que celle-ci par amour pour moi; pourquoi devrais-je avoir honte de cette chaîne toute rouillée? »
Pendant qu’ils empilaient du bois et de la paille autour de lui jusqu’à la hauteur de son cou, un noble dit à haute voix : « Il est encore temps. Abjurez. » Hus répondit : « Quelle erreur devrais-je abjurer? Aujourd’hui, je vais mourir avec joie, dans la foi en l’Évangile de Jésus-Christ que j’ai prêché. » Quand le feu fut allumé, il se mit à chanter d’une voix forte : « Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi. » Ils jetèrent ses vêtements et ses chaussures dans les flammes et plus tard ils ramassèrent ses cendres et les répandirent dans le fleuve du Rhin.
Sa mort encouragea des dizaines de milliers de ses concitoyens à suivre Jésus-Christ avec courage et assurance. Cent ans plus tard, sa prise de position ferme pour la Parole de Dieu encouragea Martin Luther et les autres réformateurs dans leur foi en l’Écriture, seule norme suprême de la vérité. Luther fit l’éloge du courage et de la fidélité de Hus. Il écrivit : « S’il faut le considérer comme un hérétique, alors il n’y a personne sous le soleil qui peut être considéré comme un véritable chrétien. »