Les nouvelles magies - Le bouddhisme zen et le yoga
Les nouvelles magies - Le bouddhisme zen et le yoga
L’intérêt culturel que nos contemporains portent à d’étranges formes de mysticisme exotique n’échappe certainement pas à l’attention de personne. Pléthore de religions ou, plus simplement, réapparition d’anciennes magies sous forme de spiritualité hindoue, japonaise, chinoise, etc.?
Beaucoup d’Occidentaux en quête de spiritualité louchent du côté des mystiques, dont les adeptes se multiplient dans nos pays. Les cercles où l’on discute et préconise l’amalgame du christianisme et du bouddhisme se multiplient. Tant il est vrai que le syncrétisme religieux est à l’ordre du jour et, surtout, du goût de la majorité qui pense que les religions, toutes les religions, y compris la foi chrétienne, devraient former un ensemble constitué par les éléments les plus valables de chacune d’entre elles.
Les gourous ont donc envahi l’Occident; des « écoles missionnaires » propagent leur « enseignement » dans nos grandes villes. L’accueil qu’ils trouvent auprès de jeunes est plus qu’enthousiaste. Ceux qui, il y a à peine trente ans, ignoraient tout de la complexité de l’esprit oriental, ou qui n’en avaient que des vagues et imprécises notions, sont à présent de plus en plus familiers avec le vocabulaire des religions orientales comme aussi des noms de maîtres tels Shri Aurobindo, Patanjali, etc. Les anciens clivages géographiques, linguistiques, ethniques et culturels s’estompent grâce à la rapidité des communications et des informations, mettant l’Orient, sa pensée, ses modes de vie et ses cultes à la portée du moindre village de chez nous. Ce ne sont plus les rares disciples de Madame Blavatski et leurs écoles théosophiques qui fredonnent des airs orientaux. Le zen comme le yoga en sont devenus les rivaux redoutables.
1. Le zen⤒🔗
En ce qui concerne le zen, son affinité avec l’existentialisme occidental explique sans doute le succès fulgurant qu’il remporte chez des intellectuels. Le désespoir, le pessimisme, les frustrations qui ont caractérisé les morbides théoriciens occidentaux de l’existentialisme trouvent leur équivalent dans cette mystique soi-disant religieuse qu’est le zen. Le zen, comme l’existentialisme, prétendent s’adonner à la recherche et à la conquête du moi authentique. Hélas!, l’un et l’autre n’ont conduit en définitive qu’au nihilisme et ont tourné la liberté en nausée.
Dans un monde sans frontières, aux dimensions démesurées, les cultures orientales et occidentales s’interpénètrent et forment une osmose autrefois inconcevable.
L’Occident, en train de perdre son âme, veut trouver un succédané dans l’effacement que produit le zen entre la barrière du monde visible et celui qui dépasse notre perception, entre le « phénoménal » et le « nouménal ». Or, la mystique zen n’est qu’un subjectivisme extrêmement dangereux; rien de moins qu’un comportement suicidaire. La liberté individuelle va jusqu’à effacer toute différence entre le bien et le mal, le sacré et le profane, le « nirvana » et le « sansara ». Elle proclame l’avènement d’une humanité nouvelle sans se référer à un Dieu personnel et transcendant.
Le bouddhisme zen émerge chez nous au moment où des théologiens chrétiens ont proclamé « la mort de Dieu ». Il jette un puissant défi aux Églises, et toutes celles qui se réclament du libéralisme ou bien s’adaptent sans problème à tous les moules ne sauraient résister à son assaut.
Les masses, il est vrai, fuient avec une folle obstination une foi chrétienne qui par essence est révélationnelle, rationnelle et responsable.
La banqueroute culturelle et morale actuelle pousse beaucoup de personnes à embrasser l’absurde et à se convertir au zen, qui pourtant n’offre que la voie la plus sûre conduisant à un nihilisme mortel, modèle oriental. Il est tout aussi dépourvu d’âme que l’Occident dit post-chrétien. L’un comme l’autre n’ont rien à dire au sujet de Dieu, par conséquent ils n’ont guère le souci de l’homme, aucun message quant à sa destinée finale, aucune lumière pour éclairer ses sentiers, aucun discours renfermant l’annonce d’un jugement final et, a fortiori, une espérance vraie et vivante.
2. Le yoga←⤒🔗
Le yoga, pas plus que le bouddhisme zen, n’est une solution pour rassurer les inquiets. Considéré longtemps en Occident comme une simple méthode d’exercice physique de détente, le voilà accepté comme une forme de noble méditation, de contemplation philosophique, parée de l’auréole de la religion éclairée.
L’homme vivant sous pression et dans le stress nerveux pourrait éventuellement trouver dans la pratique du yoga une certaine relaxation. Mais actuellement, le yoga est considéré bien plus que comme une méthode de détente; il est présenté comme l’alternative même à la prière chrétienne, en proie, dit-on, à l’usure! On est allé jusqu’à parler de « yoga chrétien », qui admettrait l’existence et le culte d’un Dieu personnel.
La prière, dit-on, est le point de convergence le plus parfait entre toutes les religions. Pourquoi refuser donc le yoga, qui offre un excellent terrain pour leur unification? Le yoga de Patanjali, écrit un auteur moderne, convient parfaitement à l’interprétation, ou à la réinterprétation, de la foi chrétienne! Il permet au croyant de mieux prier par l’adoption et l’apprentissage des huit phases qui, commençant par l’exercice physique et se poursuivant dans le renoncement à soi et la concentration sur un objet particulier, aboutissent à la perte de la conscience et à l’extase mystique, et, enfin, à la fusion de l’humain avec le divin.
3. Des distorsions de la création←⤒🔗
J’espère que cet exposé, bien qu’extrêmement bref, aura contribué à démontrer que ces deux formes religieuses sont, en réalité, parmi les plus extrêmes distorsions de la création. Elles exaltent l’expérience mystique du sujet au détriment de la révélation objective de Dieu.
Dieu — si toutefois Dieu il y a — se localise davantage dans les entrailles de l’homme mystique que dans le ciel de son absolue transcendance. Descendu très bas, il se confond avec le moi du sujet adorateur. L’étrange phénomène que l’on appelle « regain d’intérêt pour la spiritualité » et tous les happenings spiritualistes de notre époque ne sont, trop souvent, que la manifestation d’un émotivisme foncièrement maladif. À vrai dire, il nous manque actuellement une sorte de prix Nobel pour les bizarreries religieuses et les absurdités auxquelles s’adonne un si grand nombre de nos contemporains!
SI le phénomène ne se cantonnait qu’à l’extérieur des cercles chrétiens, nous en serions peut-être moins alarmés. Malheureusement, la contamination est tellement forte que les chrétiens de notre époque ne savent pas toujours distinguer entre une authentique spiritualité et les frissons qu’ils ressentent sur leurs échines ou sur leurs nerfs…
La foi chrétienne n’est pas une forme parmi tant d’autres dans laquelle le sujet se livrerait à sa propre recherche à travers des sensations fortes, fussent-elles mystiques.
4. La réponse de la foi chrétienne←⤒🔗
La foi biblique proclame la rencontre de Dieu avec l’homme au moyen de la Parole, d’un discours intelligible, porteur d’un message objectif et concernant une personne historique, Jésus-Christ. Dieu a communiqué sa vérité non pas tant dans les extases qu’au cours l’histoire ordinaire et, surtout, de manière verbale.
Christ n’est pas un gourou, ancêtre des gourous modernes et pouvant leur être assimilé. Cette façon de se représenter le Christ a permis à de très nombreuses personnes, parfois même à des chrétiens, de se passer de la foi en Dieu pour cultiver une espèce de croyance en un certain Jésus. Mais ce Jésus-là n’est plus le Christ dont nous parlent les Évangiles. Les jésulâtries modernes évacuent tout le contenu de la foi en niant la réalité créée par Dieu. Un Jésus romantisé, type rêvé du surhomme, est une pure fiction. C’est donc sur un point aussi précis qu’exigeant que notre foi sera en rupture radicale avec les soi-disant révélations des religions exotiques. Jésus-Christ est la deuxième personne de la Trinité, le Fils éternel de Dieu, sinon, il n’est rien!
La foi chrétienne est en rupture avec celles-ci sur un autre point encore. La Bible commence par le récit de la création. Jésus n’est pas une simple fenêtre ouverte sur Dieu, mais l’agent même de cette création. Notre foi ne prend pas son origine uniquement en la croix ou en la fondation de l’Église, mais dans la reconnaissance du premier article du Credo : « Je crois en Dieu, Créateur du ciel et de la terre. »
Une fois admis ce premier article, la croix et la résurrection trouveront leur pleine signification. Croire au Dieu Créateur nous préserve d’effectuer une sorte de divorce entre les trois personnes de la sainte Trinité et de rendre notre culte à un Jésus de Nazareth qui ne serait pas le Fils de Dieu. Cette foi nous met à l’abri de l’erreur de croire que Dieu nous habite de telle manière que, en définitive, nous pourrions nous confondre avec lui.
Il importe donc beaucoup de tenir compte des récits historiques contenus dans les premières pages de la Bible. Ceux-ci ne sont ni une théorie religieuse ni un mythe savamment élaboré pour expliquer les origines du monde. C’est le récit d’actes et d’événements historiques, telles la création, la chute et la rédemption. Ils délimitent également l’expérience authentique du chrétien. Par conséquent, nous devrions chercher la doctrine des origines, comme celle du Saint-Esprit, déjà dans les premiers chapitres du livre de la Genèse.
Sans le message des origines, notre foi ne sera qu’une croyance, qu’une mystique religieuse parmi les innombrables mystiques religieuses surgies tout au long de l’histoire de l’humanité. Mais l’expérience mystique n’est d’aucun secours, si notre rencontre avec Dieu se passe en dehors de la rencontre objective avec sa Parole écrite, si nous oublions que la réalité temporelle et spatiale — sans laquelle la vie serait impossible — est l’œuvre du Dieu Créateur.
L’idée chimérique d’une fusion avec le divin aboutit inévitablement au désespoir et à la mort spirituelle.
Le message biblique déclare la redécouverte de l’harmonie entre Dieu et l’homme, sans que l’homme devienne Dieu et sans que ce dernier cesse d’être Dieu jusqu’à la fin, même lorsqu’il s’incarne.
Il est donc urgent de nous adresser aux chrétiens qui ont choisi la voie facile et pernicieuse d’une mystique qui n’a rien de biblique, qui n’est ni prophétique ni personnaliste. (Puis-je me permettre d’ajouter qu’aussi bien la Bible que l’expérience pastorale m’enseignent que, là où l’homme reste au centre de sa religion subjective et émotive, là où le Dieu trinitaire est relégué à l’arrière-plan, les déséquilibres psychiques sont plus nombreux et le désordre moral plus grave qu’ailleurs?).
La vérité sur nous-mêmes et sur Dieu nous parvient objectivement. Elle trace des limites entre le ciel et la terre. Alors, elle est guérison et rétablissement. Comprendre correctement le rôle du Saint-Esprit dans notre vie est d’une extrême importance. Il empêche que l’enfer mental ne remplace nos certitudes joyeuses et sereines, que la caricature n’altère l’image authentique. Un tel message éclairera notre intelligence et, grâce à lui, nous saurons que Dieu n’est pas un jouet placé à notre disposition. Il ne faut pas le chercher dans nos viscères!
Laissons-nous donc instruire par lui et conduire par sa Parole éclairante. Nous saurons résister à toutes les magies, exotiques ou autochtones, qui cherchent à adultérer notre foi ou même à la détruire complètement.