Marc 15 - La quatrième parole de la croix
Marc 15 - La quatrième parole de la croix
4e jour du 4e mois
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »
Marc 15.34
Lecture : Marc 15.33-36
Une question s’impose aussitôt à notre esprit. De quel abandon Jésus parle-t-il à son Père? Son Père? Mais, dans la nuit qui le pénètre jusqu’au plus intime de son être, le connaît-il encore comme son Père? N’est-il pas étrange, en effet, qu’après qu’à Gethsémané il ait supplié que lui soit épargnée la coupe en implorant : « Abba, Père! » ici, sur la croix, il crie sa détresse en disant : « Éloi, Éloi, mon Dieu, mon Dieu »? Et pourtant, nous ne l’avons pas encore remarqué, c’est la première des paroles de la croix qui nous le montre préoccupé; non plus des autres, mais de lui-même. Comment le Fils peut-il ne pas dire : « Père », à un tel moment? Il a cité le psaume tel qu’il est écrit, me répondra-t-on. À quoi je répondrai moi-même que lorsque, à la dernière minute de son existence, Jésus empruntera à un autre psaume la parole par laquelle « il remettra son esprit entre les mains de son Père », il n’hésitera pas à ajouter le nom de Père, aux mots de l’Écriture où il déposera l’offrande de son esprit.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Quel mystère de souffrance laisse entrevoir cette plainte! Ne soyons pas surpris que des chrétiens, respectant le mystère, aient cependant éprouvé l’exigence d’essayer tout au moins de le sonder dans sa profondeur.
Impossible de ne pas lier l’agonie du Calvaire à la détresse de Gethsémané. Je ne dirai pas qu’elles s’expliquent l’une par l’autre, mais j’ai la conviction profonde que, sur la croix, Jésus éprouve le plus douloureux abandon au moment même où il doit vider jusqu’au fond la coupe devant laquelle, à Gethsémané, il avait tremblé d’effroi, mais qu’il a accepté de boire pour que soit faite, non sa volonté, mais celle de son Père.
Prière
Rédempteur adorable, sur la croix attaché,
Traité comme un coupable, brisé pour mon péché,
Ton angoisse suprême, ta douleur, ton tourment,
Me disant : « Vois, je t’aime; j’ai pris ton châtiment. »