Matthieu 1 - Luc 4 - Jésus le Sauveur
Matthieu 1 - Luc 4 - Jésus le Sauveur
« Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Matthieu 1.21
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour guérir ceux qui ont le cœur brisé; pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur. »
Luc 4.18-19
L’ange Gabriel fut envoyé à une humble vierge de la ville de Nazareth pour lui annoncer la nouvelle, l’heureuse nouvelle, qu’elle avait été choisie pour devenir la mère humaine de son divin Fils, le Messie attendu en Israël. Rappelons que Marie était fiancée à un homme nommé Joseph et qu’à l’époque les fiançailles engageaient le couple autant que le mariage lui-même.
Il n’y avait que deux voies ouvertes devant Joseph, « homme juste et pieux », comme le qualifie l’Évangile, en apprenant que Marie, sa fiancée, se trouvait enceinte : soit l’exposer publiquement à l’infamie des femmes adultères, soit s’en séparer discrètement comme nous le rapporte l’Évangile.
Cet homme juste et consciencieux, et surtout aimant Marie, choisit la deuxième possibilité pour ne pas l’exposer à la honte publique. Mais voici que lors d’un rêve Dieu lui révéla la voie à suivre et, ayant reçu l’assurance que cet enfant à naître n’était autre que le Messie promis, le Sauveur du monde, ses craintes furent dissipées. Aucune autre nouvelle ne pouvait être mieux reçue par cet Israélite pieux que cette nouvelle d’un intérêt universel, ce salut offert au monde perdu et que les fidèles de son peuple avaient attendu de génération en génération.
L’enfant Messie n’était pas encore né lorsqu’il reçut un nom. Ce nom n’avait pas été trouvé au hasard ni même choisi par Marie ou Joseph selon leurs goûts personnels; le nom de l’enfant avait été donné par Dieu lui-même à travers l’ange Gabriel. Ainsi s’accomplissait l’ancienne prophétie prononcée par Ésaïe : « Et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous » (Mt 1.23; voir És 7.14).
Les paroles de l’ange voulaient dire que Dieu en personne venait habiter parmi les hommes afin de sauver les siens.
Quelle merveille, quel mystère insondable, mes amis, qu’aucune langue ne saurait expliquer, que la raison humaine ne saurait saisir : Le Dieu éternel, en la personne de son Fils, est devenu un petit enfant né d’une femme et nourri au sien maternel. Ainsi, le nom de Jésus convenait parfaitement à ce nourrisson qui n’était autre que le Seigneur du ciel et de la terre.
Le nom de Jésus se prononce en hébreu Yeshua et c’était un nom ordinaire chez les Juifs. Mais venant de la part de l’ange envoyé par Dieu, ce nom donnait l’assurance que cet enfant qui allait naître de la vierge Marie deviendrait le véritable Rédempteur, celui qui accomplirait toutes les promesses faites à Israël.
Le nom de Jésus souligne par conséquent les liens qui l’unissent à son peuple, à ceux qu’il doit sauver de leurs péchés. Ce sont là ses élus, ceux que le Père lui a donnés depuis toute éternité. Il est mort pour eux. S’il n’en était pas ainsi, si la croix n’était pas l’instrument de notre salut, quelle confiance pourrions-nous avoir en la mort du Christ?
Dans le livre du Cantique des cantiques, on trouve cette expression : « Ton nom est un parfum qui se répand » (Ct 1.3). Doux et précieux aux oreilles du croyant, résumant sa rédemption mieux qu’autre chose, il annonce ce qu’il est, décline son identité, ce qu’il accomplit, explique sa mission rédemptrice. Il dévoile ce qu’il est pour ses élus et pour ses rachetés.
Il demeure présent parmi son peuple afin de décharger leur conscience coupable, d’accorder le repos à ceux qui sont tourmentés spirituellement, d’apaiser les cœurs inquiets. Il les accompagne dans la fournaise ardente : Voyez le cas des trois jeunes gens juifs dans la cour de Neboukadnetsar. Jetés dans les flammes, celles-ci les entourèrent sans les consumer; et, se promenant au milieu d’eux, voici quelqu’un ayant la figure « d’un fils de Dieu » (Dn 3.25). C’était le Christ avant son incarnation.
Jésus sera avec son peuple et avec chacun de ses fidèles dans la vallée de l’ombre de la mort. Combien en auront-ils besoin! Et au jour du jugement, leur Rédempteur sera leur Juge, mais un Juge qui les acquittera et leur ouvrira les portes de la vie éternelle et qui les introduira dans la présence même de Dieu.
L’apôtre Jean, dans le livre de l’Apocalypse, regarda « et voici une grande foule que nul ne pouvait compter. […] Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau » (Ap 7.9). C’était la multitude de ceux qu’il avait rachetés de leurs péchés. Là, on le verra tel qu’il est. En sa présence, ils parviendront à la perfection et atteindront enfin la gloire.
Si nous lui appartenons vraiment, ne devrions-nous pas prononcer son nom sans hésiter, avec joie et bonheur? Il se présente à la fois comme le Sauveur et le Libérateur des hommes. La totalité de l’Évangile est contenue, si j’ose dire, dans ces deux textes bibliques, dans ces propos prononcés par le Christ.
Ni la raison ni aucune ressource humaine ne pourront jamais concevoir notre salut ni offrir la libération que seul peut nous apporter le Fils de Dieu. C’est uniquement par la foi que nous percevons tout le sérieux de cette offre et de son effet. Par la foi en Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, nous saisissons la présence même de Dieu au milieu de nous, tendant son oreille à nos soupirs, témoin compatissant de nos misères.
Il s’adresse à nous dans sa Parole « pleine de grâce et de vérité » (Jn 1.14), et nous voilà face à ce Dieu qui nous dit la vérité à son sujet et à notre sujet.
Un jour, le premier de son apparition publique dans la synagogue de sa propre ville, Jésus déclara la grande nouvelle : le salut des hommes et leur libération sont là, aujourd’hui, pendant que vous entendez les propos du prophète ouvrant l’année de grâce du Seigneur Dieu.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour guérir ceux qui ont le cœur brisé; pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4.18-19).
En ce jour-là s’inaugurait une histoire nouvelle, une histoire qui transcende les dimensions politiques, économiques et culturelles de la vie. Car ces dimensions-là ne sont pas toute l’histoire réelle. Les glorieuses performances du passé, les tragédies ou le sang versé ne forment l’histoire essentielle ni des vies individuelles ni de la vie organisée.
L’histoire vraie débute avec la venue du Christ-Jésus, et tout homme et toute société seront désormais confrontés à cet événement, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le sachent ou qu’ils l’ignorent. Toute décision et tout choix ne peuvent fonctionner que par rapport à elle : soit dans la lumière claire ou même vacillante de la foi, soit dans un refus absurde et tragique.
Désormais, tous les drames humains et toutes les tragédies réelles ne se jouent qu’à ce niveau. Suis-je donc personnellement prêt à accueillir l’an de grâce du Dieu et Seigneur de l’univers ou bien, bêtement, m’obstinerai-je à fuir en avant jusqu’à m’écraser contre le Rocher des siècles? Ce serait alors l’échec fatal et ultime, non seulement un échec pour l’après, pour l’au-delà et pour l’éternité, mais encore pour mon ici et maintenant. L’histoire inaugurée par Jésus-Christ contient, contrôle et juge tout le reste; les vies individuelles comme les autres domaines : ceux de la politique, de l’économie, de la culture.
La lecture faite par Jésus-Christ du texte du prophète de l’Ancien Testament concernait tout premièrement, bien entendu, la situation des juifs exilés quelque six siècles avant lui. Ils étaient, eux, les hommes au cœur brisé, les pauvres, les captifs et les opprimés. Jésus applique ces paroles à ses propres contemporains et il n’y a aucune raison de penser que nous ne serions pas aussi, dans notre condition présente, du nombre de ces pauvres et captifs.
L’ancien Israël est une parabole de l’humanité, illustrant à la fois ses révoltes absurdes et ses souffrances intolérables. Le texte évangélique de Luc se réfère à deux types de misère : l’une est matérielle et temporelle, l’autre, plus secrète, plus profonde aussi est une misère d’un autre niveau. Jésus-Christ est venu pour annoncer qu’il s’intéresse à la première et qu’il se charge de la seconde.
Que nul ne s’imagine que Dieu reste indifférent ou neutre, voire passif, à l’égard de la misère physique et matérielle. C’est précisément à ceux qui en sont affligés que Jésus vint annoncer tout d’abord la libération et la délivrance. Pauvreté et oppression sont le lot quotidien d’un grand nombre parmi nous. Mais Dieu ne reste pas à l’écart. Il se penche sur les victimes de l’injustice avec une sollicitude toute paternelle et il n’a pas besoin d’être transformé en « Dieu la mère », ainsi que le font certains, toujours à la recherche de nouveautés, pour que « ses entrailles de miséricorde » vibrent en face de notre misère.
Certes, nous sommes personnellement responsables des maux et des malheurs qui s’abattent sur nous. Ce sont nos actes et nos comportements qui les produisent; la pauvreté et l’oppression ne sont pas le fait d’une fatalité inexorable. Elles sont les conséquences de notre haine et les fruits de notre propre violence.
Pourtant, Dieu ne fait pas que juger nos conduites. Par la bouche de Jésus-Christ, il déclare qu’il s’en occupe, qu’il s’en charge même. Il tient à changer l’existence de toutes les victimes; Jésus-Christ est venu précisément annoncer cette Bonne Nouvelle. Il commença son ministère par cette annonce-là et il la conclut en scellant notre salut et notre délivrance par sa propre mort.
Mais il existe également une autre misère que nous aurions infiniment tort d’oublier ou même de négliger. Autrement, nous ne comprendrions rien à la nature du salut offert ni à la libération apportée par le Christ. Il existe une misère réelle, aussi concrète, plus difficile aussi à traiter, que la misère ou la pauvreté matérielle. Durant son ministère public, Jésus-Christ mit le fer sur cette plaie-là. Non pas pour condamner simplement le mal intérieur, le péché profond enraciné dans nos esprits, mais pour nous en délivrer.
L’une et l’autre de ces misères forment notre destinée humaine. Cependant, nous aurions grand tort de n’insister que sur la première. Car aussi longtemps que le mal restera enraciné en nous, il corrompra individus et sociétés. Aussi longtemps qu’il ne sera pas écrasé, nous demeurerons aveugles et opprimés, quels que soient notre prospérité matérielle et notre bien-être social.
C’est ici qu’apparaît encore toute l’actualité du message libérateur du Christ. Au milieu des phalanges et même des hordes de sauveteurs tous azimuts, tandis que les idéologies en conflit se livrent une guerre sans merci; que des promoteurs d’utopie nous permettent « la nouvelle société », que nous entendons parler des remèdes offerts par les professionnels du bien-être matériel et que les révolutionnaires nous promettent des lendemains qui chantent, nous savons que seule la vérité du Christ nous libérera. Aucune berceuse humaniste n’apaisera nos angoisses ni ne nous affranchira de notre mal le plus profond et le plus enraciné.
En dépit des bonnes intentions de tant de nos contemporains, nous resterons les témoins affligés de fraternités brisées, de classes en lutte, de peuples en guerre, de dignités humaines bafouées et de droits de l’homme ridiculisés. L’injustice, la violence et les oppressions prendront toujours de nouvelles formes et de nouveaux visages; elles ne changeront pas de nature profonde.
Telle est notre expérience commune à tous. Aussi je vous invite à rester ouverts à l’appel du Christ Libérateur, de celui qui, avant de s’attaquer aux épiphénomènes du mal, vient changer nos esprits et transformer nos cœurs.
Entendez donc cette parole, lue et commentée par le Sauveur du monde, comme étant l’invitation la plus mystérieuse et la plus contraignante qui vous sera jamais adressée : convertissez-vous donc à son salut et accueillez la seule libération qui vaille la peine d’être appelée de ce nom.
Dans notre vie, nous regretterons peut-être nombre de traits, d’expériences et de choix : la couleur de notre peau, notre niveau social ou culturel, l’entreprise dans laquelle nous nous sommes embarqués, voire notre mariage; mais nous ne regretterons jamais de nous être convertis au salut en Jésus-Christ qui, déclaré prophétiquement et accompli messianiquement, est la seule libération qui nous arrache au mal, à la mort et au néant.