Le ministère diaconal (2) - Tous, mais qui?
Le ministère diaconal (2) - Tous, mais qui?
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Tous, quels tous?
a. Tous
b. Quiconque
c. Les païens, les nations, le monde
d. L’autre
e. Le peuple -
Saints, frères, disciples, petits…
a. Les frères
b. Le petit, le faible -
Le pauvre et l’étranger
a. Le pauvre, l’indigent
b. L’étranger -
Et le prochain?
a. Le sens du mot « prochain »
b. Aimer Dieu et le prochain - L’ennemi, l’adversaire
- Le bon Samaritain
Pour avancer dans notre sujet, nous devons consacrer un peu de temps à un certain nombre de termes ou expressions qui risquent d’être compris dans un sens qui n’est pas précisément celui que leur donne l’Écriture.
1. Tous, quels tous?⤒🔗
Le contexte français est marqué par la philosophie humaniste et par la république qui entendent appliquer à la communauté humaine dans son ensemble les privilèges de la fraternité1. Il est également marqué par le catholicisme romain qui a confondu « communion des saints », paroisse et village… Un réel effort est nécessaire pour s’approcher de la mesure biblique qui est à la fois vaste et précisément définie, comme l’est le dessein de Dieu.
Pour cela, il est utile de nous pencher sur un certain nombre de mots qui, dans le texte biblique, n’ont pas nécessairement le sens que nous leur donnons dans le langage courant. Les notions de communion et de sainteté s’accommodent mal, en effet, de l’approximatif.
a. Tous←↰⤒🔗
Comme l’expression « les uns les autres », le mot « tous » est souvent entendu comme désignant l’ensemble des hommes. Or, ce n’est pas toujours le cas, tant s’en faut. Certes, il y a une universalité dans le message biblique : Dieu ne parle-t-il pas à Abram des étoiles du ciel qu’on ne peut dénombrer? Oui, mais c’est la postérité d’Abraham, c’est-à-dire Christ (Ga 3.16, 29); c’est là, très souvent, la portée du mot « tous » dans l’Écriture.
Dans la lettre aux Romains, le mot « tous » est bien englobant, mais deux humanités différentes sont concernées : une en Adam et une en Christ, qui ne sont pas identiques. Il n’y en a pas d’autres.
« Par un seul homme [Adam], le péché est entré […] et tous ont péché. […] Si par la faute d’un seul, beaucoup sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don qui vient de la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, ont-ils été abondamment répandus sur beaucoup. […] Comme par une seule faute la condamnation s’étend à tous les hommes, de même par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes » (Rm 5.12, 15, 18).
Ces versets démontrent que la logique du texte biblique ne correspond pas d’emblée à la nôtre : les mots « tous » et « beaucoup » indiquent tous les deux un grand nombre de personnes, mais pas les mêmes personnes. Il s’agit bien d’une totalité, mais dans deux ordres distincts : l’ensemble des hommes en Adam, l’ensemble des élus en Christ. « De même que tous meurent en Adam, tous revivront en Christ : Christ comme prémices, puis ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15.22). Des autres, il n’est plus question…
Dans ce sens, nous pouvons comparer ces deux versets : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous » (Rm 11.32). « L’Écriture a tout enfermé dans le péché afin que ce qui avait été promis fût donné en Jésus-Christ à ceux qui croient » (Ga 3.22). Le texte de Galates 3 précise le sens du deuxième « tous » de Romains 11.32 : il est bien englobant, mais également sélectif. Ainsi, tous, ce n’est pas nécessairement tout le monde2.
S’appliquant à l’Église, le mot tous a souvent un sens qualitatif. Il désigne la diversité : petits et grands, riches et pauvres, maîtres et serviteurs, juifs et grecs (chrétiens d’origine juive et chrétiens d’origine grecque, comme en Ac 6). Le sens est qualitatif et pas seulement quantitatif : il s’agira d’hommes et de femmes de toutes origines, d’entre toutes les nations, sans distinction de race ou de condition sociale3.
Ces remarques sont nécessaires pour comprendre la pensée de l’apôtre et mettre en œuvre fidèlement ses recommandations. Celles-ci ne sont pas sociales, elles sont centrées sur la personne de Christ. « Enfin, soyez tous animés des mêmes pensées, des mêmes sentiments, pleins d’amour fraternel, de compassion, d’humilité » (1 Pi 3.8). « Saluez-vous les uns les autres par un baiser fraternel. Que la paix soit avec vous tous qui êtes en Jésus-Christ » (1 Pi 5.14)4.
« Que le Seigneur augmente de plus en plus parmi vous, et à l’égard de tous, cette charité que nous avons nous-mêmes pour vous, afin d’affermir vos cœurs pour qu’ils soient irréprochables dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ avec tous ses saints » (1 Th 3.13)5.
b. Quiconque←↰⤒🔗
Le mot « quiconque » a exactement le même sens. Il ne signifie pas simplement n’importe qui. Il signifie n’importe qui qui croit! « Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère… » (Mc 3.35). La volonté du Père, c’est que l’on croie en celui qu’il a envoyé (Jn 6.28-29). Ainsi, ce mot annonce tout à la fois un jugement et une ouverture. Un jugement (au sein du peuple de Dieu : tous n’ont pas la foi) et une ouverture (aux païens qui croient), ce qui constitue la grande révélation (révolution!) de la Nouvelle Alliance et du Royaume de Dieu. Ce qui constitue aussi un des motifs de la condamnation de Jésus.
Comprendre cela est extrêmement important, compte tenu des nombreuses implications qui en découlent, notamment en rapport avec notre sujet.
c. Les païens, les nations, le monde←↰⤒🔗
Quand la Bible parle des païens, elle désigne parfois les païens en général : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles comme les païens » (Mt 6.7). Mais souvent, elle désigne les chrétiens d’origine païenne6. « Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps et participent aux mêmes promesses en Jésus-Christ par l’Évangile » (Ép 3.6). Voilà donc, une fois encore, un mot qui doit recevoir un éclairage spécifique, si nous ne voulons pas appliquer à la Bible une vision qui n’est pas la sienne.
Il en est de même avec « les nations », « les peuples », « les familles de la terre » et même le mot « monde ». Généralement, le contexte permet de comprendre la pensée de l’auteur. Parfois, le sens est horizontal, social, universel et désigne la terre et ses habitants. Parfois (souvent), la même expression désigne les croyants, dispersés sur la face de la terre, que Dieu connaît (2 Tm 2.19). Ainsi, quand Matthieu écrit : « Les nations espéreront en toi » (Mt 12.21; voir Rm 15.12), il est clair qu’il est question de ceux qui espèrent en Dieu au sein des nations7.
« Ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Ainsi, l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : “Toutes les familles de la terre seront bénies en toi!” (Gn 12.3). En sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant » (Ga 3.6-9).
Le mot « monde », de même, est parfois employé dans le sens commun, qui est alors négatif : « Le monde ne l’a pas connue » (Jn 1.10). « Je ne prie pas pour le monde. […] Ils ne sont pas du monde » (Jn 17.9, 14). « N’aimez pas le monde » (1 Jn 2.15). « Le Prince de ce monde »… Parfois, le même mot est utilisé dans un sens différent, désignant alors les élus qui sont dans le monde. C’est dans ce sens que nous devons entendre ce que dit Jésus quand il se dit « Sauveur du monde » (Jn 4.42; voir 1.29; 3.16; 6.33, 51)8.
Cela peut nous surprendre, mais que l’on songe seulement que si le commandement laissé aux disciples par Jésus : « Faites de toutes les nations des disciples… » (Mt 28.19) avait été correctement compris, l’annonce de l’Évangile en Amérique latine et ailleurs aurait été davantage respectueuse des hommes qu’elle rencontrait… et du plan de Dieu9.
d. L’autre←↰⤒🔗
Un certain nombre de passages utilisent des termes ou des expressions qui peuvent paraître imprécis : « un homme » (Lc 10.30), « les autres » (Ph 2.3), etc. Pour chaque cas, le contexte permettra sans doute de déterminer de qui il s’agit. Dans la majorité des cas, il apparaîtra qu’il est question d’un membre du peuple de Dieu, car c’est là la préoccupation majeure de la Parole de Dieu.
Prenons un exemple.
« Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-même. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ… » (Ph 2.3-5).
Nous reconnaissons que les recommandations exprimées ici peuvent avoir un caractère universel, mais il est clair que le propos de Paul, ici, touche la relation que les chrétiens doivent développer entre eux. Entre eux seulement? En un sens oui, et cela revêt une grande importance10. Par extension, cela touchera aussi l’attitude envers les non-chrétiens, bien que dans une autre mesure.
e. Le peuple←↰⤒🔗
Un dernier exemple confirmera l’importance de garder à l’Écriture son caractère christocentrique, si nous ne voulons pas vider la révélation de son contenu.
« Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier de la cohorte dite italienne. Cet homme était pieux et craignait Dieu avec toute sa maison. Il faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu continuellement » (Ac 10.1-2).
La mention « du peuple », sans précision, pourrait laisser penser que cet homme était simplement généreux (comme le bon Samaritain!). Mais il ne s’agit pas seulement de cela. Comme le centenier de Luc 7, Corneille porte déjà le fruit de la grâce agissante dans son cœur, et ce fruit, proche de la foi, le conduit à aimer Dieu et le peuple de Dieu (voir Lc 7.3-4). Ainsi s’applique le principe que nous avons déjà relevé : ce que l’on fait au peuple de Dieu, c’est à Dieu qu’on le fait.
2. Saints, frères, disciples, petits…←⤒🔗
Quand la Bible parle des saints, nous voyons assez précisément de qui il s’agit. Mais de qui parle-t-on quand il est question des frères, des petits, des pauvres, des étrangers? Pour beaucoup, dans les Églises de multitude particulièrement, la question ne se pose pas : il s’agit des hommes d’une manière générale, sans distinction, et spécialement les plus pauvres parmi eux. Beaucoup considèrent même que c’est précisément cela l’Évangile : considérer que tous les hommes sont frères, quelles que soient leurs différences. Est-ce sérieux?
a. Les frères←↰⤒🔗
Dans la Bible, sont frères ceux qui ont le même père! Un certain nombre de fois, il est question du frère de sang, par exemple quand Dieu demande à Caïn : « Où est ton frère? » (Gn 4.9)11. Quand il ne désigne pas le frère de sang, le terme frère désigne toujours un membre du peuple de Dieu : les enfants d’Abraham dans l’Ancien Testament, dans les Évangiles et le livre des Actes; les membres de l’Église dans le reste du Nouveau Testament. « Je publierai ton nom parmi mes frères, je te célébrerai au milieu de l’assemblée » (Ps 22.23, 26). Il n’y a pas d’exception à cette règle12.
Le « Vous êtes tous frères » de Jésus (Mt 23.8-9) s’adresse à des juifs et à des disciples. Rappelons-nous que même quand il parle à « la foule » ou « au peuple », c’est aux enfants d’Israël que Jésus parle13; et ce sont eux que l’apôtre Pierre appellera tour à tour « hommes juifs », « hommes israélites » et « hommes frères » (Ac 2.14, 22, 29).
Dans les Évangiles et dans le livre des Actes, une transition s’opère progressivement, bouleversante pour les juifs, que Paul appelle :
« … le mystère de Christ, qui n’a pas été révélé dans les autres générations comme il a été révélé maintenant par l’Esprit. […] Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile » (Ép 3.3-6).
Ainsi, le prologue de Jean annonce la possibilité, pour ceux qui reçoivent la lumière (le Messie), de « devenir enfants de Dieu […] lesquels sont nés de Dieu » (Jn 1.12-13)14. On comprend qu’il y a à la fois un jugement qui s’opère au sein de ceux qui se considéraient comme le peuple de Dieu (seuls ceux qui croiront parmi eux seront enfants de Dieu) et une ouverture qui s’opère au bénéfice de ceux qui n’étaient pas le peuple de Dieu (tous ceux qui croiront deviendront enfants de Dieu, y compris les plus indignes aux yeux des hommes). L’apôtre Paul dira de ceux-là que Dieu les a « prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ » (Ép 1.5; voir Rm 8.15-16).
Le livre des Actes témoigne du passage entre la réalité du peuple d’Israël et celle de l’Église : « Les apôtres, les anciens et les frères, aux frères d’entre les païens » (Ac 15.23). Enfin, nous voyons ce terme frère être pleinement attribué aux chrétiens, comme synonyme du mot saint : « Paul et le frère Timothée, aux saints et fidèles frères en Christ… » (Col 1.1-2).
b. Le petit, le faible←↰⤒🔗
C’est le contexte ou encore les passages parallèles qui permettent de comprendre qui est désigné par ces termes. Quand Jésus évoque celui qui « donnera un verre d’eau à un de ces petits parce qu’il est [son] disciple » (Mt 10.42) ou « quelqu’un scandaliserait un de ces petits qui croient en [lui] » (Mt 18.6), il confirme que sa préoccupation n’est pas sociale dans le sens moderne du terme, mais bel et bien en rapport avec la foi et le Royaume de Dieu. Le petit, c’est le disciple, même s’il est grand de taille, même s’il est riche, car pour devenir disciple de Christ, il s’est reconnu misérable et nu : son orgueil a été brisé par la grâce15.
Nous voyons également l’apôtre Paul consacrer beaucoup de temps pour convaincre de l’importance de ne pas être une occasion de trouble pour celui qui est « faible dans la foi » (1 Co 8.9-13), c’est-à-dire pour le frère dont la conscience est plus faible, « celui pour lequel Christ est mort » (Rm 14.10-16). On est toujours dans le cadre du peuple de Dieu : ce n’est pas seulement parce qu’il est faible, c’est parce qu’il est directement relié à Christ!
3. Le pauvre et l’étranger←⤒🔗
a. Le pauvre, l’indigent←↰⤒🔗
Si le mot frère désigne toujours le membre du peuple de Dieu, il est assez facile de remarquer que les pauvres dont parle la Bible sont les pauvres en Israël ou ceux de l’Église16. « Les pauvres de ton peuple en jouiront » (Ex 23.11). « Si ton frère devient pauvre… » (Lv 25.25); « Si quelqu’un, voyant son frère dans le besoin… » (1 Jn 3.17). Nous tenterons plus loin de voir ce qu’il en est des autres, mais le fait est que la préoccupation des auteurs bibliques est toujours ou presque le peuple de Dieu et lui seul. « Malheur à ceux qui […] refusent justice au pauvre, qui ravissent leur droit aux malheureux de mon peuple », dit le Seigneur (És 10.1-2; voir 14.32; 49.13).
Concernant la première Église, nous lisons qu’« il n’y avait parmi eux, aucun indigent » (Ac 4.34), ce qui renvoie à l’injonction de la loi de Moïse : « Il n’y aura pas d’indigent au milieu de toi » (Dt 15.4, 7). Ce qui est en jeu, c’est la communion qui se trouverait compromise si certains parmi les frères étaient dans l’abondance, tandis que d’autres manqueraient du nécessaire17. C’est là toute l’importance du ministère diaconal dont l’objectif est, en lien étroit avec le ministère pastoral, de maintenir et développer l’unité spirituelle et donc l’édification (la stature) de l’Église comme un corps vivant. Nous reviendrons sur ce point plus loin.
C’est la raison pour laquelle nous voyons les apôtres consacrer beaucoup d’attention à cette question qui semble ne pas avoir de rapport direct avec l’enseignement ou la direction des communautés18. Paul a dit : « Je vais à Jérusalem pour le service des saints. […] En faveur des pauvres parmi les saints » (Rm 15.25-26; voir 12.13). « Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour », où est alors la foi, demande l’apôtre Jacques (Jc 2.14-15).
Pratiquement toutes les fois que le mot « pauvre » est employé, même sans autre précision, il s’agit du pauvre au sein du peuple de Dieu, du frère pauvre, qu’il s’agisse de pauvreté matérielle ou pas19.
b. L’étranger←↰⤒🔗
De qui le Seigneur parle-t-il quand il recommande à son peuple d’accueillir les étrangers, en se souvenant que lui aussi « a été étranger sur une terre qui n’était pas la sienne » (Ex 22.21)? De nombreux passages montrent qu’il est question des étrangers qui se sont ou ont été volontairement intégrés au sein du peuple de Dieu, adoptant ses usages et ses lois20. Le cadre, c’est Israël comme peuple de Dieu, comme le montrent les passages suivants :
« Tu ne délaisseras pas l’étranger, l’orphelin et la veuve qui sont dans tes portes » (Dt 14.29).
« Tu abandonneras la grappe restée dans la vigne au pauvre et à l’étranger. Vous n’userez pas de mensonge les uns envers les autres. Tu n’opprimeras pas ton prochain. Tu ne répandras pas de calomnie parmi ton peuple. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur; tu pourras reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras pas d’un péché à cause de lui. Tu ne garderas pas de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19.10-18).
La juxtaposition de ces termes montre qu’ils sont pratiquement (ou parfaitement) synonymes. Cela fait apparaître que la donnée majeure, c’est l’appartenance — à un titre ou à un autre — au peuple saint, appartenance qui impose des devoirs d’égalité (Lv 20.2-27), de soutien et de réciprocité en accord avec la grâce de l’élection, avec le sacerdoce, avec la présence même de Dieu21. En réalité, ces étrangers accueillis sont sanctifiés par le fait qu’ils demeurent au milieu du peuple saint, tout comme les enfants de croyants ou le conjoint inconverti le sont également (1 Co 7.14).
« Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène au milieu de vous; vous l’aimerez comme vous-mêmes » (Lv 19.34). Il est tentant, à première lecture, de donner à ce texte une dimension humanitaire, en oubliant qu’Israël est la figure du peuple de Dieu et non celle d’une nation comme les autres. L’application de cette injonction, pour aujourd’hui, est donc ecclésiale et concerne l’accueil des prosélytes dans l’Église, quelle que soit leur origine. Dire cela ne contredit pas l’importance d’accueillir les étrangers avec égards dans notre pays, bien entendu, mais il s’agit là d’une autre dimension, qui n’est pas précisément dans l’intention du texte22.
Dans ce sens, Ésaïe parle de « l’étranger qui s’attache à l’Éternel, qui marche au milieu de vous » (És 56.6-8). Dans ce sens encore, nous avons maints exemples dans les Évangiles d’étrangers qui ne sont pas présents en Israël « par accident », mais par une sorte de piété qui n’est plus très loin de la foi véritable23.
4. Et le prochain?←⤒🔗
a. Le sens du mot « prochain »←↰⤒🔗
Il n’est pas besoin d’effectuer une recherche très savante pour se rendre compte que, dans les textes fondateurs du peuple d’Israël, le prochain c’est le concitoyen, membre du même peuple. En d’autres termes, la proximité qui fait de quelqu’un un prochain n’est pas seulement géographique : elle est aussi, et même d’abord, liée à l’appartenance. Cela apparaît dès le pays d’Égypte, après que Moïse ait tué un Égyptien qui maltraitait un Hébreu. Voyant ensuite deux Hébreux se disputer, il dit à l’un des deux : « Pourquoi frappes-tu ton prochain? » (Ex 2.11-14). Au verset 11, nous voyons ce mot associé au terme frère… L’Hébreu était le prochain de l’Hébreu, pas l’Égyptien (ce qui ne signifie pas que Moïse a eu raison de tuer l’Égyptien : il a dû apprendre, ensuite, que ce n’est pas ainsi qu’il allait sauver le peuple de Dieu).
Le Lévitique associe le prochain et le frère quand il est dit : « Lorsque quelqu’un [du peuple] péchera et commettra une infidélité envers l’Éternel en mentant à son prochain… » (Lv 5.21).
La loi révélée plus tard confirmera ces dispositions. « Aucun créancier ne pressera son prochain ou son frère. Tu te relâcheras de ton droit pour ce qui t’appartient chez ton frère. Il n’y aura aucun indigent chez toi » (Dt 15.2-4; 23.19; 24.10). Les prophètes ont eu le même message : « Vous direz, chacun à son prochain, chacun à son frère : qu’a dit l’Éternel? » (Jr 23.35; 31.34; 34.9-17). Retenons que tous ceux qui étaient comptés comme appartenant au peuple de Dieu partageaient les privilèges et les devoirs, y compris les étrangers assimilés. Tous, mais seulement eux24.
Le chapitre 19 du Lévitique, qui mentionne pour la première fois l’amour du prochain (v. 18), prend en compte tous ceux qui vivent en Israël avec l’impératif de sainteté qui s’y attache : « Vous serez saints, car je suis saint » (v. 2). Sont compris le pauvre et l’étranger au milieu de vous (v. 10, 34), le mercenaire (v. 13), le sourd et l’aveugle (v. 14), les enfants de ton peuple (v. 18), la personne du vieillard (v. 32), et enfin le prochain assimilé au frère (v. 17, lire les v. 16-18), cela avec l’expression les uns les autres (v. 11) qui caractérise les relations au sein du peuple de Dieu.
Mais que dit le Nouveau Testament? Je crois que le Nouveau Testament conserve cette définition du mot « prochain », équivalente au mot « frère ». La nouveauté, nous l’avons dit, c’est que des hommes et des femmes extérieurs au peuple d’Israël pourront être comptés, en plus grand nombre qu’auparavant, comme saints, comme frères, sœurs, prochains, toujours en rapport avec la foi.
L’association des termes se retrouve, confirmant la proximité de sens. « Abstiens-toi de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute. […] Que chacun de nous complaise au prochain pour ce qui est du bien en vue de l’édification » (Rm 14.21; 15.2, 7). « Ne parlez pas mal les uns des autres, frères, car celui qui parle mal d’un frère ou qui juge son frère juge la loi. […] Et toi, qui es-tu qui juges le prochain? » (Jc 4.11-12; voir Jc 2.14-16).
b. Aimer Dieu et le prochain←↰⤒🔗
Nous nous rappelons, bien sûr, du sommaire de la loi : tous les commandements résumés non pas en un seul, comme le demandait le scribe, mais en deux : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » Deux commandements semblables, dit Jésus. Indissociables avons-nous vu (voir Rm 12.12-13).
Vous vous souvenez de cette parole de l’apôtre Jean : « C’est ici son commandement : que nous croyions au nom de son Fils et que nous nous aimions les uns les autres » (1 Jn 3.23). Est-ce autre chose que ce qu’on appelle le sommaire de la loi : Aimer Dieu et son prochain? Est-ce autre chose que ce que dit Jean : « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère! » (1 Jn 4.21). Je ne le crois pas. Si cela est vrai, c’est alors que le terme prochain a été à tort compris comme désignant les hommes en général : il désigne aussi les membres du peuple de Dieu; il désigne les frères et les sœurs dans la foi, les saints. J’ai mis longtemps à l’admettre, mais maintenant je crois que c’est ainsi. Lire Lévitique 19.16-18 à la lumière de ces remarques.
Je cite Paul en Romains 13 :
« Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements […] se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Rm 13.8-9).
Nous retrouvons l’association obéissance au commandement/amour; et aussi l’expression « les uns les autres » (qui s’applique toujours aux disciples du Seigneur) associée au terme prochain.
Je cite Paul encore, dans un chapitre entièrement consacré à l’édification de l’Église (mais en réalité, c’est l’unique but des épîtres), Éphésiens 4.
« Voici donc ce que je dis, c’est que nous ne devons plus marcher comme des païens qui marchent selon la vanité de leurs pensées. […] C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun parle selon la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres » (Ép 4.17, 25).
Ce passage a achevé de me convaincre, car en aucun cas l’expression « membres les uns des autres » ne peut s’appliquer aux hommes en général.
5. L’ennemi, l’adversaire←⤒🔗
Il s’agit là d’une catégorie de personnes qui pourrait sembler plus difficile à situer. Jésus ne dit-il pas que nous devons aimer non seulement nos amis, mais également nos ennemis? « Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis » (Mt 5.44). Ne s’agit-il pas de ceux qui ne nous aiment pas, de ceux qui s’opposent à nous, de ceux du dehors? Ne concluons pas trop rapidement cette question qui, elle aussi, doit trouver sa réponse dans le texte biblique. Que lisons-nous dans ce même chapitre 5 de Matthieu?
« Quiconque se met en colère contre son frère […]. Si tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi. […] Accorde-toi promptement avec ton adversaire » (Mt 5.22-25).
Le contexte, c’est le culte et l’unité spirituelle requise pour se présenter devant Dieu. N’excluons pas que l’adversaire dont il est question soit aussi un membre du peuple de Dieu25.
Il est probable que ce soit dans ce sens-là qu’il faut entendre le fameux « Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un te prend ton manteau, ne l’empêche pas de prendre encore ta tunique… » (Lc 6.29-30). Ce quelqu’un, ce n’est pas n’importe qui; ou plutôt, c’est n’importe qui appartenant à Dieu comme toi26. Nous avons un propos parfaitement semblable au début de 1 Corinthiens 6 où Paul recommande de « se laisser dépouiller » plutôt que d’avoir « des querelles entre frères ». L’enjeu, c’est la communion!
Ce que nous devons comprendre, c’est que le peuple de Dieu est tout sauf un rassemblement d’amis! Il y a dans ce peuple des personnes qui ne se seraient jamais choisies, tellement leurs personnalités, leurs éducations, leurs goûts diffèrent. Mais par vocation, ils doivent manifester l’unité spirituelle et l’amour, au prix de sacrifices si nécessaire, y compris quand de l’inimitié ou des tensions se manifestent.
« C’est déjà certes un défaut chez vous que d’avoir des procès les uns envers les autres. Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller? Mais c’est vous qui commettez l’injustice et qui dépouillez, et c’est envers des frères que vous agissez de la sorte! » (1 Co 6.7-8).
La recommandation de Jésus concernant « la paille qui est dans l’œil de ton frère » (Lc 6.41) confirme l’importance que revêtent les relations délicates au sein du peuple de Dieu. Notons encore ce que dit Paul au sujet des adversaires :
« Le serviteur de Dieu ne doit pas avoir des querelles. Il doit au contraire être affable envers tous, avoir le don d’enseigner et de supporter; il doit redresser avec douceur les adversaires… » (2 Tm 2.24-25).
Il est évident dans ce passage qu’il s’agit de relations à l’intérieur de l’Église.
6. Le bon Samaritain←⤒🔗
Comme la parabole du jugement des nations en Matthieu 25 (« Toutes les fois que vous avez fait ces choses à un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », Mt 25.40), la parabole du bon Samaritain (Lc 10.25-37) a servi d’innombrables fois à justifier un amalgame entre l’amour fraternel et l’action sociale ou l’aide humanitaire.
Les courants libéraux ou modernistes accentuent tellement l’importance du contexte socioculturel des récits bibliques que ces récits n’ont plus grand-chose à nous dire aujourd’hui, si ce n’est quelques rappels moralisateurs.
Les évangéliques sont souvent tentés par une autre erreur : ils donnent d’emblée aux récits une portée universelle en oubliant le contexte dans lequel se situe le rédacteur. Dans les deux cas, la Bible est approchée avec des présupposés extérieurs à elle-même, ce qui expose à donner un sens qui n’est pas réellement celui du texte. C’est dans la Bible que nous devons trouver les clés pour interpréter correctement la Bible!
Une de ces clés, c’est la centralité du peuple de Dieu, Israël/Église, indissolublement liée à la centralité de Jésus-Christ lui-même. Genèse 12 le montre déjà : il y est question des étoiles du ciel et du sable sur le bord de la mer, mais c’est la descendance d’Abraham! Les nations de la terre qui seront bénies en lui, ce sont ceux et celles qui, au sein des nations, manifesteront la foi d’Abraham : il s’agit encore de la descendance d’Abraham. La descendance d’Abraham, ce sont ceux qui croient : c’est l’Israël fidèle, c’est l’Église de Jésus-Christ parmi les nations.
Quand, dans l’Ancien ou le Nouveau Testament, il est question de « la foule », ou du « peuple », ou quand nous lisons le mot « tous », nous sommes tentés de le comprendre d’une manière générale, alors que — sans qu’il soit besoin de le préciser dans le texte — il s’agit du peuple de Dieu et de lui seul (Lc 1.77; Ac 10.2). Il en est de même quand nous lisons « quelqu’un » (comparer Mc 11.25 et Mt 5.23-24), ou encore, au début de la parabole du bon Samaritain, quand il est question d’un homme, sans précision (le blessé, ici). Le Samaritain, lui, est en voyage (Lc 10.33), hors de sa contrée, c’est-à-dire en Israël (les lévites et les sacrificateurs ne circulaient qu’en Israël).
Quand le docteur de la loi qui interroge Jésus cite le sommaire de la loi (Lc 10.27), il sait bien qu’il s’agit d’une loi interne au peuple saint, selon Lévitique 25. Quand il demande qui est son prochain, Jésus lui montre au travers de la parabole que ceux qui devraient le savoir et le pratiquer le négligent, et que celui qui n’est pas directement concerné (car étranger au peuple de Dieu) démontre une sensibilité étonnante, celle d’un craignant Dieu. Cette sensibilité, ce n’est pas seulement « faire du bien à quelqu’un », c’est montrer des égards à un membre du peuple de Dieu (comme l’ont fait Rahab, Ruth, etc.). Pour Dieu, c’est déjà le signe de la foi. Cela apparaît maintes fois dans les Évangiles : les pierres qui peuvent devenir la descendance d’Abraham (Mt 3.9), la femme samaritaine, le lépreux samaritain, le centenier de Luc 7.2-5, celui de Luc 23.47, la femme syro-phénicienne, le centenier d’Actes 10…
C’est l’autre clé qui se révèle ici : ce que l’on fait au peuple de Dieu, c’est à Dieu qu’on le fait! D’innombrables passages le montrent tout au long de la Bible. Le lien entre Dieu et son peuple est tel que c’est exercer une forme de piété que de servir son peuple ou un membre de son peuple, serait-ce le plus petit27. Jean le souligne dans sa première lettre : le double signe de la vie nouvelle, c’est garder les commandements et aimer les frères. Quand on lit 1 Jean 4.20 à 5.2 (« Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ») on retrouve, avec d’autres mots, le sommaire de la loi : aimer Dieu et son prochain!
Jésus montre par ailleurs qu’en Israël, le prochain n’est pas seulement celui qui est aimé comme un frère, mais c’est aussi celui qui aime de cette manière propre au peuple de Dieu. « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des brigands? […] Va et toi, fais de même. » En « exerçant la miséricorde » envers un enfant d’Israël, le Samaritain montre que son cœur est préparé pour le Royaume de Dieu. Il est déjà proche de la communion des saints.
Notes
1. Il n’est pas rare de voir sur la façade de certaines églises ou de certains temples : République française — Liberté, égalité, fraternité.
2. Pour la réflexion, comparer les versets 13 et 18 du Psaume 33 qui nous parle de deux regards de Dieu : un pour l’ensemble des hommes et un pour « ceux qui le craignent et qui espèrent en sa bonté ». L’affirmation de Philippiens 2.10 : « Tout genou fléchira et toute langue confessera » trouve un éclairage intéressant avec un texte parallèle en Romains 14.10-11 où cette mention est clairement appliquée aux frères en la foi.
3. En Éphésiens 4.6, nous lisons qu’il y a « un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et parmi tous et en tous ». Le principe de l’analogie de la foi nous contraint à appliquer cette affirmation aux enfants de Dieu et à eux seuls, même si une partie du verset semble pouvoir être appliquée à l’ensemble des hommes.
4. Pour certains passages, le contexte peut sembler moins explicite et on sera tenté d’appliquer le mot « tous » à tous les hommes. Dans la majorité des cas, la totalité qui est ainsi désignée s’applique aux élus (Jn 13.35; Hé 2.9-13).
5. D’autres versets où le mot « tous » semble avoir une portée universelle (tous les hommes ou toute chose) alors qu’il implique une totalité définie, en rapport avec le dessein précis de Dieu en Jésus-Christ : Rm 1.5; 1 Co 13.7; Ép 4.6.
6. Voir aussi Ac 13.48; 28.28; Rm 15.9, 16, 21, 27; 16.4; 1 Tm 2.7; 2 Tm 1.11…
7. « Oui, Dieu aime les peuples; tous les saints sont dans sa main » (Dt 33.3). C’est également ainsi que l’on comprend toutes les mentions des peuples qui louent l’Éternel et proclament ses hauts faits (Ps 117.1, etc.) Tous les hommes le font-ils? Non. Ses saints seulement, dispersés parmi les peuples et connus de Dieu.
8. Il est évident que ce sujet demanderait une étude beaucoup plus approfondie. Je n’apporte ici que des éléments qui peuvent orienter notre réflexion en rapport avec notre sujet : le ministère diaconal de l’Église et dans l’Église.
9. Nous verrons plus loin que la parabole du bon Samaritain est probablement mal comprise, généralement, quand on comprend d’une manière indiscriminée la mention : « un homme ». Le sens alors se perd pour une simple morale…
10. Au début de 1 Corinthiens 6, Paul écrit : « Quelqu’un de vous a-t-il un différend avec un autre… » Les versets suivants montrent sans ambiguïté qu’il s’agit de relations au sein du peuple de Dieu, avec un enjeu tout particulier.
11. Certains pourraient considérer qu’en Actes 17.26, nous avons une autorisation à considérer tous les hommes comme frères… en humanité. L’idée est belle, mais est-elle judicieuse?
12. Affirmer cela n’implique pas que l’on considère comme peu de chose que tous les hommes soient créés à l’image de Dieu. Mais jamais la Bible n’en déduit que tous les hommes sont frères, avec les implications que cela supposerait. « Honorez tout le monde, aimez les frères » (1 Pi 2.17).
13. Mt 1.21; 9.36; Lc 14.25; Ac 4.1-2…
14. Voir 1 Jn 4.21 à 5.1 où le terme frère désigne précisément celui qui est « né de Dieu ».
15. C’est l’esprit du Sermon sur la Montagne et des Béatitudes.
16. Nous pouvons même remarquer que le terme pauvre, comme le mot petit, désigne précisément le disciple en tant que tel, en sa qualité de disciple, indépendamment de sa fortune. Voir Luc 6.20.
17. 1 Co 11.21; voir 2 Co 8.13-15; 1 Jn 3.17.
18. L’expression de la lettre aux Galates : « Souvenez-vous des pauvres » (Ga 2.10) se rapporte clairement à la préoccupation de l’apôtre pour « les frères de la Judée » (Ac 11.29-30).
19. On peut excepter le livre des Proverbes dont les sentences ont un caractère universel.
20. Certains textes semblent parler des étrangers d’une manière générale, il est vrai (Dt 11.19), mais les textes parallèles montrent qu’il s’agit des étrangers qui « viennent à séjourner au milieu » du peuple de Dieu (Lv 19.33-34) et soumis à une même discipline (Lv 17.8, 10; 18.26-29; 19.8; 20.2; Jos 8.35; voir 1 R 8.41-43).
21. Ainsi, les étrangers accueillis au sein du peuple de Dieu et pratiquement soumis aux mêmes règles étaient-ils sanctifiés avec le peuple saint, comme l’est le conjoint d’un croyant ou d’une croyante (1 Co 7.14).
22. Voir plus loin la mention de l’ennemi, de l’adversaire.
23. Voir plus loin l’interprétation que nous proposons de la parabole du bon Samaritain.
24. La règle d’interprétation à suivre, quand deux termes sont ainsi associés, consiste à éclairer le sens du terme le moins facile à comprendre (prochain) par le sens du terme le mieux défini (frère).
25. Le méchant de Matthieu 5.39, 45 peut bien désigner un membre du peuple de Dieu, comme en 7.11. Mais je n’exclus pas que Jésus appelle aussi ennemis tous les non-juifs, considérés alors comme impurs…
26. Je ne prétends pas ici apporter toute la lumière nécessaire sur ce chapitre. Mais d’autres que moi ont dit que le Sermon sur la Montagne était entièrement utopique si on cherchait à l’appliquer aux hommes en général. Or, l’Évangile est tout sauf une utopie. Remarquons que Jésus n’a pas tendu l’autre joue au soldat romain qui l’a souffleté. Il l’a au contraire repris sévèrement (Jn 18.22-23)
27. Mt 10.40, 42; 25.40; Mc 9.41; Hé 6.10; Za 2.8.