Nos œuvres bonnes sont acceptées
Nos œuvres bonnes sont acceptées
Nos œuvres bonnes ne méritent-elles donc rien alors que Dieu veut les récompenser dans cette vie et dans celle qui est à venir1?
Cette récompense n’est pas donnée par mérite, mais par grâce2.
1. Mt 5.12; Hé 11.6.
2. Lc 17.10; Rm 11.6; 2 Tm 4.7-8.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 63
Nous sommes justifiés par la foi seule, par pure grâce, sans nos œuvres. Voilà la bonne nouvelle de l’Évangile! Dans un article précédent, nous avons examiné une grande objection soulevée contre cette merveilleuse vérité, une objection qui surgit de notre cœur pécheur. « Mais nos œuvres bonnes ne peuvent-elles pas contribuer à notre justice, au moins en partie? » (Q&R 62). La réponse est un non catégorique. Nos bonnes œuvres sont inutiles pour nous acquérir le salut, car même nos meilleures œuvres sont souillées par le péché.
Mais, vous savez, nous sommes vifs et intelligents. Dans notre orgueil, nous trouvons rapidement des choses à redire. Une deuxième objection est maintenant soulevée, fondée cette fois-ci sur des arguments bibliques. « Nos œuvres bonnes ne méritent-elles donc rien alors que Dieu veut les récompenser dans cette vie et dans celle qui est à venir? » (Q&R 63). La question est excellente puisqu’elle repose sur l’enseignement des Écritures. La réponse est la suivante : Nos bonnes œuvres sont acceptées par Dieu par pure grâce. Elles sont inutiles pour contribuer de quelque manière que ce soit à notre justice, mais Dieu, par pure grâce et sans aucun mérite de notre part, les accepte. Pour nous montrer qu’il les accepte, il nous promet des récompenses.
1. Dieu promet des récompenses⤒🔗
Plusieurs textes de la Bible annoncent une récompense à ceux qui font ce qui est bien et ce qui plaît au Seigneur. Dans l’Ancien Testament, Dieu a promis de bénir ceux qui lui obéissent. « Pour qui les observe [les lois de Dieu], l’avantage est grand » (Ps 19.12). Moïse lui-même « regardait vers la récompense » (Hé 11.26). L’apôtre Paul espérait recevoir la couronne de justice parce qu’il avait combattu le bon combat de la foi (2 Tm 4.8). Le Seigneur promet une récompense à ceux qui endurent patiemment la persécution à cause de son nom :
« Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés » (Mt 5.12).
De manière plus générale : « Celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent » (Hé 11.6). Oui, c’est exact, « Dieu veut récompenser nos œuvres bonnes dans cette vie et dans celle qui est à venir » (Q&R 63).
Comment comprendre ces textes? Cela signifie-t-il que nos œuvres sont méritoires? Contribueraient-elles d’une manière ou d’une autre à faire en sorte que Dieu soit content de nous? Il faut comprendre ces textes dans leur contexte. Ces récompenses ne sont pas promises à ceux qui sont en dehors de Jésus-Christ. Elles sont pour ceux qui appartiennent à Jésus-Christ et qui se confient en lui. Ces œuvres bonnes ne constituent pas leur justice, qui est déjà pleinement acquise par Jésus seul. Ces bonnes œuvres sont faites par ceux qui sont déjà en paix avec Dieu, réconciliés avec lui par le sang du Christ. Nous sommes rachetés par Jésus-Christ et recréés en lui pour accomplir des œuvres bonnes.
« Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les œuvres bonnes » (Tt 2.14).
Prenons l’exemple de nos enfants. Nous nous attendons à ce qu’ils soient obéissants, non pour qu’ils gagnent le droit de faire partie de notre famille, mais parce qu’ils sont déjà membres de notre famille.
2. Des récompenses données par grâce←⤒🔗
Sur quelle base ces récompenses seront-elles alors données? Serait-ce à cause de notre belle et excellente obéissance à Dieu ou de notre grande fidélité en tant que serviteurs? Pas du tout. « Cette récompense n’est pas donnée par mérite, mais par grâce » (Q&R 63). Il s’agit d’une réponse très courte, mais juste et précise. Nous avons bien de la difficulté à comprendre cela. Nous vivons à l’époque des négociations syndicales et des conventions collectives où chaque minute de travail doit être comptée. Quand nous recevons une récompense, nous aimons bien nous flatter à croire que nous l’avons méritée. Nous voulons que nos efforts soient reconnus. Avec Dieu, les choses sont bien différentes. Quand il donne une récompense, celle-ci est non méritée.
La parabole des ouvriers embauchés à différentes heures le montre bien. Le maître de la maison embauche des ouvriers pour qu’ils travaillent dans sa vigne et il convient avec eux d’un salaire. À la fin de la journée, tous les travailleurs font la queue pour recevoir leur chèque de paye. Les derniers embauchés reçoivent leur paye les premiers. Quand les autres voient que ceux qui ont travaillé seulement une heure reçoivent un denier complet, ils se mettent à s’imaginer qu’ils recevront bien davantage que le montant convenu. N’ont-ils pas sué toute la journée à la chaleur du soleil? Quelle déception! Ils ne reçoivent qu’un denier eux aussi. Ils déposent une plainte au patron. Un syndicat aurait déposé un grief. Certains ont travaillé davantage, d’autres moins, et pourtant tous ont reçu le même montant. Quelle injustice! La mesure utilisée par les travailleurs est celle du mérite, mais le maître répond :
« Mon ami! Je ne te fais pas tort, n’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier? Prends ce qui est à toi et va-t’en. Je veux donner à celui qui est le dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire de mes biens ce que je veux? Ou vois-tu de mauvais œil que je sois bon? » (Mt 20.13-15).
Quelle est la mesure utilisée par le patron? Celle de la bonté de Dieu et de sa grâce imméritée. Par pure grâce, le maître accorde à chacun le même montant. Il est généreux comme il veut et envers qui il veut.
Quelle est la valeur de nos contributions à l’œuvre de Dieu? Par elles-mêmes, elles n’ont aucune valeur pour Dieu, elles sont même repoussantes à ses yeux, comme un vêtement taché du sang des menstruations. Pourtant, il se plaît à récompenser nos bons efforts, non pas parce qu’ils mériteraient quoi que ce soit de bon, mais parce que le Seigneur est plein de grâce.
Prenons l’exemple de parents offrant une récompense à leur enfant pour ses bons résultats scolaires à la fin de l’année. Il était tout à fait normal que le jeune travaille du mieux possible et qu’il réussisse son année scolaire. Les parents auraient très bien pu ne lui offrir aucun présent et ils auraient été pleinement dans leur droit. Cependant, pour montrer leur générosité, ils décident de lui offrir un cadeau en récompense.
Si Dieu agissait avec nous uniquement selon sa justice et selon nos mérites, quel salaire recevrions-nous? La mort! La mort éternelle. Nous ne recevrions aucune récompense, aucun salut, aucune bénédiction, mais uniquement la condamnation éternelle. Soyons reconnaissants des récompenses promises par Dieu dans sa grande générosité et dans son infinie miséricorde!
3. Sauvés par grâce pour de bonnes œuvres←⤒🔗
Il est bon de se rappeler non seulement de quoi Jésus nous a sauvés, mais aussi de la raison pour laquelle il nous a sauvés. Il nous a sauvés du péché et de l’esclavage du diable, pour que nous fassions des œuvres bonnes. De la servitude au service! Péché, délivrance, reconnaissance!
« Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Ép 2.9-10).
Il nous appelle à faire des œuvres bonnes comme marque de notre reconnaissance pour ce si grand salut et non pour mériter ce salut. Ces œuvres, toutefois, sont celles que Dieu lui-même a préparées et gardées en réserve pour nous, afin que nous les pratiquions!
L’œuvre de Jésus-Christ dans nos vies est puissante. Il nous a rendus à la vie et il nous transforme pour que nous soyons rendus capables de faire ces œuvres bonnes auxquelles il nous appelle et qui sont prêtes à être mises en pratique. Nous commençons à faire ce qui est bien et ce qui lui plaît, sauf que ce commencement n’est pas suffisant pour que nous méritions quelque récompense que ce soit. Même nos meilleures œuvres sont toujours entachées par le péché. Il nous est donc impossible de nous vanter de nos œuvres ou de prétendre mériter quelque récompense que ce soit. Nos œuvres bonnes ne nous sauvent pas, c’est Dieu qui nous a déjà déclarés justes devant lui, et c’est lui qui, par son Esprit, nous rend capables de faire ces œuvres bonnes. Nous sommes ses enfants et ses serviteurs. Nous faisons simplement notre devoir, et nous le faisons très imparfaitement. Dieu n’a pas à nous remercier ou à nous féliciter.
4. Sa grâce couronnée de récompenses non méritées←⤒🔗
Pourtant, même si nous ne pouvons jamais prétendre à aucun mérite, le Seigneur nous promet une récompense. Cette promesse est pour ceux qui sont déjà gratuitement justifiés. « Cette récompense n’est pas donnée par mérite, mais par grâce » (Q&R 63). Au dernier jour, le Maître dira à ses enfants qui auront fait de bonnes œuvres : « Bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup; entre dans la joie de ton maître » (Mt 25.23). Nous ne pouvons pas prétendre gagner cette récompense, mais le Seigneur, dans sa grâce merveilleuse, couronnera ses enfants de récompenses non méritées.
Cette récompense n’a donc rien à voir avec notre justice devant Dieu. Même nos meilleures œuvres sont souillées par le péché. En elles-mêmes, elles ne sont pas acceptables aux yeux de Dieu. Elles sont pourtant acceptées uniquement si elles sont sanctifiées par sa grâce en Jésus-Christ. Les œuvres bonnes que nous nous efforçons de faire par amour pour Dieu et afin de le servir de bon cœur doivent être faites en Jésus-Christ et par lui, avec la force de son Esprit, afin qu’il en enlève toutes les imperfections. Nous devons présenter nos œuvres bonnes devant le trône de Dieu de manière à ce qu’elles soient purifiées par le sang du Christ, pour que Dieu les regarde favorablement. Il nous est impossible de nous présenter devant son trône en dehors de Jésus-Christ. Il est le seul fondement de notre salut, notre seule justice devant Dieu. C’est uniquement sur ce fondement que l’on pourra bâtir « avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses… », pouvant résister au feu qui « éprouvera de quelle nature est l’œuvre de chacun », nous dit Paul (1 Co 3.12-13). Le Christ est le seul qui a mérité la récompense par ses œuvres, et c’est par pure grâce qu’il distribue cette récompense à ceux qui sont cohéritiers avec lui.
Nous devrions nous attendre à ce que Dieu nous rejette, mais il nous reçoit favorablement. Nous devrions nous attendre à ce qu’il désapprouve nos œuvres, mais, au lieu de cela, nous recevons des bénédictions! Non parce qu’il y aurait quoi que ce soit de bon en nous-mêmes, mais seulement à cause de son bon plaisir et de sa merveilleuse grâce en Jésus-Christ.