Notre foi en Jésus-Christ
Notre foi en Jésus-Christ
« Où trouver Dieu? Où entendre sa Parole? Où puis-je la rencontrer, me trouver en face d’elle et revenir à elle? L’Évangile répond : en Jésus-Christ. Dans le mystère de la personne de cet homme né il y a deux mille ans dans une petite ville de la Palestine, qui y a grandi, parlé et agi, qui y est mort et ressuscité, la Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité.
Cette Parole, quoiqu’elle ait été cachée sous la chair qu’elle avait prise, elle s’est affirmée avec une royale liberté. C’est toujours à nouveau une expérience extraordinaire que de rencontrer à toutes les pages de l’Évangile cette autorité souveraine qui se pose simplement, sans avoir d’autre référence qu’elle même. Il suffit à Jésus-Christ de dire : Je suis, et tout est affirmé sans qu’aucune contradiction puisse l’atteindre, sans qu’aucune objection puisse peser un instant dans la balance. Je suis, dit-il, la lumière du monde. Je sais d’où je viens et où je vais. Je vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu… Les Paroles que je vous ai dites sont esprit de vie… Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Entre Jésus-Christ et ses négateurs, il ne peut y avoir que l’opposition de la vérité et du mensonge » (Jean Bosc).
Il y a à peine cinquante ans, on parlait du problème historique de Jésus, et chez des théologiens radicaux, on parlait même « du mythe de Jésus », lequel, affirmait-on avec une superbe assurance, n’avait jamais existé. Les Évangiles étaient pure fiction, l’Église fondée sur la foi en un personnage imaginaire, n’ayant plus de réalité historique que les dieux de l’Olympe… On comparait les récits de la naissance virginale aux légendes de Bouddha, de Krishna et autres Mithra. Et que la légende d’un dieu mourant et ressuscitant était l’article fondamental de la foi des adorateurs d’Adonis et d’Osiris. Jésus n’avait pas plus guéri de malades qu’Esculape, et son enseignement même trouverait des parallèles dans des systèmes d’éthique païenne… Sur cette base, phantasme ou irrationnelle, des hommes auraient cherché à échapper aux dures réalités de leur existence pour rêver à un monde imaginaire d’où viendraient les solutions à tous leurs problèmes. Pas un historien sérieux, chrétien ou non chrétien, ne pourrait admettre l’existence historique de Jésus!
Laissons la responsabilité de telles thèses à des théologiens irresponsables… Je vous invite à écouter les lignes suivantes que j’emprunte à Jean Delumeau, professeur au Collège de France. Il donne un compte-rendu d’un livre intitulé Hypothèses sur Jésus d’un jeune auteur italien, Vittorio Messori.
« Journaliste, Messori part à la recherche du Jésus de l’histoire. L’auteur, à l’époque 38 ans, appartenait à une famille totalement incroyante. Certes, au lycée il assistait aux cours d’instruction religieuse, qui demeuraient obligatoires… Mais il n’écoutait que d’une oreille distraite, tout en apprenant les leçons du lendemain… Cet enseignement lui parut une bufonata. Devant l’étudiant en sciences politiques, il milita au parti communiste. Du christianisme, il ne connaissait toujours que l’image-écran qu’en donne le parti au pouvoir. Mais voici que pour une recherche secondaire il lit les pensées de Pascal, qui tout à la fois, le bouleversent et l’éclairent. Invité par Pascal, Messori lit les Évangiles, qui provoquent en lui un véritable choc, tant le texte lui paraît dense, simple, rugueux et lumineux. Alors il se pose la question : qui est ce Jésus dont parlent les Évangiles? Un homme divinisé par ses disciples? Un mythe sans consistance historique? L’auteur s’est adressé à lui-même l’interrogation du Maître : “Et vous, qui dites-vous qui je suis?” Comme un détective, le journaliste professionnel a enquêté auprès des savants les plus qualifiés : archéologues, spécialistes de l’Écriture sainte et du christianisme primitif. Guidé par eux, il a dépouillé pendant douze ans l’essentiel de la documentation, surtout récente, réunie sur Jésus. Il s’est rendu plusieurs fois en Israël et en a visité les champs de fouilles. C’est cet itinéraire que résume le livre. À l’origine, Messori n’écrivait que pour lui-même. Il voulait seulement mettre au clair le résultat de ses investigations. Mais, ensuite, il s’est adressé à tous ceux qui s’interrogent sur Jésus, se souvenant de la parole de Pierre : “Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect.” »
Messori reçoit une aide précieuse de Jean Guitton, qui dénombre trois solutions concernant Jésus : Jésus est un homme divinisé. Une deuxième solution mythique : il est un dieu progressivement humanisé. Et puis la solution de la foi : il est le Fils de Dieu. Cette dernière, qui est celle de l’auteur, n’est pas démontrable. Mais elle peut, en s’appuyant sur les découvertes les plus récentes, faire ressortir les insuffisances et les contradictions des deux autres. Elle joue alors comme un décapant et peut, paradoxalement, se présenter comme le meilleur refuge possible pour la raison elle-même. Car plus on abaisse Jésus par la critique ou par le mythe, plus on épaissit le mystère autour de lui.
L’acceptation du mystère demeure donc une des conditions de la foi. La réussite de Jésus est à son tour stupéfiante. En son temps (au sens large), les messies furent nombreux. On les a oubliés. Mais c’est celui qui est mort sur une croix et dont les prédications ont pu paraître démenties par les faits qui a bouleversé le monde. La science n’expliquera jamais par des raisons pleinement satisfaisantes la diffusion du christianisme. Impossible, par conséquent, d’évacuer du christianisme le plus ancien l’affirmation de l’incarnation de Dieu.
« C’est seulement si Jésus est l’image de Dieu que de scandale intolérable qu’il est, le mal peut se transformer en mystère, fût-il insondable; mystère d’une toute-puissance qui s’offre à ses créatures comme un esclave crucifié. »
À notre tour, référons-nous à l’Évangile pour comprendre Jésus et afin de le confesser comme le Christ de notre foi.
La vie et la mission de Jésus-Christ prennent leurs origines et trouvent leur explication dans les Évangiles. À travers les mots de ces quatre livres, les témoins de sa vie cherchent depuis toujours à connaître son âme, la loi de son existence, le secret de sa divine personne et le moteur de son action sur le monde. Mais l’Évangile n’est vraiment lui-même que s’il est reçu dans la foi. Non pas seulement comme le récit d’une histoire passée, mais comme la révélation de celui qui s’est fait homme mortel, qui a été enseveli, mais qui, ressuscité, vit aux siècles des siècles. La Parole a été faite chair et aucun des traits de cette chair ne nous laisse indifférents. Sa personnalité véritable était déjà présente, parfaitement, lorsqu’il peinait sur les routes poussiéreuses de la Palestine, lorsqu’il tentait d’éclairer ses auditeurs, lorsqu’il souffrait et mourait. C’était le Fils du Père qui parlait et qui saignait. Loin donc que la foi s’oppose à l’histoire quand il s’agit de Jésus, la foi met sur le chemin de l’histoire et cherche l’histoire le plus fidèlement possible. La foi est donc le facteur de fidélité et non d’altération. Elle restitue les discours de Jésus et ses gestes avec la plus grande exactitude possible. Les gestes de Jésus sur la terre étaient la plénitude de la richesse de Dieu.
Pourtant, pour les saisir tous dans leur signification profonde, il nous faut bien évidemment partir de la résurrection. C’est une certitude des premiers témoins — et elle demeure celle de l’Église fidèle — que le Ressuscité était bien le Messie envoyé par Dieu. Il était venu de l’autre côté de l’univers et il allait y retourner. Retourner vers la zone de gloire de son Père. Il était le Christ de Dieu, le Seigneur de l’univers, venant de Dieu et demeurant en lui. Il n’était donc pas possible qu’il fût retenu dans le pouvoir de la mort.
La résurrection est l’expérience d’une condition nouvelle de Jésus dans la gloire de son Père et, du même coup, la révélation de sa qualité permanente et éternelle de Fils de Dieu. Sur les pages de l’Évangile, notre foi découvre les dimensions divines de Jésus ressuscité; sa grandeur souveraine; ses apparitions après sa résurrection, tous les gestes qu’il accomplit et les signes qu’il offre, indiquent qu’il était dès avant sa mort et sa résurrection le Seigneur de l’univers, le Fils de Dieu.
Marchons donc à la suite du Jésus de l’histoire, qui n’est autre que le Christ de notre foi, le Seigneur de nos vies, celui de l’Église et du monde. Vivons aussi de la plénitude offerte par lui en qui sont cachées toutes les richesses de la divinité. Il nous les communique par son Esprit qui nous habite. Le Saint-Esprit est le secret de la vie de Jésus et la source de la foi qui nous conduit vers lui. Il reproduira dans nos vies le Christ glorifié. Il fera de nous des enfants de Dieu. Il sera l’élan vital pour vivre une vie selon le modèle déposé une fois pour toutes, le Christ Jésus. Le Christ et son Esprit se joignent pour faire de nous une nouvelle création, afin que nous parvenions à la connaissance de la puissance de la résurrection, et que nous découvrions enfin, apaisés et reconnaissants, le visage de Dieu, notre Créateur et notre Père en Christ, dans la communion du Saint-Esprit.