Proverbes et sagesse (2) - Sagesse et richesse
Proverbes et sagesse (2) - Sagesse et richesse
Le livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament, nous propose une sagesse inspirée par Dieu lui-même. Cette sagesse, avons-nous vu dans un article précédent, n’est pas seulement faite de maximes tirées de l’expérience humaine, elle a ses racines dans la connaissance de l’Éternel, car, lisons-nous à plusieurs reprises, révérer l’Éternel, voilà la clé de la sagesse. Citons plutôt un extrait du troisième chapitre du livre des Proverbes :
« Mets ta confiance en l’Éternel de tout ton cœur, et ne te repose pas sur ta propre intelligence. Cherche à connaître sa volonté pour tout ce que tu entreprends, et il te conduira sur le droit chemin. Ne te prends pas pour un sage, révère l’Éternel et détourne-toi du mal; ce sera une bonne médecine qui t’assurera la santé du corps et la vitalité de tout ton être. Honore l’Éternel en lui donnant une part de tes biens et en lui offrant les prémices de tous tes revenus. Alors tes greniers regorgeront de nourriture et tes cuves déborderont de vin. Mon fils, si l’Éternel te corrige, n’en fais pas fi, s’il te reprend ne t’impatiente pas, car c’est celui qu’il aime que l’Éternel reprend, agissant comme un père avec l’enfant qu’il chérit » (Pr 3.5-12).
En contraste avec la sagesse, la folie, elle aussi personnifiée au cours du chapitre 9, promet bien des choses à qui veut suivre son avis, mais en fin de compte elle amène la ruine sur les insensés qui s’adressent à elle pour qu’elle dirige leur conduite.
« La folie est une femme bruyante, elle est sotte et n’y connaît rien. Elle s’assied à la porte de sa maison, elle place son siège aux points les plus élevés de la ville, pour interpeller les passants qui vont droit leur chemin. “Qui manque d’expérience, qu’il vienne par ici!” À qui il manque du bon sens, elle déclare : “Les eaux dérobées sont plus douces, et le pain mangé en secret est plus savoureux”. Mais ils ne savent pas que chez elle se rassemblent les morts et que ses invités sont déjà au séjour des morts » (Pr 9.13-18).
Vous avez sûrement remarqué dans ce passage que la folie prétend aussi apprendre quelque chose aux hommes, au même titre que la sagesse. Mais elle les oriente vers le gain mal acquis, vers la tromperie et les cachotteries tout en leur faisant miroiter la tentation de choses délicieuses. En fin de compte, c’est la mort qui attend ceux qui suivent son mauvais conseil.
Je vous propose maintenant de vous tourner vers le chapitre 23 du livre des Proverbes, afin de méditer sur quelques maximes particulières. Prenons la maxime suivante, qui a trait aux relations qu’on peut avoir avec des gens haut placés : « Si tu es à table avec un dirigeant, considère bien qui tu as devant toi! Réfrène ton appétit si tu es un glouton, ne te laisse pas tenter par ses bons plats, car il se pourrait que ces mets soient décevants » (Pr 23.1-3). En hébreu, la langue dans laquelle l’Ancien Testament a été écrit, il est dit, littéralement : « Mets un couteau devant ta gorge », là où on a traduit : « Réfrène ton appétit ». Ce Proverbe met en garde contre la confiance naïve qu’on peut avoir à l’égard des gens haut placés, influents, dont on recherche la compagnie et dont on voudrait souvent être bien vu. Être invité à leur table n’est pas nécessairement un signe de leur faveur et de leur amitié. Il se pourrait qu’ils cherchent à vous manipuler, à se servir de vous en faisant de vous leur obligé. À la fin, les délicieux mets servis à leur table pourraient s’avérer bien difficiles à digérer.
Une maxime similaire est présentée quelques versets plus loin :
« Ne te laisse pas inviter par quelqu’un qui te regarde d’un mauvais œil, et ne convoite pas ses bons plats, car, au fond de lui, il est calculateur. “Mange et bois”, te dira-t-il, mais son cœur n’est pas avec toi. Le morceau que tu as mangé, tu devras le rendre, et c’est en pure perte que tu auras tenu des propos aimables » (Pr 23.6-8).
Une autre traduction dit : « Tu vomiras le morceau que tu as mangé, et tu auras perdu tes paroles agréables. » Nous avons ici un avertissement à bien considérer les motifs qui amènent certains à vous inviter à leur table ou à vous faire des faveurs, avant d’accepter cette invitation ou ces faveurs.
La maxime placée entre les deux précédentes a trait à la convoitise de l’argent :
« Ne te tourmente pas pour t’enrichir, refuse même d’y penser! À peine as-tu fixé les regards sur la fortune que déjà, elle s’est évanouie, car elle se fait des ailes et s’envole comme l’aigle en plein ciel » (Pr 23.4-5).
Le livre des Proverbes a souligné dès le début que l’acquisition de la vraie sagesse vaut bien mieux que celle des richesses. Au chapitre 3, nous lisons :
« Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse! Heureux celui qui est devenu raisonnable! Acquérir la sagesse vaut mieux que gagner beaucoup d’argent. Les avantages qu’elle donne sont plus précieux que l’or fin. Elle a plus de prix que les perles, et aucun trésor que tu pourrais désirer n’égale sa valeur » (Pr 3.13-15).
Bien entendu, la maxime en question n’a pas trait à la légitime recherche des ressources financières nécessaires à son propre entretien et à celui de sa famille, mais à une convoitise de l’argent, de la richesse en tant que telle. Une telle richesse se fait et se défait, elle est passagère.
Le Nouveau Testament abonde en passages qui condamnent une telle convoitise. Le Seigneur Jésus déclare ce qui suit dans le Sermon sur la Montagne :
« Ne vous amassez pas des richesses sur la terre où elles sont à la merci de la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les murs pour voler. Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n’y a ni rouille, ni mites qui rongent, ni cambrioleurs qui percent les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6.19-21).
Et l’apôtre Paul écrit les paroles suivantes dans sa première lettre à Timothée :
« Ceux qui veulent à tout prix s’enrichir s’exposent eux-mêmes à la tentation et tombent dans le piège de nombreux désirs insensés et pernicieux qui précipitent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l’amour de l’argent est la racine de toutes sortes de maux. Pour s’y être abandonnés, certains se sont égarés très loin de la foi, et se sont infligé beaucoup de tourments » (1 Tm 6.9-10).
Ces paroles sont comme un écho du Proverbe suivant, qu’on trouve au chapitre 15 : « Celui qui veut s’enrichir à tout prix entraîne sa famille dans le malheur, mais celui qui déteste les pots-de-vin vivra longtemps » (Pr 15.27).
Pour ce qui est des biens amassés non par amour du gain, mais par sagesse et prévoyance, voici ce que dit le livre des Proverbes au chapitre 21 : « Dans la demeure de l’homme sage, on trouve de précieux trésors et des réserves d’huile, mais l’insensé dilapide ce qu’il a » (Pr 21.20). Et un peu plus loin au même chapitre, c’est le paresseux qui se voit condamné :
« Les désirs du paresseux le feront mourir, car il refuse de travailler de ses mains. Tout le long du jour, il est en proie à la convoitise, alors que le juste donne sans retenir » (Pr 21.25-26).
Ce juste-là est celui qui a su être économe, non par avarice ou amour de la richesse, mais pour savoir être généreux. Au chapitre 4 de sa lettre aux Éphésiens, Paul écrit :
« Que le voleur cesse de dérober; qu’il se donne plutôt de la peine et travaille honnêtement de ses mains pour qu’il ait de quoi secourir ceux qui sont dans le besoin » (Ép 4.28).
Et concernant ceux qui ne veulent pas travailler, pour une raison ou pour une autre, il écrit aux Thessaloniciens, dans sa seconde lettre :
« En effet, lorsque nous étions chez vous, nous vous avons donné cette recommandation : “Que celui qui refuse de travailler renonce aussi à manger!” Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée : ils ne travaillent pas et se mêlent des affaires des autres. Nous invitons ces personnes-là à suivre la recommandation suivante : au nom du Seigneur Jésus-Christ, travaillez dans la paix et gagnez vous-mêmes votre pain » (2 Th 3.10-12).
À la fin du chapitre 27, le livre des Proverbes invite aussi son lecteur à prendre soin de ses ressources, car elles lui permettent de subsister et de pourvoir à son entretien et à celui de sa famille. Ni la paresse, ni l’oisiveté, ni la dilapidation des biens ne sont encouragées sous prétexte que c’est Dieu qui est la source première de tous nos biens. Certes, la richesse est passagère, mais une bonne gestion de nos biens permet d’avoir ce qu’il faut pour la vie quotidienne.
« Tâche de bien connaître l’état de chacune de tes brebis, sois attentif à tes troupeaux, car la richesse n’est pas éternelle, et une couronne ne subsiste pas à toujours. Quand tu auras récolté le foin, pendant que pousse le regain, et que l’herbe des montagnes est recueillie, des moutons te fourniront de quoi te vêtir et des boucs serviront à te payer un champ, le lait des chèvres suffira à ta nourriture, à celle de ta famille et à l’entretien de tes servantes » (Pr 27.23-27).
Même si ce Proverbe se réfère à une vie rurale qui n’est plus celle de la majorité des hommes et des femmes d’aujourd’hui, le principe qui le sous-tend reste toujours valable : il ne faut pas se reposer sur ses avoirs, mais bien les surveiller et prendre les mesures qui s’imposent avec diligence pour que ces avoirs ne fondent à cause de notre négligence. On peut rapporter à ce conseil de prévoyance le Proverbe suivant du chapitre 27 : « L’homme avisé voit venir le malheur et se met à l’abri; le stupide poursuit son chemin et en subira les conséquences » (Pr 27.12). Quant au paresseux, au chapitre 6, il est invité à aller observer la fourmi et prendre exemple sur elle :
« Toi qui es paresseux, va donc voir la fourmi, observe son comportement et tu apprendras la sagesse. Elle n’a ni surveillant, ni contremaître, ni chef. Durant l’été, elle prépare sa nourriture, au temps de la moisson, elle amasse ses provisions. Et toi, paresseux, combien de temps vas-tu rester couché? Quand donc sortiras-tu de ton sommeil pour te lever? Je vais faire un petit somme, dis-tu, juste un peu pour m’assoupir, rien qu’un peu croiser les mains et rester couché un instant. Mais pendant ce temps, la pauvreté s’introduit chez toi comme un rôdeur, et la misère comme un pillard » (Pr 6.6-11).
Dans notre article suivant, nous examinerons une autre série de Proverbes, afin de pénétrer plus avant cette sagesse qui prend sa source dans la connaissance des commandements divins.