La révélation générale - (7) La révélation générale
La révélation générale - (7) La révélation générale
La révélation, qu’elle soit générale ou particulière, présente les traits caractéristiques suivants.
1. Elle a son initiative et sa source en Dieu. Dans sa liberté, Dieu agit et se révèle. Toute révélation digne du mot procède et provient du fait que Dieu existe personnellement, qu’il est conscient de soi et qu’il peut se faire connaître à ses créatures. Notre connaissance humaine de Dieu se fonde sur la connaissance que Dieu possède de sa propre personne et prend son origine en elle.
2. Elle est révélation de la personne de Dieu. Par la révélation générale, Dieu se fait connaître lui-même. La révélation générale ne veut pas dire que Dieu donne à ceux qui examinent la nature et l’histoire la possibilité de découvrir toutes sortes de connaissances du monde créé. Dieu n’est pas seulement l’objet de la révélation générale. Il en est aussi le sujet. La révélation générale n’offre pas la possibilité à l’homme de découvrir Dieu en lui-même. Plus simplement, Dieu se fait connaître à tous les hommes et pour cette raison il leur devient manifeste. Selon Romains 1.20, la puissance éternelle et la divinité de Dieu « se voient comme à l’œil ». Le texte original est « nooumena kathoratai »; Paul ne parle pas ici des possibilités de l’intelligence humaine, d’une connaissance à laquelle l’homme doit parvenir, à cause de l’efficacité de la révélation divine. Le verbe « noéo » (en grec) ne signifie pas raisonner, argumenter, mais apercevoir. L’apôtre ne fait pas allusion à un raisonnement logique humain.
3. Toute révélation procédant de Dieu est la révélation de Dieu lui-même. C’est Dieu en personne qui se révèle à nous. Non seulement nous autres créatures humaines, terrestres, mais encore les saints glorifiés, voire les anges du ciel, et même le Fils incarné dans son état d’abaissement, revêtu de nature humaine, n’ont de connaissance de Dieu qu’en principe, et en essence elle sera différente de l’autoconnaissance de Dieu. Dieu se révèle dans et par ses œuvres, tel qu’il est.
4. La révélation qui procède de Dieu cherche à atteindre un objectif, un but fixé par lui. Elle provient de lui-même, elle est par lui-même, elle est pour lui-même. Selon le témoignage biblique, il a fait toutes choses pour lui-même (Rm 11.36 et Pr 16.4).
Il est vrai que l’homme occupe une place importante dans la révélation. Celle-ci est dirigée et orientée vers lui afin qu’il cherche le Seigneur, si par bonheur il peut le trouver (Ac 17.27). Aussi l’Évangile doit être prêché à toute créature afin que, par la foi, elle puisse accéder à la vie éternelle (Mc 16.15-16; Jn 3.16-36). Pourtant, cela n’est pas encore le but suprême et ultime de la révélation. La révélation, qui est de Dieu et par Dieu, a son point central et son point culminant en la personne du Christ. Ce n’est pas le splendide firmament, ni la puissante et merveilleuse nature, ni un homme de génie, ni le penseur profond, ni l’artiste d’inspiration prodigieuse, mais c’est le Fils de l’homme qui est la révélation suprême, ultime et définitive de Dieu, devenue chair. Le Christ est la Parole. À la lumière de la connaissance de Dieu acquise par la médiation du Fils, nous n’avons pas à nous attarder devant la nature ou sur les pages de l’histoire, sur les cieux et sur la terre pour découvrir le Dieu qui se révèle dans toute sa majesté et de manière totalement accessible à notre connaissance. Nous adorerons le Père révélé devenu proche, et c’est en Christ que nous l’appellerons même « Notre Père qui es aux cieux ».
Le croyant regarde la totalité de la réalité créée à la lumière de la Parole de Dieu, aussi a-t-il une vision étendue, profonde et vraie de celle-ci. Ainsi est-il en mesure d’établir une distinction entre la révélation générale et la révélation spéciale de Dieu. Dans la première, Dieu se sert des phénomènes ordinaires et du cours d’événements courants. Dans la seconde, il se sert souvent des moyens inhabituels et exceptionnels, tels que des apparitions, de la prophétie, des miracles, afin de se rendre connaissable par l’homme. Le contenu de la première est plus particulièrement les attributs de sa puissance, sa sagesse, sa bonté. Nonobstant cette distinction entre les deux révélations, le croyant reconnaîtra également leur rapport intime et leur étroite association. C’est ainsi puisque l’une et l’autre dérivent directement de la volonté divine pour révéler ses desseins. Bien que dérivée ou accessible par la nature, la révélation générale sera néanmoins éclairée par l’Écriture pour devenir compréhensible, car sans elle l’homme pécheur, déchu, resterait aveugle, entouré de ténèbres.
La création en elle-même, telle que la présente l’Écriture, manifeste la révélation de Dieu dans la nature. La création aussi est en soi-même un acte de révélation, commencement et premier, principe de toute autre révélation ultérieure. En effet, toute créature manifeste quelque chose de son Créateur dans et par le monde. En outre, l’Écriture déclare que non seulement au commencement Dieu a appelé le monde à l’existence, mais encore que ce monde est constamment, instant après instant, soutenu et gouverné par le Dieu Créateur. Lorsque nous levons notre regard vers le haut, nous ne voyons pas seulement qui a créé ces choses et qui amène les myriades des armées, mais nous observons aussi que, en vertu de sa toute-puissance, il les appelle par leur nom; aucune d’elles ne manquera à son appel (És 40.25). En effet, les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains (Ps 19.2). Dieu se couvre de lumière comme d’un vêtement. Il étend les cieux tel un rideau; il fait des nuages son char; il marche sur les ailes du vent. Les montagnes et les vallées sont fixées en leurs emplacements. Il les arrose depuis ses chambres; il fertilise la terre par des fruits de ses mains, fait pousser l’herbe, tire de la nourriture de ses entrailles (Ps 104; voir aussi Ps 65.6-7; Mt 6.26-30; Mt 5.45; Ps 8.5-6).
En outre, Dieu poursuit son conseil et il établit son œuvre dans l’histoire aussi bien que dans la nature. Il fit les hommes d’une seule race (Ac 17.26). Par la révélation générale, Dieu préserve les peuples et les conduit vers la dispensation de la plénitude des temps, afin de rassembler en un seul peuple en Christ ceux qui sont dans le ciel, sur la terre et sous la terre (Ép 1.10). C’est de toute race, de toute langue et de tout peuple qu’il rassemble son Église (Rm 11.25; Ép 2.14; Ap 7.9). Considérons encore les points suivants.
1. En premier lieu, le monde, même s’il est puissant et immense, néanmoins témoigne de lui-même qu’il est confiné dans le temps et dans l’espace, qu’il est temporel et temporaire, accidentel et dépendant; aussi requiert-il un être éternel, essentiel, indépendant comme la cause ultime de toutes choses.
2. Avec ses lois et ordonnances, son unité et son harmonie dans l’organisation de toutes ses créatures, il exprime un dessein qu’il serait absurde d’expliquer par la chance, aussi indique-t-il une sage et toute-puissante cause omniprésente.
3. Dans la conscience de tous les hommes, il existe un sens de l’être suprême, ainsi que nous l’avons dit plus haut, supérieur à notre compréhension et pensée.
4. Comme corollaire à ce dernier, l’homme n’est pas simplement un être rationnel, mais aussi une personne morale. Il possède une conscience. Par elle, il sait qu’il est obligé envers une loi qui le transcende et à laquelle il est subordonné, inconditionnellement.
À ces quatre arguments peuvent s’ajouter deux autres, dérivés de la similarité observée et de la correspondance existant entre des peuples dans l’histoire de l’humanité. C’est un phénomène remarquable qu’il n’existe aucun peuple ni nation sans religion. De même, l’histoire de l’humanité, vue à la lumière des Écritures, expose un dessein et un modèle et pointe vers un gouvernement exercé par un être suprême. Ces évidences ou ces preuves ne sont certes pas suffisantes pour convaincre et pour amener à la foi. Car l’insensé pourra toujours dire qu’il n’y a pas de Dieu (Ps 14) et les païens, bien qu’ils connaissent Dieu, ne l’ont point glorifié et ne l’ont point adoré (Rm 1.21). Les pensées que, par sa Parole, Dieu a incorporées dans le monde seraient incompréhensibles si l’homme n’avait été un être pensant. Mais il est un fait indubitable que Dieu a ajouté à la révélation extérieure dans la nature et dans l’histoire celle intérieure à l’homme, sensible à la conscience. Car Dieu a créé l’homme selon son image et sa ressemblance. Aussi, l’homme est-il de la race de Dieu.
Cette révélation intérieure à l’homme n’est pas seconde ou entièrement nouvelle qui suppléerait la première. Lorsque nous cherchons à analyser le sens accru de la divinité, nous découvrons qu’elle consiste en deux éléments : celui d’un sentiment de dépendance absolue; celui d’une unité indissoluble avec le sens de l’existence et celui d’exister tels que nous sommes.
Ce sens de la divinité possède encore un troisième élément constitutif, celui de la nature même de l’être dont l’homme se sait dépendant, à savoir un être puissant suprême, mais pas une force aveugle, fatalité ou hasard, mais au contraire parfaitement moral, sage et bon. En d’autres mots, la dépendance en Dieu dont l’homme est conscient est d’une nature particulière. Il possède un élément de liberté et tend vers une action libre. Dans cette dépendance, sa position n’est nullement celle de l’esclave, mais celle du fils, même s’il est fils perdu. « Le sens de la divinité », écrivait Calvin, « est identique à celui de la semence de la religion ».
En cherchant à évaluer la révélation générale, nous courons le risque soit de la surévaluer, soit de la sous-estimer. Lorsque nous fixons notre regard sur la richesse de la grâce que Dieu a accordée à sa révélation spéciale, nous avons tendance à nous préoccuper exclusivement d’elle; alors la première perd son importance et son actualité. À l’inverse, en méditant sur le bien, le vrai et le beau que l’on peut rencontrer partout, grâce à la révélation générale de Dieu dans la nature et dans l’univers des hommes, la grâce spéciale manifestée en la personne et par le ministère du Christ court le risque de perdre son éclat et son attrait. Ce danger, d’un côté ou de l’autre, a existé au cours de l’histoire de l’Église. Il nous faut veiller à ne succomber ni à l’une ni à l’autre de ces deux tentations.
Ainsi, c’est à la lumière des saintes Écritures que nous lirons l’histoire de l’humanité et la laisserons nous enseigner ce que les hommes doivent à la révélation générale. Il apparaîtra alors clairement tout ce que les hommes purent accomplir : leur connaissance, leurs facultés, leurs progrès dans la science et dans d’autres activités sociales et culturelles sont tous dus à l’effet de la révélation générale de Dieu. Car le châtiment du péché originel n’a pas pris immédiatement effet. Adam et Ève ne sont pas morts sur le champ. Ils ne furent pas envoyés en enfer; bien au contraire, il leur fut confié une tâche, celle de cultiver la terre et d’en prendre soin. La condition de l’humanité témoigne de la présence de la grâce et du châtiment, de la bénédiction et de la malédiction. Cette même condition prévaut également dans la nature.
Nous vivons dans un monde étrange, plein de contrastes. Le sérieux de la vie comme sa vanité y apparaissent de façon saisissante. Ils nous inspirent soit optimisme soit un noir pessimisme. La cause profonde en est le péché humain. Dieu ne cesse de manifester sa colère; néanmoins, à cause de son bon plaisir, il révèle aussi et sans désemparer déploie sa grâce. Nous sommes consumés par sa colère, pourtant le matin ses compassions nous enveloppent. Sa colère dure un instant, mais ses faveurs sont pour toute la vie. Aux larmes de la nuit succède la joie du matin. L’une et les autres dirigent notre regard vers la croix, laquelle est simultanément jugement et grâce infinie. Cette condition, qui a immédiatement prévalu après la chute, durant la première période de l’histoire religieuse de l’humanité jusqu’à Noé, possédait un caractère très spécial. À cet égard, les onze premiers chapitres du livre de la Genèse sont d’une importance capitale. Ils constituent le point de départ et le fondement de toute l’histoire de l’humanité. Aussitôt après la chute et le jugement prononcé contre la transgression a été faite la première annonce de l’Évangile que l’on trouve en Genèse 3.15 (le « protévangélion »). L’histoire tout entière témoigne de cette grâce et y appose son sceau sur le témoignage biblique.
Ainsi, lorsque nous révisons le terrain sur lequel la révélation générale nous est accordée, nous découvrons toute sa valeur incalculable; pourtant l’humanité n’a pas trouvé Dieu à sa lumière. Certes, grâce à elle l’humanité a pu forger « ses » religions, et établir « ses » critères ou principes moraux. En dépit de cela, le fait demeure, ainsi que le fait comprendre saint Paul, que le monde par sa sagesse n’a pas connu Dieu dans sa sagesse (1 Co 1.21). Pour l’apôtre, la sagesse du monde est non seulement une réalité, mais encore une réalité extrêmement sérieuse. Elle concerne la vie terrestre historique. Mais cette sagesse du monde ne rend pas le monde moins excusable, car elle prouve que l’humanité qui n’a pas manqué des dons de l’esprit, de la raison, des capacités morales, ne s’en est pas servi pour accéder à la véritable et salvifique connaissance de Dieu. La sagesse de l’homme démontre que l’homme, à cause des ténèbres de son esprit et de l’endurcissement de son cœur, n’a pas utilisé correctement ces dons accordés par Dieu. La lumière a brillé dans les ténèbres, il est vrai, mais les ténèbres ne l’ont pas reçue. La Parole fut dans le monde, mais le monde ne l’a pas connue. Dans toute sa sagesse, le monde n’a pas connu Dieu (1 Co 1.21).
La Parole de Dieu a pour objet essentiel de nous révéler Dieu, mais cette révélation n’est pas la seule; elle est précédée et préparée par la révélation générale qui a pour effet de procurer à notre entendement une certaine connaissance de Dieu. L’homme apprend à connaître Dieu en se connaissant, bien qu’il ne se connaisse qu’en connaissant Dieu. L’Institution chrétienne de Calvin s’ouvre avec la célèbre déclaration :
« Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle à tout conter, mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties, c’est qu’en connaissant Dieu, chacun de nous aussi se connaisse. »
La connaissance que nous pouvons acquérir de Dieu par l’observation de nous-mêmes est donc élémentaire; elle est naturellement associée au spectacle du monde, bien que le monde aussi ne soit vraiment connu que par la connaissance de Dieu. Ce ne sont pas des cercles vicieux, mais l’indication remarquable d’une gradation d’entendement et de compréhension, de connaissance en connaissance, d’un enchaînement intellectuel, où Dieu, l’homme et le monde sont étroitement unis. Le reproche d’intellectualisme que l’on serait tenté de faire dès l’abord, et qui a été formulé si souvent, n’est pas fondé; car il s’agit ici d’un mouvement de connaissance où l’être entier s’engage et se porte en avant, plutôt que d’abstractions statiques. Si « par les biens qui distillent du ciel sur nous goutte à goutte, nous sommes conduits comme par petits ruisseaux à la fontaine », cette conduite et cette marche, assurément, ne sont pas purement conceptuelles, et Calvin spécifie peu après :
« Il est nécessaire que la conscience nous poigne en particulier de notre malheur (misère), pour approcher au moins à quelque connaissance de Dieu. Parquoi du sentiment de notre ignorance, vanité, disette, infirmité, voire qui plus est, perversité et corruption, nous sommes induits à connaître qu’il n’y a nulle part ailleurs qu’en Dieu une vraie clarté de sagesse, ferme vertu, droite affluence de tous biens, pureté de justice; tant y a que nous sommes émus par nos misères à considérer les biens de Dieu : et ne pouvons aspirer à tendre à lui à bon escient qu’ayant commencé à nous déplaire du tout. »
L’élan d’intelligence qui nous conduit ainsi de Dieu à Dieu, en passant et en repassant par nous-mêmes et le monde, est donc un mouvement de l’être entier, nourrissant la pensée qui, seule, ne pourrait pas jouer son rôle et tournerait court. Cette voie d’intelligence au sens profond et mystique autant que notionnel et noétique nous fait revoir souvent les mêmes paysages, mais chaque fois d’un peu plus haut. Calvin est bien d’accord avec saint Paul qu’elle serait sans issue et barrée, si elle ne suivait le tracé de « la voie par excellence ». Et cette montée de connaissance en connaissance, de la « gnose jusqu’à l’épignose », dirait saint Paul (1 Co 13.12), coïncide avec ce mouvement ascensionnel que l’apôtre décrit comme une transformation essentielle, « existentielle », de gloire en gloire, à l’image du Christ. Calvin est, certes, entièrement d’accord. La connaissance naturelle de Dieu est déjà une grâce de Dieu, elle est associée à un sentiment dès l’origine.
« Nous mettons hors de doute que les hommes aient un sentiment de divinité en eux, voire d’un mouvement naturel. Car afin que nul ne cherchât son refuge sous titre d’ignorance, Dieu a imprimé en tous une connaissance de soi-même, de laquelle il renouvelle tellement la mémoire, comme s’il en distillait goutte à goutte… »
Cette connaissance élémentaire de Dieu est accessible à tout homme qui consent à rentrer en lui-même pour y trouver Dieu, car Dieu habite en nous. Le mysticisme de Calvin ne recule pas devant l’expression forte :
« Pour cette cause certains philosophes anciens ont à bon droit nommé l’homme un petit monde : pource que c’est un chef-d’œuvre auquel on contemple quelle est la puissance, bonté et sagesse de Dieu, et lequel contient en soi assez de miracles pour arrêter nos esprits, moyennant que nous ne dédaignions pas d’y être attentifs. Pour cette raison aussi saint Paul après nous avoir remontré que Dieu se peut en tâtonnant sentir des aveugles, ajoute incontinent après, qu’il ne le faut pas chercher loin : pource que chacun sent dedans soi cette grâce céleste de laquelle nous sommes tous végétés. Or si pour comprendre que c’est de Dieu, il ne nous faut point sortir hors de nous-mêmes, quel pardon ou quelle excuse mérite la nonchalance de ceux qui pour trouver Dieu ne daignent pas se retirer en eux où il habite? »
Ce que la grâce de Dieu a fait en l’homme, elle la fait aussi dans le monde, et cela pour que nul ne soit privé naturellement de cette connaissance non seulement intellectuelle, mais mystique, où résident la joie suprême et la vraie destinée. Cette connaissance de Dieu insuffisante en soi, parce que rudimentaire, est, de plus, étouffée et corrompue par le péché.
« Or combien que Dieu nous représente avec si grande clarté au miroir de ses œuvres, tant sa majesté que son royaume immortel : toutefois, nous sommes si lourds, que nous demeurons hébétés pour ne point faire notre profit de ces témoignages si clairs, tellement qu’ils s’évanouissent sans fruit. […] Nous différons l’un d’avec l’autre en cet article que chacun s’amasse quelque erreur particulière : mais en ceci nous sommes trop pareils, que nous sommes tous apostats en nous révoltant d’un seul Dieu, pour nous jeter après nos idolâtries monstrueuses. »
Ainsi, la révélation générale, insuffisante en soi, déviée par le péché, ne procure sur Dieu aucune connaissance assurée et qui puisse mener au salut. Il a fallu un autre moyen plus sûr et plus efficace : la Parole de Dieu.