Cet article a pour sujet le sacerdoce universel des croyants appelés à s'offrir en sacrifice de reconnaissance au service de Dieu.

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Le sacerdoce universel des croyants

  1. Romains 12.1
  2. 1 Pierre 2.5
  3. 1 Pierre 2.9
  4. Hébreux 13.16
  5. Romains 15.16

1. Romains 12.1🔗

C’est donc ici le commencement pour nous diriger à cheminer droit en toutes les bonnes œuvres, à savoir que nous sachions que nous sommes consacrés au Seigneur. Car de là il s’ensuit qu’il faut que nous cessions de vivre à nous-mêmes, afin de destiner à l’obéissance de Dieu toutes les opérations de notre vie. Ainsi donc, il y a ici deux choses à considérer : la première, que nous sommes au Seigneur; la seconde, que partant il nous convient d’être saints, parce que ce serait faire déshonneur à la majesté de Dieu que de lui offrir une chose qui ne fût premièrement consacrée. Ce fondement étant mis, il s’ensuit du même coup que la sainteté doit être pour nous un exercice continuel, tant que durera notre vie, et que c’est comme une espèce de sacrilège si nous retombons dans l’impureté, parce que ce serait profaner une chose sanctifiée.

L’apôtre observe ici partout une grande propriété de mots. Premièrement, il dit qu’il faut que notre corps soit offert en sacrifice à Dieu. En quoi il donne à entendre que nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais que nous sommes entièrement entrés en la puissance de Dieu. Ceci ne peut se faire autrement qu’en renonçant à nous-mêmes, voire en nous quittant totalement.

Après, […] il déclare quel doit être ce sacrifice. Car en l’appelant sacrifice vivant, il indique que nous sommes immolés au Seigneur à cette condition que notre première vie, étant mise à mort et anéantie en nous, nous ressuscitions en une vie nouvelle.

Par le mot de saint, il touche cette propriété requise pour le sacrifice, de laquelle nous avons parlé. Car alors la victime du sacrifice est agréable et approuvée, quand la sanctification a précédé.

La troisième épithète, plaisant à Dieu, nous rappelle d’une part que notre vie n’est réglée comme il appartient, que quand nous adressons et rapportons au plaisir de Dieu cette immolation de nous-mêmes; d’autre part aussi, elle nous apporte une singulière consolation, en tant qu’elle montre que Dieu tient notre étude pour agréable et l’approuve, quand nous nous adonnons à la sainteté et à l’innocence.

Il appelle corps, non pas seulement les os et la peau, mais toute la masse de nos personnes; et il a expressément usé de ce mot, afin de mieux désigner toutes les parties qui sont en nous. […] Car les membres du corps sont les instruments par lesquels les hommes accomplissent et mettent en effet leurs opérations. En d’autres termes, il requiert de nous une intégrité et une pureté, non seulement du corps, mais aussi de l’âme et de l’esprit, comme il est dit en la première épître aux Thessaloniciens (5.23).

Le mot grec que nous avons traduit offrir, signifie proprement présenter ou représenter. Or, quand il commande que nous nous offrions en sacrifice, […] il montre avec un terme élégant quelle promptitude nous devons apporter à recevoir attentivement ce qu’il plaît à Dieu de nous commander, afin de le mettre en pratique sans délai aucun. Nous recueillons de là que tous les hommes, tant qu’il y en a, qui ne se proposent point ce but de servir Dieu, ne font que se tracasser et se fourvoyer pauvrement.

Nous avons aussi en ce passage, quels sacrifices saint Paul recommande à l’Église chrétienne. Car étant réconciliés à Dieu en un sacrifice unique par Christ, nous sommes tous par sa grâce faits sacrificateurs, et cela pour dédier à la gloire de Dieu, et nous, et tout ce que nous avons. De sacrifice d’expiation, il n’en reste plus aucun à faire, et on n’en peut dresser sans grand déshonneur de la croix de Christ.

[…] En nommant service raisonnable celui qui est selon son commandement, toutes les choses que nous entreprenons outre la règle de sa parole, il les rejette comme folles, niaises et pleines de témérité.

2. 1 Pierre 2.5🔗

Pierre veut exhorter les fidèles à se consacrer à Dieu en temple spirituel, car il conclut fort bien par la fin de notre vocation, quel est notre devoir. Au reste, il faut noter que de tout le nombre des fidèles, il en bâtit une maison. Car bien qu’un chacun de nous en son droit soit temple de Dieu, et soit aussi ainsi appelé, toutefois il faut nécessairement que tous soient assemblés et conjoints par la charité mutuelle, afin qu’il se fasse un temple de tous. C’est pourquoi tout aussi ainsi qu’il est vrai que chacun de ceux chez lesquels Dieu habite par son Saint-Esprit est temple, aussi faut-il nécessairement que tous soient tellement compassés et conjoints les uns aux autres, qu’ils conviennent et soient propres au bâtiment de ce temple universel. Cela se fait quand chacun, se contentant de sa mesure, se contient dedans les limites de son office, et néanmoins tous se laissent de rapporter au profit public tout ce qu’ils ont reçu de grâces.

Quant à ce qu’il appelle pierres vivantes et maison spirituelle, comme auparavant il avait appelé Christ Pierre vivante, il y a en cela tacitement une comparaison de nous au temple ancien. Et ceci sert à amplifier la grâce qui nous a été faite. À cela aussi appartient ce qu’il ajoute des sacrifices spirituels, car d’autant que la vérité est plus excellente que les figures, tant plus aussi ont grande excellence toutes choses sous le règne de Christ. Car nous avons ce patron céleste qui était figuré par le sanctuaire ancien et en tout ce qui avait été ordonné par Moïse en la loi.

Et sainte sacrificature. Voici un honneur singulier, que Dieu non seulement nous consacre pour son temple, afin d’y habiter et être adoré, mais veut aussi que nous soyons sacrificateurs. Et saint Pierre nous propose ce double honneur, afin de nous inciter plus vivement au service de Dieu.

Parmi les sacrifices spirituels, l’oblation générale de nous-mêmes obtient le premier lieu : de laquelle parle saint Paul aux Romains 12.1. Car nous ne pouvons rien offrir à Dieu, jusqu’à ce que nous y soyons offerts nous-mêmes à lui en sacrifice, ce qui se fait quand nous renonçons à nous-mêmes. Après cela viennent les prières, actions de grâces, aumônes et tous exercices de la piété et vraie religion.

Mais l’apôtre ajoute par Jésus-Christ, car il ne se trouvera jamais une telle pureté en nos sacrifices que d’eux-mêmes ils soient agréables à Dieu; jamais nous ne renonçons pleinement à nous-mêmes; jamais nous ne prions d’une affection si pure que nous devrions; jamais nous ne nous employons si diligemment et ardemment à faire le bien, que nos œuvres ne soient imparfaites et enveloppées de beaucoup de vices; ce nonobstant Christ fait qu’elles sont agréables.

Saint Pierre donc vient ici au-devant de la défiance que nous pourrions concevoir, à savoir si nos œuvres sont agréables ou non, en disant qu’elles sont agréables, non point par le mérite de leur dignité, mais à cause du Christ. Et ceci doit d’autant plus embrasser en nous une affection ardente, quand nous entendons que Dieu nous traite si doucement, qu’il prise en Christ nos œuvres, qui ne méritaient rien en elles-mêmes.

3. 1 Pierre 2.9🔗

Il sépare derechef les croyants des incrédules, de peur qu’à leur exemple, étant transportés au contraire […] ils se dévoient de la vraie foi. Pour autant donc que c’est une chose mal convenable, que ceux que Dieu a séparés du monde, s’enveloppant en la communion des infidèles, saint Pierre montre ici aux fidèles à quel honneur ils ont été élevés; davantage, comment et à quoi ils sont appelés.

Or, Moïse ornait le peuple ancien de mêmes titres que saint Pierre fait ici des Juifs, mais il leur veut montrer que par le moyen de Christ, ils ont de nouveau recouvré un si grand honneur lequel ils avaient perdu. […] Cette sentence donc emporte autant que s’il eût dit : « Moïse appelait jadis vos Pères : gent sainte, royaume sacerdotal et l’héritage de Dieu; à présent, tous ces titres vous appartiennent à plus grand droit : c’est pourquoi avisez que ne les perdiez pas par votre incrédulité. » […]

Il les appelle génération élue, d’autant que laissant tous les autres, il les avait choisis pour une génération fort exquise. De même gent sainte, laquelle Dieu s’était consacrée et dédiée, pour mener une vie pure et sainte. Puis, peuple acquis, afin qu’ils soient comme un héritage et possession, car je le prends ainsi simplement : que le Seigneur nous a appelés afin qu’il nous possède comme vraiment siens et à lui sujets. […]

En ces mots, la sacrificature royale, il y a une transposition des mots de Moïse, laquelle est fort propre, car il dit : « royaume sacerdotal », ce qui vaut autant. Saint Pierre donc veut dire : Moïse appelait vos Pères royaume sacré d’autant que tout le peuple jouissait comme d’une liberté royale, et du corps de celui-ci les sacrificateurs étaient élus; par quoi toutes les deux dignités étaient mêlées ensemble. Maintenant, vous êtes sacrificateurs royaux, voire d’une façon plus excellente, d’autant que vous êtes, chacun de vous, consacrés en Christ, afin que vous soyez associés avec lui au Royaume, et participants de la sacrificature.

Combien donc que vos Pères aient eu quelque chose de semblable avec vous, toutefois vous les surmontez de beaucoup. Au reste, depuis que Christ a rompu la paroi, de quelque nation que nous soyons le Seigneur nous orne de tous ces titres, quand il nous met au nombre de son peuple (Ép 2.9).

Davantage, il faut considérer en tous ces bienfaits l’antithèse ou opposition qui est entre nous et tout le reste du genre humain, par laquelle on connaît mieux combien est inestimable et grande la bonté de Dieu envers nous; vu qu’il nous sanctifie, nous qui sommes pollus de nature; il nous choisit et toutefois il ne trouve rien en nous qui ne soit tord et méchant; il nous tient pour son propre héritage nous qui ne sommes que vilenie de néant; nous sommes esclaves de Satan, de la mort et du péché, et voici il nous élève en une liberté royale.

Afin que vous annonciez… Il leur rappelle diligemment la fin de leur vocation, afin qu’il les incite davantage à donner gloire à Dieu. Or il veut dire en somme que Dieu nous a conféré des bienfaits infinis, et nous en fait assidûment, afin que sa gloire soit par nous magnifiée. Car, par les vertus, il entend sagesse, et bonté, et puissance, et justice, et toutes les telles choses dans lesquelles la gloire de Dieu reluit. Au surplus, il ne nous faut point annoncer ces vertus seulement de la langue, mais aussi par toute notre vie. Or, c’est une doctrine que nous devons tous les jours méditer, et réduire en mémoire à toutes heures, à savoir que tous les bienfaits que Dieu nous a faits tendent à ce que nous annoncions sa gloire.

4. Hébreux 13.16🔗

Il montre ici encore une autre façon de bien et dûment sacrifier : à savoir que tous les devoirs de charité sont autant de sacrifices. […] Bien qu’il ne puisse tirer aucun profit de nous, toutefois Dieu répute l’invocation de son nom pour sacrifice, voire pour un sacrifice si excellent qu’il est seul suffisant pour tous. Davantage, il avoue comme faisant à soi-même tous les plaisirs et gracieusetés que nous faisons aux hommes et même les nomme de ce titre honorable de sacrifices.

En somme, il veut dire que si nous voulons sacrifier à Dieu, il nous faut l’invoquer et annoncer sa bonté avec action de grâce. Puis après, il faut bien faire à nos frères, et que ce sont ici les vrais sacrifices; desquels les vrais chrétiens se doivent occuper, et quant aux autres manières de sacrifice, leur temps est passé et n’ont plus de lieu.

[…]. Il y a une exhortation conjointe avec cette doctrine, laquelle nous doit merveilleusement inciter à exercer la bienfaisance envers nos prochains. Car ce n’est point ici un petit honneur, que Dieu tient pour sacrifices à lui offerts le bien que nous faisons aux hommes; et qu’il orne si grandement les plaisirs et services que nous leur avons faits, lesquels ne valaient pas le parler, qu’il les prononce être choses saintes et sacrées. Pourquoi, quand la charité est refroidie entre nous, non seulement nous fraudons les hommes de leur droit, mais aussi Dieu même; qui par un titre solennel s’était consacré tout le bien qu’il nous commandait de faire aux hommes.

Le mot de communication s’entend plus loin que bienfaisance, car il comprend tous les plaisirs et services que les hommes se font l’un à l’autre. Et c’est ici la vraie marque de charité, quand ceux qui sont ensemble conjoints par l’Esprit de Dieu communiquent entre eux.

5. Romains 15.16🔗

[…] De fait, c’est là la prêtrise ou la sacrificature d’un pasteur chrétien, de sacrifier (par manière de dire) les hommes à Dieu, en les assujettissant et réduisant à l’obéissance de l’Évangile, et non pas de réconcilier les hommes avec Dieu en offrant le Christ, comme les papistes s’en sont hardiment et présomptueusement vantés jusqu’à présent.

Toutefois, il ne faut pas penser qu’il nomme ici simplement sacrificateurs les pasteurs de l’Église, afin que ce titre leur soit perpétuel; mais saint Paul, voulant louer et magnifier la dignité et l’efficacité du ministère, par occasion a usé de cette métaphore ou similitude. Que les annonciateurs de l’Évangile se proposent donc ce but en leur office, d’offrir à Dieu les âmes purifiées par la foi.