Se préparer pour prêcher (4) - La priorité du texte Quelques principes élémentaires
Se préparer pour prêcher (4) - La priorité du texte Quelques principes élémentaires
- Les besoins de la communauté
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Quel texte choisir?
a. L’usage d’un lectionnaire
b. La prédication thématique
c. La prédication séquentielle -
L’unité, le but et l’application
a. L’unité
b. Le but
c. L’application -
Le processus explicatif
a. Explication, illustration et application
b. Quatre étapes nécessaires - Annexe 1 – Explication, illustration, application
- Annexe 2 – Cinq questions clés
1. Les besoins de la communauté⤒🔗
Le prédicateur est inévitablement tenté de choisir des textes en rapport avec ses centres d’intérêt personnel. Dans tous les cas, il doit :
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Veiller à ne pas imposer ses propres préoccupations au texte.
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Avoir conscience que ses propres préoccupations ne correspondent pas forcément aux besoins de la communauté.
Le prédicateur ne peut pas nier son propre vécu. Il est probable qu’il doive apporter (témoigner de) quelque chose qu’il a lui-même reçu pour lui, peut-être récemment. En un sens, il est le premier destinataire du message.
Il est évident que le prédicateur doit avant tout tenir compte des préoccupations et des besoins de la communauté. Cette aptitude à cerner ces besoins « fait » le prédicateur. Les besoins de la communauté ne seront accessibles au prédicateur que s’il est proche des gens. Est-il à l’écoute de ce qu’ils ont à dire? Les rencontre-t-il sur leurs lieux de vie? Jésus a vécu avec les personnes à qui il s’adressait. Il ne s’est isolé que pour mieux revenir au contact, ensuite.
2. Quel texte choisir?←⤒🔗
Plusieurs pasteurs pourraient confier que le choix du texte biblique pour la prédication est un des exercices les plus difficiles qui soient. Il n’est pas évident que le premier texte qui vient à notre esprit soit le texte qui convient. Comment savoir?
a. L’usage d’un lectionnaire←↰⤒🔗
Les Églises anciennes utilisent souvent un lectionnaire lié à un calendrier liturgique. Cette discipline a plusieurs avantages :
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Un grand nombre d’Églises se penchent sur les mêmes textes le même jour.
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La totalité de la Bible est couverte en quelques années.
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Le prédicateur est amené à prêcher sur un texte qu’il n’a pas choisi lui-même. Il se soumet; il le reçoit, en quelque sorte, avant de l’apporter.
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Cela apporte une protection : le prédicateur peut parler avec d’autant plus d’assurance qu’il n’a pas choisi ce texte.
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Une discipline : naturellement, il aurait évité ce texte trop connu ou trop difficile.
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Le fait de connaître à l’avance le texte sur lequel il va prêcher permet de le méditer, de chercher des illustrations de la vie courante, des applications pratiques.
b. La prédication thématique ←↰⤒🔗
La prédication thématique peut être pratiquée de temps en temps. Le prédicateur choisit un thème, élabore un plan et étaye les points de son message par différents versets. La prédication thématique nécessite aussi une bonne théologie biblique. Le prédicateur peut traiter un thème avec une série de prédications. Il devra éviter de se répéter et donnera à l’assemblée le sentiment de progresser d’étape en étape.
c. La prédication séquentielle←↰⤒🔗
Certaines Églises recommandent fortement la prédication séquentielle, prédication-exposition qui consiste à prêcher le texte biblique de manière suivie, séquence après séquence. Jean Calvin pratiquait la prédication séquentielle, et de nombreux pasteurs presbytériens considèrent que c’est la seule manière d’annoncer « tout le conseil de Dieu » (Ac 20.27). Cette manière de faire a ses avantages :
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Le contexte est nécessairement pris en compte.
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Le prédicateur sait à l’avance sur quels textes il va prêcher.
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Les questions sensibles peuvent être abordées sans que personne ne se sente visé.
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Les prédications précédentes nourrissent la prédication suivante.
Pratiquer la prédication séquentielle peut donner l’impression de donner la priorité au texte sur l’assemblée. Cependant, la prédication doit demeurer une prédication et pas une étude biblique en s’adressant directement à ses auditeurs de manière aussi pratique que possible.
3. L’unité, le but et l’application←⤒🔗
a. L’unité←↰⤒🔗
1. La prédication devrait porter sur un seul sujet. Comment l’auditeur pourrait-il appliquer sérieusement ce qu’il a entendu, si ce n’est pas le cas? Comment pourrait-il le transmettre ensuite à quelqu’un d’autre? Dans la marche chrétienne, il est utopique de vouloir franchir plusieurs étapes en une seule fois. Cette discipline empêche le prédicateur de vagabonder d’une pensée à l’autre, l’oblige à réfléchir à ce qu’il va dire et ne pas dire. Les auditeurs ont besoin d’entendre un discours cohérent. « Il est plus facile d’attraper une balle qu’une poignée de sable. »
2. L’idée principale doit venir du texte lui-même.
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De quoi l’auteur parle-t-il exactement?
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Que dit-il à ce sujet?
a. Lire et assimiler le texte pour définir l’idée principale qu’il communique.
b. Travailler cette idée et la formuler sous la forme d’un bref résumé, une « phrase-message ». Une bonne « phrase-message » serait : « Dieu demeure fidèle à l’égard d’un peuple infidèle » ou « Une foi fragile dans un Sauveur puissant », « Il y a encore des brebis du Seigneur au-dehors », etc.1
Une prédication peut comporter plusieurs points, mais elle ne peut pas porter sur plusieurs sujets différents.
b. Le but←↰⤒🔗
L ’auteur biblique ne s’adresse pas à des anges. Il s’est adressé en premier lieu — et s’adresse encore — à des personnes particulières, dans un contexte donné. Cela doit absolument être pris en compte. La Parole de Dieu, lue ou prêchée, déborde largement tous les contextes imaginables; cependant, elle est toujours lue ou entendue dans un contexte donné2.
Prendre le texte au sérieux suppose que l’on se pose ce genre de questions : Quelle est l’intention de l’auteur? Pourquoi le Saint-Esprit a-t-il inspiré ce texte? Pourquoi Paul aborde-t-il à cet endroit précis de son raisonnement ce thème-là et pas un autre? Qu’est-ce qui manquait à ses lecteurs? Quels étaient les enjeux?
Une fois le cadre originel du texte mis en lumière, la prédication oriente l’auditoire vers la grâce de Dieu, vers la réponse de Dieu. Le cadre originel du texte devra probablement être présenté dans l’introduction, ce qui constituera sans aucun doute une bonne accroche. Il ne s’agit pas nécessairement de quelque chose dont nous serions coupables : il peut s’agir aussi de la souffrance, de l’adversité, du désir d’être de meilleurs parents, etc.
Trois questions permettent de bien formuler le sujet :
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Que dit le texte?
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Quelles questions spirituelles et pratiques le texte aborde-t-il dans son contexte?
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Quelles préoccupations spirituelles et pratiques les auditeurs d’aujourd’hui partagent-ils avec ceux d’autrefois?
Pour la clarté du message, la réponse à chacune de ces trois questions devrait pouvoir tenir en une seule phrase.
c. L’application←↰⤒🔗
Si le prédicateur néglige cette étape, l’auditoire se dira : « Et après? »
Deux écueils existent à cet égard :
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Prendre les auditeurs pour des enfants.
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Considérer qu’ils savent automatiquement appliquer la vérité biblique à leur vie.
Il est intéressant de constater que Jésus, Paul ou Jean appellent leurs auditeurs enfants (et même « petits enfants ») tout en les considérant comme des adultes3! Dans tous les cas, le prédicateur doit rendre évident que le texte biblique est porteur d’une implication importante pour chacun des auditeurs, dans sa vie personnelle, dans sa situation propre, quelle qu’elle soit. Il manque à beaucoup de sermons un but clair et une application pratique4.
4. Le processus explicatif←⤒🔗
La plupart des chrétiens n’ont ni envie ni besoin d’assister à des exposés historiques ou exégétiques. Ce qu’ils souhaitent, ce qui leur est nécessaire, c’est une prédication qui démontre la manière dont les données bibliques s’appliquent à leur vie. Les prédicateurs ne peuvent donc se contenter de présenter des informations : ils devraient organiser les éléments explicatifs de leurs messages de manière à ce que les implications du texte dans la vie des auditeurs soient clairement perceptibles5.
a. Explication, illustration et application←↰⤒🔗
Prêcher l’Écriture signifie mettre en lumière le sens du texte de telle manière que les auditeurs puissent se trouver face aux vérités bibliques, les comprendre et agir en conséquence.
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L’explication touche l’intelligence : « Que dit le texte? »
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Les illustrations touchent le cœur : « Montrez-moi ce que dit ce texte. »
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L’application touche la volonté : « Que signifie ce texte pour moi? »
Dans l’approche traditionnelle de la prédication, ces trois composantes apparaîtront dans chacun des points principaux, même s’il est possible de faire des exceptions. Le prédicateur constatera que les auditeurs prêtent souvent davantage attention à un discours dont les démonstrations et applications sont régulières et fréquentes. En d’autres termes, il est préférable d’éviter de prêcher pendant 30 minutes en espérant que la communauté se contentera du fait que ce qui la concerne directement ne soit dit que dans les cinq dernières minutes6.
On évitera trois défauts :
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Les explications qui enflent jusqu’à devenir de pesants étalages d’érudition.
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Les illustrations qui dominent au point de verser dans le divertissement.
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Les applications qui ont tendance à devenir moralisatrices.
b. Quatre étapes nécessaires←↰⤒🔗
Il s’agit ici de cheminer peu à peu vers la mise en place du plan de la prédication.
1) Observer←↰⤒🔗
Charles Spurgeon écrit : « Laissez le texte vous imprégner. Je prêche mieux lorsque j’ai pu m’immerger dans mon texte. » Il faut le lire et le relire jusqu’à ce que l’enchaînement des pensées de l’auteur devienne clair, familier.
2) Interroger←↰⤒🔗
Le prédicateur se prépare à expliquer le texte en se posant les questions que ses auditeurs se poseraient s’ils cherchaient à comprendre le texte. On interroge le texte afin de mettre en évidence ce qui est dans le texte plutôt que d’imposer au texte ce qui ne s’y trouve pas.
Que dit le texte? (exégèse)
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Mots-clés, temps des verbes.
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Comparer différentes versions.
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Références parallèles (autres versets où les thèmes/mots-clés apparaissent).
Comment le texte s’articule-t-il? (plan exégétique)
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Repérer les idées principales et les idées secondaires.
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Remarquer comment elles s’articulent entre elles.
Il est fréquent que les mots utilisés — y compris les mots-clés — n’aient pas le même sens pour tous, ne renvoient pas aux mêmes réalités. Pour les uns, les mots honneur, tolérance, autorité… ont un sens positif, tandis que pour d’autres ils ont une connotation négative. Sans s’y attarder outre mesure, il sera souvent utile de définir le sens que tel ou tel mot a dans la perspective biblique.
3) Établir des rapprochements de situation←↰⤒🔗
En quoi ressemblons-nous aux destinataires initiaux du message biblique? Il ne faut pas attendre la fin du travail d’exégèse pour commencer à penser aux auditeurs et établir des rapprochements entre le texte et les préoccupations de la communauté. Les visites que le pasteur peut faire vont l’aider à établir ces rapprochements. Ces rapprochements vont aider le prédicateur à faire un tri parmi les options explicatives. Il ne s’agit pas de tout dire. Il ne s’agit pas d’être brillant. Il s’agit d’être utile.
4) Organiser←↰⤒🔗
a. Élaborer un plan homilétique. Le prédicateur se doit de présenter le message du texte, mais il n’a pas nécessairement à présenter la structure du texte. Le plan exégétique (du texte) n’est donc pas forcément le plan homilétique (du message). Le plan homilétique définit la meilleure manière de communiquer le sens du texte à la communauté présente.
b. Couvrir l’ensemble du texte. Le prédicateur doit rendre compte de tous les éléments importants du texte, même si tout n’a pas besoin d’être approfondi de la même manière, même s’il retient un seul point important pour en faire le sujet de son message. Les gens devraient pouvoir rentrer chez eux en ayant acquis une bonne vue d’ensemble du texte.
c. Faire le tri. Il faut résister à la tentation de garder toutes les idées qui nous sont venues à l’esprit. Certaines pourront être utilisées à un autre moment. Il ne faut pas hésiter à éliminer tout ce qui obscurcit la présentation. La présentation finale doit être aussi claire que possible.
5. Annexe 1 – Explication, illustration, application←⤒🔗
Prédication |
Prédication |
1. Explication |
1er point a. Explication b. Illustration c. Application |
2. Illustration |
2e point a. Explication b. Illustration c. Application |
3. Application |
3e point a. Explication b. Illustration c. Application |
Chaque partie devrait être à peu près d’égale longueur. Dans la prédication avec 3 points, on comprend que chaque partie doit être relativement concise. Cette prédication-là ne devrait pas être (beaucoup) plus longue que la première.
6. Annexe 2 – Cinq questions clés←⤒🔗
La prédication vise à éclairer le chemin qui conduit à la compréhension et à l’appropriation du texte : ce texte a aussi été écrit pour être utile à nous, aujourd’hui.
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Que signifie le texte? Comment suis-je parvenu à cette conclusion?
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Pour quelle raison le texte a-t-il été écrit? Quelle était l’intention de l’auteur?
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Qu’avons-nous de commun avec ceux à qui (ou à propos de qui) le texte a été écrit ou avec l’auteur du texte?
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Quelle est la meilleure manière de communiquer le sens de ce texte? Quel plan?
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Comment faut-il répondre aujourd’hui au message de ce texte? Application.
Les deux premières questions amènent le prédicateur au pied de la montagne homilétique; les trois dernières l’amènent au sommet. Répondre aux trois dernières questions permettra au prédicateur de transformer son travail exégétique en prédication.
Notes
1. Il peut arriver que le prédicateur ne soit pas en mesure de dire lui-même la phrase-résumé de son message, après avoir prêché. Ce n’est pas bon signe.
2. Un pasteur avait entendu Charles Finney prêcher sur la loi de Dieu. Un réveil s’en était suivi. De retour chez lui, il prêcha sur la loi de Dieu, mais aucun réveil ne survint. Comme il en parlait à Finney, celui-ci lui répondit : Là, c’est sur la grâce qu’il fallait prêcher!
3. Jean dit en quelque sorte à ses lecteurs : « Petits enfants, vous n’êtes plus des enfants! » (1 Jn 2.18-23).
4. La lectio divina se borne à l’écoute du texte, avec comme question : Qu’est-ce que ce texte me dit? Le prédicateur doit aller plus loin, avec cette question : Qu’est-ce que le texte dit? Cependant, l’application demeure capitale.
5. Cette partie est synthétisée dans l’annexe 2, « Cinq questions clés ».
6. Voir l’équilibre de ces composantes dans l’annexe 1.