Le Seigneur exige la perfection
Le Seigneur exige la perfection
Mais ceux qui sont convertis à Dieu peuvent-ils observer parfaitement ces commandements?
Non; car même les plus saints, tant qu’ils sont en cette vie, n’ont jamais qu’un petit commencement d’obéissance1. Ils mettent cependant beaucoup d’application à vivre2 non seulement selon quelques commandements, mais selon tous les commandements de Dieu3.
1. Jb 9.2-3; Ec 7.20-22; Ps 19.13; Rm 7.14-15; Jc 2.10-11; 1 Jn 1.8-10.
2. Ph 3.12-16.
3. Ps 1.1-2; Rm 7.22-23.Pourquoi Dieu veut-il alors qu’on enseigne très exactement les dix commandements, si personne ne peut les observer en cette vie?
D’abord, afin que, tout au long de la vie, nous reconnaissions toujours mieux combien notre nature est pécheresse1 et que nous recherchions d’autant plus le pardon des péchés et la justice qui est en Christ2; ensuite, afin que nous nous appliquions sans relâche à demander à Dieu la grâce du Saint-Esprit, pour être renouvelés toujours plus à son image3, jusqu’à ce qu’après cette vie nous atteignions la perfection qui est le but4.
1. Ps 32.5; Rm 7.24-25.
2. Rm 3.19-26; 1 Jn 1.9.
3. Ps 51.12; Lc 11.13; Ép 3.16; Ép 4.23-24; Col 3.10.
4. 1 Co 9.24-27; Ph 3.12-14; 1 Jn 3.1-3.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 114 et 115
Nous avons étudié l’ensemble des dix commandements et nous nous sommes examinés à la lumière de ce parfait miroir. Qui peut véritablement observer ces commandements justes, saints et parfaits? C’est la question qui vient naturellement à l’esprit quand nous considérons nos vies à la lumière des commandements du Seigneur. Pourquoi enseigner les dix commandements si de toute manière personne ne peut les observer?
Il existe au moins trois raisons de prêcher fidèlement que Dieu exige de nous la perfection. Examinons tour à tour ces trois raisons.
1. Afin de reconnaître nos nombreuses imperfections⤒🔗
Il est facile de nous penser meilleurs que nous sommes en réalité. Nous sommes naturellement remplis d’orgueil. Nous pouvons nous imaginer que, si nous faisons suffisamment d’efforts, nous parviendrons à un degré élevé de sanctification et peut-être même à une certaine perfection. Ce sujet a été fréquemment débattu, aussi bien au temps de la Réforme que plus tard dans l’histoire de l’Église. La question et réponse 114 a été écrite dans le contexte de certains groupes anabaptistes qui voulaient avoir une Église pure, composée uniquement de régénérés qui prétendaient pouvoir atteindre pratiquement la perfection. Plus tard, différents mouvements perfectionnistes ont préconisé la sanctification complète, la vie victorieuse, etc., et attirent encore de nombreux adeptes de nos jours.
Ces mouvements ont en réalité souvent causé plus de mal que de bien. Pour quelle raison? Parce que la réalité est bien différente et qu’une prétention à la perfection sur cette terre ne peut que mener à l’arrogance et à un manque d’honnêteté. Elle risque d’amener d’authentiques chrétiens à douter de leur salut et de la réalité de leur conversion.
« Mais ceux qui sont convertis à Dieu peuvent-ils observer parfaitement ces commandements? Non; car même les plus saints, tant qu’ils sont en cette vie, n’ont jamais qu’un petit commencement d’obéissance » (Q&R 114).
Qu’un petit commencement d’obéissance!
Pour nous en convaincre, considérons les plus saints qui faisaient partie de l’Église de Dieu dans la Bible. Que constatons-nous? Même les plus grands croyants étaient pécheurs. Abraham a menti au sujet de sa femme pour sauver sa peau. Jacob était trompeur. David a commis l’adultère et le meurtre. Salomon s’est marié avec des centaines de femmes étrangères et s’est détourné de Dieu. Pierre n’a pas gardé fidèlement l’Évangile quand il a subi la pression des Juifs et qu’il s’est éloigné des non-juifs. Paul est entré en conflit avec son frère et collaborateur Barnabas. Qui d’entre eux était parfait? Aucun! Cela veut-il dire qu’ils n’étaient pas croyants? Non. Ces exemples nous montrent simplement la vraie nature du chrétien. Ils n’avaient qu’un petit commencement d’obéissance.
Ces exemples devraient nous encourager. Ne méprisons pas les petits commencements! Que ce soit en nous-mêmes ou chez les autres. Gardons courage! Les chutes et les échecs ne doivent pas nous empêcher de reconnaître que nous sommes véritablement convertis. Le Seigneur agit puissamment en nous et, par sa grâce, nous demeurons à son service, malgré toutes nos imperfections.
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est pas en nous » (1 Jn 1.8-10).
Bien entendu, nos faiblesses ne devraient pas être une excuse. « Que voulez-vous? Je suis ainsi fait et je n’y peux rien! » Non, nous devrions être peinés de nos chutes. Nos échecs devraient nous attrister et nous troubler. Le fidèle du Psaume 119 a dit :
« Je fais mes délices de tes prescriptions, je n’oublie pas ta parole » (Ps 119.16).
« Instruis-moi, Éternel, dans la voie de tes prescriptions, pour que je les garde jusqu’à la fin! Donne-moi l’intelligence, pour que je garde ta loi et que je l’observe de tout mon cœur! » (Ps 119.33-34).
Les enfants de Dieu aiment la loi de Dieu et veulent obéir au Seigneur, malgré leurs luttes et leurs péchés. « Ils mettent cependant beaucoup d’application à vivre non seulement selon quelques commandements, mais selon tous les commandements de Dieu » (Q&R 114). Un petit commencement seulement, mais avec beaucoup d’application! Plusieurs exhortations dans la Bible nous demandent de nous efforcer.
« C’est pourquoi, bien-aimés, dans cette attente, efforcez-vous d’être trouvés par lui sans tache et sans défaut dans la paix » (2 Pi 3.14).
« Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité » (2 Tm 2.15).
2. Afin de prier pour la sanctification←⤒🔗
Nos faiblesses et nos échecs ne devraient pas nous amener à baisser la tête de découragement, mais à baisser la tête dans la prière. La prière pour la sanctification. Prions-nous pour notre sanctification? Lors d’une visite pastorale, il y a quelques années, une personne avait dit : « Je pense que je ne prie pas tellement pour ma sanctification. Je pense que je vais m’y mettre! » Voilà une belle réflexion!
« Pourquoi Dieu veut-il alors qu’on enseigne très exactement les dix commandements, si personne ne peut les observer en cette vie? » (Q&R 115). Une excellente question! Pourquoi enseigner et prêcher les dix commandements de façon stricte si, de toute manière, il nous est impossible de les observer? Une telle approche ne semble pas très stratégique ni très pédagogique. Ne devrions-nous pas plutôt avoir des objectifs moins élevés, réalistes, mesurables, atteignables par le commun des chrétiens? Ce serait plus encourageant, nous semble-t-il. Notre tendance naturelle est de mettre la barre moins élevée pour qu’elle soit plus accessible. Nous faisons souvent cela avec nos enfants. De même l’État avec ses citoyens, pour éviter qu’il y ait trop de gens en prison ou que les criminels restent trop longtemps incarcérés. Une telle approche nous fait toutefois perdre de vue la perfection de notre salut en Jésus-Christ.
Pourquoi Dieu veut-il que nous enseignions très exactement les dix commandements?
« D’abord, afin que, tout au long de la vie, nous reconnaissions toujours mieux combien notre nature est pécheresse et que nous recherchions d’autant plus le pardon des péchés et la justice qui est en Christ » (Q&R 115).
Autrement dit, parce qu’il n’y a pas de meilleur moyen pour nous montrer notre besoin de Jésus-Christ.
Dieu nous appelle à vivre une vie sanctifiée, tout entière pour lui. Il faut garder la barre élevée. Il nous appelle à l’aimer, lui, le Seigneur, de tout notre cœur, de tout notre être, et il nous appelle à aimer notre prochain comme nous-mêmes. Cet appel nous oblige à toujours mieux reconnaître notre nature pécheresse, il nous amène à nous mettre à genoux, à implorer le pardon de nos péchés et à trouver refuge dans la seule justice de Jésus-Christ. Une prière pour la purification! Soyons reconnaissants que le Seigneur place devant nous ses exigences si élevées! Elles nous font accourir vers notre Seigneur Jésus qui a été fait sanctification pour nous (1 Co 1.30). Quand la journée s’achève, nous ne présentons pas au Seigneur tous nos accomplissements. Nous revenons au contraire sans cesse à la croix et nous nous tenons devant lui avec la sainteté de Jésus, notre parfait Sauveur.
Notre prière ne se termine toutefois pas là. Sinon, nous pourrions simplement continuer à pécher et à nous satisfaire d’une vie chrétienne médiocre. La véritable conversion nous pousse à détester le péché et à aimer la loi du Seigneur. Quand la loi de Dieu est prêchée de façon très exacte, sans en abaisser les exigences, et que nous constatons nos échecs dans notre sanctification, nous sommes amenés à prier aussi pour que le Seigneur nous transforme.
« Ensuite, afin que nous nous appliquions sans relâche à demander à Dieu la grâce du Saint-Esprit, pour être renouvelés toujours plus à son image » (Q&R 115).
Quelqu’un a dit : « Je me plaisais dans un certain péché. J’ai prié pour que Dieu change cette situation. Maintenant, je me suis mis à détester ce péché. » Est-ce que nous nous appliquons sans relâche à demander à Dieu la grâce du Saint-Esprit? « Sanctifie-moi, Seigneur. Renouvelle-moi. Aide-moi à grandir, à progresser dans la sainteté. »
Cette série de méditations sur les dix commandements nous a-t-elle stimulés à prier pour que le Seigneur opère des changements dans nos vies? Est-ce que nous désespérons de nous-mêmes? Prions-nous pour recevoir le pardon du Seigneur et pour la grâce de son Esprit Saint?
3. Afin d’espérer la perfection←⤒🔗
Ne méprisons pas les petits commencements. Mettons beaucoup d’application à vivre selon tous les commandements du Seigneur. Prions pour notre sanctification. Enfin, gardons en tête le but de la perfection. L’enseignement intégral des dix commandements nous aidera à garder à l’esprit ce but à long terme.
Toute notre vie, nous implorons le Seigneur pour qu’il nous transforme « jusqu’à ce qu’après cette vie nous atteignions la perfection qui est le but » (Q&R 115). Les perfectionnistes prêchent la perfection dans cette vie. Il est tout à fait certain que nous n’y arriverons jamais. Nous avons cependant une autre certitude : la perfection dans la vie à venir. Ce but qui est placé devant nous n’a rien d’une possibilité éventuelle. Tous les croyants parviendront certainement à ce but. Paul a dit qu’il n’avait pas encore atteint le but, mais qu’il courait, car il était convaincu qu’il allait y parvenir au ciel (Ph 3.12). Il était animé de la même conviction à propos de l’avenir éternel des chrétiens à qui il s’adressait : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour de Jésus-Christ » (Ph 1.6).
Atteindrons-nous jamais le but de la perfection? Croyons que oui. Soyons-en persuadés! Espérons de tout cœur parvenir à ce but. Jamais nous ne servirons Dieu parfaitement durant cette vie. Ce n’est pas nous qui pouvons parvenir à ce but par nous-mêmes, mais le Seigneur nous y conduira. Avez-vous déjà pensé à cela? Nous servirons le Seigneur à la perfection!
« Puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection » (Hé 12.1-2).