Souffrir les offenses et les pardonner
Souffrir les offenses et les pardonner
26e jour du 9e mois
Lectures : Matthieu 5.39-40; Romains 12.21
Nous ne combattons point contre les paroles de Christ par lesquelles il défend de résister au mal et commande de présenter la joue droite à celui qui nous aura frappé en la sénestre et de laisser le manteau à celui qui nous aura ôté notre saye. Certainement par ce, il requiert que les courages de ses serviteurs se démettent tellement de convoitise de vengeance qu’ils aiment mieux que l’injure leur soit doublée que de penser comme ils rendront la pareille; de laquelle patience, nous aussi, ne les détournons point. Car véritablement il faut que les chrétiens soient comme un peuple né et fait à souffrir injures et contumélies, être sujet à mauvaiseté, aux tromperies et moqueries des méchants. Et non seulement ce, mais il faut aussi qu’ils portent tous ces maux en patience, c’est-à-dire qu’ils aient leur cœur rangé à cette raison que, ayant souffert une affliction, ils s’apprêtent à en recevoir une autre et n’attendent autre chose en toute leur vie sinon une souffrance de croix perpétuelle.
Cependant qu’ils fassent bien à ceux qui leur tiennent tort et qu’ils prient pour ceux qui médisent d’eux et s’efforcent de vaincre le mal par le bien, qui est leur seule victoire. Quand ils auront leur vouloir ainsi disposé, ils ne demanderont point un œil pour un œil ni une dent pour une dent (comme les pharisiens enseignaient leurs disciples d’appéter vengeance). Mais comme Christ instruit les siens, ils souffriront tellement les offenses qui leur seront faites en leur corps et en leurs biens qu’ils seront prêts de les pardonner incontinent. D’autre part néanmoins cette douceur et modération de leur courage n’empêchera point que, en gardant entière amitié envers leurs ennemis, ils ne s’aident du confort du magistrat à la conservation de leur bien ou que, pour l’affection du bien public, ils ne demandent la punition des pervers et pestilents, lesquels on ne peut autrement corriger qu’en les punissant.
Prière
Vont-ils longtemps sur moi peser
Ceux qui voudraient me renverser
Comme on renverse une clôture?
Vous vous plaisez tous à mentir,
Et quand vous feignez de bénir
C’est à nouveau une imposture.
Mon Dieu, en toi est mon recours,
Tu es ma gloire et mon secours,
Tu affermis mon espérance.
Venez servir votre Seigneur,
Et devant lui ouvrez vos cœurs
Car il est seul notre défense.