La spiritualité de la politique
La spiritualité de la politique
À l’approche des élections présidentielles de 2020, les chrétiens devraient réfléchir sérieusement à leur vote. Il est clair qu’aucun parti politique actuel n’a le droit de prétendre être le G.O.P., « God’s Own Party » [le parti de Dieu]. Traditionnellement, les croyants (moi y compris) ont cherché à éviter de prendre une position politique publique afin de respecter les choix politiques des autres croyants et d’éviter les dangers de se concentrer sur des questions secondaires et d’être écartés de la primauté de la prédication de l’Évangile. Cependant, au fil du temps, et alors que la politique devient de plus en plus religieuse, avec des implications morales plus profondes, la différence entre les questions primaires et secondaires devient floue. À mon avis, la politique est devenue profondément spirituelle.
Ceux qui, il y a quelques années, se tournaient vers d’étranges formes de « spiritualité » dans leur quête de paix intérieure ont commencé à placer leurs espoirs dans la politique plutôt que dans les pratiques apparemment obscures de la méditation ou des chakras. Bien que beaucoup s’adonnent encore à la philosophie orientale, les jeunes générations fondent leurs espoirs sur une utopie politique de ce monde. Ils ont bu la croyance enivrante dans le « moi souverain impérial1 », qui crée la théorie spirituelle derrière la « politique de l’identité ». Une telle foi spirituelle en soi n’est plus tempérée par la notion chrétienne selon laquelle l’humanité est déchue ou que le Créateur est la source ultime de sens. Comme l’a dit un expert du gnosticisme moderne (le philosophe Eric Voegelin), la tentation actuelle est d’« immanentiser l’eschaton », c’est-à-dire de faire entrer la fin des temps dans le présent et de créer une utopie finale dans le maintenant. C’est peut-être là le vrai sens du « progressisme », qui peut être compris comme une sorte de gnosticisme politique.
Qu’est-ce que le gnosticisme? En termes très simples, cette ancienne hérésie de l’Église des 2e et 3e siècles enseignait que les humains sont divins et n’ont pas besoin d’un Créateur. Si cela était vrai, alors nous n’aurions plus besoin d’un point de référence biblique, comme celui sur lequel la culture américaine a commencé. Des notions comme le droit naturel, les distinctions normatives entre hommes et femmes, la famille, une société civile de libre expression et la place particulière de l’Église — toutes considérées autrefois comme des institutions naturelles et nécessaires servant de médiateur entre l’État et l’individu — sont rejetées d’emblée. Une vision gnostique de la vie ne reconnaît pas de telles institutions naturelles ou nécessaires. Le salut ne peut être qu’athéiste, sans aucune référence à Dieu. Si le progressisme l’emporte lors de l’élection présidentielle de 2020, quel en sera le résultat pratique?
Nous n’avons pas besoin de deviner.
La loi sur l’égalité [Equality Act], dont Kamala Harris, le choix de Joe Biden comme vice-présidente, a été l’une des principales partisanes, a déjà été adoptée par la Chambre. Cette loi élève l’orientation et l’identité sexuelles au rang de catégorie anti-discrimination dans la loi, au même titre que la race. Ce que les gens ressentent à propos de leur identité sexuelle a désormais le statut de loi fédérale. Un éthicien chrétien a qualifié ce projet de :
« … menace la plus envahissante pour la liberté religieuse jamais proposée aux États-Unis. […] Ses effets sur la liberté religieuse, la liberté d’expression et la liberté de conscience seront à la fois historiques et effrayants.2 »
Si les progressistes obtenaient une majorité au Sénat cet automne et adoptaient la loi sur l’égalité, cela aurait des conséquences immédiates pour tout ce qui est chrétien. En voici quelques-unes :
-
Les collèges chrétiens seront obligés d’accepter les étudiants LGBTQ et de leur fournir les arrangements de dortoir souhaités. S’ils refusent, ils perdront très probablement le financement du gouvernement et leurs diplômes deviendront inutiles à leurs diplômés sur le marché du travail.
-
D’autres entreprises chrétiennes seront poursuivies et fermées.
-
Davantage de médecins chrétiens seront licenciés de leurs postes dans les hôpitaux conformes.
-
Davantage d’agences d’adoption chrétiennes qui refusent d’envoyer des enfants dans des foyers de même sexe seront fermées.
-
Les enseignants chrétiens des écoles publiques qui refusent de se conformer au programme imposé et aux pronoms de genre (une attaque contre le binaire sexuel biblique) seront renvoyés.
Ce projet de loi a des crocs. Les entreprises qui enfreignent la nouvelle loi seront soumises à des amendes pouvant aller jusqu’à 250 000 dollars. Le projet de loi éliminera la loi fédérale sur la restauration de la liberté religieuse (RFRA), une loi qui a été introduite il y a 27 ans par le membre du Congrès Chuck Schumer et promulguée par le Président Clinton le 16 novembre 1993, afin de « garantir que [dans toute la législation fédérale] les intérêts de la liberté religieuse soient protégés par la loi3 ».
L’un de leurs objectifs est l’abolition de « l’amendement Hyde ». Adopté par le Congrès en 1976, cet amendement a été l’une des premières avancées législatives majeures du mouvement pro-vie, puisqu’il exclut l’avortement des services de soins de santé complets fournis par Medicaid. Avec son abolition, les taxes des chrétiens soutiendront l’avortement et l’avortement deviendra un programme parrainé par le gouvernement et doté officiellement.
Parfois, nous devons choisir le moindre des deux maux. Les deux partis politiques sont composés de pécheurs, mais l’un d’eux, dans les déclarations claires de son programme, tente de saper les principes de la liberté d’expression, du gouvernement constitutionnel, en faisant du meurtre d’enfants une loi pour tous et en imposant le mariage de même sexe aux citoyens par le biais de la loi sur l’égalité, alors que l’autre partie est opposée à ce programme. En politique, il faut parfois faire la distinction entre les opinions personnelles d’un homme politique qui planent et qui changent, et les lois qui obligent tout le monde à s’y conformer. Trump a peut-être dit qu’il est pour le mariage de même sexe, mais il le dit par ignorance théologique et il pourrait changer d’avis à tout moment, mais nous ne devrions jamais voter pour lui ou son parti s’ils ont approuvé la loi sur l’égalité, comme l’ont fait les démocrates. Nous devons également garder à l’esprit que, si M. Trump exprime son soutien au mariage de même sexe, il a également pris une position ferme en faveur de la liberté de conscience chrétienne. Dans un monde déchu, ce sont les choix que nous devons faire.
Où finiront les États-Unis?
Pendant des années, les lois sur les discours haineux ont été utilisées pour censurer des points de vue et faire taire les critiques. Les écoles publiques ont remplacé l’éducation par des récits « politiquement corrects », tandis que le christianisme est interdit dans la vie publique et sur la place publique. Déjà, la liberté d’expression est minée sur les campus universitaires, où elle est censée prospérer. La liberté d’expression religieuse sur les questions de morale sexuelle et de « santé des femmes » (avortement) sera sans doute bientôt menacée pour les individus, les institutions et les Églises.
Actuellement, les progressistes penchent fortement vers le socialisme/marxisme. Nous le constatons dans l’intégration des politiques socialistes de Bernie Sanders dans le programme démocrate. S’ils prennent le pouvoir en 2021, les États-Unis sentiront la morsure d’une administration dirigée par des politiciens déterminés à donner au socialisme une chance de plus dans le monde.
Un exemple du type de politicien qui sera sans doute nommé à un poste administratif clé est celui de Karen Bass, l’une des dernières candidates à la nomination à la vice-présidence. Bien qu’elle n’ait pas été sélectionnée, Bass représente la direction du parti. Elle est la présidente du Congressional Black Caucus [Caucus noir du Congrès] et ses tendances politiques ne sont pas seulement socialistes, mais aussi communistes. Cela lui a permis de participer pendant des décennies à la Brigade Venceramos dans la Cuba communiste. Un adjoint de la police sous couverture a déclaré que « pour être membre de la brigade, il fallait être confirmé comme marxiste-léniniste4 ». Un transfuge qui s’est enfui aux États-Unis en 1971 a décrit le service de renseignement cubain comme une filiale directe du service de renseignement de l’Union soviétique5.
Bass était également membre des Black Panthers [Panthères noires]6. Bass était également liée à une organisation peu structurée de marxistes-léninistes radicaux qui s’alignaient sur le Nouveau mouvement communiste maoïste, appelé rectificationiste, et qui cherchaient à aller plus à gauche que Marx en suivant Mao. David Horowitz, autrefois aussi radical que Bass, déclare qu’il a une connaissance de première main de la scène : « Si Bass a fait partie d’un mouvement de rectification, elle est maoïste.7 » Bass elle-même déclare que son passé de militante constitue son « programme » de gouvernement :
« Une des choses que j’essaie de faire dans mon travail, c’est d’insérer ma politique chaque fois que j’en ai l’occasion et j’essaie aussi de chercher un domaine où je peux apporter des changements et repousser les limites. […] Une chose qu’un progressiste peut faire, c’est d’y aller avec un programme, en reconnaissant qu’il y a tout un tas de gens qui n’ont pas de programme et qui ne se soucient pas d’avoir un programme.8 »
Il est clair que les marxistes comme Bass, dans une autre version de « la longue marche à travers les institutions », sont sortis du désert et trouvent leur place dans un parti politique reconnu, à travers lequel ils entendent « transformer les États-Unis », pour citer le président Obama. Un rapport du FBI de 1976 révèle que l’objectif des agents des services de renseignement cubains qui dirigent la Brigade Venceremos (de mèche avec les Soviétiques) :
« … est de recruter des personnes à orientation politique qui pourraient un jour obtenir un poste, électif ou à nomination, quelque part au sein du gouvernement américain, qui donnerait au gouvernement cubain un accès aux renseignements politiques, économiques et militaires [c’est moi qui souligne] ».
Combien, comme Bass, sous influence socialiste ou communiste, vont gravir les sommets de l’influence politique américaine, en tant que sénateurs, juges, maires et gouverneurs? Je dois dire que c’est passé bien proche, mais on n’y est pas encore tout à fait, puisque Bass n’a pas été choisi comme candidate à la vice-présidence pour 2020. Le service de renseignement cubain a cependant connu un succès qui dépasse ses rêves les plus fous.
Mme Bass a parlé des deux principales politiques qu’elle aimerait mettre en œuvre : résoudre les problèmes raciaux de la nation, en donnant le leadership là où il n’y en a pas actuellement, et vaincre la COVID-19. Un politicien n’a pas tellement le pouvoir d’influencer le contrôle d’une pandémie. Cependant, la question raciale affaiblira la culture américaine pour les générations à venir. Les progressistes se servent de la tourmente de la pandémie, en plus des désaccords émotionnels sur les questions raciales, pour déstabiliser le tissu conservateur et la confiance morale de la nation, faisant ainsi place à une révolution néomarxiste pour prendre le pouvoir.
Les conflits raciaux d’aujourd’hui ne sont pas tant une révolte issue d’une véritable indignation morale qu’une répétition d’une tentative marxiste d’il y a 60 ans de créer un mécontentement à l’égard de la culture américaine. Dans son livre Color, Communism and Common Sense [La couleur, le communisme et le bon sens]9, Manning Johnson, témoin direct de cette tentative, décrit les activités des adhérents communistes dans les années 1930 et 1940. Ils étaient déterminés à saper la foi dans les institutions américaines en exposant les États-Unis comme une société profondément raciste. Johnson, qui se dit un « camarade » autrefois dévoué, a cherché à libérer ses compatriotes noirs de la culture blanche tyrannique. Pour cela, les communistes américains blancs et soviétiques ont formé des enthousiastes noirs comme lui capables de servir à « l’organisation de manifestations de rue, à la violence collective, à la lutte contre la police et à la manière de “jeter une brique et se cacher” politiquement » (7). L’objectif était de créer « un front commun contre les oppresseurs blancs » (15). Il documente que le complot visant à utiliser « les Noirs comme fer de lance [remplaçable] » de la lutte contre les États-Unis a été créé par Staline en 1928, dix ans après la création du Commintern (l’Organisation mondiale du communisme). « Les hauts dirigeants communistes blancs » ont hypocritement utilisé l’idée de conflit racial dans « une lutte de sang-froid pour le pouvoir afin de faire avancer la cause du communisme en Amérique » (37).
Johnson a vu l’hypocrisie du projet, puisqu’il a réalisé que « les hommes blancs vendaient les hommes blancs comme esclaves [et] les hommes noirs vendaient les hommes noirs comme esclaves » (43). Tous deux étaient capables de racisme. Néanmoins, l’objectif hypocrite était de « rendre le système de l’homme blanc, le gouvernement de l’homme blanc responsable de tout » (44), en utilisant « la diffamation comme technique cardinale, en cherchant à diviser les États-Unis » (52). Il est intéressant de noter la tendance communiste des médias libéraux de l’époque, qui affichaient « des attitudes partiales à l’égard des Blancs » et ne faisaient état d’aucun progrès racial, qu’ils ont délibérément « effacé » et sali comme « un canular de propagande » (54).
Ce que nous voyons aujourd’hui est une nouvelle tentative, cette fois-ci par les néomarxistes, d’accomplir ce que le projet n’a pas réussi à faire il y a quelques générations. Le mouvement actuel a rallié de nombreux et puissants alliés : le mouvement d’inspiration marxiste Black Lives Matter [la vie des Noirs compte], les groupes terroristes Antifa [antifascisme], la théorie raciale critique et contraire à l’Évangile, la notion de racisme blanc malveillant inhérent, désormais enseignée dans les écoles primaires, et le message manifestement faux selon lequel la police fait la guerre aux Afro-Américains. Si les progressistes qui partagent les convictions de Bass, et ils sont nombreux, remportent la Maison Blanche, le Congrès et de nombreux postes d’autorité locale lors de nos prochaines élections, les États-Unis seraient vulnérables à la révolution spirituelle/culturelle que Marx, Lénine et Mao ont réalisée dans le passé. Dans ce cas, tôt ou tard, le pays connaîtrait la suppression de la liberté humaine et religieuse, le rejet de Dieu et de ses lois, la destruction massive des Églises et la persécution systématique des croyants chrétiens.
Certains m’accuseront d’être sensationnaliste. Cela ne pourrait jamais arriver ici! Toutefois, c’est ce que les chrétiens ressentaient en Allemagne dans les années 1930, lorsque 92 % de la population était chrétienne. Ils ont regardé et voté naïvement pour ce qui s’est avéré être un système impie et inhumain. Puis, soudain, quelques années plus tard, il était trop tard. Ronald Reagan a fait une observation célèbre il y a près de soixante ans : « La liberté n’est jamais à plus d’une génération de l’extinction. »
Les chrétiens américains qui votent doivent se rendre compte de la nature anti-chrétienne comme jamais auparavant du programme progressiste. Par votre vote, aidez à mettre fin au massacre de millions de bébés, noirs et blancs, dans et hors de l’utérus. Opposez-vous à une culture de plus en plus hostile au Dieu de la Bible. Pour le bien de vos enfants et par amour pour votre prochain, défendez la bonté culturelle, créatrice et respectueuse de Dieu dans le mariage et l’identité sexuelle, tout en continuant à annoncer l’Évangile du Créateur qui s’est fait chair pour assumer les péchés du monde. Il est évident que vous ne votez pas pour des personnes parfaites, mais votre vote devrait être dirigé vers autant de candidats que vous pouvez trouver qui respectent encore les principes que Dieu a ordonnés dans la création et dans sa Parole. Les utopies humaines anti-Dieu finissent toujours par la destruction et le désastre.
Seul notre Dieu bienveillant connaît le cours de l’histoire humaine. Il est le seul à aimer suffisamment ses créatures rebelles pour mourir pour elles en la personne de son Fils. Ce n’est qu’en nous soumettant aux lois créationnelles de Dieu et en recevant son acte de salut gracieux que nous pourrons un jour, au retour du Christ, jouir d’une vie dans laquelle le mal sera vaincu et que nous vivrons, perfectionnés et ravis, en compagnie du Dieu personnel : Père, Fils et Esprit, dans un ciel et une terre transformés. Nous attendons avec patience cette utopie finale. En attendant, la gloire de Dieu est notre fin, le Christ est notre seul espoir et le Saint-Esprit notre pouvoir de vivre dans la sainteté devant notre Seigneur et devant le monde en témoignage de sa sainteté. C’est vrai. Dieu n’appartient pas à un parti politique, mais qu’il vous accorde la sagesse dans les prochaines élections pour soutenir des politiques qui témoignent de sa bonté en tant que Créateur omniscient et bienveillant qui, par la loi, nous amène au Christ, notre gracieux Rédempteur. Je vous invite à vous inscrire et à voter!
Notes
1. Andrew Latham, « The Foundering of the American Republic » [La fondation de la République américaine], The Imaginative Conservative (6 août 2020).
2. Telle est l’opinion étudiée par Andrew T. Walker, chercheur principal en éthique chrétienne à la Southern Baptist Ethics and Religious Liberty Commission : « The Equality Act Accelerates Anti-Christian Bias » [La loi sur l’égalité accélère les préjugés anti-chrétiens], The Gospel Coalition, 11 mars 2019.
3. « Religious Freedom Restoration Act of 1993 » [Loi de 1993 sur le rétablissement de la liberté religieuse], GovTrack, 27 octobre 1993.
4. Rebecca Mansour, « Karen Bass’s Long March from Communist Fringe to Biden’s VP Shortlist » [La longue marche de Karen Bass, de la frange communiste à la petite liste des vice-présidents de Biden], Breitbart, 30 juillet 2020.
5. Rebecca Mansour, « Karen Bass’s Long March from Communist Fringe to Biden’s VP Shortlist » [La longue marche de Karen Bass, de la frange communiste à la petite liste des vice-présidents de Biden], Breitbart, 30 juillet 2020.
6. « Karen Bass », Discover the Networks. Voir également l’auteur progressiste Laura Flanders dans son livre Blue Grit (2008), qui identifie Bass comme « un ancien Black Panther ».
7. « Karen Bass », Discover the Networks.
8. Darnell Hunt et Ana-Christina Ramon, Black Los Angeles: American Dreams and Racial Realities [Black Los Angeles : Rêves américains et réalités raciales], New York University, 2010.
9. Johnson, Manning, Color, Communism and Common Sense [La couleur, le communisme et le bon sens], NY : The Stuyvesant Press Corp, 1958.