La vocation
La vocation
- Dieu appelle dans le temps ceux à qui il a destiné une gloire éternelle
- Il y a deux vocations, l’une extérieure par la seule prédication de l’Évangile
- L’autre, qui est intérieure, et qui est efficace, qui se fait par la prédication de l’Évangile, et par l’opération du Saint-Esprit
- Cette vocation est appelée une régénération
- Pour nous régénérer, Dieu déploie une puissance infinie
- Il ne suffit pas que l’Évangile soit annoncé, il faut que le Saint-Esprit agisse en nous, pour nous faire recevoir l’Évangile
- L’homme ne saurait se convertir par ses propres forces, mais Dieu agit en lui
- Lorsque Dieu nous convertit, il produit en nous la foi, par la prédication de sa Parole et par son Esprit
- La foi donc est un don de Dieu
- La foi historique
- La foi des miracles
- La foi des temporaires
- La foi justifiante qui nous sauve
- Ce qu’est la foi
- Ceux qui ont une véritable foi ne sauraient périr
- Ceux qui ont une véritable foi peuvent en être assurés, et de leur salut
- Cette certitude n’est point incompatible avec la crainte
1. Dieu appelle dans le temps ceux à qui il a destiné une gloire éternelle⤒🔗
« Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés » (Rm 8.29).
Ceux que Dieu a prédestinés, être conformes à son Fils; et dans la grâce, et dans la gloire; il les a appelés, des ténèbres, à la lumière; du péché, à la justice; de la mort, à la vie, et il leur a donné la foi.
« Vous êtes la génération élue, la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à la merveilleuse lumière » (1 Pi 2.9).
Vous qui croyez, vous êtes la nation choisie, et séparée des autres peuples du monde; Dieu a traité l’Alliance de grâce avec vous. Vous êtes une société de gens, à qui la dignité de rois et de sacrificateurs convient; de sorte qu’on peut vous appeler, et une sacrificature royale, et un Royaume de sacrificateurs; vous êtes la vraie nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, par le sang de son Fils, pour être la plus douce de ses possessions. Vous êtes ceux que Dieu s’est particulièrement choisis, non seulement pour publier les exploits qu’il a faits, afin de retirer vos pères de la servitude d’Égypte, ou de la captivité de Babylone, mais pour annoncer hautement les vertus qu’il a déployées, quand par l’efficace de sa grâce, il a dissipé vos ténèbres de l’ignorance et de l’erreur, pour vous éclairer des lumières de son Évangile (Ex 19.6; Dt 7.6; 14.2; És 61.6; Ép 5.8; Col 1.13; Tt 2.14; Ap 1.6; 5.10).
2. Il y a deux vocations, l’une extérieure par la seule prédication de l’Évangile←⤒🔗
« Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Mt 22.14).
Il y a beaucoup de gens qui sont appelés, par la prédication de l’Évangile, à la communion de Christ, qui est représentée par des noces; mais il y en a peu d’élus, à qui Dieu ait donné la foi et la charité, qui sont la robe de noces sans laquelle on n’est point reçu au festin mystique.
3. L’autre, qui est intérieure, et qui est efficace, qui se fait par la prédication de l’Évangile, et par l’opération du Saint-Esprit←⤒🔗
« Ceux qui sont appelés selon son propos arrêté » (Rm 8.28).
Ceux qui sont appelés d’une vocation intérieure et efficace, qui est une suite et un effet de l’élection, ou du propos arrêté de Dieu; en qui Dieu a produit, par sa seule Parole et son Esprit la foi et les vertus chrétiennes, surtout l’amour de Dieu. À ceux-là toutes choses aident en bien, même les plus grandes afflictions. Ainsi l’amour que nous avons pour Dieu est l’effet de notre vocation intérieure, et la vocation est l’effet de notre élection.
4. Cette vocation est appelée une régénération←⤒🔗
« Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a régénérés par la grande miséricorde, en une espérance vive, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (1 Pi 1.3).
Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a été aussi notre Père; qui par une miséricorde infinie, nous a donné une nouvelle vie spirituelle, par sa Parole et par son Esprit; et qui par cette nouvelle naissance, nous a élevés à une vive espérance de la bienheureuse immortalité, et nous a donné le droit d’espérer un bonheur éternel; et cette espérance est vive, opposée aux espérances des mondains, elle est féconde en bonnes œuvres, et en consolations, et elle est solide, étant fondée sur les promesses de Dieu. Cette régénération s’est faite par la résurrection de Jésus-Christ, qui étant ressuscité il nous a envoyé l’Esprit qui nous régénère, et sa résurrection est un modèle de notre vie spirituelle. L’espérance aussi est un effet de cette résurrection. La résurrection de Christ nous assure de la nôtre; parce que je vis, vous aussi vivrez (Jn 14.19).
5. Pour nous régénérer, Dieu déploie une puissance infinie←⤒🔗
« L’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’efficace de la puissance de sa force, laquelle il a déployée avec efficace en Christ, quand il l’a ressuscité des morts » (Ép 1.19).
Notre conversion est l’ouvrage de la toute-puissance de Dieu. Pour produire en nous la foi, il a déployé une vertu, dont aucun terme ne saurait décrire la force; et il faut qu’il déploie encore une grande puissance, pour achever en nous ce qu’il a commencé. Cette puissance est la même que celle qu’il a déployée pour la résurrection de Christ. Il n’en faut pas moins pour nous convertir, que pour ressusciter un mort, à cause de la corruption qui est en nous, et de la violence de nos passions. Il faut que ce soit une puissance qui triomphe de nos cœurs, sans leur ôter leur liberté; qui nous fasse vouloir ce que nous ne voulions pas, aimer ce que nous haïssions, et haïr ce que nous aimions auparavant.
6. Il ne suffit pas que l’Évangile soit annoncé, il faut que le Saint-Esprit agisse en nous, pour nous faire recevoir l’Évangile←⤒🔗
« Dieu ouvrit le cœur de Lydie, pour entendre les choses que Paul disait » (Ac 16.14).
Ainsi la seule prédication ne suffit pas pour nous convertir, il faut que Dieu agisse intérieurement dans nos cœurs, par son Esprit, et immédiatement, pour nous rendre attentifs aux choses que nous entendons, et afin qu’elles fassent en nous de vives et profondes impressions.
« J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l’accroissement. Or celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose, mais Dieu qui donne l’accroissement » (1 Co 3.6-7).
Saint Paul avait le premier annoncé l’Évangile aux Corinthiens, Apollos était venu après lui pour arroser ce qu’il avait planté; mais c’était Dieu qui avait fait germer dans les cœurs la semence mystique de sa parole; de sorte qu’à proprement parler, ni celui qui plante, ni celui qui arrose n’est rien. Leur ministère est purement extérieur. C’est Dieu seul qui vivifie ce qu’ils ont planté, et c’est à lui seul qu’il faut rapporter toute la gloire de notre conversion.
Mais il paraît de là qu’il faut distinguer l’opération de Dieu, d’avec ce que font les pasteurs.
7. L’homme ne saurait se convertir par ses propres forces, mais Dieu agit en lui←⤒🔗
« C’est Dieu qui fait en nous, le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Ph 2.13).
C’est Dieu seul, qui selon l’efficace de sa grâce, à laquelle le cœur cède, nous donne la volonté de nous employer à notre salut, et la vertu de l’exécuter. Ainsi les premiers mouvements, aussi bien que les progrès de notre salut, dépendent absolument de Dieu. C’est Dieu qui nous prévient par son Esprit, et qui produit en nous les premiers désirs que nous avons de faire le bien. C’est lui qui les affermit, afin qu’ils ne s’évanouissent pas. C’est lui qui nous fait prendre la ferme résolution de faire ce que Dieu nous commande, et qui nous fait exécuter ce que nous avons résolu. Et cela, non point que nous ayons prévenu Dieu, ou qu’il ait trouvé quelque chose en nous, qui ait pu le porter à en user ainsi; mais par sa pure grâce et son bon plaisir.
« Nul ne peut venir à moi, si le Père ne le tire » (Jn 6.44).
Jésus-Christ fait comprendre par là qu’il ne fallait pas s’étonner, si tant de gens résistaient à sa prédication, et qu’il ne fallait pas de là conjecturer qu’il ne fût pas ce qu’il se disait; car, dit-il, il y a une si grande corruption, un si grand aveuglément, et une si grande obstination dans les hommes, qu’aucun ne pourrait venir à lui, si le Père céleste n’éclairait leur esprit, et ne touchait leur cœur. Or cette expression marque une grâce, qui vient tirer les hommes de leur état naturel, une grâce puissante, qui entraîne le cœur, et qui nous conduit à Jésus-Christ; et par Jésus-Christ, à la vie éternelle.
8. Lorsque Dieu nous convertit, il produit en nous la foi, par la prédication de sa Parole et par son Esprit←⤒🔗
« La foi est de l’ouïe et l’ouïe de la Parole de Dieu » (Rm 10.17).
La foi est l’effet de la prédication de l’Évangile, qui frappe le sens de l’ouïe. C’est là le moyen ordinaire dont Dieu se sert pour cet effet; mais ce moyen serait inefficace, si Dieu ne l’accompagnait de la vertu de son Esprit qui ouvre les cœurs (Ac 16.14).
Ainsi la foi entre dans nos cœurs par le même sens de l’ouïe, par lequel est entrée la séduction de Satan.
« Le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire vous donne l’Esprit de sagesse et de révélation, en sa connaissance, savoir les yeux de vos entendements illuminés, afin que vous sachiez quelle est l’espérance de votre vocation. Et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Ép 1.17-18).
Veuille ce grand Dieu, ce Père glorieux, que notre Seigneur Jésus, en tant qu’il est notre Médiateur, reconnaît pour être son Dieu, lui-même, vous donner son Esprit, qui est l’auteur de la vraie sagesse, et qui seul peut nous révéler les mystères du Royaume des cieux, afin que vous ayez une connaissance plus claire et plus étendue; car sans cet Esprit, les yeux de nos entendements seraient aveugles au milieu des plus brillantes lumières de l’Évangile. Qu’il éclaire donc vos esprits, afin que vous puissiez bien comprendre quels sont les biens que vous espérez, et à la possession desquels vous êtes appelés, et combien est riche et glorieux cet héritage, dont il fera voir l’excellence dans les fidèles qui sont sanctifiés en Jésus-Christ et à qui il est seulement destiné.
9. La foi donc est un don de Dieu←⤒🔗
« Car vous êtes sauvés par grâce, par la foi, et cela non point de vous, c’est le don de Dieu » (Ép 2.8).
Notre salut, qui comprend l’élection, la justification, la sanctification, et la glorification est un pur effet de la grâce; mais la grâce ne nous sauve pas sans la foi, comme la foi ne nous sauve pas sans la grâce, car la grâce ne nous sauve que par Jésus-Christ, et nous n’avons part à Jésus-Christ et à son obéissance que par la foi; mais ce n’est point en considération de quelques bonnes qualités que Dieu ait vues en nous qu’il nous sauve, c’est par grâce; et la foi ne vient pas de nous, c’est un don de Dieu qui la produit, par sa parole et par son Esprit.
« Il vous a été donné gratuitement pour Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui » (Ph 1.29).
Car dans ce qui regarde Jésus-Christ et pour l’amour de lui, ç’a été une pure grâce de Dieu que l’Évangile vous a été prêché, et que vous avez cru en lui; et si vous souffrez courageusement pour lui, c’est un effet de sa grâce; c’est par grâce qu’il vous fait cet honneur, et sa grâce produit en vous la patience.
« Toute bonne donation, et tout don parfait est d’en haut, descendant du Père des lumières » (Jc 1.17).
Toutes choses bonnes viennent de la libéralité de Dieu; c’est d’en haut ou il a établi son trône, que descendent tous les dons, qui contribuent à rendre les hommes accomplis en piété, et en vertu. Il est le Père des lumières, l’auteur de toute connaissance, et la source de la sainteté; et sa nature est immuable, et exempte de toute ombre de changement.
10. La foi historique←⤒🔗
« Et Simon crut lui-même » (c’était Simon le magicien). (Ac 8.13).
Simon, surpris de la sagesse des discours de Philippe, ravi des miracles qu’il faisait, et surtout étonné de ce que ses enchantements n’avaient pu tenir devant la prédication de l’Évangile, crut que ce qu’il entendait était vrai et vint déclarer qu’il voulait être le disciple du Seigneur Jésus.
« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien : les diables le croient aussi, et ils en tremblent » (Jc 2.19).
Tu diras peut-être que tu n’es ni athée ni païen, et que tu es véritablement persuadé qu’il y a un Dieu, seul digne de ce nom, le seul Créateur du ciel et de la terre. En cela, tu as raison. Mais si ta créance s’arrête dans ton entendement, sans descendre dans ton cœur, et sans reformer ta vie, quel avantage as-tu sur le diable? Il est bien persuadé qu’il y a un Dieu, et il en tremble. Cette pensée lui cause des frayeurs inconcevables; mais on ne peut pas dire qu’il ait une vraie foi, puisqu’il n’aime point Dieu, et qu’il ne fait pas ses commandements, qui sont les suites de la vraie foi.
11. La foi des miracles←⤒🔗
« Si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de semence de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible » (Mt 17.20).
Par ces façons de parler, qui étaient familières aux Juifs, Jésus-Christ veut faire comprendre que tout était possible à la foi (Mt 21.21; 1 Co 13.2; Jb 18.4), et qu’il n’y a rien de si difficile que Dieu ne fasse en faveur de ceux qui croient en lui; s’il est nécessaire pour l’affermissement de leur foi, et pour leur salut, et pour l’avancement de sa gloire.
12. La foi des temporaires←⤒🔗
« Celui qui a reçu la semence dans des lieux pierreux, c’est celui qui écoute la Parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie : Mais il n’a point de racine en lui-même. C’est pourquoi il n’est qu’à temps; de sorte que l’oppression, ou la persécution survenant à cause de la Parole, il est aussitôt scandalisé » (Mt 13.20-21).
Jésus-Christ décrit ici plusieurs caractères des temporaires :
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Ils ont un cœur pierreux. Il y a des pierres et de la terre; iI y a en eux un principe d’endurcissement, et quelque désir pourtant de se convertir; ces gens joignant en même temps Jésus-Christ et le monde.
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Ils reçoivent la parole, sans lui laisser prendre racine : ils reçoivent l’Évangile superficiellement, mais ils n’en ont pas le cœur pénétré.
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Ils la reçoivent avec joie; soit à cause qu’elle les frappe par sa nouveauté soit à cause des promesses qu’elle contient.
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L’oppression et la persécution leur font abandonner Jésus-Christ. Comme les temporaires embrassent et reçoivent l’Évangile sur cette espérance, que l’Évangile et le monde s’accorderont facilement en lui; dès qu’ils se trouvent frustrés de cette espérance, ils abandonnent la vérité.
13. La foi justifiante qui nous sauve←⤒🔗
« Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu crois en ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car de cœur, on croit à justice, et de bouche on fait confession à salut » (Rm 10.9-10).
Si aucune crainte, aucun respect, ni aucune considération ne te peut empêcher de confesser le Seigneur hautement; et si d’ailleurs tu crois fermement, non seulement que Jésus-Christ a été crucifié, ce que toute la nation des Juifs croit; mais qu’il est ressuscité des morts; si tu cherches en lui la justice et la vie, si cette foi est opérante, par la charité, tu seras sauvé.
« Celui qui entend ma parole, et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne viendra point en condamnation, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5.24).
Quiconque écoute ma parole, et ma doctrine attentivement et avec respect, et qui croit au Père qui m’a envoyé; quiconque est fortement persuadé que je suis le propre Fils de Dieu, le Messie promis, et cherche en moi le salut et la vie; non seulement il recevra la vie éternelle, mais il en a déjà les prémices, il ne doit point craindre de condamnation, ses péchés lui sont pardonnés, et il est si certain qu’il vivra éternellement, qu’on peut dire, qu’il est déjà passé de la mort à la vie.
14. Ce qu’est la foi←⤒🔗
« La foi est une vive représentation des choses qu’on espère, et une démonstration de celles qu’on ne voit point » (Hé 11.1).
La foi n’est pas une jouissance des choses que l’on tient déjà; c’est une attente ferme et invariable de celles qu’on espère. Ces choses que nous espérons sont loin de nous, elle les rapproche, elle les rend présentes, elle les fait exister dans notre esprit, elle les va chercher dans l’avenir et elle les représente à notre âme. Elle étouffe les doutes qui viennent de l’ignorance et de la corruption, et elle persuade l’esprit de la vérité et de la certitude des biens à venir. Le terme de l’original signifie quelquefois la montre, ou l’échantillon, l’indice, ou le sommaire. Tout cela convient à la loi.
15. Ceux qui ont une véritable foi ne sauraient périr←⤒🔗
« Mais vous ne croyez point, car vous n’êtes point de mes brebis; comme je vous ai dit. Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. Et moi je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais; nul aussi ne les ravira de ma main » (Jn 10.26-28).
Les brebis que mon Père m’a données, et qu’il prépare pour venir à moi, entendent ma voix, et croient en moi; mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis, et du nombre de ceux que le Père m’a donnés. Mes brebis savent distinguer ma voix d’avec celle de l’étranger, elles entendent ma parole; je les connais aussi comme mes brebis, et je les aime; aussi elles ne s’éloignent pas de moi. Elles suivent la route que je leur ai marquée; ou si elles s’en écartent quelques fois, elles reviennent dans ma bergerie; je leur donne la pâture dont elles ont besoin, pour vivre, et je leur donnerai la vie éternelle; de sorte qu’elles ne périront jamais, bien qu’elles aient beaucoup d’ennemis, et qu’il y ait beaucoup de loups ravissants, qui tâchent à les dévorer; aucun pourtant ne peut les ravir de ma main; étant sous ma protection, elles n’ont rien à craindre.
« Qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jn 3.36).
Qui croit au Fils, qui attend de lui seul le salut, a dès à présent les prémices de la vie éternelle, savoir le pardon des péchés, la paix de l’âme, les joies du Saint-Esprit, et un jour il en aura la consommation.
« Ceux que Dieu a appelés, c’est-à-dire à qui il a donné la foi, il les a aussi glorifiés » (Rm 8.29).
Toutes les parties de notre salut sont si étroitement liées, que tous ceux qui ont été appelés d’une vocation efficace, à qui Dieu a donné la foi, qu’il a justifiés, et sanctifiés, doivent être assurés de la gloire à venir. Ainsi on ne doit pas douter de la persévérance des saints; car si les fidèles pouvaient périr, tous ceux qui seraient appelés efficacement ne seraient pas glorifiés. Si donc, par le sentiment de notre foi, nous voyons en nous des marques de notre vocation efficace, nous avons dès là des preuves indubitables de notre élection et de notre glorification.
« Auquel ayant crû, vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse. Lequel est l’arrhe de notre héritage, jusques à la rédemption de la possession acquise » (Ép 1.13-14).
Vous avez cru à l’Évangile, et vous l’avez reçu, ainsi vous êtes entrés dans la communion de Jésus-Christ, et vous en avez senti les fruits; car dès que vous avez crû, il a appliqué, non sur vos corps, comme autrefois les Juifs qui étaient circoncis, mais sur vos âmes, le sceau de son alliance, en vous communiquant une plus grande mesure de son Esprit, qu’il a promis de répandre en abondance, dans les derniers temps, et qui nous est un gage certain de la félicité à venir; une assurance de notre union avec Jésus-Christ, et l’arrhe de l’héritage céleste; qui nous console, qui nous fortifie, qui nous soutient, jusques à ce que nous soyons parvenus au dernier degré de notre salut, qui sera la rédemption de l’Église, la possession que Christ s’est acquise, et la glorification de nos corps et de nos âmes.
« Je suis assuré, que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir; ni hauteur, ni profondeur, ni aucune créature, ne nous pourra séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8.37-38).
Je suis fortement persuadé que la mort avec tout ce qu’elle a de plus terrible, toutes les douceurs de la vie, les anges, non seulement les mauvais, qui ne cherchent qu’à nous perdre, mais même les bons, s’ils étaient capables de nous séduire; tout ce qu’il y a de plus éminent entre les hommes et les anges, ni les choses présentes, qui agissent sur nous, ni les choses à venir, qu’on nous fait espérer, ou, craindre; ni les grandeurs de la terre, ni aucune profonde ignominie; ni tout ce qu’il y a au monde de plus sublime, ni tout ce qu’il y a de plus vil, et de plus abject, ni aucune créature, ne nous saurait jamais priver de l’amour que Dieu nous porte, et qu’il nous a témoigné, en nous donnant son Fils.
« Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient point d’entre nous; car s’ils eussent été d’entre nous, ils fussent demeurés avec nous; mais c’est afin qu’il fût manifesté que tous ne sont point d’entre nous » (1 Jn 2.19).
Il ne faut pas être scandalisé ni étonné si ceux qui ont fait profession d’être d’une même communion avec nous, et de croire les mêmes vérités, s’en séparent, pour faire des sectes à part. Et il ne faut pas conclure de là que ceux qui ont été une fois dans la communion de Jésus-Christ puissent périr. Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient point d’entre nous. Ils ont quitté notre communion extérieure, mais ils n’en ont jamais eu d’intérieure avec Christ, et avec nous. S’ils eussent été véritablement des nôtres, ils fussent demeurés parmi nous. Dès qu’on est vrai fidèle, et qu’on est bien persuadé des vérités de l’Évangile, dès qu’on a été une fois vrai membre de l’Église, on l’est toujours. Mais Dieu veut faire connaître les hypocrites d’avec les vrais fidèles, afin qu’on ne croie pas qu’il n’y ait dans l’Église visible que de vrais fidèles.
« Quiconque est né de Dieu ne fait point de péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu » (1 Jn 3.9).
Chacun mène une vie conforme au principe qui gouverne ses actions. Celui donc qui est né de Dieu, qui a été régénéré par son Esprit, ne s’abandonne point au péché, et n’y prend pas plaisir, parce que la semence de Dieu, savoir sa parole accompagnée de l’efficace de l’Esprit en celui qui est enfant de Dieu, non seulement y est, mais elle y demeure, et elle y fait de profondes impressions; de sorte qu’il est impossible qu’un tel homme soit du nombre de ceux qui prennent plaisir au péché, parce qu’il est né de Dieu, et que l’Esprit duquel il a reçu cette nouvelle vie ne l’abandonnera jamais jusqu’à ce point.
« Je traiterai avec eux une Alliance éternelle, que je ne me retirerai point d’eux, afin que je leur fasse du bien; mais que je mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu’ils ne se détournent point de moi » (Jr 32.40).
Dieu promet ici :
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Qu’il traitera avec son vrai Israël une alliance de grâce, où il s’engage d’être leur Dieu, et d’avoir pour eux les tendresses d’un Père.
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Que cette alliance sera éternelle, et qu’elle ne sera jamais abrogée comme l’a été l’alliance des œuvres.
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Qu’il ne se retirera jamais d’eux, et qu’il sera toujours prêt à leur faire du bien; par conséquent, qu’il ne les abandonnera point à eux-mêmes, mais qu’il sera toujours avec eux, dans sa grâce, qu’il les conduira et les protégera.
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Qu’afin qu’ils ne l’abandonnent point, il imprimera sa crainte et sa loi dans leurs cœurs, en sorte qu’ils auront toujours un profond respect pour sa majesté, et une grande appréhension de l’offenser.
16. Ceux qui ont une véritable foi peuvent en être assurés, et de leur salut←⤒🔗
« Examinez-vous vous-mêmes, si vous êtes dans la foi, éprouvez-vous vous-mêmes; ne reconnaissez-vous point vous-mêmes, savoir que Jésus-Christ est en vous? Si ce n’est qu’en quelque sorte vous fussiez réprouvés » (2 Co 13.5).
Saint Paul veut que chacun s’examine, pour savoir l’état de son cœur. Cet examen est nécessaire, pour être assuré de son salut, et il doit se faire avec soin. Ensuite, il veut qu’on s’examine, si on est dans la foi, parce que c’est la condition de l’alliance de grâce, sans laquelle on ne peut plaire à Dieu. C’est par elle qu’on reconnaît si Jésus-Christ habite en nous par la foi. Ceux qui ont fait cet examen et qui ne trouvent pas en eux la foi doivent se considérer, comme on regarde ces métaux qui ne peuvent pas soutenir l’épreuve du feu; mais ceux qui trouvent en eux la foi doivent tirer ces conclusions : (1) Que Jésus-Christ est en eux. (2) Qu’ils sont élus, et qu’ils auront part à la gloire du ciel.
« Je sais à qui j’ai crû, et qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là » (2 Tm 1.12).
Je sais qui est celui à qui j’ai cru, et en qui je mets toute ma confiance; et je suis très persuadé que comme il est invariable dans ses promesses, il a aussi tous les moyens nécessaires pour les exécuter, et qu’il est puissant de garder le dépôt de mon salut, qu’il tient entre ses mains, celui de mon âme, que je lui dois remettre en mourant, et celui de mon corps, qui sera réduit en poussière, jusqu’à la journée de Jésus-Christ, où il me mettra en possession du salut qu’il me réserve, où il rejoindra mon âme avec mon corps, et où il me glorifiera, et dans l’un, et dans l’autre.
« À ceci nous connaissons qu’il demeure en nous, savoir par l’Esprit qu’il nous a donné » (1 Jn 3.24).
Nous connaissons très certainement que Jésus-Christ demeure en nous, par l’Esprit qu’il nous a donné, car il ne demeure en nous que par son Esprit, comme nous demeurons en lui par la foi. Or nous connaissons que nous avons l’Esprit, si nous trouvons en nous la vraie charité; car la charité ne peut venir que de Dieu et Dieu ne la produit que par son Esprit, qui découle de Jésus-Christ en nous, comme du Chef dans les membres.
« Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage de Dieu en lui-même » (1 Jn 5.10).
Dieu a rendu ce témoignage de Jésus-Christ que non seulement il est son Fils, mais qu’il est le Sauveur des hommes; et que pour jouir effectivement du salut dont il est l’auteur, il ne faut que croire qu’il est tel, et recevoir ce qu’il nous donne; celui donc qui croit au Fils de Dieu sent ce témoignage en lui même, et en connaît la vérité par les effets; car il a dès cette heure les arrhes et les commencements du salut, en attendant l’accomplissement.
17. Cette certitude n’est point incompatible avec la crainte←⤒🔗
« Employez-vous à votre propre salut avec crainte et tremblement; car c’est Dieu qui fait en vous avec efficace, et le vouloir et le parfaire selon son bon plaisir » (Ph 2.12-13).
On peut voir ci-dessus l’explication des dernières paroles. Saint Paul veut ici que les Philippiens s’appliquent fortement à l’ouvrage de leur salut, et qu’ils se mettent en état de posséder ce salut que Jésus-Christ leur a acquis; mais il veut qu’ils s’y emploient, non avec défiance, mais avec une profonde humilité. Il veut qu’ils évitent la sécurité et qu’ils y travaillent avec ardeur. Qu’ils ne s’étonnent point de la grandeur de cet ouvrage, parce que Dieu les assistera puissamment; mais aussi, qu’ils ne s’élèvent point par orgueil, sachant que c’est Dieu qui, par son efficace, leur donne la volonté de s’employer à leur salut, et la vertu de l’exécuter. On peut aussi fort bien traduire : Employez-vous à votre salut, etc. Quoique ce soit Dieu qui produise en vous, l’apôtre voulait dire : Ce que Dieu fait en vous ne doit pas vous obliger à vous relâcher; vous devez être ouvriers avec Dieu. On pourrait même très bien traduire : Vous travaillez à votre salut; car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. Ainsi saint Paul ferait l’éloge des Philippiens, et donnerait cependant à Dieu la gloire de leur piété.