Matthieu 18 - Galates 6 - Les principes de Matthieu 18
Matthieu 18 - Galates 6 - Les principes de Matthieu 18
« Si ton frère a péché, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux (personnes), afin que toute l’affaire se règle sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un péager. En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »
Matthieu 18.15-18
L’expression « suivre les principes de Matthieu 18 » est bien connue dans l’Église. Il nous arrive d’entendre quelqu’un dire : « Tu dois suivre les principes de Matthieu 18 ». Ces paroles sont prononcées pour encourager la personne impliquée à aller vers celui ou celle qui pèche afin de l’exhorter à la repentance. Il peut aussi arriver qu’un conseil d’anciens ou un synode refuse de traiter d’un cas particulier parce que les principes de Matthieu 18 n’ont pas été suivis. Les questions 83 à 85 du Catéchisme de Heidelberg traitent des principes de Matthieu 18 et sont étudiées pendant les classes de catéchisme. Que fait le conseil pour s’assurer que les principes de Matthieu 18 sont suivis? Voilà une question parfois posée lors de visites pastorales.
Tous ces exemples montrent que l’expression « suivre les principes de Matthieu 18 » est une expression connue. Pourtant, je ne suis pas certain que ces principes sont, dans les faits, bien mis en application dans la vie de l’Église. Combien de conseils d’anciens traitent de cas de discipline qui leur sont présentés selon les principes de Matthieu 18? Je serais porté à dire qu’il n’y en a pas beaucoup. On pourrait répondre que c’est parce que ça fonctionne très bien. Mais, est-ce vraiment le cas? Je n’en suis pas si sûr. Se pourrait-il que ce soit aussi parce que ces principes ne sont pas suivis assez souvent? Il peut y avoir toutes sortes de raisons à cela; nous ne sommes pas toujours certains de savoir comment nous y prendre, nous avons des appréhensions ou nous avons déjà vécu des déceptions dans d’autres situations.
Ceci m’amène à poser une autre question : Savons-nous bien comment suivre ces principes? Il peut être facile pour un pasteur, un ancien ou un conseil d’anciens de dire « Suis les principes de Matthieu 18 », mais la personne sait-elle comment le faire? Comment pouvons-nous nous aider mutuellement dans ce domaine?
1. Quels sont les principes de Matthieu 18?⤒🔗
La discipline ecclésiastique est de nature spirituelle. C’est une des clés du Royaume des cieux et elle doit être utilisée pour punir les péchés qui touchent à la pureté de la doctrine et à la piété dans la conduite. Le but de cette discipline est de réconcilier le pécheur avec l’Église et d’écarter tout péché de l’Église du Christ. Déjà, avec ces quelques éléments, nous pouvons clairement voir que la discipline est une partie indispensable de la vie d’Église. Cependant, cette discipline ne fonctionne bien que lorsque les principes que le Seigneur nous a donnés en Matthieu 18 sont suivis dans l’obéissance. Nous pouvons donc dire que plus la discipline est importante, plus les principes de Matthieu 18 deviennent importants. L’Église ne peut fonctionner sans une discipline appropriée et la discipline ne peut être appropriée que si les principes de Matthieu 18 sont suivis dans l’obéissance. L’inverse est vrai également. Si les principes de Matthieu 18 ne sont pas suivis dans l’obéissance, il y a des conséquences en ce qui concerne la discipline de l’Église, qui alors n’est plus appropriée, et le caractère de l’Église s’en trouve affecté.
Les principes de Matthieu 18 ne sont pas des principes humains, mais ils nous ont été donnés par le Seigneur Jésus-Christ lui-même, le Chef de l’Église. Personne ne peut dire : « Ça ne me tente pas » ou « Je n’en suis pas capable ». Nous avons l’obligation de suivre ces principes. Examinons-les d’un peu plus près. Comme le dit l’expression, ces principes se trouvent en Matthieu 18. Cependant, lorsque nous utilisons un texte, nous devons toujours être conscients de son contexte.
Au verset 1, nous lisons que les disciples discutaient entre eux, se demandant lequel parmi eux serait le plus grand dans le Royaume des cieux. C’est une question qui révèle une attitude typiquement humaine : vouloir être le premier, le meilleur et le plus grand. La première chose que Jésus a faite, c’est d’appeler un petit enfant et de le placer parmi ses disciples, pour leur enseigner l’humilité. Le plus grand dans le Royaume est celui qui est conscient de qui il est devant Dieu. Tout comme les enfants, les adultes doivent aussi apprendre cela. Le Seigneur enchaîne en leur racontant la parabole de la brebis égarée. Cela signifie que la parabole fait aussi partie de la réponse à la question « Qui est le plus grand? ». Une brebis égarée n’est pas la meilleure ou la plus grande du troupeau. Au contraire, c’est celle qui traîne derrière ou qui part de son propre côté.
Pourquoi le Seigneur utilise-t-il cette parabole? Il veut changer la mentalité des disciples. Chacun voudrait être le premier et le plus grand. Leur souci, c’est de savoir s’ils seront le premier à franchir la ligne d’arrivée. En leur racontant cette parabole, le Seigneur est en train de leur dire : « Rappelez-vous que vous ne courez pas seuls. Vous faites partie de mon troupeau. Au lieu de vous inquiéter de savoir si vous finirez le premier ou si vous serez le meilleur, vous devriez vous faire du souci pour ceux qui sont derrière. Ceux qui s’éparpillent doivent finir par arriver eux aussi. Vous n’avancez pas seuls, par vous-mêmes; vous vous appartenez mutuellement. Ne vous perdez pas les uns les autres. »
Comme il est facile de se perdre mutuellement. Nous partons de notre côté. Nous ne nous préoccupons que de notre propre vie. Nous nous voyons le dimanche; nous faisons un sourire à quelqu’un et échangeons quelques mots polis, mais ça s’arrête là. C’est comme cela que nous nous perdons les uns les autres. C’est si facile. Il est beaucoup plus difficile de s’accrocher l’un à l’autre, de rechercher l’autre et même de gagner l’autre. Pourtant, c’est de cela que nous devrions nous préoccuper.
Les principes de Matthieu 18 ne sont pas de simples considérations administratives. Suivre ces principes ne devrait jamais devenir une chose que vous faites afin de pouvoir mettre un crochet dans la case à côté de la question « Avez-vous suivi les principes de Matthieu 18? Si oui, passez à la ligne suivante. » Il s’agit de prendre soin les uns des autres, de faire preuve d’amour les uns envers les autres. Dans l’Église, nous sommes membres les uns des autres à cause du sang précieux de Jésus-Christ; nous nous appartenons mutuellement. Le Seigneur utilise le mot « frère ». C’est dans la communion des saints que doivent être mis en pratique les principes de Matthieu 18.
Le Seigneur Jésus ordonne à son Église de démontrer son souci et de faire preuve d’amour lorsqu’un frère est en danger de se perdre. Il dit : « Va et reprends-le seul à seul » (v. 15). Le but est de ramener ce frère dans la communion du troupeau. S’il t’écoute, dit le Seigneur, c’est merveilleux, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, alors prends avec toi une ou deux personnes et essayez de convaincre le pécheur d’abandonner son péché. Si ça ne fonctionne toujours pas, alors il faut en informer l’Église. Ce sont là les principes de base de Matthieu 18.
2. Pourquoi le Seigneur donne-t-il ces principes?←⤒🔗
Pourquoi les documents d’Ordre et discipline ecclésiastique des Églises y accordent-ils tant d’importance? Pour répondre à cette question, nous devons revenir au contexte de Matthieu 18, à savoir que notre but est de prendre soin les uns des autres. Personne ne devrait se perdre. Notre tendance humaine est d’abandonner les autres. Le Seigneur Jésus nous appelle à prendre soin les uns des autres; de cette façon, son œuvre se poursuit. Il est important de se rappeler qu’une des façons dont la grâce se manifeste, c’est à travers les saintes exhortations de l’Évangile, comme le mentionnent les Canons de Dordrecht (III/IV, 17). Le Seigneur utilise notre communion les uns avec les autres pour nous garder en communion avec lui.
Nous pouvons aussi répondre à la question en nous rappelant que le but de la discipline est de réconcilier le pécheur avec l’Église et avec son prochain et d’écarter tout péché de l’Église. Les principes de Matthieu 18 sont donnés pour l’honneur de Dieu, le bien-être de l’Église et le salut du pécheur. C’est ce qu’enseignent les questions 83 à 85 du Catéchisme de Heidelberg où il est question des clés du Royaume des cieux. Cette section du catéchisme est la dernière qui traite de notre rédemption. La discipline est un moyen que Dieu nous a donné pour nous garder dans cette rédemption. Le péché peut être tellement trompeur, tellement destructif. Nous sous-estimons si facilement la puissance du péché et nous nous surestimons si facilement. C’est pourquoi nous avons besoin les uns des autres. La discipline est un instrument d’amour.
Tout cela a également un lien avec la sainteté de l’Église. Dieu met l’Église à part pour lui-même. Tout comme il est saint, l’Église doit être sainte. L’Église c’est aussi la communion des saints. Cela signifie que ses membres sont en communion avec le Christ ainsi que les uns avec les autres. Ces deux éléments ne devraient pas être séparés. Notre relation avec Jésus-Christ détermine notre relation avec nos frères et sœurs et, à l’inverse, notre relation avec les autres est ancrée dans notre relation avec Jésus-Christ. Cette communion devient manifeste à travers l’aide apportée quand il y a des besoins qui surgissent; elle doit aussi se manifester lorsque quelqu’un tombe dans le péché.
Le péché brise et détruit la communion. Il brise les relations. Il conduit à l’attitude de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère? » Satan sait que, s’il peut creuser un fossé entre des frères, une distance s’établira entre le croyant et Dieu. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour briser la communion entre les membres du corps. Il utilise toutes sortes de choses pour atteindre son but, des choses telles que le mensonge, les commérages, les calomnies, l’envie, l’orgueil, l’égoïsme, la jalousie, etc. À travers les principes de Matthieu 18, le Seigneur Jésus mobilise ceux et celles qui font partie de cette communion pour stopper ces attaques. Il utilise la communion des saints pour combattre le pouvoir destructeur du péché. Au lieu de venir vers nous en personne et de nous confronter en personne, il utilise nos frères et sœurs.
J’aimerais attirer notre attention sur un autre passage également, à savoir Galates 6.1-5. Au chapitre 5 de la lettre aux Galates, Paul parle du fruit de l’Esprit et des œuvres de la chair. Ce sont des passages que nous connaissons bien. Paul mentionne aussi que ces deux réalités sont en opposition. Nous lisons au verset 17 du chapitre 5 : « Car la chair a des désirs contraires à l’Esprit et l’Esprit en a de contraires à la chair; ils sont opposés l’un à l’autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez. » Les croyants tombent dans le péché. C’est pourquoi Paul dit au verset 1 du chapitre 6 que, si quelqu’un succombe au péché, nous devons aller vers lui et chercher à redresser notre frère. Nous ne restons pas là à ne rien faire et en laissant les choses se produire, mais nous allons vers lui et nous essayons de le ramener. Ce doit cependant être fait avec un esprit de douceur.
Cette façon d’approcher notre frère est une démonstration du fruit de l’Esprit dans notre vie. En soulignant son péché dans le but de l’aider, nous faisons preuve d’amour envers l’autre. C’est pourquoi Paul dit au verset 2 : « Portez les fardeaux les uns des autres. » Ces fardeaux sont liés au péché qui a été mis en évidence. Le péché n’est-il pas un fardeau qui peut écraser la personne? Pensez à ce que dit David au Psaume 32.3-4 : « Tant que je me suis tu [c’est-à-dire “tant que je n’ai pas confessé mon péché”], mes os se consumaient, je gémissais toute la journée, car nuit et jour ta main pesait sur moi. » Lorsque vous voyez un frère qui porte un tel fardeau, ne continuez pas votre route comme si de rien n’était, mais aidez votre frère à se débarrasser de son fardeau, afin que vous puissiez continuer à marcher ensemble. C’est peut-être vous qui aurez besoin de l’aide de votre frère à l’avenir (voir Ga 6.1-3).
Paul ajoute qu’en portant les fardeaux les uns des autres, nous accomplissons la loi du Christ. Le Christ n’est-il pas venu pour enlever le fardeau de la colère de Dieu qui pesait sur nos épaules? Nous devons donc nous aider les uns les autres nous aussi. Notez bien la façon dont le mot « loi » est utilisé à cet égard. Porter nos fardeaux les uns des autres est une loi du Christ. Ce n’est pas une option que nous pouvons laisser à ceux qui, à nos yeux, nous semblent capables de le faire. C’est une loi pour nous tous. Si, une fois de plus, nous gardons à l’esprit le contexte, à savoir que la chair et l’Esprit sont en lutte, nous notons alors que, bien qu’il semble que la chair ait le dessus parce que quelqu’un est pris dans le péché, la victoire appartient à l’Esprit du Christ. De quelle manière l’Esprit démontre-t-il cette victoire? Par notre obéissance aux principes de Matthieu 18.
La conclusion est claire : l’Église a raison d’accorder une grande importance à ces principes. Le Seigneur Jésus lui-même nous enseigne que lui appartenir signifie aussi s’exhorter mutuellement dans l’amour fraternel.