Christologie (16) - Le Christ est vraiment homme
Christologie (16) - Le Christ est vraiment homme
- L’humanité du Christ
- Le Christ ne peut pas pécher
- Le Christ est né de la vierge Marie
- Le Christ, homme véritable, a reçu le Saint-Esprit
1. L’humanité du Christ
L’Écriture enseigne clairement la véritable humanité du Christ. Il était le Fils de David, le Fils de Marie (Mt 1.20; Lc 1.42; 2.7; Ga 4.4). D’après sa chair, il a son origine de David et d’Israël (Ac 2.30; Rm 1.3; 9.5). Il participe au sang et à la chair comme ses frères à qui il a été rendu semblable en toutes choses (Hé 2.14,17-18; 4.15; 5.1). Jésus grandit comme un enfant (Lc 2.40,52); il a faim (Mt 4.2); soif (Jn 19.28); il pleure (Lc 19.41; Jn 11.35). Un ange du ciel le fortifie (Lc 22.43). Sa puissance humaine est donc limitée comme sa connaissance humaine (Mt 24.36; Mc 13.32).
L’Écriture considère aussi l’humanité véritable de Christ d’une valeur essentielle. La négation de l’humanité véritable de Christ est considérée comme l’œuvre de l’Antichrist (1 Jn 2.22). Jean s’oppose avec beaucoup de véhémence au docétisme (1 Jn 2.18-19; 4.1-3; 5.9; voir aussi Lc 24.34; Jn 20.27; Hé 2.14,18).
Dieu est vraiment venu à nous en Christ, parce que Christ était homme comme nous. Ainsi Christ pouvait-il être vraiment la révélation de Dieu pour nous et pouvait-il se mettre à notre place. Ainsi pouvait-il être le souverain Sacrificateur qui, ayant été tenté lui-même comme nous en toutes choses, peut compatir à nos faiblesses (Hé 4.15). Ainsi peut-il être notre Berger, dont nous connaissons la voix. La divinité de Christ nous dit que son œuvre est parfaite. Son humanité nous dit qu’il a vraiment fait son œuvre pour nous. L’incarnation véritable implique la communion réelle entre Dieu et nous.
Selon Irénée, l’apôtre Jean s’oppose dans ses lettres et dans son Évangile à la conception christologique de Cérinthe, pour qui l’être céleste est descendu sur l’homme Jésus sous la forme d’une colombe après son baptême et a alors prêché le Père inconnu et fait des miracles; ensuite, il s’est envolé. C’est seulement l’homme Jésus qui a souffert et qui est ressuscité. Christ étant spirituel restait exempté de souffrance. Dans ce cas, selon Jean, on ne pourrait pas dire que le Fils de Dieu ait souffert pour nous et que nos péchés aient été réellement pardonnés.
Christ est entièrement devenu semblable à nous « hormis le péché ». Il était un homme sous le jugement de Dieu; c’est pourquoi sa nature humaine est ce qu’elle est devenue après la chute. Il n’était pas seulement homme, mais il est devenu « chair ». Christ a pris une chair semblable à celle du péché (Rm 8.3). Ainsi a-t-il pris tout à fait notre place. L’incarnation de Christ implique donc son humiliation. C’est pourquoi saint Paul écrit qu’il a été fait péché pour nous (2 Co 5.21).
2. Le Christ ne peut pas pécher
La Bible enseigne l’impeccabilité du Christ (Jn 6.69; 8.46; 14.30; Hé 4.15; 7.26; 1 Pi 1.19; 2.22; 1 Jn 3.5). Nous avons déjà dit que Marc 10.18 ne prouve pas le contraire. Ce verset nous montre sans doute que la bonté humaine du Christ est un don de Dieu. Dieu seul est bon en lui-même; le baptême de Jésus par Jean ne contredit pas non plus l’impeccabilité du Christ. Ce baptême nous enseigne certes qu’il y a un rapport entre le Christ et le péché, mais ce rapport est un rapport tout à fait spécial. Le Christ est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Jésus a été fait péché pour nous, mais il n’a pas péché (2 Co 5.21). Hébreux 5.7-8 ne dit pas que le Christ était d’abord pécheur ou qu’il devait vaincre sa nature pécheresse. Le verset nous montre que le Christ était un homme véritable qui, comme tout homme, dut évoluer. Il devint de plus en plus qualifié pour faire son œuvre. Il dut lutter dans la prière. Pensons à Gethsémané! Il apprit, en priant, à s’abandonner tout à fait à la volonté du Père. Le Christ avait une véritable volonté humaine. Il devint semblable à ses frères en toutes choses et fut tenté comme nous tous (Mt 4.1-11; Lc 22.28; Hé 2.18; 4.15), mais sans jamais pécher.
C’est pourquoi Jésus peut venir à notre secours. La tentation du Christ par le diable consista à essayer de séduire Jésus pour qu’il abandonne son œuvre messianique, à le faire reculer par la crainte de la solitude, de la séparation d’avec Dieu et de sa colère, qu’il devait subir jusqu’à la fin à cause des péchés de son peuple. Satan voulait à tout prix écarter le Christ de la croix (Mt 16.22-23) en lui montrant une voie vers la victoire qui n’impliquerait pas la rédemption. L’obéissance du Christ consista donc dans le fait qu’il se mit à notre place, qu’il reconnut la justice de la colère de Dieu et qu’il l’a subit à notre place, pour nous (Mt 16.23; 26.39; Mc 10.45; Jn 10.17; Hé 12.2).
La question est de savoir si Christ n’a pas péché de fait seulement, ou si l’on peut aussi dire qu’il ne pouvait pas pécher. Il faut sans doute choisir la deuxième possibilité. C’est le Fils de Dieu qui agit en Christ et qui décide librement de ne pas retenir sa gloire, mais de s’humilier et de prendre la forme d’un serviteur. Il n’est pas permis de déduire l’impeccabilité de Christ de la divinité de Christ comme une chose qui va de soi. Car Christ est un véritable homme. La tentation ne perd rien de sa réalité. Il ne faut pas cependant prendre son point de départ dans la relation qui existe, dans notre cas, entre la tentation et la possibilité de pécher si l’on veut comprendre la réalité de la tentation de Christ. En ce qui nous concerne, la puissance de la tentation est située dans le fait que Satan sait que nous voulons consentir au péché. Il n’en a pas été ainsi dans le cas de Christ. On ne doit jamais considérer son obéissance comme une victoire sur lui-même. Il n’y a rien en lui qui soit incliné vers le péché.
Le Christ voulait justement ne pas quitter Dieu, mais il voulait vivre en communion avec lui. Si la tentation du diable était si sérieuse pour lui, c’est parce que la voie de l’obéissance impliquait pour Christ cette expérience de la séparation totale de Dieu. La tentation et la lutte étaient donc pour Christ véritables, justement à cause de l’impeccabilité absolue de Christ, à cause de son désir complet de vivre en communion avec le Père qui lui offre la coupe; c’est pourquoi Christ prie d’abord que cette coupe s’éloigne et ensuite que la volonté de Dieu soit faite. On peut dire que c’est justement celui qui n’a absolument aucune inclination vers le péché qui peut être effrayé de l’abandon de Dieu d’une telle manière; la tentation n’est donc pour personne si réelle et totale que pour Christ. La tentation de Christ est donc tout à fait réelle.
Le fait qu’il ne peut pécher ne signifie donc pas que sa tentation n’ait pas été réelle, mais il nous signale la force de la volonté libre du Fils de Dieu qui est supérieure à celle de la tentation. La tentation est réelle, mais quand Christ est tenté par la gloire, il apparaît que son incapacité de pécher a une force supérieure. Le fait que Christ ne peut pas pécher n’est pas un manque de liberté, mais ce fait est nettement une manifestation de l’invincibilité de cette liberté souveraine par laquelle Christ n’a pas voulu retenir sa gloire afin de pouvoir nous sauver. Ainsi, l’impeccabilité de Christ n’est-elle pas seulement une manifestation de la souveraineté de sa volonté, mais également une révélation de la grandeur de son amour invincible pour nous. Il ne faut pas dire que l’impossibilité de Christ de pécher enlève sa solidarité avec nous. Car nous avons vu que l’on ne peut pas isoler cette impeccabilité de Christ de sa messianité. Christ ne pouvait pas pécher, parce qu’il ne pouvait pas se laisser séparer de nous et qu’il ne pouvait pas abandonner sa tâche messianique, l’œuvre qu’il a accomplie pour nous.
3. Le Christ est né de la vierge Marie
Le Christ est vraiment homme. Il a eu une mère humaine et il est appelé le Fils de David. Christ était-il le Fils de David par sa mère? Il l’était en tout cas par son père légitime, Joseph, ainsi que l’affirme Matthieu 1. La généalogie de Matthieu 1 indique trois fois 14 (= 2 x 7) générations entre Abraham et Christ selon cette généalogie. Christ est le point culminant de l’histoire d’Israël. Mais Israël ne peut pas être orgueilleux d’avoir produit ce Messie. Que de péchés entre Abraham et Christ! Rappelons-nous seulement les noms de quatre femmes, les seuls noms de femmes de la généalogie : Tamar, Rahab, Ruth (c’était une femme moabite) et Bathshéba, qui se trouvent parmi les ancêtres du Christ. Joseph, à qui toute cette liste aboutit, n’est le père de Christ qu’au sens juridique. Ainsi, Israël reçoit-il son Messie, David, son Fils promis. Le Messie est un don souverain de Dieu à Israël. Dieu accomplit sa promesse à Abraham malgré les péchés de sa postérité. Selon Matthieu 1 et Luc 1 et 2, Christ est né sans l’intervention d’un homme. Mais ces chapitres ne veulent sans doute pas nier l’humanité véritable de Christ. Christ était homme comme nous bien qu’il n’eût pas eu de père terrestre.
On ne peut pas comprendre comment Christ a pu devenir de cette manière homme comme nous. On ne peut que se référer à l’œuvre du Saint-Esprit qui a couvert Marie de son ombre et a ainsi fait naître le Christ par elle. Nous ne devons pas comprendre cette œuvre du Saint-Esprit selon l’analogie d’un mariage entre un dieu et une femme dont nous parle la mythologie. Il ne faut pas non plus penser que Christ ait été passif en ce qui concerne sa conception par le Saint-Esprit. L’incarnation de Christ est sa venue. Il a assumé lui-même la chair. Il a activement pris part à sa naissance. Il a pris la chair de la vierge Marie. Le Fils de Dieu ne s’est pas lié à un enfant qui était le produit du mariage de Joseph et de Marie. L’incarnation n’est pas la liaison entre le Logos et un homme, mais le Logos lui-même s’est fait chair. C’est pourquoi l’homme Jésus est Fils de Dieu, dès le début de son existence.
Cette vérité est primordiale. Ainsi, les actes humains de Jésus sont les actes du Fils de Dieu. C’est Dieu qui réconcilie le monde avec lui-même par la souffrance humaine de Christ. C’est aussi Dieu lui-même qui se révèle par les actes humains et par les paroles humaines de Christ. L’humanité de Christ ne possède aucune existence en dehors du fait que le Fils de Dieu l’a assumée. Le Fils de Dieu est devenu homme comme nous. Mais il ne faut jamais isoler son humanité de lui-même, de sa personne. Cela implique aussi que l’humanité véritable de Christ doit toujours être considérée comme son humanité pour nous, comme cela est décrit dans divers textes (Ga 4.4; Ph 2.6-8; Hé 2.17; 4.15; 5.7-8).
Ainsi les Évangiles synoptiques nous parlent-ils de l’humanité de Christ. Ils considèrent certes Christ comme un véritable homme, mais ils nous font aussi remarquer qu’il était conscient d’être le Fils de Dieu (Mt 26.53). Immédiatement après le récit qui nous parle de l’angoisse purement humaine de Christ, on trouve ce verset. La mort de Jésus est à la fois l’expression de sa véritable humanité et un événement qui détermine toute la création (Mc 15.33-38). La naissance virginale de Christ est donc rattachée à la préexistence du Seigneur. Christ est né de la vierge, parce qu’il vient d’en haut (Jn 3.31; 6.32,33,38,42,50,58); parce qu’il est du ciel (1 Co 15.47). La naissance virginale nous dit donc que Christ ne s’est pas lié à un homme existant déjà. Si tel était le cas, l’homme Jésus ne serait pas personnellement le Fils de Dieu, mais seulement un homme vivant en une relation très étroite avec le Fils de Dieu. Il s’agirait ici d’une forme d’adoptianisme. Christ ne s’est pas lié à un homme existant en son incarnation. Son humanité n’a pas d’existence en dehors de son incarnation. On ne peut comprendre l’humanité de Christ qu’à condition de la considérer exclusivement comme l’humanité qu’il a assumée pour être notre Sauveur. On peut aussi le dire de la manière suivante : Christ ne s’est pas lié à un homme seul par son incarnation, mais il s’est lié à toute l’humanité, à tout son peuple, il est devenu par son incarnation le second Adam. On comprend donc que le dogme de la naissance virginale de Christ ait une valeur religieuse énorme.
Il y a aussi un rapport entre l’impeccabilité de Christ et sa naissance de la vierge. Il faut prendre garde à une fausse manière de voir ce rapport. On ne peut pas dire que l’exclusion de Joseph ait déjà causé la sainteté de Christ. Ce n’est pas seulement le père d’un enfant qui est pécheur. Sa mère aussi est pécheresse et Marie, la mère de Christ, n’était pas une exception. Ensuite, nous avons déjà dit ailleurs que l’on ne doit pas comprendre la promulgation du péché comme un procès physique. Christ est libre de la corruption héréditaire, parce que Dieu le considère comme libre de la culpabilité héréditaire. Cette liberté vis-à-vis de la culpabilité, laquelle en dehors de lui est générale, n’est pas due au fait qu’il n’ait pas eu de père, mais bien au fait qu’il ne soit pas né d’un père et d’une mère d’une manière passive, comme les autres hommes. Il n’appartient pas à la postérité d’Adam de cette manière passive.
Nous avons dit que la naissance virginale de Christ est la conséquence du fait qu’il a pris la chair d’une manière active. Christ est devenu homme volontairement. On ne peut comprendre l’humanité de Christ que comme l’humanité qu’il a assumée pour nous. Son humanité suppose dès le début qu’il tient notre place comme Messie. On ne peut pas considérer la culpabilité qu’il porte autrement que comme notre culpabilité méritant le châtiment; car dès le début il est celui qui prend notre place et porte notre culpabilité et notre punition. Il n’a jamais été homme pour lui-même; il l’a été pour nous, dès le début de son existence humaine. Il n’est pas devenu homme d’une manière passive comme les autres hommes, mais son humanité est l’humanité qu’il a prise de la vierge activement et volontairement pour pouvoir prendre notre place, pour nous réconcilier. Voilà le rapport entre l’impeccabilité de Christ et sa naissance virginale.
L’absence d’un père comme tel ne cause pas la sainteté. La sainteté de Christ a une cause positive. Christ était sans péché parce qu’il est le Fils de Dieu qui s’est dépouillé et qui s’est fait concevoir par le Saint-Esprit dans le sein de sa mère. L’intervention du Saint-Esprit est nécessaire parce que, comme nous l’avons vu, l’impeccabilité de l’homme Jésus n’est pas une chose qui va de soi. Étant homme, Jésus a été menacé par le péché d’une manière réelle dès le début de sa vie. C’est pourquoi le Fils de Dieu a protégé son humanité contre le péché dès le début de son existence humaine par le Saint-Esprit. C’est par le Saint-Esprit qu’il est né saint de sa mère (Lc 1.35) et c’est le Saint-Esprit qui a continué de le sanctifier pendant toute sa vie de tentation et de lutte.
La doctrine de la naissance virginale de Christ est donc très importante; on ne peut pas dire la même chose de l’opinion théologique selon laquelle Marie est toujours restée vierge. Cette opinion a été approuvée par le cinquième concile œcuménique qui a parlé de Marie « aeiparthenos » (toujours vierge, Can. 6). On peut difficilement défendre que, dans la Bible, ceux qui sont appelés les frères de Jésus étaient ses cousins ou ses demi-frères, donc des enfants d’un premier mariage de Joseph, avant le mariage avec Marie (voir Mt 1.25). On ne doit pas non plus dire que la naissance virginale de Christ ne peut avoir qu’une signification secondaire, parce que ce ne sont que Matthieu 1 et Luc 1 et 2 qui en parlent explicitement. Une telle opinion oublie le rapport entre la vérité de la naissance virginale et tout l’organisme de la doctrine de Christ et de la révélation entière. Nous avons vu qu’il s’agit ici d’un aspect essentiel de la révélation de Dieu en Christ. On peut dire que tous les passages qui nous enseignent la préexistence de Christ nous parlent implicitement de sa naissance virginale.
On pense quelquefois que la référence à Ésaïe 7.14, que l’on trouve en Matthieu 1.23, suppose incorrectement qu’Ésaïe a voulu parler d’une vierge qui reçoit un enfant. Il faut se demander pourquoi Matthieu cite ici Ésaïe 7.14. Matthieu voit une correspondance entre le signe promis par Ésaïe à Achaz et la naissance de Jésus. Pour beaucoup, Matthieu n’a pas écrit que la naissance de Jésus de la vierge est l’accomplissement de ce qu’Ésaïe a promis. Car bien que les versets parlent ici d’une « parthenos » (vierge en grec) qui enfantera un fils, le texte hébreu dit qu’une « alma » (jeune femme) sera enceinte. Il ne s’agit donc pas, dans le signe donné à Achaz, d’une vierge (hébreu : « bethula »).
Il est vrai qu’Ésaïe aurait certainement employé le mot « bethula », si le signe dont il parle consistait dans le fait que l’enfant Emmanuel soit né d’une vierge; mais le signe consiste en ceci : dans les jours d’Achaz, il y a une femme croyante qui a encore confiance en Dieu et qui exprime cette confiance en donnant le nom d’Emmanuel à son fils, né dans une période extrêmement difficile. Et Dieu dit à Achaz qu’avant que cet enfant Emmanuel sache rejeter le mal et choisir le bien, le pays qu’il craint sera abandonné de ses deux rois qui sont la cause de la détresse de Juda. Cet enfant mangera de la crème et du miel. La période de faim passera donc. Ainsi l’Éternel montrera-t-il à Achaz que cette jeune femme et les croyants de ces jours ont eu raison d’avoir confiance dans le Seigneur. Voilà la tendance d’Ésaïe 7.14.
Mais cela n’implique pas que Matthieu se trompe en se référant à ce passage. Matthieu ne dit nulle part qu’il considère la naissance de la vierge comme l’accomplissement de la prophétie. La prophétie d’Ésaïe a été accomplie en Christ parce que la confiance que la femme du temps d’Achaz a exprimée, en donnant à son fils le nom d’Emmanuel, a été confirmée par la libération de Juda de ses deux ennemis; or, cette confiance a reçu la réponse la plus parfaite en la naissance de Jésus, le véritable Emmanuel. Christ est l’accomplissement de l’espérance de tous les véritables Israélites des jours d’Achaz et de toute la période de l’Ancien Testament, dont cette jeune femme a été l’interprète en donnant à son fils le nom d’Emmanuel. Matthieu n’a pas du tout cherché une base dans l’Ancien Testament pour la doctrine de la naissance virginale, base dont il savait qu’elle avait un fondement très faible du point de vue historique. La citation de Matthieu 1.23 n’est pas un argument contre l’historicité de la naissance virginale de Christ.
4. Le Christ, homme véritable, a reçu le Saint-Esprit
Étant homme véritable, Christ a reçu le Saint-Esprit en vue de l’accomplissement de sa mission.
Christ a été vrai homme. Son impeccabilité n’était pas une chose allant de soi. Le Saint-Esprit a dû le protéger contre le péché, déjà à l’occasion de sa conception. Le Saint-Esprit n’a pas seulement été actif dans la conception et dans la naissance de Christ, il l’a été pendant toute la vie de Christ. L’intervention du Saint-Esprit n’est d’ailleurs pas seulement nécessaire à cause du péché. L’homme véritable qui est l’image de Dieu ne peut jamais exister sans l’Esprit, qui est l’auteur de toute vie, surtout aussi de toute vie religieuse. La communion avec Dieu, la vie selon la volonté divine comme image de Dieu n’est possible en aucune situation sans l’intervention du Saint-Esprit. Car cette communion est toujours un don de Dieu, l’initiative vient toujours de la part de Dieu. C’est pourquoi l’œuvre du Saint-Esprit était aussi indispensable pour l’union de la nature humaine avec le Fils de Dieu. C’est l’Esprit qui doit disposer cette humanité à être capable de l’œuvre humaine du Fils de Dieu.
À l’occasion de son baptême, Christ a reçu le Saint-Esprit en vue de l’accomplissement de son office messianique (voir És 61.1; Mt 3.16; Jn 3.34). L’Esprit conduisit Jésus dans le désert pour y être tenté (Mt 4.1; Lc 4.1). Christ peut guérir les démoniaques par l’Esprit (Mt 12.18). Christ a par l’Esprit la possibilité de s’offrir sans tache à Dieu (Hé 9.14). Par l’Esprit, il est le Seigneur (Rm 1.4). Christ a été justifié par Dieu (1 Tm 3.16) Christ est allé au ciel par l’Esprit (1 Pi 3.19,22). Christ peut même être appelé Esprit vivifiant (1 Co 15.45; 2 Co 3.17,18; voir aussi És 11.2). Concernant ces dons de l’Esprit à la nature humaine de Christ, on a parlé de la « communicatio charismatum » (communication des charismes) qui a un autre caractère que la « communicatio idiomatum » et la « communicatio apotelesmatum », dont le fondement se trouve dans l’union des deux natures en Christ. La communion des grâces ne concerne cependant que l’humanité de Christ.